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Anthony Comstock

Anthony Comstock, né le à New Canaan (Connecticut) et mort le à Summit (New Jersey), est un inspecteur postal des États unis et secrétaire de la New York Society for the Suppression of Vice (NYSSV). Il a plaidé toute sa vie en faveur du maintien de la morale victorienne. Il a lutté contre la littérature obscène, les jeux d'argent, la prostitution et le charlatanisme.

Anthony Comstock
Anthony Comstock (avant 1913)
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  71 ans)
Summit
SĂ©pulture
Cimetière des Evergreens (en)
Nationalité
Activité
Écrivain politique
Père
Thomas Anthony Comstock (d)
Autres informations
A travaillé pour
Parti politique
Membre de
Distinction
Queen's Police Medal (en)

Les termes comstockery et comstockism renvoient à sa vaste campagne de censure de tout ce qu’il considérait comme obscène, c'est-à-dire de tout ce qui parlait même indirectement de sexe dans l'espace public, y compris les documents pour le contrôle des naissances annoncés ou envoyés par la poste. Il a contribué personnellement à la rédaction du Comstock Act, ou Loi Comstock.

Il a utilisé ses fonctions au service postal et à la NYSSV (en association avec la police de New York) pour procéder à de nombreuses arrestations pour obscénité et jeux d'argent.

Biographie

Comstock est né à New Canaan dans le Connecticut, il est le fils de Polly Ann et de Thomas Anthony Comstock[1].

Dès son jeune âge, il s’enrôle et se bat pour l’union pendant la guerre de Sécession de 1863 à 1865 dans la Compagnie H, 17e régiment d’infanterie du Connecticut. Il sert sans causer d'incident mais s’oppose aux blasphèmes utilisés par ses camarades soldats. Par la suite, il est acif au sein de la Young Men’s Christian Association dans la ville de New-York.

Comstock a vécu à Summit, dans le New Jersey, de 1880 à 1915[2]. Il y a construit une maison en 1892 au 35 Beekman Road et y est décédé en 1915[2].

Religiosité chrétienne

Comstock reçoit un fort soutien de la part de groupes confessionnels préoccupés de morale publique mais est honni par les principaux groupes de défense des libertés civiles.

Comstock, le soi-disant « dĂ©sherbeur dans le jardin de Dieu Â», fait arrĂŞter D. M. Bennett pour avoir publiĂ© sa « Lettre ouverte Ă  JĂ©sus Christ Â» et fait poursuivre le rĂ©dacteur en chef pour avoir envoyĂ© une lettre ouverte d'amour. Bennett est poursuivi, fait l'objet d'un procès largement mĂ©diatisĂ© et est emprisonnĂ© au PĂ©nitencier d'Albany.

Au cours de sa carrière, Comstock se confronte Ă  Emma Goldman et Margaret Sanger. Dans son autobiographie, Goldman parle de Comstock comme du leader des « eunuques moraux Â» de l'AmĂ©rique. Comstock a de nombreux ennemis, et dans les annĂ©es suivantes, sa santĂ© se ressent d'un coup sĂ©vère portĂ© Ă  la tĂŞte par un agresseur anonyme. Il donne des confĂ©rences Ă  l'universitĂ© et Ă©crit des articles de journal pour soutenir ses causes. Avant sa mort, il suscite l'intĂ©rĂŞt d'un jeune Ă©tudiant en droit, J. Edgar Hoover, intĂ©ressĂ© par ses idĂ©es et ses mĂ©thodes.

Au service du gouvernement américain

En 1873, Comstock crĂ©e la New York Society pour la suppression des vices, une institution dĂ©diĂ©e Ă  la surveillance des mĹ“urs du public. Plus tard dans l'annĂ©e, Comstock rĂ©ussit Ă  convaincre le Congrès des États-Unis d'adopter la loi Comstock, qui rend illĂ©gale la distribution par courrier ou par d'autres moyens de transport de matĂ©riel « obscène ou lascif Â». Cette loi interdit toute mĂ©thode de production ou de publication d'informations concernant l'avortement, la contraception et la prĂ©vention des maladies vĂ©nĂ©riennes[3].

La conception de Comstock de ce qui pourrait ĂŞtre « obscène ou lascif Â» est très Ă©tendue. En effet, Ă  l'Ă©poque oĂą il possède Ă©normĂ©ment de pouvoir, mĂŞme certains manuels d'anatomie ne peuvent pas ĂŞtre envoyĂ©s aux Ă©tudiants en mĂ©decine via le service postal des États-Unis[4].

