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Alcabala

L’alcabala ou alcavala, francisĂ© sous la forme « alcavale » par Victor Hugo[1], est un impĂŽt indirect du royaume de Castille prĂ©levĂ© au profit du trĂ©sor royal. CrĂ©Ă©e au XIVe siĂšcle, cette taxe prĂ©sente la particularitĂ© de fournir Ă  la monarchie espagnole l’essentiel de ses recettes fiscales Ă  la fin du Moyen Âge[2].

L’alcabala, dont le nom a conservĂ© l’enclise de l’article arabe al, dĂ©signe Ă  l’origine un impĂŽt local (al-qabala) levĂ© dans les municipalitĂ©s d’al-Andalus [3]. RĂ©cupĂ©rĂ© par la fiscalitĂ© monarchique castillane, cet impĂŽt est concĂ©dĂ© par les assemblĂ©es d’État (Cortes) Ă  la demande d’Alphonse XI de Castille en 1342, officiellement pour une durĂ©e limitĂ©e Ă  trois ans, afin de mener la guerre de reconquĂȘte. Dans les annĂ©es qui suivent, cette taxe sur les transactions reprĂ©sentant environ 10 % de leur montant finit par ĂȘtre transformĂ©e en impĂŽt permanent pesant sur tous les sujets du royaume de Castille. Bien qu’il s’agisse d’un impĂŽt universel, certains groupes sociaux ont bĂ©nĂ©ficiĂ© d’une politique d’exception : l’alcabala ne touche pas les membres du clergĂ©, pas plus que certaines villes bĂ©nĂ©ficiant d’exemptions royales, soit dans la perspective du dĂ©veloppement des Ă©changes commerciaux, soit en lien avec les nĂ©cessitĂ©s de la guerre et l’entreprise de « repeuplement » de territoires[4].

Sous les Trastamares, la perception de cet impĂŽt, comme beaucoup d'autres, a basculĂ© du domaine royal (hacienda real) au domaine seigneurial (señorĂ­os). La royautĂ© a dĂ©lĂ©guĂ© la collecte des alcabalas d’abord aux nobles, dĂšs le milieu du XVe siĂšcle, puis aux municipalitĂ©s, Ă  travers la pratique de l’encabezamiento (montant fixe), Ă  charge pour ces derniĂšres de rĂ©partir l’impĂŽt entre les contribuables. Pour des historiens comme MarĂ­a Asenjo GonzĂĄlez, cette innovation dans la politique fiscale participe d’une stratĂ©gie de la Couronne de Castille visant Ă  associer de plus larges secteurs des Ă©lites urbaines Ă  la gestion de la fiscalitĂ© du royaume[5], ceci afin d'endiguer l'agitation nobiliaire et municipale.

Entre 1743 et 1750, le marquis de la Ensenada tenta de supprimer l’alcabala au profit d’un impĂŽt sur les revenus fondĂ© sur la valeur des terres. La cadastration nĂ©cessaire resta cependant limitĂ©e Ă  la Catalogne.

Voir aussi

Bibliographie

  • Salvador de MoxĂł, La alcabala. Sobre su orĂ­genes, concepto y naturaleza, Madrid, Consejo Superior de Investigaciones CientĂ­ficas, Instituto Balmes de SociologĂ­a, 1963.

Notes et références

  1. Trésor de la langue française informatisé.
  2. Les revenus tirĂ©s des alcabalas reprĂ©sentent 70 Ă  80 % des recettes d’État en Castille suivant les estimations des historiens de la fiscalitĂ©.
  3. Denis Menjot, « L’établissement du systĂšme fiscal en Castille (1268-1342) », dans Adeline Rucquoi (dir.), GenĂšse mĂ©diĂ©vale de l’État moderne : la Castille et la Navarre (1250-1370), tome I, Valladolid, Ámbito, 1987, p. 162
  4. Denis Menjot, « L’établissement du systĂšme fiscal en Castille », p. 163
  5. (es) María Asenjo Gonzålez, « Los encabezamientos de alcabalas en la Castilla bajomedieval », dans Denis Menjot et M. Sånchez Martínez, Fiscalidad de Estado y fiscalidad municipal en los reinos hispånicos medievales, Madrid, Casa de Velåzquez, 2006.
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