Anne d'Alègre
Anne d'Alègre, née vers 1565 et décédée en 1619, est la fille de Christophe Ier d'Alègre, marquis d'Alègre et d'Antoinette du Prat ; le maréchal d'Alègre (1653-1733) est son petit-neveu.
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Conjoints |
Guy XIX de Laval (de Ă ) Guillaume de Hautemer de Grancey (de Ă ) |
Enfant |
Biographie
Comtesse douairière de Laval
Elle épouse le Guy XIX de Laval, comte de Laval[1]. Elle est au décès de son mari en 1586 : comtesse douairière de Laval, de Montfort, d'Harcourt, baronne de Quintin et de Vitré…
Protestante de confession, elle quitte alors Harcourt pour Sedan et garde ainsi au parti protestant Guy XX de Laval, le descendant d'une de ses plus grandes familles. En 1588, Anne d’Alègre conduit son fils, Guy XX de Laval, à Sedan, pour qu’il soit élevé dans le protestantisme. Henri III lui retire aussitôt sa tutelle et la confie à Charles de Lorraine.
Chute de la Ligue Ă Laval
Le maréchal Jean VI d'Aumont sait se ménager des intelligences dans Laval, que la comtesse douairière Anne d'Alègre, retirée à Vitré, faisait solliciter de son côté à abandonner le parti de la Ligue. D'Andigné de Mesneuf, qui avait été en garnison dans cette ville après 1589, le procureur fiscal Duchemin de la Vauzelle, tous deux protestants, servirent d'intermédiaires au maréchal, lis s'entendirent avec plusieurs bourgeois et surtout avec Guillaume Le Clerc de Crannes, capitaine de la ville[2].
D'Aumont entre sans résistance à Laval le , après peu d'opposition. Il y met garnison et contient ses soldats avec tant de sévérité qu'il ne fut fait aucun tort aux habitants[3].
Manœuvres
Anne d'Alègre s'occupe à animer Jean VI d'Aumont et François d'Espinay de Saint-Luc contre Philippe-Emmanuel de Lorraine, duc de Mercœur. En 1595, elle approuve la démolition du château de Marcillé-Robert. On lit sur les registres de l'état civil de cette commune, en 1593 : Le chasteau de cette seigneurie, par commandement de Fay d'Aumont, maréchal de France, comte de Châteaubourg, gouverneur de l'armée du roy en Bretagne, A la requête de madame de Laval, fut démoli ce jour et quinxaine d'.
Elle détermine Jean VI d'Aumont et François d'Espinay de Saint-Luc à mettre le siège devant le château de Comper. Anne d'Alègre influence leur choix tactique, malgré le fait que la cible ne semble pas militairement intéressante. Comper est investi, mais D'Aumont est grièvement blessé par une mousquetade et meurt à Montfort des suites de ses blessures le en présence d'Anne d'Alègre. Saint-Luc, averti que Mercœur venait au secours de la place, ne tarde pas à se retirer.
En 1596, Anne d'Alègre, comtesse de Laval, pensant que son fils Guy XX de Laval, qui s'était rendu près du roi, allait embrasser la religion catholique et soupçonnant que Jean du Mats de Montmartin en ferait autant, profite de l'absence de ce dernier pour se rendre maîtresse, en intelligence avec les protestants, de la ville de Vitré[4].
Henri IV ordonne au maréchal de Brissac de rétablir au plus tôt Montmartin, auquel il décide que 10 000 livres seraient payées comme dédommagement. La dame de Laval doit en fournir la moitié, en punition de la manière avec laquelle elle avait agi[5].
Anne se remarie en 1599 avec Guillaume d'Hautemer [ 1538 - 1613] seigneur de Fervaques, comte puis duc de Grancey, maréchal de France.
En 1605 à la mort de Guy XX, l'héritage des vastes domaines des Laval est contesté entre Anne d'Alègre et Charlotte-Brabantine d'Orange-Nassau qui revendique ces terres pour son fils Henri de la Trémoïlle successeur des titres et nouveau comte de Laval. Anne d'Alègre perdra son procès.
Anne d'Alègre n'en laissera pas moins dilapider ses richesses dans le vain espoir de se marier, pour la troisième fois avec le duc de Chevreuse.
Au décès d'Anne d'Alégre l'inhumation dans la Collégiale Saint-Tugal de Laval, nécropole des comtes de Laval, lui fut refusée par les chanoines en raison de sa foi protestante. Sa sépulture est la seule retrouvée dans la chapelle du Château de Laval.
Notes et références
- Anne lui apportait un capital de cent mille livres. En cas de survie, elle devait recevoir un capital de dix mille écus, en outre elle avait le droit d'opter entre le douaire, tel que les coutumes le fixaient, et une rente de vingt mille livres assise sur le comté de Montfort.
- Bourjolly et La Vignolle nomment encore Chariot de la Claverie, Guillot de la Papilonnière, Bigot de la Roche, et Fourreau, comme s'étant mêlés à ces négociations.
- Des lettres d'anoblissement sont expédiées à Le Clerc, à Chariot et à Guillot; Le Clerc seul accepte.
- Elle s'entend donc avec les protestants de Vitré, notamment avec un d'eux, nommé Cohigue ; puis, profitant de ce que Montmartin était allé conduire quelques troupes en Picardie, elle fait venir un capitaine appelé La Mouche qui lui amène trente chevaux. Magnan, lieutenant de Montmartin, demeurait, pendant l'absence de celui-ci, chargé de la garde de la place; elle l'invite à dîner, le saisit, l'enferme et fait sortir la garnison. Deux conseillers de la cour du parlement de Rennes informent aussitôt par son ordre sur la vie et la conduite de Montmartin et députent l'un d'eux, nommé Gaudin, pour porter à Henri IV le résultat de leurs investigations.
- La Mouche, son complice, n'est pas très bien récompensé ; la comtesse elle-même l'en punit en le chassant de Vitré en 1596.
Bibliographie
- La dentition de l'aristocrate du 17e siècle Anne d'Alègre : une prothèse en ivoire d'éléphant et des attaches en fils d'or, Sciences et Avenir, 26 janvier 2023, en ligne.
- R. Colleter et al., Dental care of Anne d'Alègre (1565–1619, Laval, France). Between therapeutic reason and aesthetic evidence, the place of the social and the medical in the care in modern period, Journal of Archaeological Science: Reports (Available online 24 January 2023). https://doi.org/10.1016/j.jasrep.2022.103794