Il est un fin connaisseur des rouages de la politique à New York et est nommé agent spécial des services postaux des États-Unis, avec des pouvoirs de police, y compris le droit de porter une arme. Avec ce privilège, il poursuit avec zèle ceux qu'il soupçonne de diffusion publique de pornographie ou de fraude commerciale. Il participe également à la fermeture de la Louisiana Lottery, la seule loterie légale aux États-Unis à l'époque qui était connue pour sa corruption.

Opposition aux droits des femmes

Comstock est Ă©galement connu pour son opposition aux suffragettes Victoria Claflin Woodhull et sa sĹ“ur, Tennessee Celeste Claflin, et Ă  toutes celles qui leur sont associĂ©es. Le journal masculin The Days' Doings a popularisĂ© les images des sĹ“urs pendant trois ans et avait reçu l'ordre de son rĂ©dacteur en chef (en prĂ©sence de Comstock) de cesser de produire des images obscènes. Comstock a Ă©galement intentĂ© une action en justice contre le journal pour avoir fait de la publicitĂ© pour des contraceptifs. Lorsque les sĹ“urs ont publiĂ© un article sur une affaire d'adultère entre le rĂ©vĂ©rend Henry Ward Beecher et Elizabeth Tilton, il a fait arrĂŞter les sĹ“urs en vertu de lois interdisant l'utilisation du service postal pour distribuer du « matĂ©riel obscène Â» - en particulier une citation biblique mutilĂ©e que Comstock a trouvĂ©e obscène - mĂŞme si elles ont ensuite Ă©tĂ© acquittĂ©es des accusations.

Ida Craddock (en), moins chanceuse, s'est suicidée à la veille de se présenter à la prison fédérale pour avoir distribué par la poste aux États-Unis The Wedding Night, essai qu'elle a écrit sur le mariage contenant divers conseils sexuellement explicites. Son dernier écrit était une longue lettre de suicide condamnant spécifiquement Comstock.

Madame Restell (en), connue pour avoir pratiqué l'avortement, est arrêtée par Comstock. En 1878, il se fait passer pour un client cherchant à obtenir une contraception pour sa femme. Restell lui fournit des pilules ; il revient le lendemain avec la police et l'arrête. Elle se suicide le lendemain[5].

Destruction de livres

Comstock aurait notamment dĂ©truit 15 tonnes de livres, près de 130 tonnes de plaques pour l'impression d'ouvrages « douteux » et près de 4 000 000 images[6].

HĂ©ritage

Le terme « comstockery », qui signifie « censure pour cause d'obscĂ©nitĂ© ou d'immoralitĂ© perçue Â», a Ă©tĂ© inventĂ© dans un Ă©ditorial du New York Times en 1895[7]. George Bernard Shaw a utilisĂ© ce terme en 1905 après que Comstock eut averti la police new yorkaise du contenu de la pièce de Shaw, Mme Warren's Profession. Shaw a fait remarquer que « la comstockery est la plaisanterie du monde entier aux dĂ©pens des États-Unis. L'Europe aime entendre parler de telles choses. Cela confirme la conviction profonde de l'Ancien Monde que l'AmĂ©rique est un lieu provincial, une civilisation de second ordre, après tout. » Comstock considĂ©rait Shaw comme un « marchand de cochonneries irlandais »[8].

Notes et références

  1. C. B. (Cyrus Ballou) Comstock, A Comstock genealogy; descendants of William Comstock of New London, Conn., who died after 1662 : ten generations, New York, The Knickerbocker Press, (lire en ligne)
  2. Robert D. Cross, Comstock, Anthony (1844-1915), crusader against vice, Oxford University Press, coll. « American National Biography Online », (lire en ligne)
  3. Bennett, De Robigne Mortimer., Anthony comstock : his career of cruelty and crime;a chapter from the champions of the church., Nabu Press, (ISBN 978-1-177-12390-7 et 9781177123907, OCLC 944447132, lire en ligne)
  4. Buchanan, Paul D, The American Women's Rights Movement, p. 75.
  5. Abbott, Karen. "Madame Restell: The Abortionist of Fifth Avenue". Smithsonian. Retrieved 2016-02-22
  6. (en) Kaminer, Wendy (2009-08-24). "The Banality of Censorship". The Atlantic. Retrieved 2018-09-10.
  7. (en) LaMay, Craig L (September 1997), "America's censor: Anthony Comstock and free speech", Communications and the Law, 19 (3), "The term 'Comstockery,' supposedly invented by George Bernard Shaw in 1905 when Comstock removed his play 'Man and Superman' from the public shelves at the New York Public Library, in fact first appeared as the title for a Times editorial in December 1895".
  8. Schlosser, Eric, Reefer Madness, p. 120.
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