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Album A (Goya)

L’Album A (en espagnol : Álbum A, Cuaderno pequeño de SanlĂșcar — « Petit cahier de SanlĂșcar Â» — ou encore Álbum de SanlĂșcar), est une collection de dessins rĂ©alisĂ©s par Francisco de Goya entre SanlĂșcar de Barrameda et Doñada lors de l'Ă©tĂ© 1796. Goya y Ă©tait invitĂ© par la duchesse d'Alba, qui venait de devenir veuve de JosĂ© Álvarez de Toledo y Gonzaga (es).

Album A
Álbum A ou Cuaderno pequeño de SanlĂșcar
Dessin de l'Album A, préparatoire du caprice Bien tirada estå.
Artiste
Date
Technique
gouache d'encre de Chine appliquée au pinceau, crayon noir, plume[1]
Localisation

Contexte

Fin 1792, Goya est hébergé à Cadix par l'industriel Sebastiån Martínez y Pérez (de qui il fait un excellent portrait), pour se remettre d'une maladie : probablement le saturnisme, qui est une intoxication progressive de plomb assez courante chez les peintres. En , Goya est alité dans un état grave : il reste plusieurs mois temporairement et partiellement paralysé. Son état s'améliore en mars, mais laisse comme séquelle une surdité dont il ne se remettra pas[2].

On ne sait rien de lui jusqu'à 1794, quand le peintre envoie à l'Académie de San Fernando une série de tableaux « de cabinet » :

« Pour occuper l'imagination mortifiée à l'heure de considérer mes maux, et pour dédommager en partie le grand gaspillage qu'ils ont occasionné, je me suis mis à peindre un jeu de tableaux de cabinet, et je me suis rendu compte qu'en général il n'y a pas, avec les commandes, de place pour le caprice et l'invention »

— Carta de Goya a Bernardo de Iriarte (vice-protecteur de l'AcadĂ©mie royale des Beaux-arts de San Fernando), le 4 janvier 1794[3] - [4].

En 1795, Goya obtient de l'Académie des Beaux-arts la place de Directeur de Peinture, devenue vacante avec la mort de son beau-frÚre Francisco Bayeu cette année-là, ainsi que celle de Ramón, mort peu de temps plus tÎt et qui aurait pu prétendre au poste[5].

À partir de 1794, Goya se rend au palais des ducs d'Alba Ă  Madrid pour leur faire le portrait. Il fait Ă©galement quelques tableaux de cabinet avec des scĂšnes de sa vie quotidienne, tels que La Duchesse d'Alba et la bigote, et, aprĂšs la mort du duc en 1795, il fera de longs sĂ©jours avec la jeune veuve dans sa propriĂ©tĂ© de SanlĂșcar de Barrameda en 1796 et 1797. L'hypothĂ©tique relation amoureuse entre eux a suscitĂ© une abondante littĂ©rature basĂ©e sur des indices non concluants. Il y a eu de grands dĂ©bats sur le sens du fragment de l'une des lettres que Goya a envoyĂ© Ă  MartĂ­n Zapater le , et dans laquelle, avec sa graphie particuliĂšre, il Ă©crit :

« Mas te balia benir å ayudar a pintar a la de Alba, que ayer se me metio en el estudio a que le pintase la cara, y se salió con ello; por cierto que me gusta mas que pintar en lienzo, que tanbien la he de retratar de cuerpo entero [...] »

— Francisco de Goya[6]

« Tu aurais dû venir m'aider à peindre la Duchesse d'Alba, qui est venue hier au studio pour que je lui peigne le visage, et elle l'a obtenu. Lui peindre le visage me plairait plus que le lui peindre sur une toile ; maintenant je vais également devoir lui faire une peinture du corps entier[7]. »

Description

Muchacha bailando al son de una guitarra, dessin de l’Album A, prĂ©paratoire au capricho no 15, Bellos consejos.

Notes techniques

La technique employée est la gouache d'encre de Chine appliquée au pinceau, avec des retouches au crayon noir et à la plume. C'est la premiÚre fois que Goya utilise l'encre de Chine, ayant auparavant privilégié le crayon et la sanguine dans l'unique but de préparer des peintures[8]. Cet album est le point de départ des Caprichos.

Analyse

Dans les pages de ce cahier apparaissent la duchesse et ses dames de compagnies, reprĂ©sentĂ©es dans l'intimitĂ©, allongĂ©es, se lavant ou se baladant, toujours dans des attitudes sensuelles qui prĂ©sagent certaines des Ɠuvres postĂ©rieures, en particulier dans l’Album B et dans les Caprichos[9].

