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Aide juridique en Allemagne

L' Allemagne a été le premier pays à fournir une représentation de l' aide juridique gratuite pour les pauvres en 1919[1].

Dans ce pays, l'aide juridique est intégrée dans le système judiciaire et est considérée comme une partie de ce système[2]. En cela, l'Allemagne représente l'archétype de l'aide judiciaire[3].

Aide juridique dans les affaires civiles et autres cas non criminels

L'aide juridique peut être fournie dans les affaires civiles (y compris le droit de la famille), administratif, du travail, de la protection sociale et même des litiges constitutionnels devant les tribunaux si une partie n'est pas en mesure de payer les honoraires des tribunaux et des avocats[4]. L'aide juridique est accordée par l'exonération des frais judiciaires et le paiement des frais d'avocat par l'État sur décision du tribunal. Le montant fourni dans le cas d'une aide juridique versée à l'avocat est réglementé selon un barème des droits légaux, mais considérablement inférieur à celui que les avocats pourraient normalement réclamer en vertu du tableau des redevances ordinaires d'un client qui n'a pas droit à l'aide juridique.

L'octroi de l'aide juridique par le tribunal exige que le demandeur prouve qu’il est (a) économiquement incapable de supporter les frais de procédures, (b) que sa poursuite judiciaire a des chances raisonnables de succès, et (c) que la cause de l'action n'est pas frivole[5] - [6]. La demande d'aide juridique est généralement déposée avec le projet de plainte auprès du tribunal compétent. Cela a l'avantage pour le demandeur d'aide juridique qu'il soit provisoirement libéré du paiement des frais judiciaires. Le tribunal examine non seulement son statut économique, mais détermine également le bien-fondé de l'affaire, c'est-à-dire si le procès semble raisonnable, s’il a des perspectives de succès, fondées uniquement sur les faits et les arguments présentés dans le projet de plainte. Ainsi, un examen sommaire de la cause d'action est effectué par le tribunal.

Ce n'est que si toutes les conditions sont remplies que l'aide juridique sera accordée, permettant ainsi au tribunal de communiquer la plainte à l'autre partie et de lancer la procédure. Si la demande d'aide juridique est rejetée par les juges, considérant que l'affaire n'a aucune chance raisonnable d’aboutir, l'affaire est normalement terminée. Le demandeur d'aide juridique reste néanmoins libre de poursuivre son action judiciaire par ses propres moyens. Toutefois, une telle restriction émise par les juges engendre rarement la poursuite de l'affaire. La partie peut aussi demander un soutien d'aide juridique à un stade ultérieur, mais avant l'achèvement des procédures.

Si l'aide juridique est rejetĂ©e par le tribunal et que le requĂ©rant poursuit son action,  dans le cas oĂą le jugement lui serait dĂ©favorable, les frais de justice lui seront imputĂ©s, y compris les honoraires d'avocat de la partie adverse. Si l'aide juridique est accordĂ©e et que le requĂ©rant perd le procès, ses honoraires d'avocat et les frais de justice sont couverts par l'État, en revanche les frais d'avocat de l'adversaire sont Ă  sa charge. Dans le cas oĂą il gagne l'affaire, son avocat n'exige pas de recevoir l'aide juridique car ce sera Ă  la partie perdante de verser les honoraires et ce au taux ordinairement appliquĂ©. Le dĂ©fendeur Ă  l’opposition peut quant Ă  lui effectuer les mĂŞmes dĂ©marches et prĂ©tendre Ă  une aide juridique.

Le système judiciaire allemand conduit Ă  l'examen des affaires d'aide juridique en matière d'indigence. Le fond de l'affaire est d'abord examinĂ© par les avocats en cabinet privĂ©, puis par les tribunaux, en Ă©vitant la dĂ©pendance Ă  l'Ă©gard des institutions d'aide juridictionnelle externes, alors mises en retrait de la procĂ©dure. Un autre Ă©lĂ©ment de force rĂ©side dans le faible coĂ»t du système[7]. Le processus d’aide juridique allemand  Ă©tant simplifiĂ©, comparĂ© Ă  d’autres pays europĂ©ens, ce qui le rend plus efficace[8]. La rĂ©ception de l'aide juridictionnelle dĂ©pend de procès-verbaux consciencieusement rĂ©digĂ©s par les avocats qui doivent s’assurer de la haute qualitĂ© de leurs arguments. Le modèle allemand est Ă©galement considĂ©rĂ© comme mettant le demandeur indigent Ă  Ă©galitĂ© avec un opposant aisĂ©[9]. L'indigent a le mĂŞme choix de reprĂ©sentation que la personne plus aisĂ©e. L'avocat reprĂ©sentant l'indigent est naturellement motivĂ© Ă  gagner l'affaire puisque dans ce cas, il aura le droit de recouvrer ses honoraires au complet, payĂ©s par la partie perdante[10]. Le système perdant-payeur encourage les avocats Ă  reprĂ©senter des clients indigents, et qui plus est, ce système les incite Ă  gagner les affaires[10].

