Antonio Ubieto
Antonio Ubieto Arteta, né à Saragosse le 31 mars 1923 et mort à Valence le 1er février 1990, est un philologue et historien médiéviste espagnol.
Ĺ’uvre
En 1960, il crée la maison d’édition Anubar, dont la collection « Textos medievales » (« Textes médiévaux ») a été décrite comme « la collection la plus importante de documents sur le médiévisme hispanique », avec 92 volumes publiés[1].
Critiques
Certains aspects de l’œuvre d’Ubieto ont été sévèrement critiqués par différents historien contemporains.
Par exemple, Ernest Belenguer qualifie son Ĺ“uvre de « partielle » et « manipulĂ©e »[2], un diagnostic Ă©galement partagĂ© par l’historien Ferrán GarcĂa-Oliver — valencien comme le prĂ©cĂ©dent —, qui l’accuse Ă©galement de mal interprĂ©ter et de dĂ©former des documents[3]. D’autre part, Carme BarcelĂł Torres, Pedro LĂłpez Elum et Mateu Rodrigo Lizondo, qui occupèrent la chaire d’histoire mĂ©diĂ©vale de l’universitĂ© de Valence comme Ubieto, ont remis en question la mĂ©thodologie qu’il avait utilisĂ©e dans ses Ă©tudes sur le royaume de Valence qu’ils ont qualifiĂ©es de rĂ©visionnistes[4], un qualificatif repris par l’historien Cristian Palomo — qui reprend les critiques mĂ©thodologiques mentionnĂ©es antĂ©rieurement — Ă propos d’une thĂ©orie proposĂ©e par Ubieto — dite de « casamiento en casa », littĂ©ralement « mariage chez soi » —, selon laquelle Raimond-BĂ©renger IV aurait renoncĂ© Ă son lignage, la Maison de Barcelone, lorsqu’il se maria avec PĂ©tronille d'AragĂłn[5]. Le philosophe murcien JosĂ© Luis Villacañas, pour sa part, considère ses thĂ©ories sur un supposĂ© roman antĂ©rieur Ă Jacques Ier « pittoresques » et contraires au bon sens[6]. Pour sa part, l’historien Josep Maria Salrach les qualifie d’anti-scientifiques[7]. Ubieto fait partie des auteurs critiquĂ©s dans l’ouvrage Pseudhistòria contra Catalunya (« Pseudohistoire contre la Catalogne »), oĂą il est accusĂ©, avec d’autres auteurs comme Jordi Bilbeny, Elvira Roca Barea ou VĂctor Cucurull, de falsifier l’histoire de la Catalogne Ă des fins politiques[8] - [9].
D’autres auteurs du XXIe siècle considèrent que les thĂ©ories d’Ubieto ont Ă©tĂ© dĂ©passĂ©es. Javier Paniagua, titulaire de la chaitre d’histoire de l’UniversitĂ© nationale d'enseignement Ă distance (UNED), note que l’œuvre d’Ubieto et ses disciples est obsolète compte tenu des avancĂ©es de l’historiographie contemporaine concernant les origines et dĂ©veloppements du royaume de Valence[10]. L’un des disciples d’Ubieto lui-mĂŞme, Ramon Ferrer Navarro, prĂ©sident de l’AcadĂ©mie valencienne de la langue, va dans le mĂŞme sens, en affirmant que, par-delĂ la controverse qu’il causa Ă l’époque de sa publication, le livre Los orĂgenes del Reino de Valencia (Anubar, 1979-1981, en 2 volumes) devrait ĂŞtre lu comme une Ĺ“uvre parmi d’autres d’un courant historiographie dĂ©passĂ©, situĂ© dans l’orbite de España, un enigma histĂłrico de Claudio Sánchez-Albornoz (1956), selon lequella population de la pĂ©ninsule IbĂ©rique aurait maintenu les essences de l’« hispanitĂ© », nonobstant les influences culturelles, dĂ©mographiques et linguistiques des peuples successifs qui avaient occupĂ© le territoire (wisigoths, musulmans, etc.)[11].
Une autre thèse controversée d’Ubieto est celle selon laquelle le Cantar de mio Cid aurait été composé originellement en aragonais par un auteur probablement originaire de Teruel, et pas un Castillan, comme l’affirme le consensus universitaire. En ce qui concerne les études toponymiques et philologiques sur lesquelles il se base pour arriver à cette conclusion, plusieurs auteurs, notamment Ramón Menéndez Pidal lui-même, ont signalé qu’ils se basent sur une mauvaise interprétation ou même sur l’« escamotage » des sources originales[12] - [13]. L’origine prétendûment aragonaise des termes relevés par Ubieto pour soutenir ses conclusions a également été fortement remise en question[14] - [15].
