Abus sexuels dans l'Église catholique en Italie
Les abus sexuels dans l'Église catholique en Italie désignent des agressions sexuelles commises au sein de l'Église catholique en Italie par certains de ses clercs et agents pastoraux. En novembre 2022, l'église italienne publie son premier rapport sur les violences sexuelles avec 89 cas recensés depuis 2019. En février 2023, des associations révèlent le nombre de 418 prêtres condamnés ou accusés d'abus sexuels, au cours des treize dernières années. Néanmoins, elles considèrent ce chiffre comme inférieur à la réalité et demandent la constitution d'une commission indépendante pour enquêter sur ces faits.
Historique
En 1929, le Saint Siège et le Royaume d’Italie signent les accords du Latran. Cet accord contient le Concordat, qui organise les relations judiciaires entre l’Église et l’État italien. L’article 4 du Concordat indique : « les évêques qui sont au courant d’un cas de pédophilie d’un prêtre ne sont pas tenus d’informer la magistrature italienne »[1]. Par ailleurs, c'est uniquement en 1996, que le viol est reconnu comme un crime par la législation italienne. Les anciens démocrates-chrétiens, soutenus par le Vatican, s'opposaient à un abaissement de l'âge où les mineurs peuvent avoir des relations sexuelles sans conséquences pénales[2].
En 2010, Charles Scicluna[alpha 1] s'inquiète de la « culture du silence », mais considère que le « phénomène ne semblait pas atteindre des proportions dramatiques » en Italie. Toujours en 2010, l'association italienne des victimes de l'institut Antonio Provolo pour enfants sourds-muets organise, avec l'association Survivor's Voice, une manifestation à proximité du Vatican pour dénoncer les prêtres pédophiles. La Congrégation pour la doctrine de la foi intervient dans le diocèse de Vérone pour rouvrir une enquête sur plus de 60 cas d'abus sexuels au sein de la Compagnie de Marie pour l'éducation des sourds-muets[3] - [4].
En mai 2022, Lucetta Scaraffia, Anna Foa et Franca Giansoldati publient Agnus Dei. Gli abusi sessuali del clero in Italia (Agnus Dei. Les abus sexuels dans le clergé en Italie), en utilisant les données collectées par le responsable de l'association Rete l’Abuso Francesco Zanardi, lui même victime d'un prêtre dans son enfance. Pour une des autrices « Ce livre a pour but de les obliger à faire cette enquête » [5]. Sous la pression des associations, la conférence épiscopale italienne engage une étude sur les agressions sexuelles au sein de l’église italienne ces vingt dernières années. Pour Matteo Maria Zuppi : « C’est notre devoir face à tant de souffrance ». Néanmoins les associations continuent de demander une commission indépendante[6].
En novembre 2022, l'église italienne publie son premier rapport sur les violences sexuelles avec 89 cas recensés depuis 2019. Les associations de victimes considèrent cette étude comme insuffisante. Lucetta Scaraffia qualifie le rapport de « honteux » et mentionne un « jeu de rôle destiné à faire croire que l’Église mène l’enquête alors qu’elle veut à tout prix maintenir son grand silence terrifié sur la question »[7] - [8].
En février 2023, les associations Rete l’Abuso et ECA Global (Ending Clergy Abuse), publient un rapport sur les agressions sexuelles au sein de l’Église italienne. Il est révélé le nombre de 418 prêtres condamnés ou accusés d'abus sexuels, au cours des treize dernières années. Le rapport évoque uniquement des mineurs et ne prend pas en compte les agressions des laïcs. Selon les associations ces données sont en dessous de la réalité[1].
Chronologie de cas particuliers
- Gianni Bekiaris est un prêtre italien accusé d'agressions sexuelles, dans les années 1990, à l'encontre d'un enfant de 8 ans jusqu'à la majorité de ce dernier[9] - [10].
- Pierino Gelmini est traduit, en 2010, devant la justice pour 12 affaires différentes d'abus sexuels allégués sur mineurs. Il meurt avant la fin du procès[11]
Notes et références
Notes
- Charles Scicluna a mené au nom du Saint-Siège des enquêtes sur des abus sexuels commis par des membres du clergé et a dirigé un comité du Vatican chargé d'examiner ces affaires.
Références
- Raphaël Jacomini, « Abus sexuels dans l’Église : plus de 400 prêtres italiens ciblés dans un rapport », sur La Croix, (consulté le )
- Edouard Mir, « L'Italie reconnaît que le viol est un crime contre la personne », sur Libération, (consulté le ).
- « L'Église italienne menacée par les scandales pédophiles », sur La Presse, (consulté le )
- « Rome : des victimes de prêtres pédophiles sous les fenêtres du pape », sur Le Parisien, (consulté le ).
- Jérôme Gauther et Cécile Chambraud, « En Italie, des laïques dénoncent l’omerta de l’Eglise catholique sur les abus sexuels », sur Le Monde, (consulté le )
- « Pédocriminalité : L’Eglise catholique italienne lance une étude, les victimes déçues », sur 20 minutes, (consulté le ).
- Allan Kaval, « L’Église italienne publie un premier rapport sur les violences sexuelles commises en son sein », sur Le Monde, (consulté le ).
- Salvatore Cernuzio, « Rapport des évêques italiens sur les abus: 613 dossiers transmis à la Doctrine de la Foi », sur Vatican News, (consulté le ).
- (it) Clemente Pistilli, « Prete a processo "Abusi per 10 anni su un bambino nella parrocchia" », sur La Repubblica, (consulté le )
- (it) Gian Guido Vecchi, « «Perché un abusatore è ancora prete?»: il documentario Bbc e il caso di don Jean Bekiaris, a Frosinone », sur Corriere della Sera, (consulté le )
- (it) « E' morto don Gelmini, il prete anti-droga amico di Berlusconi », La Repubblica, (consulté le )
Ă€ voir
Bibliographie
- (it) Lucetta Scaraffia, Anna Foa et Franca Giansoldati, Agnus Dei. Gli abusi sessuali del clero in Italia, Solferino, (ISBN 978-88-282-0964-5)
- Marco Marzano (trad. de l'italien), La Caste des chastes. Les prêtres, le sexe et l’amour, Philippe Rey, , 222 p. (ISBN 978-2-84876-927-1)