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Algorithme p-1 de Pollard

En thĂ©orie des nombres, l'algorithme p – 1 de Pollard est un algorithme de dĂ©composition en produit de facteurs premiers, conçu par John M. Pollard en 1974. C’est un algorithme spĂ©cifique (par opposition Ă  gĂ©nĂ©raliste) car il ne fonctionne qu'avec des entiers dont les facteurs possĂšdent une forme particuliĂšre ; c'est l'exemple le plus simple d'algorithme de factorisation en arithmĂ©tique modulaire.

Les facteurs qu'il trouve sont ceux dont le précédent, p - 1, est superlisse (ou ultrafriable).

Principe

Soit n un entier divisible par un nombre premier p, avec n ≠ p. D'aprĂšs le petit thĂ©orĂšme de Fermat, on a

pour a premier avec p. Ici (mod) désigne la congruence sur les entiers.

Cela implique que pour tout multiple M de p – 1, on a car .

Si p – 1 est B-superlisse pour un certain seuil B, alors p – 1 divise le plus petit commun multiple des entiers de 1 à B. Donc, si l'on pose M = ppcm(1, 
 , B), on a

pour tout a premier avec p.

Autrement dit, p divise aM − 1 et donc le pgcd de n et aM − 1 est supĂ©rieur ou Ă©gal Ă  p. En revanche, il est possible que ce pgcd soit Ă©gal Ă  n lui-mĂȘme auquel cas, on n'obtient pas de facteur non trivial.

Exemple d'un cas particulier

Soit n = pqr, oĂč p et q sont des nombres premiers distincts et r est un nombre entier, tels que p − 1 est B-superlisse et q − 1 n’est pas B-superlisse. Alors pgcd(aM − 1, n) fournit un facteur propre de n.

On peut noter que dans le cas oĂč q − 1 est B-superlisse, le pgcd peut produire un facteur trivial parce que q divise aM − 1.

On peut remarquer que c’est cette propriĂ©tĂ© qui rend l’algorithme spĂ©cifique. Par exemple, 172189 = 421 × 409. Or 421 − 1 = 22×3×5×7 et 409 − 1 = 23×3×17. Ainsi, une valeur appropriĂ©e pour B serait comprise entre 7 et 16. Si on avait sĂ©lectionnĂ© B infĂ©rieur Ă  7, le pgcd aurait valu 1, et si on avait sĂ©lectionnĂ© B supĂ©rieur Ă  16, le pgcd aurait Ă©tĂ© n. Bien sĂ»r, on ne peut savoir Ă  l'avance quelle valeur de B sera appropriĂ©e, ce sera donc un facteur Ă  prendre en compte dans l’algorithme.

Pour accĂ©lĂ©rer les calculs, on sait aussi qu'il est possible, pour calculer le pgcd, de rĂ©duire aM − 1 modulo n : pgcd(aM − 1, n) = pgcd(aM − 1 mod n, n). On peut le calculer efficacement en utilisant l’exponentiation modulaire et l’algorithme d'Euclide.

Algorithme et temps d’exĂ©cution

L’algorithme de base peut ĂȘtre Ă©crit de la façon suivante :

Entrées : n : un entier composé
Sortie : un facteur non-trivial de n ou un Ă©chec
  1. sélectionner un seuil de friabilité B
  2. prendre un a alĂ©atoirement dans (note : nous pouvons d’ores et dĂ©jĂ  fixer a, une sĂ©lection alĂ©atoire ici n’est pas impĂ©rative)
  3. pour chaque nombre premier q ≀ B


    (Ă  la fin de cette boucle, on a aM mod n)
  4. si 1 < g < n alors retourner g
  5. si g = 1 alors sĂ©lectionner un B plus grand et aller Ă  l’étape 2 ou retourner Ă©chec
  6. si g = n alors aller Ă  l’étape 2 ou retourner Ă©chec

Si l'on obtient g = 1 Ă  l’étape 6, cela signifie que parmi tous les p – 1 il n’y en avait aucun qui Ă©tait B-superlisse. Si l'on obtient g = n Ă  l’étape 7, cela indique gĂ©nĂ©ralement que tous les facteurs Ă©taient B-superlisses, mais dans de rares cas, cela pourrait indiquer que a possĂšde un petit ordre modulo p.

Variante pour les grands nombres premiers

Une variante de l’algorithme de base est quelquefois utilisĂ©e. Statistiquement, il existe souvent un facteur p de n tel que p − 1 = fq oĂč f est B-superlisse et B < q ≀ B’, oĂč q est un nombre premier et B’ est appelĂ©e une borne semi-lisse.

Cette variante peut s'appliquer Ă  partir de l’étape 6 de l'algorithme de base, si l'on trouve pgcd = 1 mais que l'on ne souhaite pas augmenter B. Pour tous les nombres premiers B < q1, 
, qL ≀ B’, on vĂ©rifie si

pour obtenir un facteur non-trivial de n. Cela s'accomplit rapidement, car si on a c = aM, d1 = q1 et di = qi − qi − 1, alors on peut calculer

Le temps d’exĂ©cution de l’algorithme avec cette variante devient alors O(B’ × log B’ × log2n).

Conséquence cryptologique

L’efficacitĂ© de cet algorithme est liĂ©e Ă  la forme des nombres premiers composant l'entier Ă  factoriser, plus prĂ©cisĂ©ment Ă  l'existence d'un facteur premier p tel que p – 1 soit B-superlisse. En consĂ©quence, les systĂšmes de chiffrement Ă  clĂ© publique fondĂ©s sur la difficultĂ© de la factorisation, comme RSA, imposent d'utiliser des nombres premiers n'ayant pas cette propriĂ©tĂ© pour un seuil B trop petit[1].

Références

  1. Pascal Boyer, Petit compagnon des nombres et de leurs applications, Paris/58-Clamecy, Calvage et Mounet, , 648 p. (ISBN 978-2-916352-75-6), VI. Cryptographie, chap. 4. (« RSA »), p. 529-534.

Voir aussi

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