Principales publications
- «Observaciones al Cantar de Mio Cid», Arbor, XXXVII (1957), 145-170.
- IntroducciĂłn a la Historia de España, Teidei, 1963, (ISBN 84-307-7310-X) (en collaboration avec Juan Reglá, JosĂ© MarĂa Jover, Carlos Seco)
- Historia de AragĂłn, Saragosse, Anubar, 1981-1989, 6 vols.
- Colección Diplomática de Cuéllar, Ségovie, Diputación Provincial, 1961
- OrĂgenes del Reino de Valencia. Cuestiones cronolĂłgicas sobre su reconquista, I, Saragosse, Anubar, 1981, (ISBN 84-7013-155-9)
- OrĂgenes del Reino de Valencia. Cuestiones cronolĂłgicas sobre su reconquista, II, Saragosse, Anubar, 1979, (ISBN 84-7013-156-7)
- Cartulario de San Millán de la Cogolla (759-1076), Valencia, Anubar, 1976, (ISBN 84-7013-082-X)
- El "Cantar de Mio Cid" y algunos problemas histĂłricos, Saragosse, Anubar, 1992, (ISBN 84-7013-054-4)
Notes et références
- (es) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en espagnol intitulé « Antonio Ubieto Arteta » (voir la liste des auteurs).
- (ca) Ernest Belenguer, Jaume I a través de la història, Eliseu Climent,
- (ca) Ferran GarcĂa-Oliver, Valencians sense ADN. Relats dels orĂgens, Tres i Quatre,
- (es) Carmen BarcelĂł Torres, Pedro LĂłpez Elum et Mateu Rodrigo Lizondo, « RecensiĂłn de los OrĂgenes del reino de Valencia. Cuestiones cronolĂłgicas sobre su reconquista », Hispania, no 144,‎
- (ca) Cristian Palomo, « A propòsit de les teories de la creació de la Corona d’Aragó mitjançant el casamiento en casa i l’extinció del llinatge barcelonà el 1137 », Revista de Dret Històric Català , vol. 17,‎ (ISSN 1578-5300)
- (es) José Luis Villacañas, Jaume I el Conquistador, Espasa, (ISBN 9788467010534)
- (ca) Josep Maria Salrach, « Jaume I, una valoració del seu regnat », dans Jaume I. Commemoració del VIII centenari del naixement de Jaume I, (ISBN 978-84-9965-085-2, lire en ligne)
- (ca) Vicent Baydal et Cristian Palomo, Pseudohistòria contra Catalunya, Eumo, (ISBN 8497666895)
- (es) Arturo Puente, « Ni Colón era catalán ni Catalunya fue un condado aragonés: un libro desmonta la pseudohistoria de ambos bandos », eldiario.es, Diario de Prensa Digital S.L.,‎ (lire en ligne)
- (es) Javier Paniagua, « Un solo territorio y varias identidades. El trauma del nacionalismo valenciano », Historia Social, no 40,‎
- Ramon Ferrer Navarro, « El profesor Ubieto y el medievalismo hispano », Revista de Historia Jerónimo Zurita, vol. 73,‎ (ISSN 0044-5517, lire en ligne)
- (es) Timoteo Riaño RodrĂguez et MarĂa del Carmen GutiĂ©rrez Aja, El Cantar del MĂo Cid II. Fecha y autor del Cantar del MĂo Cid, Biblioteca Virtual Miguel de Cervantes, (lire en ligne), p. 30
- (es) RamĂłn MenĂ©ndez Pidal, En torno al poema MĂo Cid, Edhasa, , p. 180
- Timoteo Riaño RodrĂguez et MarĂa del Carmen GutiĂ©rrez Aja, « De los pretendidos aragonesismos en el Cantar del MĂo Cid », Archivo de FilologĂa Aragonesa,‎ (lire en ligne)
- (es) Rafael Lapesa, IntroducciĂłn plural a la gramática histĂłrica, Cincel, , « Sobre el Cantar del MĂo Cid. CrĂtica de crĂticas. Cuestiones lingĂĽĂsticas »
Annexes
Articles connexes
Bibliographie
- (es) Ramón Ferrer Navarro, « El profesor Ubieto y el medievalismo hispano », Zurita, no 73,‎ , totales (ISSN 0044-5517, lire en ligne)
Liens externes
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :