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Analogie des calendriers julien et grégorien

L'analogie des calendriers julien et grĂ©gorien se rĂ©fĂšre Ă  la forme quasi identique que revĂȘtent, en vertu de leur mĂȘme origine, le calendrier julien et le calendrier grĂ©gorien. Mais, alors qu'ils comportent les mĂȘmes dates, celles-ci sont dĂ©calĂ©es dans le temps. Ce dĂ©calage Ă©tant seulement de quelques jours, une pratique courante consiste Ă  reprendre les dates commĂ©moratives telles quelles dans le calendrier grĂ©gorien, lors de la conversion depuis le calendrier julien. Ainsi, un 18 mars du calendrier julien deviendra un
 18 mars dans le calendrier grĂ©gorien, mĂȘme si dans les deux calendriers, ces dates correspondent Ă  des jours diffĂ©rents.

Ceci correspond au consensus, ou aux coutumes, des historiens qui conservent la forme julienne des dates d'avant l'introduction du calendrier grĂ©gorien, or cette transition a durĂ© plus de quatre siĂšcles. Ce qui de prime abord semblerait ĂȘtre simple devient donc compliquĂ© aussitĂŽt que l'on dĂ©sire tenir un compte prĂ©cis des jours.

Cette conservation des dates par analogie concerne l'Histoire et particuliĂšrement la pĂ©riode du passage du calendrier julien au calendrier grĂ©gorien. Elle concerne aussi l'histoire de l'astronomie qui date les Ă©vĂ©nements cĂ©lestes trĂšs anciens avec prĂ©cision. L'Église orthodoxe, Ă  ce jour partagĂ©e entre les deux calendriers, est Ă©galement vivement concernĂ©e.

L'étude de la question met clairement en évidence le besoin de préciser lequel des calendriers on utilise, à chaque fois qu'une date est indiquée dans une circonstance ambiguë.

Exemples

Historique

Pour comprendre la nature du problĂšme, il faut se tourner vers l'histoire. L'ajustement grĂ©gorien admet que le jeudi est immĂ©diatement suivi par le vendredi et qu'en consĂ©quences, les 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13 et sont des dates aussi inexistantes que le 29 . En effet, la rĂ©forme calendaire du pape GrĂ©goire XIII prĂ©tendait ajuster le calendrier julien et non le remplacer par un autre. Elle Ă©tait faite dans l'esprit du calendrier romain que les empereurs modelaient Ă  leur guise. L'ancienne forme (julienne) Ă©tait abolie et censĂ©e disparaĂźtre avec la mise en place simultanĂ©e de la nouvelle. En fait, la rĂ©forme grĂ©gorienne fut appliquĂ©e immĂ©diatement ( suivi du ) en Espagne, au Portugal et dans les possessions italiennes de Philippe II (roi d'Espagne), ainsi qu'en Pologne, outre les États pontificaux.

Mais, contrairement à la Rome antique de César qui instaura le calendrier julien, ou d'Auguste qui le restaura, l'Europe du XVIe siÚcle n'était unie ni politiquement, ni religieusement puisque la Réforme protestante s'opposait au Catholicisme. Enfin, les communications y étaient bien plus lentes que de nos jours. Aussi, l'ajustement grégorien n'a pas été immédiatement adopté dans toute l'Europe ni dans le monde. En France, c'est le , qui fut suivi du [2]. Ce qui signifie qu'entre octobre et décembre 1582, la France eut dix jours de décalage avec les pays précédents cités. Pour les Passage_du_calendrier_julien_au_calendrier_grégorien#Europe autres pays d'Europe, souvent protestants ou orthodoxes, le décalage s'est prolongé

La consĂ©quence en est l'apparition de plusieurs calendriers quasi identiques (sur l'annĂ©e) mais dĂ©calĂ©s. Les 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13 et ont en fait existĂ©, pour ceux qui ont fait le passage au calendrier grĂ©gorien et ont aussi supprimĂ© le mĂȘme nombre de jours (ou davantage) plus tard. MĂȘme si aujourd'hui, la rĂ©forme imposĂ©e par GrĂ©goire XIII a abouti, malgrĂ© l'opposition des protestants et de nombreux scientifiques Ă  l'Ă©poque, pour l'historien, le risque de confusion est perpĂ©tuel, puisque les dates d'avant le passage au calendrier grĂ©gorien restent selon le calendrier julien.

Ceci sans minorer les autres formes de calendrier, dont le calendrier romain antérieur ou le calendrier républicain[3]

Commémorations annuelles

La commĂ©moration d'un Ă©vĂšnement, chaque annĂ©e Ă  la mĂȘme date, se fait en gĂ©nĂ©ral Ă  la date de l'Ă©vĂšnement lui-mĂȘme. Mais si l'Ă©vĂšnement en question s'est produit Ă  une Ă©poque oĂč l'on utilisait le calendrier julien (Ă©poque plus ou moins ancienne selon les pays), alors on conserve, le plus souvent, la mĂȘme date, mĂȘme si elle est fausse du point de vue du nouveau calendrier. Ainsi, le calendrier liturgique catholique a Ă©tĂ© simplement dĂ©calĂ© par l'adoption du calendrier grĂ©gorien sans aucun recalcul des dates. L'avantage est Ă©vident : on garde le mĂȘme calendrier qu'on utilise simplement Ă  un autre moment qu'avant. Quant au dĂ©calage des jours, cela prĂ©occupe peu de monde : il faut considĂ©rer important que l'Ă©vĂšnement ait eu lieu un nombre entier d'annĂ©es avant sa commĂ©moration annuelle.

