Ali Bin Fetais Al-Marri
Ali Bin Mohsen Bin Fetais Al-Marri (en arabe : علي بن محسن بن فطيس المري), né le à Doha, est un haut fonctionnaire et magistrat qatari.
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Depuis 2002, il est procureur général du Qatar.
Sur le plan international, Ali Bin Fetais Al-Marri est avocat spécial auprès de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC). Avec des membres de sa famille, il a créé le Rule of Law and Anti-Corruption Center (ROLACC), dont il possède également les bureaux.
Ali Bin Fetais Al-Marri fait l'objet de plusieurs controverses, notamment pour des biens mal acquis à Genève et à Paris, des comptes bancaires à la Kuwait National Bank et des violations des droits de l'homme. Il a également été accusé par la presse américaine et Wikileaks d'avoir soutenu des membres de sa famille affiliés à Al-Qaïda.
Biographie
Né le à Doha, Ali Bin Fetais Al-Marri est issu de la tribu bédouine Al-Marri[1].
Issu d'une famille peu fortunée, il fait rapidement carrière grâce à sa loyauté. « Il ne dispose d'aucune marge de manœuvre d'action au sein du sérail. […] Les Al-Marri n'ont pas la chance de faire partie du gratin », expliquent Nicolas Beau et Jacques-Marie Bourget[2].
Formation
Après une première formation au Qatar, Ali Bin Fetais Al-Marri décroche un master en droit public à l'université de Rennes. Ali Bin Fetais Al-Marri parle arabe, français et anglais[3].
Famille
Ali Bin Fetais Al-Marri est marié[3] et père de famille. Il a deux fils, Hamad Ali, né en 2002, et Tameen Ali, né en 2013. Il est également parent de Maha Ali, étudiante à Doha[4], et de Abdulmehsen Hamad Fetais, directeur du Rolacc[5].
Selon la presse américaine, Ali Bin Fetais Al-Marri est un parent de Ali Saleh Kahlah al-Marri et de Jarallah Al-Marri, qui ont été emprisonnés par les États-Unis pour appartenance à Al-Qaïda[6] - [7] - [8].
Carrière professionnelle
Ali Bin Fetais Al-Marri commence sa carrière en 1997 en tant qu'assistant à l'Université du Qatar où il enseigne le droit international.
La même année, il est nommé secrétaire-général assistant du Conseil des Ministres et assiste aux réunions hebdomadaires.
À partir de 1998, il dirige le département juridique du diwan de l'Émir du Qatar, avec rang de sous-secrétaire. En , Ali Bin Fetais Al-Marri représente le Qatar devant la Cour internationale de Justice dans l'affaire de la délimitation maritime et des questions territoriales entre le Qatar et Bahreïn[9].
Ali Bin Fetais Al-Marri est nommé Procureur Général du Qatar par un décret de l'Émir du .
ONU
Ali Bin Fetais Al-Marri est membre de la Commission du droit international des Nations-Unies depuis 2002[10].
En , dans la foulée du Printemps arabe, il est nommé mandataire régional spécial de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) pour le recouvrement des avoirs volés[11] - [12]. Ce mandat a été renouvelé en 2014[13].
Plusieurs observateurs ont critiqué cette nomination au vu des révélations sur les biens mal acquis au nom de Ali Bin Fetais Al-Marri[14]
Rolacc
Ali Bin Fetais Al-Marri est le président et fondateur de Rolacc (Rule of Law & Anti-Corruption Center), une organisation fondée à Doha en 2009[15].
En , Rolacc a ouvert une antenne genevoise, Rolacc Geneva[16], également présidée par Ali Bin Fetais Al-Marri, tandis que son secrétaire-général est un membre de sa famille, Abdulmehsen Hamad Fetais, né en 1985[17].
Le , Rolacc Genève a décerné au Palais des Nations à Genève une série de prix de lutte contre la corruption à des personnalités venues de Chine, des États-Unis, de Jordanie et d'Italie[18].
Affirmant que le Qatar s'était « offert un prix contre la corruption », le journal Le Temps a souligné qu'en contrepartie de cet évènement promotionnel, le Qatar venait de prendre en charge des travaux de rénovation au Palais des Nations pour un coût de 20 millions de francs suisses[18].
Controverses
Liens avec des membres d'Al-Qaida
Selon la presse américaine, Ali Bin Fetais Al-Marri est un parent de Ali Saleh Kahlah al-Marri, alias Abdul-Rahman al-Qatari, un citoyen qatari qui a avoué être membre de l'organisation terroriste Al-Qaïda[6] - [19].
Arrêté et condamné par la justice fédérale américaine à 15 ans de prison, Ali Saleh Kahlah al-Marri avait reconnu avoir participé aux camps d'entrainements d'Al-Qaïda de 1998 à 2001 et rencontré Khalid Cheikh Mohammed, le planificateur des attentats du [20]. D'après la justice américaine, il planifiait de nouvelles attaques terroristes aux USA, avec l'utilisation d'armes chimiques[19].
Selon une enquête du Daily Beast, le Procureur Général du Qatar Ali Bin Fetais Al-Marri est intervenu à travers « un ami proche » pour libérer le terroriste en échange d'un couple d'américains retenus arbitrairement au Qatar[6].
Lors de son retour au Qatar en 2015, le membre d'Al-Qaïda a été accueilli « en héro » par des officiels qataris[6], un membre du conseil d'administration d'Al-Jazeera publiant un message célébrant ce retour sur son compte Twitter[21].
