André Gladu
André Gladu, né en 1945 à Ottawa, au Canada, est un producteur de cinéma, réalisateur et scénariste canadien. Il est le fils du critique d'art Paul Gladu[1]. Son œuvre, centrée sur des sujets artistiques[2], est dominée par la monumentale série ethnographique intitulée Le Son des Français d'Amérique, dont il est l'initiateur et qu'il coréalise avec Michel Brault. Cette série est inscrite au registre Mémoire du monde de l'UNESCO[3].
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Biographie
Son père, Paul Gladu, est un critique d'art reconnu, auteur notamment d'essais sur le peintre René Richard et le sculpteur Stanley Lewis, tandis que sa mère est pianiste de formation classique. Ce cadre familial est le terreau lui permettant de développer une sensibilité artistique et culturelle[4]. Il grandit à Sainte-Rose, en banlieue de Montréal, sa famille habitant pendant trois ans dans la maison d'Alfred Pellan, qui est un ami de son père[5].
En 1972 il réalise un premier film, Le Reel du pendu, au sein de l'Office national du film du Canada. Tourné au Québec, en Acadie et en Louisiane, ce documentaire préfigure l'ensemble de l'œuvre de Gladu, puisqu'il contient le germe de ce qui deviendra Le Son des Français d'Amérique.
En 1974, Gladu s'allie donc à Michel Brault pour réaliser 13 épisodes de la série documentaire Le Son des Français d'Amérique. Les cinéastes amorcent ainsi un travail majeur sur la culture populaire du Québec, d'Acadie et de Louisiane, filmant quantité de musiciens traditionnels comme le violoneux saguenéen Louis « Pitou » Boudreault et le chanteur louisianais Zachary Richard. C'est la musique des opprimés et des travailleurs qui est mise de l'avant, la musique comme gage de survivance et outil de liberté[6]. Le succès de la première série permet la mise en production de 14 nouveau épisodes, l'ensemble formant une fresque impressionnante, témoignage d'une vitalité culturelle exceptionnelle[3].
Cette série forme l'axe central de la filmographie de Gladu, qui la complètera en réalisant plusieurs films satellites (Zarico; Noah), qui continuera de s'intéresser aux musiciens (Liberty Street Blues; Champion Jack Dupree; «Snooks») et qui abordera la francophonie en Amérique du nord dans une série de deux films: Tintamarre -- la piste d'Acadie en Amérique et Marron -- la piste créole en Amérique[7].
Entre 1979 et 1981, le cinéaste consacre deux films aux moulins à vent. C'est d'abord La pointe du moulin, documentaire didactique retraçant la reconstruction du moulin de l'île Perrot, au Québec[8], puis le plus ambitieux Les dompteurs de vent, pour lequel il va de l'Île-aux-Coudres à la Beauce française, captant la parole des artisans meuniers et documentant cette forme d'ingénierie traditionnelle[9].
Gladu consacre ensuite deux films à des peintres liés à son village de Sainte-Rose: Marc-Aurèle Fortin (1888-1970) en 1983 et Pellan en 1986. En 1994, il réalise Gaston Miron (les outils d'un poète), documentaire consacré à l'auteur de L'Homme rapaillé[10]. Puis, à l'occasion du centenaire du cinéma, il signe un documentaire en quatre parties retraçant l'histoire du cinéma québécois: La Conquête du grand écran.
Ĺ’uvre
Le travail d'André Gladu est celui d'un documentariste attentif aux manifestations culturelles populaires. Avec Jean-Claude Labrecque, il est l'un des principaux cinéastes mémorialistes de la culture québécoise. Son intérêt pour la musique traditionnelle constitue l'axe central de sa filmographie et se déploie de manière à aborder l'héritage francophone en Amérique du Nord[2].
Son travail s'inscrit dans la foulée du cinéma direct québécois (comme en témoignent ses collaborations avec Michel Brault), même s'il utilise parfois des séquences de fiction, en particulier dans ses films consacrés aux peintres Marc-Aurèle Fortin et Alfred Pellan[11].
Filmographie
RĂ©alisateur
- 1972 : Le Reel du pendu
- 1974-1980 : Le son des Français d'Amérique (série 1, 13 épisodes; série 2, 14 épisodes) coréalisé avec Michel Brault.
