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Affaire Jean-Pierre Mura

L'affaire Jean-Pierre Mura qui était appelée affaire Christelle Maillery avant que l'auteur de ce crime soit condamné, est une affaire criminelle française dans laquelle Christelle Maillery, 16 ans, a été tuée d'une trentaine de coups de couteau au Creusot, le par Jean-Pierre Mura.

Affaire Mura
Titre Affaire Jean-Pierre Mura
Fait reproché Homicide d'une mineure
Chefs d'accusation meurtre
Pays Drapeau de la France France
Ville Creusot
Nature de l'arme Arme blanche
Type d'arme Couteau
Date
Nombre de victimes 1 : Christelle Maillery
Jugement
Statut Affaire jugée
Tribunal Cour d'assises de SaĂ´ne-et-Loire Ă  Chalon-sur-SaĂ´ne
Date du jugement
Recours En appel le Ă  la cour d'assises de la CĂ´te-d'Or Ă  Dijon

Les faits

Le , Christelle Maillery rentre de ses cours Ă  11 heures, un peu plus tĂ´t que d'habitude, car elle est dispensĂ©e de sport[1]. Elle meurt ce mĂŞme jour Ă  200 mètres de chez elle dans la cave d'une HLM du quartier de la Charmille au Creusot. Elle a reçu trente-trois coups de couteau[2]. En dĂ©but d'après-midi, des habitants du quartier dĂ©couvrent son corps. Un facteur a aperçu un homme d'une vingtaine d'annĂ©es, qu'il dĂ©crit comme « assez mince, cheveux mi-longs assez clairs et peut-ĂŞtre mĂŞme blonds, (...) un peu le style du chanteur Renaud ».

L'enquĂŞte

Le premier coup de couteau a Ă©tĂ© probablement portĂ© dans le dos. Les enquĂŞteurs disposent Ă©galement de deux cartes postales revendiquant le meurtre. Un couteau Ă  cran d'arrĂŞt est dĂ©couvert en Ă  150 mètres de la scène du crime. Il n'a pas Ă©tĂ© trouvĂ© auparavant car il Ă©tait dans un buisson cachĂ© par un monticule de neige. Après ce sĂ©jour prolongĂ© dans la neige, il ne porte plus aucune empreinte digitale ni trace de sang. Les enquĂŞteurs ont l'espoir de tenir une piste car le couteau se distingue par un aiguisage très particulier.

En 1990, les auditions de dizaines de personnes n'ont rien donnĂ©. Aucun Ă©lĂ©ment nouveau n'est intervenu depuis la dĂ©couverte de du couteau. Cette affaire non Ă©lucidĂ©e fait partie de la sĂ©rie de dossiers plus connus sous le nom des « Disparues de l'A6 ». Le juge d'instruction rend une ordonnance de non-lieu. Selon Le Nouvel Observateur, les pièces Ă  conviction de l'affaire, notamment « les vĂŞtements de la victime, ses bijoux, le couteau retrouvĂ© Ă  200 mètres du lieu du crime », sont dĂ©truites par le service des scellĂ©s du tribunal de grande instance de Chalon-sur-SaĂ´ne. Il faut attendre 2003 et l'enquĂŞte menĂ©e par un dĂ©tective privĂ© travaillant pour l'Association d'aide aux familles victimes d'agression criminelle, l'association Christelle, qui a recueilli le tĂ©moignage de l'ancien petit ami de Maillery, Michel Bartolo, pour relancer l'affaire. Jean-Pierre Mura lui a proposĂ©, devant tĂ©moins, de le dĂ©dommager de 2 000 francs en compensation « en Ă©change de son silence »[3] pour la mort de la jeune fille. Le petit ami en question n'avait pas cru bon de signaler cet Ă©lĂ©ment considĂ©rant le dĂ©clarant comme dĂ©pressif. Il se confie aux enquĂŞteurs de TĂ©moin numĂ©ro 1 sur TF1 car il gardait un mauvais souvenir des enquĂŞteurs policiers[3].

