Accueil🇫🇷Chercher

Alphabet adlam

L'adlam, ou ADLaM, est un alphabet inventé en Guinée en 1989 pour écrire le peul. Il est composé de 28 lettres.

Acrostiche donnant le nom « ADLaM ».
Écriture ADLaM.

Création de l'alphabet

Deux enfants de Guinée, Abdoulaye et Ibrahima Barry, alors âgés de 10 et 14 ans, inventent cet alphabet en 1989[1] - [2]. À cette époque, leur langue maternelle, le peul (aussi appelé poular ou fulfulde) est parlé par les millions de locuteurs du peuple peul largement disséminé à travers l'Afrique de l'Ouest, mais n'a aucune écriture qui lui soit propre[1] - [2]. Pour s'écrire, les Peuls utilisaient souvent l'alphabet arabe. L'alphabet latin a été utilisé la première fois par l'Institut africain international (AIA) en 1921 pour transcrire les langues africaines. Par la suite, en février-, sous l'égide de l'Unesco, un travail d'unification de la transcription de certaines langues africaines dont le peul a été fait, et un alphabet basé sur le latin a été définitivement retenu. C'est cet alphabet latin qui a été officiellement reconnu par plusieurs États où le peul est parlé, et par l'Union africaine (ACALAN). L'alphabet latin est donc l'alphabet officiel, largement utilisé pour la transcription du peul.

Le père d'Abdoulaye et Ibrahima, par sa connaissance de l'arabe, était souvent sollicité par ses amis ou sa famille, qui lui apportaient les lettres qu'ils avaient reçues, pour les leur déchiffrer. Ses fils l'aidaient dans cette tâche difficile pour reconstituer le texte noté dans une écriture dont les signes ne correspondant pas aux sons peuls[2]. Devant la difficulté, Abdoulaye Barry demande à son père pourquoi les Peuls n'ont pas leur propre système d'écriture, et décide alors d'en créer un[2].

Les deux frères dessinaient des formes au hasard sur le papier, en fermant les yeux. Les rouvrant ensuite, ils choisissaient un dessin qui leur plaisait et décidaient du son peul à y associer[2]. Ils créent ainsi un alphabet de vingt-huit lettres, plus dix autres signes pour les chiffres[2]. Ils ajoutent ensuite six autres lettres, pour servir à d'autres langues africaines proches, et pour transcrire les mots empruntés[2].

Les lettres de l'alphabet

CapitaleMinusculeLatin Nom de la lettre API[3]
𞤀𞤢a alif a
𞤁𞤣d dâli d
𞤂𞤤l lam l
𞤃𞤥m mim m
𞤄𞤦b ba b
𞤅𞤧s singniyhé s
𞤆𞤨p p
𞤇𞤩ɓ (bh) bhè ɓ
𞤈𞤪r ra r/ɾ
𞤉𞤫e è e
𞤊𞤬f fa f
𞤋𞤭i i i
𞤌𞤮o ö o
𞤍𞤯ɗ (dh) dha ɗ
𞤎𞤰ƴ (yh) yhè ʔʲ
𞤏𞤱w wâwou w
𞤐𞤲n ou autre nasale finale noûn n
𞤑𞤳k kaf k
𞤒𞤴y ya j
𞤓𞤵u ou u
𞤔𞤶j djim
𞤕𞤷c tchi
𞤖𞤸h ha h
𞤗𞤹ɠ (q) ghaf q
𞤘𞤺g ga ɡ
𞤙𞤻ñ (ny) gna ɲ
𞤚𞤼t tou t
𞤛𞤽ŋ (nh) nha ŋ
Lettres supplémentaires (retranscription des langues voisines)
𞤜𞤾v va v
𞤝𞤿x (kh) kha x
𞤞𞥀ɡb gbe ɡ͡b
𞤟𞥁z zal z
𞤠𞥂kp kpo k͡p
𞤡𞥃sh sha ʃ
DiacritiquesDescription
◌𞥄'a' long (placé soit sur la voyelle 'a' brève, soit sur la consonne)
◌𞥅voyelle longue autre que le 'a'
◌𞥆consonne double (gémination)
◌𞥇hamza ou coup de glotte
◌𞥈diacritique pour retranscrire certaines consonnes issues de l'arabe :
𞤢 (a) > 𞤢𞥈 ('ayn ع [ʕ]), 𞤺 (g) > 𞤺𞥈 (ghayn غ [ɣ]), 𞤸 (ḥ) > 𞤸𞥈 (ha ه [h]),

pharyngales : 𞤧 (s) > 𞤧𞥈 (ṣad ص [sˁ]), 𞤼 (t) > 𞤼𞥈 (ṭa ط [tˁ]), 𞤣 (d) > 𞤣𞥈 (ḍad ض [dˁ]), 𞤶 (j) > 𞤶𞥈 (ẓa ظ [ðˁ]).

