Amelio Robles Ávila
Amelio Robles Ávila, né le et mort le , est un colonel de la révolution mexicaine. Assigné femme à la naissance sous le nom d'Amelia Robles Ávila, Robles combat pendant la Révolution mexicaine, atteint le grade de colonel et vit ouvertement comme un homme de 24 ans jusqu'à sa mort à 95 ans.
Biographie
Robles est né le 3 novembre 1889 à Xochipala, Guerrero, ses parents sont Casimiro Robles et Josefa Ávila[1] - [2] - [3]. Casimiro Robles est un riche fermier[2] qui possède 42 hectares de terres et une petite usine de mezcal[3]. Robles a deux frères et sœurs plus âgés[2] Teódulo et Prisca[3]. Robles a trois ans lorsque son père Casimiro meurt[4] et quelques années plus tard, sa mère Josefa épouse Jesús Martinez, l'un des ouvriers du ranch qui s'occupe du bétail[1] - [3]. Josefa et Jesús ont trois autres enfants, Luis, Concepción et Jesús Martínez Avila[3]. Le couple éleve les enfants dans la religion catholique[2]. Robles étudie jusqu'en quatrième année à l'école pour jeunes filles de Chilpancingo[5].
Dès son plus jeune âge, Robles montre un intérêt pour les activités considérées comme masculines, apprenant à apprivoiser les chevaux et à manier les armes, et devenant un excellent tireur d'élite et cavalier émérite[2]. Avant de rejoindre l'armée, il est trésorier dans un club Maderistas à Xochipala[6].
Carrière militaire
Robles rejoint l'armée en 1911 ou 1912[2] - [7] sans doute au moment où le général Juan Andreu Almazán (en) passe par Xochipala en 1911 alors que la pression monte contre Porfirio Díaz pour qu'il démissionne de son poste de président.
Entre août et novembre 1911, Robles est envoyé dans le golfe du Mexique dans le cadre d'une afin d'obtenir de l'argent des compagnies pétrolières pour la cause révolutionnaire[6]. Deux ans plus tard, Robles commence à s'habiller en homme et exige d'être traité comme tel[8]. Robles n'est pas le seul à être une femme assignée se présentant comme un homme dans l'armée mexicaine à l'époque. Maria de la Luz Barrera et Ángel(a) Jiménez ont également adopté des identités masculines pendant la guerre[9]. De 1913 à 1918, Robles combat en tant que «el coronel Robles» avec l'Armée de libération du Sud (en)(zapatistes) sous le commandement de Jesús H. Salgado, Heliodoro Castillo et Encarnación Díaz. Robles gagne le respect de ses pairs et de ses supérieurs en tant que chef militaire compétent[2].
En 1919, quelque temps après la mort d'Emiliano Zapata, Robles et 315 hommes sous son commandement rejoignent les forces d'Alvaro Obregón et, en 1920, combattent avec eux lors de la Révolte de Agua Prieta (en) qui met fin au gouvernement de Venustiano Carranza[2]. En 1924, Robles soutient le général Alvaro Obregón contre la rébellion delahuertiste sous le commandement du général Adrian Castrejón, où le général delahuertista Marcial Cavazos est tué et Robles est blessé.
Après la phase militaire de la Révolution, Robles soutient le général révolutionnaire Álvaro Obregón lorsque ce dernier devient président du Mexique en 1920-1924 ; Robles combat avec les forces d'Obregón pour réprimer la rébellion de 1923 d'Adolfo de la Huerta[2]. Lorsque Robles s'installe à Iguala pendant un certain temps après la révolution, un groupe d'hommes l'attaque en voulant révéler son anatomie; il en tue deux en légitime défense[10]. En 1939, il soutient Almazán à l'élection présidentielle[6].
En 1948, Robles reçoit le certificat médical requis pour entrer officiellement dans la Confédération des anciens combattants de la Révolution[10]. L'examen médical confirme que Robles a reçu six blessures par balle[11].
Prix
En 1970, le secrétaire mexicain à la Défense nationale reconnait Robles comme vétéran (Veterano) de la Révolution[12]. Vers la fin de sa vie, Robles reçoit diverses décorations reconnaissant un service militaire distingué : une décoration en tant que vétéran de la Révolution mexicaine et la Légion d'honneur mexicaine ; en 1973 ou 1974, Robles est également décoré du prix du mérite révolutionnaire ( Medalla al mérito revolucionario )[2].