Aide juridique en procédure pénale

Dans les procĂ©dures pĂ©nales, aucune aide juridictionnelle n’est attribuĂ©e. Cependant  le tribunal met en place une commission d’office qui attribue Ă  l’accusĂ© un avocat dans les cas dits «de dĂ©fense nĂ©cessaire»[5] - [11], dans le cas oĂą il n’aurait pas lui-mĂŞme dĂ©jĂ  engagĂ© d’avocat. Les cas de dĂ©fense nĂ©cessaire concernent des accusĂ©s passibles d’une peine minimale d'un an d'emprisonnement, ou relevant d’une juridiction supĂ©rieure, ou dĂ©jĂ  en dĂ©tention provisoire, ou en incapacitĂ© de se dĂ©fendre[5]. Le droit d'avoir un avocat en cas de dĂ©fense nĂ©cessaire n’est donc pas dĂ©pendant d’une situation d'indigence[5]. L'avocat de la dĂ©fense commis d’office touche ses honoraires de l'État. Comme dans les procĂ©dures civiles, les honoraires de l'avocat sont infĂ©rieurs Ă  celui d’un engagement en contrat privĂ©[12]. Tout avocat inscrit au barreau allemand peut ĂŞtre susceptible d’être nommĂ© par le tribunal[13]. Si l'accusĂ© perd l'affaire, il est condamnĂ© entre autres Ă  rĂ©gler les frais de justice du ministère public. L'avocat commis d’office peut choisir de percevoir ses honoraires soit directement de son client condamnĂ©, soit du trĂ©sor public. Dans le cas oĂą son client serait indigent, l'avocat rĂ©clamera le paiement Ă  l'État[14]. D’autre part, si l’accusĂ© est indigent et que l’affaire n'exige pas de dĂ©fense nĂ©cessaire, il n’aura pas le droit Ă  la commission d’office et devra se dĂ©fendre par lui-mĂŞme.

Notes et références

  1. (en) Sutatip Yuthayotin, Access to Justice in Transnational B2C E-Commerce: A Multidimensional Analysis of Consumer Protection Mechanisms, , p. 41
  2. Commission Européenne, Réseau Judiciaire en Matière Civil et Commerciale, « Aide judiciaire – Allemagne », sur ec.europa.eu (consulté le )
  3. (en) Schlesinger, Rudolf B., « The German Alternative: A Legal Aid System of Equal Access to the Private Attorney », Cornell International Law Journal,‎ , p. 216 (lire en ligne)
  4. Union Européenne, Réseau Judiciaire en Matière Civil et Commerciale, « Aide judiciaire - Allemagne », sur ec.europa.eu (consulté le )
  5. « Les Prestations de l’Aide Juridique », sur senat.fr (consulté le )
  6. Paragraphe 114 du code de procĂ©dure civile allemand (ZPO) 
  7. (en) Schlesinger, Rudolf B., « The German Alternative: A Legal Aid System of Equal Access to the Private Attorney. », Cornell International Law Journal,‎ , p. 215 (lire en ligne)
  8. (en) Barendrecht, Maurits, Legal Aid in Europe. Nine different Ways to Guarantee Access to Justice?, La Haye, HiiL innovating justice, (lire en ligne), p. 49-54
  9. (en) Schlesinger, Rudolf B., « The German Alternative », Cornell International Law Journal,‎ , p. 217 (lire en ligne)
  10. (en) Schlesinger, Rudolf B., « The German Alternative », Cornell International Law Journal,‎ , p. 216 (lire en ligne)
  11. Paragraphe 140 (1) du code allemand de la procĂ©dure pĂ©nale 
  12. (en) D. Brodowski; C. Burchard; N. Kotzurek; J. Rauber; J. Vogel, Effective Criminal Defence in Europe, Chapter 7 Germany, Cambridge, Intersentia, (lire en ligne), p. 11
  13. (en) Brodowski et al., Effective Criminal Defence, Germany, p. 10
  14. Brodowski et al., Effective Criminal Defence, Germany, p. 12
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