◌𞥉consonne modifiée double (voir ◌𞥈)
◌𞥊diacritique pour retranscrire certaines consonnes issues de l'arabe ou d'autres langues :
𞤧 (s) > 𞤧𞥊 (th [θ]), 𞤶 (j) > 𞤶𞥊 (z [z])

ou pour modifier l'ouverture de certaines voyelles : 𞤫 [e] > 𞤫𞥊 [ɛ] , 𞤮 [o] > 𞤮𞥊 [ɔ]

𞥋lettre modificative (appelée nyondal et parfois apostrophe en français, bien qu'elle soit ici inversée) insérée entre un 𞤲 n (à droite) et la consonne suivante (à gauche) pour former une consonne prénasalisée dans un trigramme. Dans de nombreux cas où elle n'est pas nécessaire, cette apostrophe peut être omise de la transcription avec juste un digramme, notamment dans une syllabe initiale, ou bien si la consonne nasalisée suit une autre consonne (y compris un autre 𞤲 n d'une syllabe précédente) ou une voyelle longue. Elle n'est donc normalement utile que dans les mots polysyllabiques pour indiquer comment prononcer le 𞤲 n qui suit une voyelle courte et avant la consonne suivante (soit séparément en absence de l'apostrophe, avec un éventuel schwa comme si ce n était une syllabe amuite, soit combinée en une seule syllabe avec la consonne suivante à prénasaliser en présence de l'apostrophe).

Codification

L'écriture a été ajoutée à la norme ISO 15924 précisément sous le code Adlm, no 166, avec « adlam » comme libellé officiel français (« Adlam » en anglais), enregistré le [4].

L'écriture a également été codée dans la version 9.0 du standard informatique Unicode en 2016 dans le bloc de caractères U+1E900 à U+1E95F comprenant les lettres majuscules et minuscules de l’alphabet adlam (et quelques lettres complémentaires pour transcrire plus fidèlement d’autres langues géographiquement proches mais linguistiquement plus éloignées, dont des langues nigéro-congolaises et européennes auxquelles les langues et dialectes peuls modernes peuvent faire des emprunts jusque dans leur phonologie), les signes diacritiques, les chiffres décimaux et d’autres signes[5].


en fr
0123456789ABCDEF
U+1E900 𞤀 𞤁 𞤂 𞤃 𞤄 𞤅 𞤆 𞤇 𞤈 𞤉 𞤊 𞤋 𞤌 𞤍 𞤎 𞤏
U+1E910 𞤐 𞤑 𞤒 𞤓 𞤔 𞤕 𞤖 𞤗 𞤘 𞤙 𞤚 𞤛 𞤜 𞤝 𞤞 𞤟
U+1E920 𞤠 𞤡 𞤢 𞤣 𞤤 𞤥 𞤦 𞤧 𞤨 𞤩 𞤪 𞤫 𞤬 𞤭 𞤮 𞤯
U+1E930 𞤰 𞤱 𞤲 𞤳 𞤴 𞤵 𞤶 𞤷 𞤸 𞤹 𞤺 𞤻 𞤼 𞤽 𞤾 𞤿
U+1E940 𞥀 𞥁 𞥂 𞥃 𞤢𞥄 𞤢𞥅 𞤢𞥆 𞤢𞥇 𞤢𞥈 𞤢𞥉 𞤢𞥊 𞥋
U+1E950 𞥐 𞥑 𞥒 𞥓 𞥔 𞥕 𞥖 𞥗 𞥘 𞥙 𞥞 𞥟

Notes et références

  1. (en) « Inventing the Adlam Script / Designing Type for a Society in Flux – Abdoulaye Barry, Ibrahima Barry, Mark Jamra, Neil Patel », sur letterformarchive.org, Letterform Archive, (consulté le ).
  2. Deborah Bach, « Comment un nouvel alphabet aide un peuple ancestral à écrire son propre avenir », sur news.microsoft.com, (consulté le ).
  3. « Adlam alphabet », sur skyknowledge.com (consulté le ).
  4. (en) « Liste alphabétique des noms d’écriture en français », sur unicode.org, Unicode (consulté le ).
  5. (en) « Supported Scripts », sur unicode.org, Unicode, (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

  • Aysha Sow, Guide d’apprentissage de l’alphabet ADLaM : En dix leçons, Winden Jangen, (lire en ligne)
  • (en) Kaveh Waddell, « The Alphabet That Will Save a People From Disappearing », The Atlantic, (lire en ligne)
  • Ibrahima Ishagha Barry, Hè’lma wallifandè fin èkkitago’l bèbèrè Pular : Guide pratique pour apprendre l’alphabet Pulaar, Conakry, 2006.

Liens externes

Articles connexes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.