Vie privée
Selon l'historienne Gabriela Cano Ortega (en), Robles adopte une identité masculine non pas comme stratégie de survie mais à cause d'un fort désir d'être un homme[8] - [13]. L'identité masculine de Robles est acceptée par sa famille, la société et le gouvernement mexicain, et Robles a vécu comme un homme de l'âge de 24 ans jusqu'à sa mort[14]. Selon un ancien voisin, si quelqu'un traitait Robles de femme ou «Doña», il le menaçait avec un pistolet[15]. Robles a donc été qualifié par les historiennes de transgenre[10] - [13] - [16] - [8].
Robles rencontre Ángela Torres à Apipilulco dans les années 1930, et ils se marient plus tard[6] - [8]. Ils adoptent une fille ensemble, Regula Robles Torres[17]. Selon Horacio Legrás sa femme et sa fille se sont ensuite éloignés de Robles[2].
Sur son lit de mort, Robles aurait fait deux demandes : recevoir les honneurs pour son service militaire et être habillé en femme afin de recommander son âme à Dieu[6] - [18]. Cette dernière demande n'a cependant jamais été confirmée[18], et le certificat de décès de Robles indique qu'il a perdu la capacité de parler plus d'un an avant de mourir[19].
Robles meurt le 9 décembre 1984, à l'âge de 95 ans[20].
Articles connexes
Références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Compton's Cafeteria riot » (voir la liste des auteurs).
- Edith Pérez Abarca, Amelia Robles: revolucionaria zapatista del sur (2007), page 25.
- Horacio Legrás, Culture and Revolution: Violence, Memory, and the Making of Modern Mexico, University of Texas Press, (ISBN 978-1-4773-1172-1, DOI 10.7560/310748, lire en ligne)
- Laura Espejel López (2000), p. 305.
- Edith Pérez Abarca (2007), page 28.
- Laura Espejel López (2000), p. 306.
- (es) Olga Cárdenas Trueba, « Amelia Robles y la Revolución Zapatista en Guerrero », dans Laura Espejel López (dir.), Estudios sobre el Zapatismo, México, Colección Biblioteca del Instituto Nacional de Antropología e Historia, coll. « Biblioteca del INAH / Historia », , 477 p. (ISBN 9789701841846, lire en ligne), p. 303-319.
- (es) David Pérez López, Historias cercanas (relatos ignorados de la frontera), Chihuahua, Instituto Chihuahuense de Cultura, (ISBN 9789686862836), p. 125.
- (es) Lydia Zárate, « Amelio Robles, coronel transgénero de la Revolución mexicana », sur pikara magazine, (consulté le )
- Gabriela Cano, « Amelio Robles, andar de soldado viejo. Masculinidad (trangénero) en la Revolución Mexicana », Debate Feminista, vol. 39, , p. 14–39 (DOI 10.22201/cieg.2594066xe.2009.39.1417, JSTOR 42625542)
- Gabriela Cano, Unconcealable Realities of Desire, in Sex in Revolution: Gender, Politics, and Power in Modern Mexico (2007, (ISBN 0822388448)), ed. by Mary Kay Vaughan, Gabriela Cano, Jocelyn H. Olcott, page 45.
- (es) Gabriela Cano, Inocultables Realidades del Deseo: Amelio Robles, masculinidad (transgénero) en la Revolución mexicana, Universidad Autónoma Metropolitana, (lire en ligne [PDF])
- « Editarán la biografía de la coronela revolucinaria Amelia Robles », El Sur, Información del Sur, SA, (consulté le )
- Oswaldo Estrada, Troubled Memories: Iconic Mexican Women and the Traps of Representation (2018, (ISBN 1438471912)), page 180: "Others, such as Amelia Robles, became true transgendered subjects over the course of the revolution and defined themselves as men for the rest of their lives."
- Lydia Zárate, « Amelio Robles, coronel transgénero de la Revolución mexicana », Pikara Magazine, (consulté le )
- Gabriela Cano, « Inocultables Realidades del Deseo: Amelio Robles, masculinidad (transgénero) en la Revolución mexicana », (consulté le )
- Katherine Crawford, Eunuchs and Castrati: Disability and Normativity in Early Modern Europe (2018, (ISBN 1351166352)), page 10.
- (es) Laura Martínez Alarcón, « La Coronela es un hombre y, sin embargo, nació mujer », Actitud Fem, (consulté le )
- Agencias, « La Coronela de Zapata que luchó por ser reconocida como Coronel »
- (es) « Datos de acta de defuncion » [archive du ], State of Guerrero (consulté le ) To use the page: Nombre: Amelio; apellido paterno: Robles; apellido materno: Avila (without accent as it will mark an error); sexo: masculino; fecha de nacimiento: left blank; fecha de defunción: 09/12/1984.
- Laura Espejel López (2000), p. 319.