Abu Lahab
`Abd al-`Uzza ibn `Abd al-Muttalib ibn Hicham al-Qurachî[1] (mort en 624) est l'un des demi-oncles paternels de Mahomet, surnommé Abû Lahab.
Naissance | |
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Décès | |
Nom dans la langue maternelle |
أبو لهب |
Activités | |
Père | |
Mère |
Lubna bint Hajar (en) |
Fratrie |
Abû Tâlib 'Abdullah ibn 'Abdil-Mouttalib Al-Abbas ibn Abd al-Muttalib Hamza ibn Abd al-Muttalib Safiyyah bint ‘Abd al-Muttalib (en) Az-Zubayr ibn ‘Abd al-Muttalib Al Hârith Ibn 'Abd Il Muttalib (en) Al-Muqawwim ibn Abdul-muttalib (d) |
Conjoint |
Umm Jamil (en) |
Enfant |
Dura bint Abu Lahab |
Une figure traditionnelle
Abu Lahab est une figure citée dans la sourate CXI du Coran, intitulée Al-Massad (La Corde torsadée en fibres). Certains théologiens mu'tazilites trouvaient « répréhensible » la présence de cette sourate et de certains versets dans le Coran contenant des malédictions. Pour eux, cela montre un caractère trop humain et non divin au Coran[2] - [3].
Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.
Que les deux mains d'Abû Lahab périssent et que lui-même périsse !
Ses richesses et tout ce qu'il a acquis ne lui serviront à rien.
Il sera exposé à un feu ardent
Ainsi que sa femme, porteuse de bois,
Dont le cou est attaché par une corde de fibres
— Le Coran, « Abou-Lahab », CXI, (ar) المسد
Les savants musulmans font souvent le lien entre "Abou Lahab" et la traduction "Le père de la flamme". Cependant, "Lahab" ne signifie pas forcément la flamme. En effet, "Lahab" (لهب) est composé d'un "Lam" (ل) et de "Hab" (هب). "Hab" (هب) signifie "qui donne" et le "Lam" placé avant un nom signifie "plus que". Exemple : "Il (Salomon) dit: «Seigneur, pardonne-moi et fais-moi don d'un royaume tel que nul après moi n'aura de pareil. C'est Toi le grand Dispensateur» - قَالَ رَبِّ اغْفِرْ لِي وَهَبْ لِي مُلْكًا لَّا يَنبَغِي لِأَحَدٍ مِّن بَعْدِي إِنَّكَ أَنتَ الْوَهَّابُ" (Sourate Sad (38) - Verset 35). Un passage dans le Coran utilise le "Lam" de cette manière : "إِنَّ اللَّهَ لَقَوِيٌّ عَزِيزٌ - Allah est certes (plus que) Fort et Puissant" (Sourate Le Pèlerinage (22) - Verset 74). "Lahab" signifierait donc "Celui qui plus que donne", en référence à sa générosité et sa richesse. Dans la sourate La corde de fibres, le Coran mentionne que ses richesses et sa générosité ne lui serviront à rien face à l'Enfer car il était un ennemi acharné de Mahomet et de son message. Pour la plupart des savants qui suivent encore l'interprétation traditionnelle[4], il s'agit d'un surnom donné à l'oncle de Mahomet[2]. Celui-ci est l'un des opposants "les plus féroces du prophète de l'islam". Son nom serait 'Abd al-Uzzâ b. 'Abd al-Muttalib. Selon les traditions musulmanes, Mahomet aurait entretenu avec lui de bonnes relations avant sa mission prophétique. Deux de ses fils auraient été mariés (ou fiancés) à des filles de Mahomet. Les relations se seraient détériorées lors de l'exclusion de Mahomet par le clan de Banû Hashim. Selon ce qui ressort des sources et d'allusions coraniques, Abu Lahab serait un notable qui craignait que la réforme de Mahomet ne brise la stabilité sociale et économique de La Mecque[2]. Selon des traditions divergentes, il aurait jeté des pierres sur Mahomet, ou l'aurait maudit[4]. Abu Lahab est mort peu après la bataille de Badr menée contre Mahomet[2]. Pour Lohmann, le surnom apparaît avec cette sourate : elle ne lui est pas antérieure[5].
Interprétations du texte coranique
Néanmoins, pour Neuenkirchen, ce texte peut être interprété comme une malédiction contre des personnes historiques, si l'on suit la lecture traditionnelle, ou contre l'homme pécheur en général si l'on s'attache seulement au Coran[4]. Cette forme "père+nom" est récurrente dans la langue arabe pour désigner un objet ou une qualité (Abu-Jabir, "père qui restaure", signifie "le pain"). Cela permettrait d'y reconnaître une portée générale[4]. Pour Dye, « Un verset (Q 111 :1) parle d’Abū Lahab, « le père de la flamme », que la tradition musulmane identifie à un oncle du Prophète. On peut cependant comprendre cette sourate différemment : le texte parle simplement d’un homme (et de sa femme), pris dans le feu de l’enfer. »[6] Pour Prémare, les Circonstances de la Révélation ont pour but d'expliquer a posteriori cette sourate qui reste énigmatique[4]. Van Reeth considère le cas d'Abu Lahab comme « énigmatique » et son existence discutable[7].
Notes
- arabe : `abd al-`uzzā ben `abd al-muṭṭalib ben hišam al-qurašīy, عبد العزى بن عبد المطلب بن هاشم القرشي
- Bar-Asher M., "Abu Lahab", Dictionnaire du Coran, 2007, Paris, p.18-19.
- Voir aussi : Gilliot, Claude. « Origines et fixation du texte coranique », Études, vol. tome 409, no. 12, 2008, pp. 643-652.
- Neuenkirchen P., "Sourate 111", Le Coran des historiens, t.2b, 2019, p 2295 et suiv.
- THEODOR LOHMANN, « Abū Lahab: Übersetzung und Erklärung von Sure 111 », Zeitschrift für Religions- und Geistesgeschichte, vol. 18, no 4, , p. 326–348 (ISSN 0044-3441, lire en ligne, consulté le )
- Lieux saints communs, partagés ou confisqués : aux sources de quelques péricopes coraniques (Q 19 : 16-33), dans Isabelle Dépret & Guillaume Dye (éds), Partage du sacré : transferts, dévotions mixtes, rivalités interconfessionnelles, pp. 55-121
- Van Reeth J., "Sourate 33", Le Coran des Historiens, t.2b, 2019, p.1119 et suiv.