Jarallah, frère cadet de Ali Saleh Kahlah al-Marri, et donc parent du Procureur général, a également participé aux camps d'entrainements d'Al-Qaïda en Afghanistan avant d'être détenu par les États-Unis comme « combattant ennemi » dans le camp de Guantánamo[7]. Plus tard, il sera expulsé vers le Qatar.
Selon un câble diplomatique américain marqué « confidentiel », le Qatar a laissé Jarallah voyager malgré un accord avec le gouvernement américain qui l'en interdisait, et qui devait alerter les USA de toute tentative. Des diplomates américains ont écrit qu'Ali Bin Fetais Al-Marri était visiblement derrière cette décision et ce manque de coopération[8].
Soupçons de biens mal acquis
Plusieurs affaires ont fait l'objet d'articles dans la presse.
Hôtel particulier à Paris
En , Ali Bin Fetais Al-Marri acquiert pour 9,6 millions d'euros un hôtel particulier sis 86, avenue d'Iéna à Paris. La transaction est faite au nom de la société immobilière Iena 86. Le capital de cette société est divisé en 100 parts, dont 98 sont au nom d'Ali Bin Fetais Al-Marri, les deux dernières étant détenues par deux de ses fils, Hamad Ali, né en 2002, et Tameen Ali, né en 2013[14].
Cet achat a soulevé des questions. Emmanuel Razavi, journaliste français interrogé par le journal Le Point, a indiqué que les salaires dans la fonction publique au Qatar dépassent rarement les 12 000 dollars par mois.
Bureaux du Rolacc à Genève
Le , la société suisse GSG Immobilier SA acquiert une propriété sise route de Ferney 221, dans la commune genevoise du Grand-Saconnex, pour la somme de 3 690 000 francs suisses. Immatriculée le et dotée d'un capital social de 100 000 francs suisses[22], la société a pour actionnaire Ali Bin Fetais Al-Marri (99 %) et Maha Ali M. A. Fetais (1 %), étudiante domiciliée à Doha[14].
L'immeuble sis route de Ferney 221 accueille en particulier les bureaux de Rolacc Geneva, l'organisation anti-corruption fondée et présidée par Ali Bin Fetais Al-Marri.
En d'autres termes, le procureur général du Qatar est propriétaire à titre personnel de d'immeuble qui héberge l'organisation qu'il préside.
Comptes koweïtiens
Selon le site d'informations pan-arabe Al-Arabia[23], la société civile immobilière d'Ali Bin Fetais Al-Marri Iena 86, propriétaire de l'hôtel particulier à Paris, dispose de comptes bancaires à la succursale parisienne de la National Bank of Kuwait. Par ailleurs, sa société genevoise GSG Immobilier SA possède également des comptes dans la filiale genevoise de la banque koweïtienne.
Corruption
Selon les journalistes français Georges Malbrunot et Christian Chesnot, auteurs du livre Nos très chers Émirs, le Procureur général du Qatar avait cherché à « offrir » une montre de prestige au directeur de Tracfin, Bruno Dalles, qui s'en était scandalisé[24] - [25].
Bruno Dalles avait affirmé aux journalistes : « J’étais à la fois vexé et scotché par le procédé, alors que je venais de lui expliquer le but de mon job qui est de renforcer la transparence dans les mouvements de fonds »[26].
La presse sénégalaise a aussi abondamment critiqué les liens de proximité entre Ali Bin Fetais Al-Marri et Karim Wade, politicien Sénégalais condamné par la justice pour corruption et réfugié au Qatar[27] - [28] - [29].
Le Qatar est soupçonné par les autorités suisses de corruption lors du processus d'attribution de la Coupe du monde de football 2022 par la FIFA[30].
Enfant de Rachida Dati
En , les journalistes Michaël Darmon et Yves Derai évoquent la possibilité qu'Ali Bin Fetais Al-Marri soit le père de Zohra, la fille de Rachida Dati[31]. L'ancienne Garde des sceaux de la République française faisait alors la navette entre Paris et Doha plusieurs fois par mois[32].
À l'époque, sa sœur Najat Dati, dont les qualifications de juriste n'ont jamais été confirmées, avait été recrutée dans les services du procureur général du Qatar[33].
Décorations
- Grand officier de l'ordre de la République (2013)[34]
Notes et références
- (ar) « علي بن فطيس المري » (consulté le )
- Nicolas Beau et Jacques-Marie Bourget, Le Vilain Petit Qatar : cet ami qui nous veut du mal, Paris, 292 p. (ISBN 978-2-213-67128-4)
- (en) « crcica.org »
- (en) Gulf News, « The mysterious fortune of Qatar’s anti-corruption chief », GulfNews, (lire en ligne, consulté le )
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- (en) « Responding to Goq on Travel of Qatari Former Guantanamo Detainee Jarallah Al-Marri », Wikileaks, Qatar Doha, no 09DOHA148_a, 2009 february 26, 14:34 (thursday) (lire en ligne, consulté le )
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- Daouda Baya, « Retour de Karim Wade: Les révélations de Médiapart | Dakar7.com » (consulté le )
- Le Blog de Mediapart, « Retour de Karim Wade et tractations du procureur général du Qatar : ce que le Blog de Médiapart révèle », sur Pressafrik.com, L'info dans toute sa diversité (Liberté - Professionnalisme - Crédibilité) (consulté le )
- « Football: le Qatar dans le collimateur de la justice suisse », Bilan, (lire en ligne, consulté le )
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- Christian Chesnot et Georges Malbrunot, Qatar : les Secrets du coffre-fort, Paris, Michel Lafon, , 317 p. (ISBN 978-2-290-07989-8)
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