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Andriamasinavalona

Andriamasinavalona fut roi de l'Imerina vers 1675 jusque vers 1710. Il est cĂ©lèbre pour avoir agrandi le territoire occupĂ© par les MĂ©rinas.

Andriamasinavalona
Illustration.
Tombes royales dans le Rova d'Antananarivo.
Titre
Roi de l'Imerina
–
Prédécesseur Razakatsitakatrandriana
Biographie
Dynastie Andriana Merina
Nom de naissance Andrianjakanavalondralambo
Date de naissance inconnue
Lieu de naissance Alasora
Date de décès
Lieu de décès Antananarivo
Nature du décès Accidentel, à la suite d'une chute depuis son lit.
SĂ©pulture Tombes royales dans le Rova d'Antananarivo.
Père Andriantsimitoviaminandriandehibe, Roi d'Antananarivo
Mère Rafaravavy
RĂ©sidence Rovan' Antananarivo, Imerinatsimo

Andriamasinavalona

Jeunesse et accession au trĂ´ne

Andriamasinavalona est né dans la capitale historique mérina d'Alasora, fils du roi Andriantsimitoviaminandriandehibe (en) et de son épouse Rampanambonitany. Il porte alors le titre de prince Andrianjakanavalondambo[1].

Il devient prince d'Alasora à la mort de son père en 1670 ; son frère aîné, Andrianjaka Razakatsitakatrandriana (en), devient roi. Ce dernier est déposé en 1675 et Andriamasinavalona monte alors sur le trône d'Imerina[1]. Le roi déchu s'enfuit au royaume de Sakalava à l'ouest et tentera sans succès d'y trouver un soutien militaire pour regagner le trône[2].

Deux traditions royales durables ont émergé à Imerina à la suite de la lutte pour le pouvoir entre Andriamasinavalona et son frère aîné. Certaines versions de l'histoire orale décrivent un combat entre leurs armées à Ambohibato duquel Andriamasinavalona est sorti victorieux. Il érige alors une pierre commémorative sur le site de la bataille qu'il nomma Ankazonorona, du nom du site où les rois nouvellement intronisés se tiennent pour recevoir leur première hasina (en) (hommage, affirmation d'autorité) de leurs sujets[3]. Andriamasinavalona a également introduit la pratique du rassemblement ses sujets afin de les consulter et obtenir leur accord avant de prendre certaines décisions. Cette pratique a été poursuivie par les dirigeants ultérieurs à Imerina[4].

Royaume

Son royaume était limité :

  • au Nord par le bassin de la rivière Sahasarotra (affluent de la Mananara) ;
  • Ă  l’Est, par la lisière de la forĂŞt vierge qui  borde la première falaise orientale sur une distance de 150 km environ, du Nord au Sud ;
  • au Sud, par la rivière Rangaina, affluent gauche de l’Onive (en), qui va se jeter  dans le fleuve Mangoro ; au-delĂ , il y avait la forĂŞt ;
  • Ă  l’Ouest par les sommets de la chaĂ®ne montagneuse de l’Ankaratra et la rivière Ombifotsy, un des affluents de l’Ikopa, sĂ©parant l’Imerina de l’Imamo.

Il nomma son royaume : « Ankibonimerina » (le ventre ou nombril ou foyer de l’Imerina).

Le royaume comprenait quatre régions :

  • l’Avaradrano, de la rive droite de l’Ikopa jusqu’au bassin de la Sahasarotra au Nord ;
  • le Marovatana, de l’Ouest de Betsimitatatra jusqu’à la rivière Ombifotsy, limitrophe de l’Imamo, et la rivière Moriandro, limitrophe de Vonizongo, rĂ©gion oĂą rĂ©gnaient la descendance d’Andrianentoarivo comme menakely (fief) mais tributaire de plusieurs impĂ´ts envers le roi d’Antananarivo ;
  • l’Imerina Atsimo (Sud), dit aussi l’Ambodirano, (bassin gauche de la rivière Sisaony jusqu’à son confluent avec l’Ikopa) ;
  • le Vakinisisaony (bassin droite de la rivière Sisaony partant de la rive gauche de l’Ikopa jusqu’à l’Onive (Rangaina et Tsinjoarivo).

