Affaire Dominique Savio et Henri Suso
L'affaire Dominique Savio et Henri Suso concerne deux prêtres qui auraient commis des agressions sexuelles, dans les années 1990, à l'encontre d'élèves de l'internat d'une école gérée par la communauté des Béatitudes au sein de l'abbaye Notre-Dame d'Autrey à Autrey, dans les Vosges. Dominique Savio est de 2015 à 2023, numéro deux des Béatitudes et Henri Suso a rejoint, en 2012, le diocèse de Fréjus-Toulon. Une enquête canonique est ouverte pour Dominique Savio en janvier 2023.
Historique
Le , La Croix publie le reportage du journaliste Mikael Corre sur des abus sexuels présumés au sein du cours Agnès de Langeac, école située dans l'abbaye Notre-Dame d'Autrey dans les Vosges, animée par la communauté des Béatitudes de 1988 jusqu'à sa fermeture en 2007. Dix anciens élèves auraient été victimes d'agressions de la part de deux prêtres de l’internat, les pères Dominique Savio et Henri Suso [N 1]. En 2008, Le Parisien mentionne le suicide de huit anciens élèves. Une autre victime alléguée, Yann Laurent[N 2], s'est suicidée en juin 2019[1] - [2].
Henri Suso (alias Marie-Bernard d’Alès)
Pseudonymes |
Henri Suso, Marie-Bernard d'Alès |
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Activité |
Ordre religieux |
Communauté des Béatitudes (jusqu'en ) |
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Henri Suso « a été reconnu coupable du délit d’abus sexuel continu sans violence » sur une victime lors d'un procès pénal canonique en octobre 2012 « des mesures conservatoires lui ont été notifiées ». D'après La Vie, il s'agit d'une « obligation de cinq années de suivi psychologique et psychiatrique et l’interdiction d’approcher des jeunes de moins de 25 ans pendant 10 ans »[3]. Depuis, Henri Suso est connu sous le nom de Marie-Bernard d’Alès (son nom de baptême est Bernard d'Alès), il travaille pour le diocèse de Fréjus-Toulon en étant incardiné dans le diocèse d'Albi. En 2016, il est aumônier du centre pénitentiaire de Toulon-La Farlède qui comporte pourtant de nombreux détenus de moins de 25 ans. Toutefois le ministère de la justice indique aux journalistes de La Croix « Entre 2016 et 2022, l’administration pénitentiaire n’a pas été informée des faits que vous mentionnez ». Par ailleurs, le religieux est spécialisé dans l'exorcisme et réside en 2022 au sein du monastère des sœurs dominicaines Notre-Dame de Clarté, à Salernes, comme prêtre-aumonier [1] - [4]. En février 2022, le prêtre Marie-Bernard d’Alès fait l'objet d'un signalement auprès de la justice par le responsable de la cellule de veille contre les abus sexuels au diocèse de Fréjus-Toulon[5].
Dominique Savio (alias Georges Silva, Martin de Tours ou Martin Silva)
Assistant (d) Communauté des Béatitudes | |
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- |
Naissance | |
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Pseudonymes |
Georges Silva, Martin Silva, Martin de Tours |
Activité |
Ordre religieux |
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Concernant Dominique Savio, le parquet d’Épinal abandonne une première enquête en 2004[6] faute de preuves puis réouvre une enquête en 2008[1]. À la suite du témoignage de plusieurs victimes, le prêtre, alors âgé de 43 ans, est placé en garde à vue en 2010 par les enquêteurs de la Direction centrale de la police judiciaire de Nanterre. Il est confronté à trois d'entre elles qui donnent des témoignages similaires[7]. Il reconnait lors des auditions certaines agressions. L'affaire est classée sans suite faute de charges suffisantes. Ultérieurement, Dominique Savio devient, en 2015, le « numéro 2 des Béatitudes »[8]. Il porte les noms de Georges Silva ou Martin de Tours voire Martin Silva[1].
Le , la communauté annonce que Dominique Savio se met en retrait de la gouvernance, et qu'une enquête canonique a été ouverte à son égard, initiée par Guy de Kerimel, archevêque de Toulouse [9].
RĂ©actions
À la suite de ces révélations par l'enquête de La Croix L'Hebdo, la communauté et le diocèse de Fréjus-Toulon publient des communiqués pour redire leur « plus grande sollicitude et compassion envers les personnes qui ont souffert de ces faits »[10].
Notes et références
Notes
- Ces deux prêtres ont décidé, quand ils sont rentrés aux Béatitudes, de porter les noms de deux personnages historiques de l'Église : Dominique Savio et Henri Suso [1].
- Isabelle Laurent, la mère de Yann, est l'autrice de Maman tu pardonnes toujours, Artège, , 224 p. (ISBN 9791033611998).
Références
- Mikael Corre, « « Sous emprise » : enquête exclusive sur des abus sexuels présumés dans un internat catholique », sur La Croix, (consulté le )
- J.-M. D., « Enquête sur une série de suicides dans une communauté religieuse », sur Le Parisien, (consulté le )
- Flore Pierson et Sophie Lebrun, « La tourmente sans fin de la communauté des Béatitudes », sur La Vie.fr, (consulté le )
- F.C., « Qui est cet aumônier varois accusé de multiples abus sexuels dans "La Croix"? », sur Var Matin, (consulté le )
- Camila Giudice, « Un prêtre varois accusé d’abus sexuels sur des adolescents dans les années 1990 », sur France 3 Région, (consulté le )
- « Un prêtre de la communauté des Béatitudes en garde à vue », sur UNADFI, (consulté le )
- « Un prêtre des Béatitudes en garde à vue », sur Le Parisien, (consulté le )
- Nicolas Senèze, « Une femme à la tête de la communauté des Béatitudes », La Croix,‎ (lire en ligne, consulté le )
- Simon Avon et Héloïse de Neuville, « Béatitudes : le père Dominique Savio écarté de la gouvernance », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
- Mikael Corre, « « Sous emprise » : réactions des Béatitudes et du diocèse de Fréjus-Toulon à l’enquête de « La Croix » », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )