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Anou Boussouil

Anou Boussouil, alias gouffre d'Assouel, qui signifie littĂ©ralement « Grand Gouffre Â» en kabyle, est une cavitĂ© souterraine karstique situĂ©e dans les monts du Djurdjura (wilaya de Bouira, AlgĂ©rie), entre le col de Kouilal et Tikjda. Sa profondeur connue en 2007 Ă©tait de 805 mètres, pour un dĂ©veloppement d'environ 3 200 mètres.

Anou Boussouil
Localisation
Coordonnées
36° 28′ 08″ N, 4° 11′ 29″ E
Pays
RĂ©gion
Wilaya
Massif
Localité voisine
Caractéristiques
Type
Altitude de l'entrée
2150 m
Longueur connue
3200 m
GĂ©olocalisation sur la carte : Kabylie
(Voir situation sur carte : Kabylie)
Géolocalisation sur la carte : Algérie
(Voir situation sur carte : Algérie)
GĂ©olocalisation sur la carte : Afrique
(Voir situation sur carte : Afrique)

Historique

Cette cavitĂ©, connue de longue date, a Ă©tĂ© explorĂ©e Ă  partir de 1933 par les spĂ©lĂ©ologues français Fourastier et AndrĂ© Belin. De 1936 Ă  1947 AndrĂ© Belin a progressĂ© jusqu'Ă  la profondeur de 505 mètres, la quatrième place des plus profonds abĂ®mes de l'Ă©poque.

Plus tard, les spĂ©lĂ©ologues de diverses origines ont portĂ© cette profondeur Ă  plus de 805 mètres. L'Anou Boussouil Ă©tait alors le gouffre le plus profond d'Afrique. Il a Ă©tĂ© ensuite Ă©tĂ© dĂ©trĂ´nĂ© par d'autres gouffres algĂ©riens (Anou Ifflis, ...) et marocains (Kef Toghobeit, ...).

Description et fonctionnement

La dépression fermée de Boussouil comprend deux cuvettes, nord et sud, séparées par la route nationale no 33, ayant chacune un point d’absorption des eaux de pluie et de fonte nivale.

L’Anou Boussouil, est le dĂ©versoir de la cuvette sud ; Anou Inker Tamda, moins visible, plus de 300 mètres de profondeur, est le dĂ©versoir de la cuvette nord, dans laquelle un stade est construit. Le gouffre s'ouvre Ă  1 074 mètres d'altitude dans le flanc septentrional de la Terga Me Ta Roumi Ă  la de base d'un lapiaz, près du sommet du mont.

Contrairement Ă  la majoritĂ© des cavitĂ©s naturelles du Djurdjura, l'Anou Boussouil est actif. Un oued qui ramasse les eaux sur les flancs de la Terga Me Ta Roumi se jette dans cet abĂ®me grand ouvert. Ă€ une plus grande Ă©chelle, les eaux de pluie et de fonte des neiges de la dĂ©pression de Boussouil sont complètement absorbĂ©es par les deux gouffres. Des traçages Ă  la fluorescĂ©ine (Birdent 1948 ; Collignon 1981 ; Abdeslam, Lami et Mania en 1988) montrent une liaison de ces gouffres avec les sources de Ait Ouabane Ă  8 kilomètres Ă  l’Est et de Aghvailou Ouacif Ă  un peu plus de 1 kilomètre au nord, avec une vitesse de transit de 44 mètres par seconde.

Pendant les mois chauds, le lit du torrent qui se perd dans le gouffre reste sec ; cependant, à l'intérieur de la cavité l'écoulement ne s'interrompt pas, parce que la fonte des neiges qui se sont accumulées dans les fissures du lapiaz, continue à alimenter régulièrement l'écoulement souterrain. Cet écoulement pérenne est responsable du creusement du gouffre et de sa température froide.

À la saison de la fonte des neiges, un flux impétueux se lance dans l'orifice du gouffre et tombe à l'intérieur de l'Anou Boussouil. Le régime du torrent souterrain explique les formations jeunes de cette cavité. De nombreuses marmites des géants se succèdent le long du conduit. En outre, des grands puits s'alignent en enfilade sur des fractures qui indiquent les origines tectoniques de la cavité.

Ces fractures morcellent le puissant banc calcaire de l'ère secondaire qui est relevé presque à la verticale, à la faveur d'un plissement. Serré entre des terrains plus anciens, ce pli s'étend d'est en ouest, coupée par la gorge de l'Acif el Hammam vers la cote 900.

La cavitĂ© se caractĂ©rise d'abord par une zone au profil tourmentĂ© qui aboutit Ă  une grande galerie. Un puits profond de 65 mètres permet la liaison avec la seconde partie de l'abĂ®me dans laquelle une succession de puits mène Ă  une grande salle. Peu après, des siphons stoppent la progression.

À l’époque où la plaine du Boussouil remplissait encore son rôle ancestral, elle accueillait les animaux des montagnards conduits par les bergers transformés en troglodytes pour la saison. Aujourd'hui, les spéléologues du monde aiment à s’y rencontrer et à planter leurs tentes au milieu des chèvres et des moutons. À maintes reprises nous avons remonté du gouffre des animaux morts jetés par méconnaissance, en expliquant que de tels actes peuvent avoir des conséquences sur les populations qui utilisent les eaux des gouffres aux points de résurgences en avals.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Bernard Collignon, Bruno Goergler et Yves Quinif, « L'Anou Boussouil, un tĂ©moin privilĂ©giĂ© de l'Ă©volution tectonique rĂ©cente du Djurdjura », Revue belge de gĂ©ographie, vol. 106, no 1,‎ , p. 47-60
  • Bernard Collignon, « Anou Boussouil : Ă©tude gĂ©ologique, morphologique et hydrogĂ©ologique », SpĂ©l.algĂ©r., no 1,‎ , p. 31-46
  • Bernard Collignon, « Explorations spĂ©lĂ©ologiques dans le Djurdjura (AlgĂ©rie) », Spelunca, no 3,‎ , p. 35-50
  • Rapports d'expĂ©dition FFS du CESAME et du Clan des Tritons 2005

Lien externe

Les eaux d'Assouil [vidéo]

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