L'information judiciaire est rouverte en 2005. Jean-Pierre Mura, 44 ans, est arrĂŞtĂ© par les policiers et entendu. Chez lui, des dizaines de couteaux sont retrouvĂ©s. Les lames sont comparĂ©es Ă  celles du couteau de la scène de crime, dĂ©truit, mais pris en photo par les enquĂŞteurs. « Les lames saisies et celle prise en photo ont Ă©tĂ© aiguisĂ©es par la mĂŞme meule et par la ou les mĂŞmes personnes ». L’expertise s’appuie sur « quatre points communs de stigmates d’affĂ»tage » laissĂ©es par la meule, comme en balistique lorsque les experts comparent les traces laissĂ©es sur la balle par le canon d’un fusil. Ces Ă©lĂ©ments, ainsi que d’autres tĂ©moignages, permettent au juge de mettre en examen le suspect pour homicide volontaire le et placĂ© en dĂ©tention provisoire Ă  la prison de Varennes-le-Grand (SaĂ´ne-et-Loire)[4].

Avant son arrestation par les enquĂŞteurs de la police judiciaire de Dijon, il Ă©tait internĂ© en hĂ´pital psychiatrique près de Chalon-sur-SaĂ´ne. Ă€ la demande d'un de ses proches et sur avis mĂ©dical, il avait Ă©tĂ© hospitalisĂ© d'office par arrĂŞtĂ© prĂ©fectoral au centre hospitalier de Sevrey. En , ce Creusotin d'origine, ouvrier mĂ©tallier âgĂ© de 19 ans et père d'une fille, traĂ®ne dans le quartier des Charmilles, Ă  proximitĂ© de la citĂ© HLM oĂą Maillery rĂ©sidait. Il a Ă©tĂ© impliquĂ©, adolescent, dans des cambriolages de caves dans cette mĂŞme rĂ©sidence[5] et Ă©tait connu comme consommateur de drogue et d'alcool[6] - [7] - [8] - [9]. L'ancien habitant du quartier de la Charmille au Creusot y revenait rĂ©gulièrement en ce mois de , voire quotidiennement, pour y retrouver un ami avec qui il fumait des joints[10].

En septembre 2014, le meurtrier présumé s'évade de l'hôpital psychiatrique de Sevrey, mais il est retrouvé le lendemain à Chalon-sur-Saône et interpellé.

Les procès

Premier procès

Le procès de Jean-Pierre Mura, mis en examen pour « homicide volontaire » le et placé en détention provisoire à la maison d'arrêt de Varennes-le-Grand (Saône-et-Loire) pour avoir tué Christelle Maillery en au Creusot, se déroule du au à Chalon-sur-Saône, en Saône-et-Loire.

La cour et le jury ont rĂ©pondu « oui » aux deux questions qui leur Ă©taient posĂ©es, Ă  une majoritĂ© de 6 voix au moins. Jean-Pierre Mura a donc Ă©tĂ© reconnu coupable du meurtre de Christelle Maillery. La cour et le jury ont considĂ©rĂ© que son discernement Ă©tait altĂ©rĂ© au moment des faits. En consĂ©quence, la cour et le jury ont condamnĂ© Jean-Pierre Mura a une peine de 20 ans de rĂ©clusion criminelle. L'accusĂ© ayant dix jours pour interjeter appel, son avocat fait appel le .

Dans une lettre destinée au procureur général et envoyée au mois de au parquet de Dijon, entre la 1re instance et le procès en appel, à deux mois de son procès en appel à Dijon, Jean-Pierre Mura s’adresse au petit ami de Maillery en faisant allusion à l’avortement de cette dernière : « Elle a tué ton bébé Michel, j’ai bien fait de lui couper la gueule à cette putain. »[3].

