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Agéma

L'agéma ou agème (en grec ancien ἄγημα / ἄgēma) est un corps d'élite de la cavalerie ou de l'infanterie chargé de la garde du roi en Macédoine et dans les royaumes hellénistiques.

Origines

Le terme agĂ©ma proviendrait du grec ancien ἄγω / ἄgĂ´ qui signifie Â« mener » ou « conduire »[1].

D'après les sources antiques, le terme peut avoir des acceptations différentes selon les lieux et les époques[2]. À l'origine, l'agéma désigne un détachement militaire utilisé pour une cause spéciale, telle que la garde de cibles de grande valeur. En raison de sa nature, l'agéma comprend donc des troupes d'élite. Chez Xénophon, il désigne un corps d'armée spartiate[3]. Mais ce terme désigne généralement la garde du roi durant les batailles, particulièrement en Macédoine[1]'[4]. Il convient de ne pas confondre les agèmes avec les sômatophylaques (ou gardes du corps) qui escortent le roi de Macédoine en permanence.

Dans l'armée macédonienne

Dans l'armée macédonienne sous le règne d'Alexandre le Grand, l'escadron royal (ilè basilikè), qui comporte 300 Compagnons, forment la garde équestre du roi, appelée « agéma » par les sources[5], notamment Arrien et Quinte-Curce[6]. Au départ de l'expédition en Asie en , le commandement de l'agéma est confiée à Cleitos. Le premier des six lochoi des hypaspistes (appelés argyraspides après la campagne d'Inde), soit 500 hommes, forment l'agéma à pied et se tient à droite de la phalange, près de la garde équestre. La limite d'âge de l'agéma à pied est fixé à 45 ans.

Ă€ l'Ă©poque des Antigonides, en particulier sous Philippe V et PersĂ©e, il existe un contingent de 2 000 Ă  3 000 fantassins d'Ă©lite qui forme l'agĂ©ma[7]. Ils sont parfois nommĂ©s peltastes par Polybe et Tite-Live[8], probablement parce qu'ils portent un petit bouclier appelĂ© pĂ©ltĂŞ. En bataille rangĂ©e, ils combattent comme une phalange conventionnelle ; mais ils peuvent utiliser des Ă©quipements plus lĂ©gers en fonction de la mission. Polybe Ă©voque Ă©galement une agĂ©ma Ă©questre composĂ©e de 1 000 hommes[9].

Dans les armées hellénistiques

Dans l'armĂ©e sĂ©leucide, il existe un bataillon de cavaliers appelĂ© agĂ©ma qui accompagne le roi dans ses dĂ©placements et combat Ă  ses cĂ´tĂ©s. Ces agèmes, au nombre de 1 000 selon Tite-Live[10], sont composĂ©s en grande partie de Mèdes. Lourdement protĂ©gĂ©s, ils combattent comme des « semi-cataphractaires », le cheval ne possĂ©dant une armure que sur le devant. On distingue parmi eux un escadron de la garde du roi (ou ilĂŞ basisilikĂ©) qui est constituĂ© de Syriens, de Phrygiens et de Lydiens[11]. Il est possible qu'Ă  partir d'Antiochos III les cavaliers de l'agĂ©ma soient caparaçonnĂ©s[12]. Durant la bataille de MagnĂ©sie (), l'agĂ©ma attaque de front une lĂ©gion romaine, ce qui renforce l'hypothèse qu'ils soient lourdement Ă©quipĂ©s.

Chez les Séleucides, comme le laisse à penser le compte-rendu de la bataille de Panion par Polybe[13], il existerait par ailleurs une agéma à pied appelée hypaspistes (« porte-boucliers ») par les sources antiques. Les agèmes sont équipés d'une armure de bronze, d'un casque phrygien ou thrace, d'un bouclier (aspis) ; ils sont armés d'une sarisse et d'une épée courte (machaira). Dans les royaumes lagide et gréco-bactrien, il existe également une agéma à pied et à cheval. Les contingents de la Garde lagide forment une force permanente de quelques milliers d'hommes.

Ă€ l'Ă©poque contemporaine

Dans les forces armées grecques modernes, l'agéma désigne un détachement de garde honoraire, comme lors du hissage du drapeau grec ou lors de fêtes nationales et religieuses. Le nom a été appliqué pendant une courte période à la Garde royale après sa création en 1868.

Notes et références

  1. « ἄγω », dans Dictionnaire grec-français d'Anatole Bailly,‎ , p. 89.
  2. Masquelez 1877, p. 132.
  3. Xénophon, Constitution des Lacédémoniens, 11, 9.
  4. « Agéma » dans Gaffiot
  5. Faure 1985, p. 55.
  6. Arrien, Anabase [lire en ligne], III, 2, 11 ; Quinte-Curce, L'Histoire d'Alexandre le Grand [lire en ligne], IV, 13 ; V, 4.
  7. Polybe, Histoires [détail des éditions] [lire en ligne], V, 25, 63 ;
  8. Tite-Live, Histoire romaine [détail des éditions] [lire en ligne], XLII, 51, 4.
  9. Polybe, XXXI, 3
  10. Tite-Live, XXXVII, 40, 6.
  11. Tite-Live, XXXVII, 40, 11.
  12. Bar-Kochva 1976, p. 74.
  13. Polybe, XVI, 17, 7.

Bibliographie

  • Masquelez, « AgĂ©ma », dans Charles Victor Daremberg, Dictionnaire des AntiquitĂ©s grecques et romaines, vol. 1, Hachette, (lire en ligne), p. 132.
  • (en) Bezalel Bar-Kochva, The seleucid army : Organization and Tactics in the Great Campaigns, Cambridge, Cambridge Classical Studies, , 306 p. (ISBN 978-0-521-20667-9).
  • (en) N. Sekunda et Angus McBride, The Army of Alexander the Great, Osprey, coll. « Men-at-Arms » (no 148), , 40 p. (ISBN 978-0-85045-539-7).

Articles connexes

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