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Abandon de poste

En droit français, l’abandon de poste revêt deux significations, l'une en droit du travail, l'autre en droit de la guerre.

Droit du travail

L'abandon de poste est le fait par un salarié de s'absenter de son lieu de travail sans justification, ni autorisation préalable de son employeur[1].

L'abandon de poste n'est pas prĂ©vu par le code du travail. C'est la pratique et la jurisprudence qui encadrent cette notion.

L’abandon de poste ne peut être considéré comme une démission qui, selon l’article L. 1237-1 du code du travail ne peut résulter que d’une manifestation non équivoque de la volonté du salarié de quitter son poste.

Le motif d’un licenciement pour abandon de poste est souvent un licenciement pour faute grave dans la mesure où le salarié manque à son obligation principale. La faute grave est caractérisée comme une absence injustifiée et prolongée du salarié malgré plusieurs relances de l’employeur.

Une pratique courante :

Lorsqu'un salarié souhaite mettre un terme à son contrat de travail mais qu'il se trouve face à un employeur refusant la rupture conventionnelle, le salarié peut abandonner son poste. Contrairement à la démission, l’abandon de poste qui va conduire à un licenciement, permet de bénéficier des allocations chômage, ce qui est donc avantageux pour le salarié. Cependant, en abandonnant son poste, le salarié ne respecte pas ses obligations contractuelles, ce qui peut présenter des risques.

L’employeur a la possibilité d'envisager des sanctions :

  • l’employeur peut engager une procĂ©dure disciplinaire, dans un dĂ©lai de deux mois ;
  • l’employeur peut procĂ©der au licenciement du salariĂ©, il peut effectuer un licenciement pour cause rĂ©elle et sĂ©rieuse ou un licenciement pour faute grave.

Les risques de l'abandon de poste pour le salarié:

Si l’employeur tarde Ă  engager une procĂ©dure de licenciement, le salariĂ© ne perçoit aucune rĂ©munĂ©ration au titre de son emploi actuel. Ses droits au chĂ´mage ne sont, par consĂ©quent, pas ouverts et le salariĂ© ne peut ĂŞtre embauchĂ© pour un nouvel emploi. L’abandon de poste supprime ainsi toutes les sources de revenus. En abandonnant son poste, le salariĂ© est susceptible de se voir suspendre sa rĂ©munĂ©ration comme l’a rappelĂ© la chambre sociale de la Cour de cassation dans son arrĂŞt du , n°09-41.280. Cette suspension de rĂ©munĂ©ration sera mentionnĂ©e sur le bulletin de salaire du salariĂ©.

En revanche, l’abandon de poste peut parfois se voir justifié dans la mesure où l’employeur a effectué une modification unilatérale du contrat de travail de son salarié comme l’a rappelé la Cour de cassation dans un arrêt en date du , n°99-41146. Elle peut aussi se voir justifié si le salarié a manqué une semaine de travail sans justification mais que ce manquement est le seul en 25 ans de carrière et que le salarié a toujours été irréprochable, c’est ce qu’a dit la Cour de cassation dans son arrêt rendu le , n°04-43.782.

D'après la jurisprudence, certaines situations empĂŞchent la qualification d'abandon de poste. Parmi elles, le dĂ©part du salariĂ© pour des raisons de santĂ©, en cas de dĂ©cès d’un proche, ou encore un danger avĂ©rĂ© au sein mĂŞme de l'entreprise.

La notion d’abandon de poste est très proche de celle d’absence injustifiée, mais si tout abandon de poste a pour conséquence une absence injustifiée, toutes les absences injustifiées ne constituent pas un abandon de poste. C'est le cas, lorsque le salarié reprend son poste après une absence non autorisée, même si ces absences, qui ne sont pas des abandons de poste, peuvent être sanctionnées. Les litiges relatifs a l'abandon de poste relèvent du conseil des Prud'hommes.

Droit de la guerre[2]

Notion

L’abandon de poste au sein de l’armée est défini et traité dans le Code de justice militaire [3]aux articles L 324-1[4] et suivants. L’abandon de poste avec la désertion correspondent à l’abandon de poste des agents publics ou privés. Le poste ici correspond à l’endroit où le militaire doit se trouver à un moment donné pour l’accomplissement de la mission reçue de ses chefs. L’abandon de poste est sévèrement puni bien que les sanctions varient qu’il se soit déroulé en temps de paix ou en temps de guerre.

En temps de paix

En temps de paix l’abandon de poste d’un militaire est punissable de 6 mois d’emprisonnement

En temps de guerre

L’abandon de poste en temps de guerre est sĂ©vèrement rĂ©primandĂ©, en effet lorsqu'un abandon de poste a lieu sur un territoire en Ă©tat de siège, un territoire en Ă©tat d’urgence ou lorsque la sĂ©curitĂ© d’un Ă©tablissement militaire, d’une formation militaire, d’un bâtiment de la marine ou d’un aĂ©ronef est menacĂ©e le coupable de cet abandon s’expose Ă  une peine de 5 ans d’emprisonnement. Lorsque le coupable est le commandant d’une formation, de la marine nationale ou encore un chef de bord d’un aĂ©ronef militaire la peine encourue va se voir doublĂ©e. Certains facteurs peuvent aggraver cet abandon de poste et donc faire augmenter la peine encourue c’est notamment le cas si l’abandon de poste se fait en prĂ©sence de l’ennemi ou d’une bande armĂ©e, la peine maximale pouvant ĂŞtre la rĂ©clusion Ă  perpĂ©tuitĂ©. Il en va de mĂŞme pour  le commandant d’une formation, d’un aĂ©ronef militaire, ou d’un navire militaire, qui, volontairement, en temps de guerre ou au cours d’opĂ©rations de guerre, ne maintient pas au combat sa formation, son bâtiment ou son aĂ©ronef, ou qui se sĂ©pare volontairement de son chef en prĂ©sence de l’ennemi ou de bande armĂ©e tout comme le commandant d’un navire de commerce ou d’un aĂ©ronef convoyĂ© ou rĂ©quisitionnĂ©, en temps de guerre ou au cours d’opĂ©rations de guerre, qui abandonne de manière volontaire le convoi dont il fait partie, ou qui dĂ©sobĂ©i aux ordres.

Notes et références

  1. Abandon de poste : les 8 points incontournables à retenir, sur le site juritravail.com du 21 mars 2016, consulté le 14 avril 2016.
  2. « Désertion et abandon de poste aux armées | Abandon de poste » (consulté le )
  3. « Code de justice militaire (nouveau) - LIVRE III : DES PEINES APPLICABLES PAR LES JURIDICTIONS DES FORCES ARMÉES ET DES INFRACTIONS D'ORDRE MILITAIRE », sur www.codes-et-lois.fr (consulté le )
  4. Code de justice militaire (nouveau) - Article L324-1 (lire en ligne)

Bibliographie

  • Catherine Puigelier, Dictionnaire juridique, Ă©ditions Larcier, collection Paradigme, 2015, article « Abandon de poste », page 23.
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