Ă€ l'Ă©poque, une telle surface territoriale (correspondant grosso modo, Ă  l’actuelle rĂ©gion d’Analamanga) Ă©tait considĂ©rĂ©e comme immense, car le dĂ©placement entre les diffĂ©rentes localitĂ©s  se comptait en jours, ou en mois, toujours Ă  pieds ou Ă  dos d’homme (l’utilisation du filanjana n’est pas attestĂ©e).

L’objectif de la politique d’extension d’Andriamasinavalona Ă©tait d’unir sous son seul pouvoir l’ensemble du territoire censĂ© ĂŞtre occupĂ© par des MĂ©rinas, afin d’en rayer les conflits inter-claniques et de raffermir la solidaritĂ© merina pour assurer la sĂ©curitĂ© de la population face aux attaques des tribus non-merina pĂ©riphĂ©riques.

La conquĂŞte et la soumission de ces territoires s’étaient rĂ©alisĂ©es par la politique de « fihavanana » et par l’alliance matrimoniale du mariage : ce procĂ©dĂ© est illustrĂ© par la soumission du roi d’Ifanongoavana Andriampanarivofoinamanjaka, qui cĂ©da son royaume d’Amoronkay en contrepartie de devenir le beau-frère du roi Andriamasinavalona et membre de la famille royale. Ceci explique le grand nombre des Ă©pouses (12) du roi.

Ă€ cause de l’étendue du territoire et sous la pression des engagements pris dans les accords (verbaux, car un grand roi se devait de respecter la parole donnĂ©e), Andriamasinavalona a pris des dispositions pour harmoniser la gouvernance de son royaume en appliquant avant la lettre le système de dĂ©centralisation du pouvoir.

Famille et descendants

Andriamasinavalona a épousé douze femmes et eu neuf fils et une fille.

Les enfants de quatre de ses épouses dirigèrent leurs propres royaumes: Ratompoindroandriana a donné naissance à Andriantsimitoviaminiandriana Andriandrazaka à Ambohimanga ; Ramananandrianjaka a donné naissance à Andriantomponimerina à Ambohidratrimo; Ramananimerina a eu son fils Andrianjakanavalona à Antananarivo ; et Rasolomanambonitany eu Andrianavalonimerina près d'Ambohitrabiby.

Les enfants de quatre autres épouses renoncèrent à toute prétention au trône: Andriamborosy et Rafaralahimandjaka, nés à Renilambo à Ambohidrapeto; Andriantsilavo, né à Ranavalona à Anosimanjaka; Andrianavalona, né à Rakalafohy à Isoraka; et Andriankotofananina, née à Reninandriankotofananina à Anosipatrana.

Les enfants de quatre autres épouses, ayant aussi renoncé à toute prétention au trône, ont été anoblis.

Il n'eut pas d'enfants avec quatre épouses, Ralanimboahangy, Raseranolona, Ranavalotomponimerina et Ramanamabahoaka. Cette dernière a adopté une fille nommée Andriamanitrinitany. Elle vécue avec sa mère adoptive à Ambohipeno et est décédée sans enfants, bien qu'elle ait également adopté un enfant nommé Ramasina, probablement le fils de sa sœur[5].

Prestiges, privilèges et interdits à l’ordre des Andriamasinavalona

Les gens de l’ordre des « Andriamasinavalona »[1]ont bénéficié de beaucoup des faveurs et prestiges et non moindre d’interdits les distinguant des autres « havanandriana » et de la population « ambaniandro ou vahoaka ».