- 1979 : La Pointe du moulin
- 1981 : Les Dompteurs de vent
- 1983 : Marc-Aurèle Fortin (1888-1970)
- 1984 : Zarico
- 1985 : Noah
- 1986 : Pellan
- 1988 : Liberty Street Blues [12]
- 1991 : Champion Jack Dupree
- 1993 : « Snooks »
- 1994 : Gaston Miron, les outils du poète
- 1996 : La ConquĂŞte du grand Ă©cran
- 2004 : Tintamarre -- la piste d'Acadie en Amérique
- 2005 : Marron -- la piste créole en Amérique
Scénariste
- 1984 : Zarico
RĂ©compenses et nominations
RĂ©compenses
- Prix du court et moyen métrage de l'Association québécoise des critiques de cinéma (AQCC), 1983
- Prix Anik 1983 Wilderness Meilleur documentaire télévisé au Canada SRC/CBC pour Marc-Aurèle Fortin 1988-1970
- Festival international du Film sur l'art FIFA, Montréal, : Prix Meilleure biographie d'artiste pour Pellan
- Festival du cinéma des Nuits cajun et zydeco de Saulieu, Bourgogne, France, 2001 : Prix du jury pour l'ensemble des films tournés en Louisiane
- Remise de l'Ordre des francophones d’Amérique par Le Conseil Supérieur de la langue française du Québec, Québec, [13]
- Lifetime Achievement Award du Festival Cinema on the Bayou pour son rĂ´le de pionnier dans la documentation de la culture louisianaise francophone, en 2010
- Festival La Grande Rencontre de la Société pour la promotion de la danse traditionnelle québécoise (SPDTQ), Remise du Prix Aldor 2011
- Inscription au Registre international Mémoire du monde de l'UNESCO, CQ/CCU Comite consultatif international UNESCO, Paris , pour Le Son des Français d’Amérique
- Les Prix du Québec 2018 : Prix Albert-Tessier, catégorie culturelle pour l’ensemble de la carrière
Notes et références
- Paul Gladu, « Pellan, Alfred », L'Agora, vol. 1, no 2, octobre 1993 : « Deux ans avant le décès de Pellan, mon fils André a fait un film documentaire sur celui-ci. Un film qui donne à l'artiste l'occasion d'exposer ses idées. Pellan y est très présent et très lucide et ne semble pas prêt du tout à nous quitter. L'œuvre est révélatrice en ce sens qu'elle nous montre que Pellan est loin d'être un inconnu à Paris. On y assiste à une séance de ventes à l'Hôtel Drouot qui en dit long sur notre ami. Document d'autant plus précieux qu'il est le seul long métrage consacré à Pellan. »
- Jean, Marcel, 1963- et Coulombe, Michel, 1957-, Le dictionnaire du cinéma québécois, Montréal (Québec), Boréal, (ISBN 2-7646-0427-0 et 9782764604274, OCLC 1006893527, lire en ligne)
- « «Le son des Français d’Amérique» à l’UNESCO », sur Le Devoir (consulté le )
- Françoise Wera, « «Le processus créateur m'a toujours fasciné.» », Ciné-Bulles, Volume 13 numéro 4,‎ , p. 26-29 (ISSN 0820-8921)
- « Pellan dans l’oeil d’André Gladu », sur Le Devoir (consulté le )
- Pierre Demers, « Le son des Français d'Amérique », Cinéma Québec, numéro 46,‎ , p. 46-47 (ISSN 0317-2333)
- Kevin Laforest, « Marron : Passer à la créole », sur Voir.ca (consulté le )
- « Œuvres | La Cinémathèque québécoise » (consulté le )
- « Œuvres | La Cinémathèque québécoise » (consulté le )
- « Œuvres | La Cinémathèque québécoise » (consulté le )
- Jean, Marcel, 1963-, Dictionnaire des films québécois (ISBN 978-2-924283-67-7 et 2-924283-67-1, OCLC 900394181, lire en ligne)
- Office national du film du Canada, « Liberty Street Blues » (consulté le )
- « Blogues », sur Septentrion (consulté le )
Liens externes
- (en) André Gladu sur l’Internet Movie Database
- Visionner les films d'André Gladu disponibles sur le site onf.ca