Procès en appel

Le procès en appel de Jean-Pierre Mura débute le à Dijon. Le premier jour d'audience, l'accusé, qui est diagnostiqué schizophrène, a une nouvelle fois clamé son innocence ne changeant pas sa stratégie de défense. Il « ne connaissait pas Christelle Maillery. Même pas de vue. » Jean-Pierre Mura a dénoncé plusieurs personnes comme auteur du meurtre dans des appels téléphoniques et par courriers anonymes. Mettant ces comportements sur le compte de sa consommation excessive d'alcool, sa toxicomanie ou encore sa maladie, il reconnaît avoir eu des accès de violence et avoir menacé des inconnus avec une arme dans les années 2000. Le troisième jour d'audience, deux témoins confirment à la barre les aveux de Jean-Pierre Mura qui, lui, nie. C'est donc paroles contre paroles, sur des dires cruciaux vieux de 25 ans. En l’absence de preuve formelle, les jurés doivent prendre une décision en fonction de leur intime conviction et en s'appuyant sur un faisceau d'indices.

L’avocat gĂ©nĂ©ral demande 20 ans de rĂ©clusion et 10 ans de privation de droits civiques, la dĂ©fense rĂ©clame l'acquittement de son client. Jean-Pierre Mura est condamnĂ© en appel Ă  Dijon Ă  une peine de 20 ans de rĂ©clusion criminelle, comme en première instance un an auparavant aux assises de Chalon-sur-SaĂ´ne. La cour a Ă©galement considĂ©rĂ© que son discernement Ă©tait altĂ©rĂ© au moment des faits par les prĂ©mices de sa schizophrĂ©nie[11].

Références

  1. « Affaire Christelle Maillery : le procès du meurtrier présumé s'ouvre ce mercredi », sur France 3 Bourgogne-Franche-Comté (consulté le )
  2. « Disparues de l’A6 : une si longue attente », sur liberation.fr (consulté le )
  3. « La référence de l'information au Creusot », sur creusot-infos.com (consulté le ).
  4. « «Disparues de l’A6»: Jean-Pierre Mura devant les assises pour le meurtre de Christelle Maillery », sur 20minutes.fr, (consulté le )
  5. « « Disparues de l’A6 » : Jean-Pierre Mura condamné à vingt ans de prison », sur Le Monde, (consulté le )
  6. Elise Barthet, « Qui sont les « disparues de l'A6 » ? », sur Le Monde, (consulté le )
  7. Yves Bordenave, « Trahi par ses couteaux, vingt-cinq ans après un meurtre », sur Le Monde, (consulté le )
  8. Judith Duportail, « Qui étaient «les disparues de l'A6» ? », sur Le Figaro.fr, (consulté le )
  9. « Confondu par son ADN 18 ans après, un homme avoue le meurtre de Christelle Blétry », sur lexpress.fr, (consulté le )
  10. Maryline Barate, « Meurtre de Christelle Maillery : 1er jour du procès en appel de Jean-Pierre Mura », sur francetvinfo.fr, France 3 Bourgogne-Franche-Comté, (consulté le ).
  11. « Dijon : Jean-Pierre Mura est condamné en appel à 20 ans de prison pour le meurtre de Christelle Maillery - France 3 Bourgogne-Franche-Comté », sur francetvinfo.fr (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Karl ZĂ©ro, Disparues, que sont-elles devenues ?, Editions France Loisirs, 2014, 311 p.
  • RaphaĂ«l Nedilko et Catherine Siguret, L'obstinĂ© : Confessions du flic qui exhume les cold cases, Paris, Studiofact, , 310 p.
    Raphaël Nedilko raconte deux cold cases qu'il a résolus, ceux de Christelle Maillery et de Christelle Blétry[ref-biblio 1].
  1. « Le blues de Raphaël Nedilko, le flic de la Crim’ qui résout les « cold cases » », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )

Documentaires

Articles connexes

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