En plus des prestiges et des avantages plus ou moins financiers accordés à l’ensemble des « havanandriana », seuls les andriamasinavalona ainsi que les andriantompokoindrindra d’Ambohimalaza ont droit d’ériger, à titre distinctif, une « tranomanara » (maisonnette froide) sur le tombeau ; celle des Andriamanjaka et de ses proches s’appellent « tranomasina » (maisonnette sacrée). Les trois classes, zazamarolahy, andriamasinavalona, andriantompokoindrindra furent donc dénommés « ny Terak’Ifohiloha »[1] (les descendants de ceux qui ont droit à la maisonnette à courtes cornes ou à pignons assez bas) sur leur tombeau.

La personne seule de l’ordre des zanakandriana et zazamarolahy, peut avoir le titre et le droit d’être « tompombodivona » (seigneur d’une cité) et celle de l’ordre des andriamasinavalona d’être « tompomenakely » (seigneur d’un fief) ; dans leurs fiefs ou lieux de résidence respectifs, ils ont le droit :

  • de possĂ©der une kianja, (une grande place), une « vatomasina ( un pierre dite sainte en guise d’autel pour le sacrifice dans l’enceinte de leur rĂ©sidence;
  • de planter dans leur residence les arbres symboliques « amontana et aviavy »;
  • de procĂ©der au sacrifice du bĹ“uf au moment du « fandroana »;
  • d’être juge lors de l’administration de l’épreuve Ă  l’ordalie (mpanozon-doha) et d’officier le rituel de serment (velirano);
  • d’officialiser l’acte d’adoption ou du rejet Ă  propos des enfants de ses sujets;
  • de juger les conflits ou autres dĂ©lits de ses sujets du fief sauf les fautes relatives aux 12 crimes capitaux (heloka 12 mahafaty);
  • de percevoir pour son compte la plupart des impĂ´ts et taxes dus (hajia, harompotsy, tongoamionkona, etc.) auprès de leurs sujets « menakely-folovohitra et bemihisatra);
  • ils ne doivent pas entrer dans une demeure oĂą il y a un mort (tsy miditra am-paty); il leur est interdit de manger de la viande destinĂ©e Ă  des funĂ©railles (tsy mihinan-kena ratsy); (non exigible pour les autres andriana).
  • après leur dĂ©cès, on ne procède plus au retournement de leurs cendres (tsy avadika): (non exigible pour les autres andriana);
  • en cas de leur exĂ©cution Ă  mort après condamnation, on ne leur verse pas le sang par des fers; sa mise Ă  mort se faisait par strangulation avec du lambalandy (toile de soie); on les lie avec des fibres vĂ©gĂ©tales et non avec des fers (Tsy maty manota).

Le nombre des avantages sus énumérés apparemment exorbitants octroyés aux «andriamasinavalona » leur ont souvent entraîné des ressentiments négatifs, rancœur, jalousie, haine de la part des autres classes havanandriana et d’une frange de la population roturière ; mais il y avait aussi des andriamasinavalona qui ont su bien exploiter leurs avantages acquis pour le bien de leurs sujets-menakely; bon nombre d’entre eux (« mainty ») ont toujours manifesté un grand attachement à leur maître.

En rĂ©sumĂ©, l’ordre de classement des « havanandriana » crĂ©Ă© par Ralambo fut, 100 ans plus tard, rĂ©amĂ©nagĂ© par Andriamasinavalona; il a placĂ© sa descendance « les zazamarolahy » « les andriamasinvalona » au 1er et 2e classe, devant les « andrianteloray »[6].

Ce rĂ©amĂ©nagement sera confirmĂ© 100 ans plus tard par Andrianampoinimerina selon l’ordre de prĂ©sĂ©ance suivant :

  1. les Zazamarolahy et/ou les Zanakandriana (déclassés)
  2. les Andriamasinavalona,
  3. les Andriatompokoindrindra,
  4. les Andrianamboninolona,
  5. les Andriandranando,
  6. les Zanadralambo et les Zanadralambo amin’Andrianjaka.