Il est possible que les dessins de jeunes femmes allongées sur le lit ont pu servir de préparation à La Maja nue, qui a été réalisée ces années-là[10].

ƒuvres

Joven barriendo, dessin de l’Album A, prĂ©paratoire au capricho no 20, Ya van desplumados.

Le MusĂ©e du Prado conserve trois pages de cet album, avec des dessins recto-verso, sur les huit connues. Les Ɠuvres citĂ©es sont celles qui sont conservĂ©es au MusĂ©e du Prado[9] (sauf mention) :

  • Mujer desnuda, gouache et encre, 201 × 115 (copie)
  • Joven barriendo, gouache et encre, 171 × 101 mm (copie), qui est l'Ă©bauche du capricho no 20, Ya van desplumados
  • Mujer desmayĂĄndose en los brazos de un oficial, gouache et encre, 201 × 107 mm (copie)
  • La duquesa de Alba con MarĂ­a de la Luz, gouache et encre de Chine, pinceau sur papier, 173 × 101 mm (1796-1797)
  • Muchacha bailando al son de una guitarra, crayon, plume et encre, 170 × 99 mm (1796), qui est l'Ă©bauche du capricho no 15, Bellos consejos
  • Mujer joven levantando los brazos, crayon, plume et encre, 171 × 100 mm (1796-1797)
  • Joven estirĂĄndose la media, gouache, pinceau et encre sur papier, 173 × 101 mm (1796), qui est l'Ă©bauche du capricho no 17, Bien tirada estĂĄ
  • Maja de paseo / La siesta, gouache et encre, 233 × 144 mm (1796-1797)
  • Joven barriendo (en fr. : Femme balayant dans une auberge[8]), gouache et encre de Chine, pinceau sur papier, 172 × 101 mm (1794-1795)
  • Joven peinĂĄndose (en fr. : Jeune femme arrangeant sa coiffure prĂšs d’un lit, verso du dessin antĂ©rieur[8]), gouache et encre de Chine, pinceau sur papier, 172 × 101 mm (1794-1795)

Notes et références

  1. (es) Marisa Cancela, « Las técnicas artísticas: El dibujo », sur goya.unizar.es, (consulté le ).
  2. Tzvetan Todorov, Goya Ă  l'ombre des lumiĂšres, Ă©d. Flammarion, 2011.
  3. (es) « Los cómicos ambulantes dans la galerie en ligne du musée du Prado », sur museodelprado.es (consulté le ).
  4. (es) Valeriano Bozal, Francisco Goya : vida y obra, TF Editores & Interactiva, (ISBN 978-84-96209-39-8), p. 112 (vol. 1).
  5. (es) Nigel Glendinning, « Biographie de Francisco de Goya », sur museodelprado.es (consulté le ).
  6. (es) Francisco de Goya, Mercedes Águeda (dir.) et Xabier de Salas (dir.), Cartas a Martín Zapater, Tres Cantos, Istmo, , 384 p. (ISBN 978-84-7090-399-1), p. 344.
  7. Mercedes Águeda et Xabier de Salas affirment, Ă  propos de ce passage : « L'unique phrase connue et documentĂ©e de Goya oĂč il fait allusion Ă  la Duchesse d'Alba et qui a donnĂ© lieu Ă  toute la lĂ©gende et aux Ă©lucubrations postĂ©rieures[6]. »
  8. Michel de Piles, « Encore un nouvel achat d’un dessin de Goya par le Prado », sur latribunedelart.com, (consultĂ© le ).
  9. (es) Nigel Glendinning, « Article sur Francisco de Goya », sur museodelprado.es (consulté le ).
  10. (es) « Fiche de La Maja nue », sur museodelprado.es (consulté le ).

Annexes

Bibliographie

  • Pierre Gassier, Dessins de Goya, vol. I : Les albums, Fribourg, Office du Livre, .
(es) Pierre Gassier, Dibujos de Goya : Los ĂĄlbumes, Barcelone, Noguer Ediciones, , 400 p. (ISBN 978-84-279-9711-0).
  • Pierre Gassier, Dessins de Goya, vol. II : Études pour gravures et peintures, Fribourg, Office du Livre, .
(es) Pierre Gassier, Dibujos de Goya : estudios para grabados y pinturas, Barcelone, Noguer Ediciones, , 600 p. (ISBN 978-84-279-9712-7).
  • (es) Juliet Wilson-Bareau, Goya, el capricho y la invenciĂłn : cuadros de gabinete, bocetos y miniaturas, Madrid, Museo Nacional del Prado, , 400 p. (ISBN 978-84-87317-24-8).

Articles connexes

Liens externes

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