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Aitor Zabaleta

L'affaire Aitor Zabaleta est une affaire criminelle espagnole concernant le meurtre d'Aitor Zabaleta, supporter du club de football de la Real Sociedad, par Ricardo Guerra Cuadrado, supporter de l'Atlético de Madrid membre du groupe d'extrême droite "Frente Atlético" (es), le 8 décembre 1998.

Aitor Zabaleta
Monument en mémoire d'Aitor Zabaleta aux abords du stade d'Anoeta
Monument en mémoire d'Aitor Zabaleta aux abords du stade d'Anoeta

Fait reproché Homicide par poignardage
Pays Drapeau de l'Espagne Espagne
Ville Madrid
Date 8 décembre 1998
Nombre de victimes 1 (Aitor Zabaleta)
Jugement
Statut Affaire jugĂ©e : Ricardo Guerra Cuadrado est condamnĂ© Ă  17 ans de rĂ©clusion criminelle.
Tribunal Tribunal provincial de Madrid
Date du jugement 27 avril 2000

Les faits

Trois heures avant le match de Coupe de l'UEFA entre l'Atlético de Madrid et la Real Sociedad prévu le mardi 8 décembre 1998, Aitor Zabaleta, supporter de la Real âgé de 28 ans, et sa compagne Veronica, vêtus aux couleurs de leur équipe, sont agressés par plusieurs membres du groupe de supporters d'extrême droite "Bastion 1903" (faction appartenant au "Frente Atlético" (es)) aux abords du stade Vicente Calderón. Selon des témoins, ils ont été pris à partie en compagnie d'autres supporters par un groupe de skinheads portant les couleurs des Colchoneros dans le bar "El Parador", l'un d'entre eux poignardant Aitor Zabaleta au niveau du cœur[1] alors que celui-ci tentait de protéger sa compagne et un enfant de six ans. Il décède dans la nuit à l'hôpital[2].

L'enquĂŞte

Trois hommes sont arrêtés quelques jours après l'assassinat mais l'auteur du coup mortel n'est pas identifié immédiatement[3].

Huit jours après l'assassinat, Ricardo Guerra Cuadrado est arrêté par la police et considéré comme le meurtrier présumé d'Aitor Zabaleta. Âgé de 21 ans, il est membre du groupe "Bastion 1903", faction du "Frente Atlético", et bénéficiait d'un régime de semi-liberté à la suite d'une peine de deux ans de prison pour agression à l'arme blanche près d'une discothèque en 1996[4].

Le procès

En 2000, Ricardo Guerra Cuadrado est condamné en appel par le Tribunal supérieur de justice de Madrid à 17 ans de prison[5] et à payer la somme de 10 millions de pesetas à la fiancée d'Aitor Zabaleta ainsi que 20 millions de pesetas à sa famille[6]. Le tribunal demande une enquête supplémentaire sur la participation de trois autres membres du "Bastion 1903" (Ignacio Racionero, Israel Gonzalo Canabal et Iván Martín Ron) à l'agression[7]. Ces derniers sont finalement relaxés faute de preuve[8].

Ignacio Racionero sera impliqué en 2018 dans l'agression à l'arme blanche d'un autre supporter de l'Atlético de Madrid, poignardé à trois reprises pour ses liens présumés pour le groupe des "Ultras Sur" du Real Madrid[9].

RĂ©percussions politiques

L'appartenance des agresseurs à un groupe néo-nazi et le possible mobile politique du meurtre font craindre des répercussions sur le processus de paix en cours au Pays basque depuis la trêve annoncée par ETA en septembre 1998. Xabier Arzalluz (eu), président du Parti nationaliste basque, déclare ainsi que l'affaire ne doit pas interférer avec le contexte politique : « Je crois qu'il s'agit d'une question complètement différente, même si cette agression a des connotations politiques »[10].

Des hommages à la mémoire d'Aitor Zabaleta sont fréquemment rendus par des abertzale, comme Arnaldo Otegi en décembre 2020[11].

La violence dans le football espagnol

L'affaire relance la polémique sur la violence de plusieurs groupes de supporters dans le football espagnol, sept ans après l'assassinat de Frédéric Rouquier à Barcelone par des membres du groupe "Boixos Nois" (es)[12] - [13]. La presse rapporte que des membres du groupe "Bastion 1903" s'étaient déjà rendus responsables de violences lors d'une précédente rencontre au stade d'Anoeta de Saint Sébastien le 24 novembre et de l'agression de supporters de l'Athletic Bilbao le 5 décembre[14].