L'Église orthodoxe, dont la partie occidentale utilise le calendrier grĂ©gorien et la partie orientale le calendrier julien, se sert en rĂ©alitĂ© d'un seul calendrier liturgique mais qui est appliquĂ© avec 13 jours de dĂ©calage selon l'endroit.

Il en va diffĂ©remment pour des Ă©vĂšnements qui ont eu lieu peu avant le changement de calendrier et pour lesquels on se souvenait encore bien du moment oĂč ils se sont produits, raison pour laquelle ils ont Ă©tĂ© naturellement recalculĂ©s dans le calendrier grĂ©gorien. On notera en particulier :

Calendrier grégorien rétroactif

Recalculer toutes les dates d'avant la rĂ©forme grĂ©gorienne serait cohĂ©rent avec le postulat du nouveau calendrier qui considĂšre que le calendrier julien est tout simplement faux. En effet, la seule motivation raisonnable du calendrier grĂ©gorien est de corriger les trois jours de retard que le calendrier julien prendrait tous les quatre siĂšcles. L'ajustement grĂ©gorien revient mĂȘme sur le retard antĂ©rieur, puisqu'il supprime les jours qui s'Ă©taient accumulĂ©s depuis 13 siĂšcles au moment de l'ajustement. Il se donne donc une dimension rĂ©troactive (voir Calendrier grĂ©gorien proleptique). La logique voudrait donc qu'il recalcule aussi les anciennes dates. Logique, qui porterait cependant Ă  confusion car on devrait alors attribuer une nouvelle date Ă  des Ă©vĂšnements clairement datĂ©s depuis longtemps, ce que l'on Ă©vite de faire, prĂ©fĂ©rant incorporer les dates par analogie, comme si on utilisait le calendrier grĂ©gorien rĂ©troactivement, alors qu'on utilise en fait le calendrier julien, au lieu de les recalculer vers le calendrier grĂ©gorien proleptique.

L'historien est donc contraint de travailler avec les deux calendriers similaires ou, si l'on prĂ©fĂšre, avec un calendrier juliano-grĂ©gorien oĂč les dates sont de l'un ou de l'autre des calendriers selon la pĂ©riode. Mais comme la pĂ©riode de chaque calendrier se prolonge de maniĂšre diffĂ©rente selon le pays, et puisqu'il peut y avoir coexistence des deux calendriers, il faut indiquer le calendrier que l'on utilise Ă  chaque fois que la confusion est possible. C'est exactement comme pour l'heure qui doit ĂȘtre accompagnĂ©e de l'indication du fuseau horaire pour ĂȘtre bien comprise.

Dates historiques en informatique

Le problĂšme se pose dans le format de dates en informatique, oĂč certains programmes se basent sur le calendrier grĂ©gorien proleptique, c'est-Ă -dire qui remonte avant la rĂ©forme du pape GrĂ©goire. On pourrait croire qu'il n'y a pas de problĂšme, Ă  saisir des dates juliennes dans un champ prĂ©vu pour une date grĂ©gorienne, ces dates n'utilisent-elles pas le mĂȘme format de jour, mois et annĂ©e ? Le problĂšme est que, si ces champs admettent les dates du 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13 et omises par l'ajustement grĂ©gorien, en revanche, ils ne reconnaissent pas les dates supplĂ©mentaires du 29 fĂ©vrier des annĂ©es 300, 500, 600, 700, 900, 1000, 1100, 1300, 1400 et 1500 qui ont pourtant existĂ© dans le calendrier julien de l'Ă©poque. Rappelons que ces dates, comme toutes celles du Moyen Âge, sont usuellement intĂ©grĂ©es et non recalculĂ©es au calendrier grĂ©gorien. Toutes sortes d'erreurs rĂ©sultent de l'absence de ces dates, comme l'application d'un mauvais jour de semaine ou un mauvais compte de jours entre deux dates. De tels formats de dates sont inutilisables pour des besoins historiques poussĂ©s.

Les environnements et formats informatiques utilisant le format de date grégorien proleptique sont :

Notes et références

  1. HĂ©lĂšne Frouard, « Les dix jours qui n'existĂšrent pas », Le Figaro,‎ (lire en ligne)
  2. JĂ©rĂŽme Delatour, « NoĂ«l le 15 dĂ©cembre : la rĂ©ception du calendrier grĂ©gorien en France (1582) », BibliothĂšque de l'École des chartes, t. 157, no 2,‎ , p. 369-416 (lire en ligne)
  3. Émile BiĂ©mont, « Le calendrier et son histoire », Bulletins de l'AcadĂ©mie Royale de Belgique, t. 7, nos 1-6,‎ , p. 15-71 (lire en ligne)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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