Il est entendu que chaque classe comporte encore et toujours des sous-classes ou des sous-groupes innombrables par clans familiaux pour former l’ensemble des « havanadriamanjaka » ou « andriana ». (En 1840, on a pu recenser 60 groupes familiaux dans la classe des Andriamasinavalona).

Mort et héritage

Andriamasinavalona est mort en tombant de son lit surélevé (à droite).

Andriamasinavalona meurt en 1710, poussĂ© par inadvertance du lit surĂ©levĂ© oĂą il dormait par une de ses Ă©pouses, Rasolomananambonitany[7]. Il a Ă©tĂ© enterrĂ© dans les tombes royales situĂ©es Ă  la Rova d'Antananarivo. En opposition aux volontĂ©s d'Andriamasinavalona, ses fils abandonnent le concept d'unitĂ© et se combattent dans le but d'agrandir leurs propres royaumes. Ă€ la suite de ces affrontements, Imerina se fragment et est en proie Ă  des conflits pendant 77 ans, jusqu'Ă  ce que le royaume soit Ă  nouveau uni sous le règne d'Andrianampoinimerina (1787–1810)[8].

Le règne d'Andriamasinavalona reste dans les mémoires à Madagascar comme un âge d'or de prospérité, de justice, d'abondance et d'harmonie. Il est décrit dans les histoires orales comme un politicien talentueux et un dirigeant gentil et juste. Son nom est souvent invoqué traditionnellement en Imerina pour rendre hommage aux ancêtres ou faire un engagement contraignant. Au sujet de l'héritage d'Andriamasinavalona, Ellis (1832) remarque: « Le caractère de ce chef est tenu dans la plus haute vénération et estime. On dit qu'il a exercé un grand soin sur son district et qu'il a apporté de nombreuses améliorations importantes. Sa mémoire, ses lois et les coutumes sont toujours tenues dans le plus grand respect, et son nom est toujours mentionné dans les kabarys publics avec une certaine révérence »"[9].

Notes et références

  1. Thomas Rakotoarivelo Thomas, Andriamasinavalona - Mpanjaka tokana teto Imerina, Antananarivo, 2014.
  2. Ogot (1992), p. 877
  3. Callet (1908), p. 539
  4. Callet (1908), p. 540
  5. Callet (1908), p. 548
  6. Razafimbelo Pierre (1911), " Tantaran'ny andrianteloray ", Antananarivo
  7. Callet (1908), p. 654
  8. (en) UNESCO World Heritage Centre, « Royal Hill of Ambohimanga », sur UNESCO World Heritage Centre (consulté le )
  9. Ellis (1838), p. 121-122

Annexes

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article François Callet, Tantarany Andriana eto Madagascar. Documents historiques d'après les manuscrits malgaches, Tananarive : Imprimerie officielle, 1908 (OCLC 459038596)
  • Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article William Ellis, History of Madagascar, London-Paris : Fisher, Son & Co., 1838 (OCLC 791390791)
  • Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article Bethwell Ogot, Africa from the Sixteenth to the Eighteenth Century, UNESCO, 1992 (ISBN 978-92-3-101711-7) (en ligne)
  • Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article Thomas Rakotoarivelo, Andriamasinavalona - Mpanjaka tokana teto Imerina, Antananarivo .
  • Françoise Raison-Jourde, « Andriamasinavalona : la succession utĂ©rine Â», in Les Souverains de Madagascar : l'histoire royale et ses rĂ©surgences contemporaines, Karthala, 1983, p. 244-245 (ISBN 9782865370597)
  • Dominique Ranaivoson, Madagascar : dictionnaire des personnalitĂ©s historiques, SĂ©pia, Saint-Maur-des-FossĂ©s ; Tsipika, Antananarivo, 2011 (2e Ă©d.), p. 37 (ISBN 978-2-84280-101-4)

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