L'affaire refait la une de l'actualité en 2014 à la suite de la mort d'un supporter du Deportivo La Corogne, Francisco Romero Taboada, tabassé puis jeté dans la rivière Manzanares le 30 novembre 2014 par des membres du même groupe de supporters néo-nazis "Frente Atlético" avant un match à Madrid[15]. La présidence du club de l'Atlético de Madrid est accusée de complaisance avec le "Frente Atlético", qui revendique pourtant son positionnement politique néo-nazi[16] en arborant des croix gammées[17], scande régulièrement le nom de Ricardo Guerra[14] et se retrouve régulièrement au cœur de plusieurs agressions à l'arme blanche[18].

Ricardo Guerra Cuadrado est arrêté en 2018 pour avoir effectué des saluts nazis avec d'autres membres du groupe "Suburbios Firm" (scission du "Frente Atlético") avant une rencontre entre le FC Bruges et l'Atlético de Madrid[19].

Dans la culture populaire

La mémoire d'Aitor Zabaleta est entretenue par les supporters de la Real Sociedad mais aussi de l'Athletic Bilbao, qui lui consacrent un chant[20].

Le chanteur Fermin Muguruza lui rend hommage dans la chanson "Urrun", parue sur l'album Brigadistak Sound System (es) en 1999[21].

Le 8 décembre 2020, un hommage est rendu à Aitor Zabaleta par les supporters de la Real Sociedad, 22 ans après son assassinat[22] - [23].

Une place du quartier d'Ibaeta Ă  Saint SĂ©bastien porte son nom[24].

Notes et références

Notes

  1. « Un supporter poignardé en Espagne », Libération,‎
  2. Robin Delorme, « Aitor Zabaleta, première victime du Front », sur SOFOOT.com, (consulté le )
  3. « Real Sociedad : Le meurtrier court toujours », Sud Ouest,‎
  4. « Le meurtrier présumé d'Aitor Zabaleta arrêté », Sud Ouest,‎
  5. « Dix-sept ans pour un supporteur espagnol meurtrier », Libération,‎ (lire en ligne)
  6. « 17 ans pour le meurtre d'un supporteur de la Real », Sud Ouest,‎
  7. (es) El País et José Antonio Hernández, « Condena de 17 años de cárcel para Ricardo Guerra por el asesinato de Aitor Zabaleta », El País,‎ (ISSN 1134-6582, lire en ligne, consulté le )
  8. (es) José Antonio Hernández, « Archivada la causa contra tres jóvenes por el asesinato de Aitor Zabaleta », El País,‎ (ISSN 1134-6582, lire en ligne, consulté le )
  9. (es) F. Javier Barroso et Patricia Ortega Dolz, « El ultra detenido por apuñalar a otro radical estuvo implicado en el asesinato de Aitor Zabaleta », El País,‎ (ISSN 1134-6582, lire en ligne, consulté le )
  10. « Un supporteur tué », Sud Ouest,‎
  11. (es) « Otegi recuerda a Aitor Zabaleta en el aniversario de su asesinato », sur La Razón, (consulté le )
  12. Grégory Sokol et Anthony Cerveaux, « Boixos Nois, des Nazis en Catalogne », sur sofoot.com (consulté le )
  13. Frédéric Traïni, « Entre rejet et connivence », L'Equipe,‎
  14. « Aitor Zabaleta, première victime du Front », sur SOFOOT.com (consulté le )
  15. Frédéric Hermel, « Le drame qu'ils voulaient éviter », Sud Ouest,‎
  16. Isabelle Piquer, « Front mortel », Le Monde,‎
  17. « L'Atletico Madrid, fief néonazi du hooliganisme à l'espagnole », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  18. Jean-Claude Leblois, « La mort sur le Front », La Provence,‎
  19. (es) Óscar López-Fonseca, « El asesino de Aitor Zabaleta, detenido en Bélgica tras viajar sin pedir permiso al juez », El País,‎ (ISSN 1134-6582, lire en ligne, consulté le )
  20. (en) « 'Aitor Zabaleta' - Athletic de Bilbao FanChants », sur FanChants (consulté le )
  21. « Letras de Urrun de Fermin Muguruza | euskal musika, música vasca », sur eu.musikazblai.com (consulté le )
  22. (es) « Siempre en nuestro recuerdo », sur www.realsociedad.eus, (consulté le )
  23. (es) « Aficionados de la Real homenajean a Aitor Zabaleta, asesinado hace 22 años por un ultra del Altlético de Madrid », sur ELMUNDO, (consulté le )
  24. (es) « Sencillo homenaje en Aitor Zabaleta Plaza de Ibaeta, 16 años después », sur naiz:, (consulté le )
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