Amadour du Quercy
Saint Amadour ou Saint Amateur (Amador en occitan) est un ermite et un personnage religieux qui est Ă l'origine du sanctuaire de Rocamadour.
Étymologie
En latin, Amadour se rattache à amator « qui a de l’amour en lui », de même, en provençale amadou signifie « amoureux ». En occitan, le sens est voisin avec l’adjectif aimador (qui aime, qui est aimant). Un rapprochement est aussi possible avec les mots âme : anma, et dorée : daurat : anma daurat.
Hagiographie
Selon l'histoire répandue par les bénédictins, Amadour est un ermite qui vécut dans le Quercy et qui se fixa à l'emplacement de l'actuel sanctuaire de Rocamadour, probablement dans une grotte en créant un petit oratoire sur un rocher consacré à la Vierge Marie. La population alentour vint y prier tout en considérant les vertus ascétiques d'Amadour. À sa mort, il fut déposé en terre à l'entrée de l'oratoire.
Puis bien plus tard, quand une autre sépulture a été creusée en 1166 pour y enterrer un habitant du quartier, on découvrit son corps qu'on déposa dans la chapelle qui avait été construite sur le site. Sa dépouille bien conservée occasionna un grand nombre de miracles et de plus en plus de pèlerins affluèrent.
Son corps demeura exposé pendant près de 400 ans jusqu'à sa destruction le 3 septembre 1562 par les Huguenots, conduits par Symphorien de Durfort, baron de Duras, et les seigneurs Marchastel et Du Bordet[1]. Le capitaine Jean Bessonias, ne parvenant pas à brûler la dépouille, en brisa les membres avec un marteau de forgeron[1] - [2]. Les reliques sauvées de la destruction eurent encore à souffrir des vicissitudes politiques lors de la Révolution française[2].
Traditions
Une tradition ancienne assimile Amadour au Zachée de l'Évangile[3] qui serait devenu l'époux de sainte Véronique, d’abord guérie par Jésus de ses pertes de sang et qui lui donna un linge blanc (le voile) pour essuyer la sueur et le sang de son visage alors qu'il portait son patibulum dans les rues de Jérusalem.
Une tradition qui n'est pas racontée dans les évangiles, mais dans des textes chrétiens ultérieurs : Véronique serait venue le rejoindre en Gaule, peut-être après qu'il eut été contraint à l'exil. Elle y serait morte elle-aussi, mais à Soulac-sur-Mer dans le Bordelais, où une église - aujourd'hui ensevelie par les dunes - a été construite en son honneur par saint Martial de Limoges au IIIe siècle.
Des traditions antiques attribuées à Matthieu disent qu'Amadour - ou Zacchée - était publicain, c'est-à -dire percepteur d'impôts, tout comme Matthieu. Zacchée est une forme dérivée de l'araméen Zakkaï, qui veut dire pur, vif et intègre à l’image du « Juste ». Le « juste » est un cognomen que portent beaucoup de membres du mouvement créé par Jésus et qui est même donné à Jésus lui-même dans le discours qu'a prononcé Étienne, le premier martyr exécuté en présence de saint Paul et avec son approbation, avant que celui-ci ne rencontre Jésus, toujours vivant après sa Crucifixion, alors qu'il allait atteindre la ville de Damas.
Le rapprochement d'Amadour avec le 5e évêque d'Auxerre Amator est inapproprié.
- Fête le 20 août.
Notes et références
- Ernest Rupin, Roc-Amadour: étude historique et archéologique, Cressé, Editions des régionalismes, , 302 p., p. 133.
- Armand-Benjamin Caillau, Le Jour de Marie ou le guide du PĂ©lerin de Roc-Amadour, Paris, P.J. Camus, , 188 p., p. 57.
- Une tradition comparable concerne Sylvain de Levroux.
Voir aussi
Bibliographie
- Edmond Albe, La vie et les miracles de S. Amator, Société des Bollandistes, Bruxelles, 1909 [lire en ligne]
- Bénédicte Bulles, Saint Amadour : formation et évolution de sa légende (XIIe - XXe siècle), dans les Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, année 1995, tome 107, n° 212, p. 437 - 455 [lire en ligne]