Aïcha al-Horra
`Â'icha bint Mohammed “al-Horra”[1], Aixa en espagnol[2], surnommée La Horra ou Al-Horra[3] (La Libre) curieusement presque toujours traduit par La Honesta[4] en espagnol, parfois appelée Fátima[5] chez certains auteurs, est la mère du dernier souverain d'Al-Andalus Mohammed XII az-Zughbî aussi nommé El Chico ou Boabdil). Elle est l'une des femmes les plus célèbres de l'histoire d'Al-Andalus, en dépit du peu de documents sur sa vie et de la polémique apparue sur son véritable nom.
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Pseudonymes |
Al-Hurra, Aixa |
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Reine régnante |
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Biographie
`Â'icha (ou Fátima) serait la fille de Mohammed IX al-'Aysar (El Zurdo)[6], à moins qu'elle ne soit la fille de Mohammed X al-'Ahnaf (El Cojo)[7]. En tout état de cause, elle fait partie de la famille royale de Grenade à un haut rang et devait jouir d'un patrimoine et d'un prestige considérables qui expliqueraient son influence publique postérieure[5]. Selon un document apporté par Luis Seco de Lucena, elle reçut le du chevalier chrétien Don Luis de Valdivia deux mille cinq cents réaux d'argent pour prix de la vente de ses propriétés agricoles qui deviennent par la suite propriété des Rois Catholiques. Dans Grenade, elle possédait le palais de Dar al-Horra[8] et aux environs, l'Alcázar del Genil qui était sa résidence d'agrément[5].
`Â'icha aurait été l'épouse en premières noces de Mohammed XI (El Chiquito)[9]. Elle est veuve en 1455. Sa`d al-Musta`în[10] (Ciriza), qui a renversé et exécuté son époux, la marie alors à son fils Abû al-Hasan `Alî[11] (El Viejo) (Muley Hacén). Avec cette union, il espérait sans doute arriver à une réconciliation entre les dynasties et les factions grenadines[12]. Â'icha est ensuite, pendant vingt ans, la sultane et l'épouse du sultan Abû al-Hasan `Alî, avec lequel elle a deux fils : Mohammed XII az-Zughbî (El Chico) (Boabdil) et Abû al-Hajjâj Yûsuf, ainsi qu'une fille nommée `Â'icha.
Mais le sultan tombe amoureux d'une esclave chrétienne, Isabelle de Solis, qui prend le nom de Soraya en se convertissant à l'islam. Celle-ci a deux fils et finit par supplanter `Â'icha : Abû al-Hasan `Alî l'expulse de l'Alhambra et la fait reléguer dans les appartements moins royaux du palais de Dar al-Horra.
En , les Castillans s'installent dans une petite vallée plantée d'oliviers et des collines, au pied de la forteresse nasride de Loja. Cette place forte est défendue par un des meilleurs commandants grenadins : `Alî al-Attar. Celui-ci, profitant d'une négligence des envahisseurs, fait une sortie avec des fantassins et des cavaliers attaquant directement le camp des castillans. Il parvient ainsi à s'emparer d'armes, de canons et de matériels que les Castillans avaient amenés pour leur siège.
La crainte pour la succession de ses fils et la méfiance envers les intentions du sultan incentent `Â'icha à prendre part, avec la faction aristocratique arabe des Abencérages (Banu Sarraj), à une conspiration pour détrôner Abû al-Hasan `Alî et mettre à sa place son fils Boabdil. Le , les armées chrétiennes se retirent. Le même jour arrive de Grenade la nouvelle de l'évasion de l'Alhambra des deux fils d'Abû al-Hasan, Mohammed az-Zughbî (Boabdil) et Yûsuf. Leur fuite a été favorisée par `Â'icha. Les princes rebelles arrivent à Guadix. Mohammed az-Zughbî (Boabdil) y est reconnu comme souverain[5].
`Â'icha intervient à nouveau avec ténacité et fermeté en 1483, quand son fils est fait prisonnier des chrétiens dans la bataille de Lucena : elle négocie sa libération[5].
On sait peu de choses sur sa vie durant les années suivantes. Elle a sûrement continué s'impliquer dans les événements agités et décisifs qui eurent lieu à Grenade : les prétentions au trône de Az-Zaghall, son beau-frère qui prend le trône de Boabdil entre 1485 et 1487. `Â'icha est également considérée comme l'âme de la résistance au harcèlement des troupes chrétiennes. Quand la ville se rend aux Rois Catholiques le , `Â'icha part en exil avec son fils[5].
Elle réside d'abord chez le seigneur d'Andarax, dans l'Alpujarra. En , elle part avec son fils finir sa vie à Fès au Maroc.
Femme énergique et de caractère fort, l'image qu'on a d'elle, venant de sources castillanes, est celle d'une personne d'un caractère passionné. Sa vie agitée a été utilisée comme sujet dans la littérature jusqu'à nos jours. Elle a été une femme capable de prendre d'importantes décisions qui ont influencé l'évolution politique du royaume, pour s'assurer la succession de leur fils aîné au trône de la Grenade nasride. `Â'icha a combattu pour ses droits et ceux de ses fils avec une fermeté inhabituelle pour une femme du XVe siècle. Une lutte que la littérature romantique a transformée en drame passionnel et histoire de vengeances[5].
La tradition orale
Dans la mémoire populaire espagnole, `Â'icha est devenue un héros romantique de la Reconquista, compte tenu des événements qui se déroulés lors de la perte du royaume par son fils Boabdil. Son nom est donc fréquemment présent autour de Grenade.
- Selon la tradition populaire, elle aurait réprimandé son fils le sultan Boabdil lorsque ce dernier, au col dit du « soupir du Maure », se serait retourné pour jeter un dernier regard sur sa capitale Grenade dont venaient de conquérir les Rois catholiques. Comme il pleurait, elle aurait rabroué son fils en larmes, lui lançant sèchement en arabe :
« ابكِ مثل النساء ملكاَ لم تحافظ عليه مثل الرجال ») « Pleure comme une femme, un royaume que tu n'as pas su défendre comme un homme. »
- La chaise du Maure (Silla del Moro)
Notes
- arabe : ʾāʿiša bint muḥammad al-ḥurra, عايشة ﺑﻨﺖ ﻣﺤﻤﺪ الحرة
- En castillan ancien, x se prononçait /ʃ/ (comme ch français). Alors Aixa en espagnol correspond à Aïcha en français.
- arabe : (adj. f.) ḥurra, حرة, « libre »
- espagnol : honesto (ta), honnête ; honorable
- Mª Dolores Mirón, Universidad de Granada, Biografías de Mujeres Andaluzas (es) Aixa
- Quinzième émir nasride de Grenade
- Dix septième émir nasride
- arabe : dār al-ḥurra, دار الحرة
- Dix-neuvième émir nasride
- Vingtième émir nasride
- Vingt-et-unième émir nasride
- (es) Carpeta Didáctica : al-Andalus Al-Ándalus III: el Sultanato De Granada (1232-1492) y Una Breve Reseña Sobre la Alhambra
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- (es) Mª Dolores Mirón, Universidad de Granada, Andalucía Comunidad Cultural, Biografías de Mujeres Andaluzas Aixa
- (es) Carpeta Didáctica : al-Andalus Al-Ándalus III: el Sultanato De Granada (1232-1492) y Una Breve Reseña Sobre la Alhambra
- (es) R.H. Shamsuddín Elía, Historia de Al-Andalus, Boletín N° 53 -08/2006 Al-Ándalus III: El Sultanato De Granada (1232-1492)
- (es) Nicolás Homar Vives, Reyes y Reinos Genealogias, Granada
- (en) Washington Irving, The Alhambra version sur Internet en anglais de Tales of the Alhambra, Ed. Padre Suarez, Granada, 1953. Traduction en français : Washington Irving, Contes de l'Alhambra, Ed. Phebus, Collection Domaine Romanesque, 1998, (ISBN 285940550X) ou Collection Libretto, 2004, (ISBN 2752900074)