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22e corps d'armée (Russie)

Le 22e corps d'armée (en russe 22-й армейский корпус, abrégé en 22 АК) de l'Armée impériale russe est formé en 1905 en Finlande russe. Cette grande unité combat pendant la Première Guerre mondiale sur le front de l'Est, jusqu'à sa dissolution en 1918.

Le 22e corps de fusiliers (en russe 22-й стрелковый корпус) est une grande unité de l'Armée rouge puis de l'Armée soviétique, formée en 1940 à partir de troupes estoniennes et dissous en septembre 1941. Le corps est remis sur pied en 1943 en Transcaucasie, combattant sur le front de l'Est jusqu'en 1945 et sa dissolution. Reformé de nouveau en République socialiste soviétique d'Arménie en 1949, il est une nouvelle fois dissous en 1956.

Le 22e corps d'armée de l'armée de terre russe est formé en 2017, peu après l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014. Stationné en Crimée, ses unités sont engagées en 2022 dans l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

Première formation

Le 22e corps d'armée russe est formée une première fois en 1905, sur le territoire du grand-duché de Finlande (qui fait alors partie de l'Empire russe depuis 1809). Son état-major est installé à Helsingfors (l'actuelle ville d'Helsinki), avec comme cavalerie le régiment de dragons finlandais et un régiment de cosaques d'Orenbourg, tandis que son infanterie est composée de trois brigades finlandaises, casernées la première à Helsingfors, les deux autres à Vyborg. Le corps dépend du district militaire de Léningrad.

Lors de la mobilisation russe de 1914, le 22e corps entre dans la composition de la 6e armée russe, à qui est confiée la défense de la Finlande, de Saint-Pétersbourg et des pays baltes dans l'hypothèse d'un débarquement allemand. Le corps est ensuite envoyé en renfort des armées engagées sur le front de l'Est, en commençant dès la fin août 1914 dans la nouvelle 9e armée, puis la 10e, 8e, 11e et enfin la 7e armée russe. Le corps est finalement dissous en 1918, comme toute l'Armée russe[1].

Deuxième formation

Le 22e corps territorial de fusiliers soviétique est constitué en juin 1940 à Tallinn, au moment de l'occupation des pays baltes par l'Armée rouge. La république d'Estonie devient la république socialiste soviétique d'Estonie (l'annexion se fait sous couverture d'un plébiscite) et son armée est intégrée dans celle soviétique : ses unités forment les 180e et 182e divisions de fusiliers[2], le 614e régiment d'artillerie et le 22e escadron d'aviation de corps (l'ex aviation estonienne : sept bombardiers biplans Hawker Hart et cinq éclaireurs Henschel Hs 126). L'uniforme estonien est conservé, avec en prime les insignes soviétiques[3].

Le territoire des trois républiques baltes correspond désormais au district militaire balte, qui en cas de guerre doit être transformé en un front. Le , le major-général Alexandre Sergueïevitch Ksenofontov (Ксенофонтов) est nommé commandant du corps, remplaçant le lieutenant-général estonien Gustav Jonson (arrêté le , condamné à mort le , exécuté le ). Les 13 et , le NKVD arrête 224 officiers du 22e corps, jugés peu fiables[3] et remplacés par d'autres Soviétiques.

Le , le 22e corps fait partie de la 27e armée soviétique, en seconde ligne du front du Nord-Ouest, derrière la Dvina. Ce fleuve est atteint par le 56e corps allemand de Manstein à Daugavpils dès le et bordé partout par les Allemands le . Le 22e corps se désagrège dès qu'il est engagé autour de Porkhov, les Estoniens désertant massivement (dont Ain-Ervin Mere, officier de l'état-major de la 180e division) ; le , la Stavka ordonne de retirer aux 22e, 24e et 29e corps tous les Baltes[4]. La 27e armée est repoussée, perdant Ostrov le 4, puis Pskov le , la 180e division participe à la contre-attaque de Soltsy du 14 au , mais le corps est défait autour de Dno à la fin juillet, puis de Staraïa Roussa en août, s'accrochant en défensive sur la rive droite de la Lovat.

Ce qui reste du corps est retiré du front à partir du , puis dissous le ; les rescapés estoniens forment des bataillons de travailleurs, envoyés loin dans le nord sur ordre de Lev Mekhlis. Les survivants seront ensuite affectés aux 7e et 249e divisions de fusiliers du 8e corps formé en août 1942. Quant aux déserteurs estoniens passés côté allemand, plusieurs participeront à la formation de la légion estonienne, puis de la 20e division de grenadiers Waffen SS (tel que Georg Sooden).

Troisième formation

Le 22e corps de fusiliers soviétique est recomposé le . Affecté d'abord au front du Nord-Caucase, il participe à la reconquête de la péninsule de Taman (septembre-octobre 1943). Puis au sein de la 18e armée du premier front ukrainien, à l'offensive Dniepr-Carpates (janvier à avril 1944) ; dans la 3e armée de la Garde, à l'offensive Lvov-Sandomir (juillet-août 1944) ; enfin dans la 6e armée, à l'offensive Vistule-Oder (janvier-février 1945) à partir de la tête de pont de Sandomir, fonçant jusqu'en Silésie, et à l'offensive Prague (mai 1945). Le corps est dissous en juillet 1945 à Breslau[5].

Quatrième formation

Le 22e corps soviétique est réorganisé le à Erevan, au sein de la 7e armée de la Garde du district militaire transcaucasien. Le corps est finalement dissous le .

Cinquième formation

Un T-72B3, deux BTR-80 et un R-149MA1 (de commandement) de la 126e brigade lors d'un exercice en 2019.

Après l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014 (sous couvert d'un référendum), la majorité des troupes russes stationnées en république de Crimée forment en décembre 2017 le 22e corps d'armée, avec son QG à Simferopol, près de Sébastopol. Il fait partie du district militaire sud, et servent de troupes côtières de la marine russe, dépendant de la flotte de la mer Noire. En 2021, il est composé des unités suivantes :

Le commandement terrestre russe en Crimée dispose aussi d'une grande unité de la flotte de la mer Noire : la 810e brigade d'infanterie navale (à Sébastopol)[6].

Invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022

L'unité est engagée lors de l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022. Des unités du 22e corps d'armée sont identifiés dans le Sud-Ouest de l'Ukraine : trois ou quatre groupes tactiques de bataillon (BTG) de la 126e brigade sont déployés au nord de Kherson. Remontant la rive droite du Boug méridional jusqu'à Voznessensk au tout début mars, ils en sont repoussées quelques jours plus tard. Dans la seconde partie de mars, la 126e brigade se trouve à l'extrémité nord de l'oblast de Kherson, sur la rive occidentale du réservoir de Kakhovka[7]. Le , les Ukrainiens annoncent avoir frappé le PC du 22e corps par une frappe de lance-roquettes HIMARS[8] à Nova Kakhovka.

Notes et références

  1. (ru) « 22-й армейский корпус », sur http://ria1914.info/.
  2. Philippe Carmoy, « Front du Nord-Ouest », sur https://barbarossa.pagesperso-orange.fr.
  3. (ru) « Эстонские формирования в Красной армии в 1940 – 1945 гг », sur https://runivers.ru.
  4. Jean Lopez et Lasha Otkhmezuri, Barbarossa : 1941 la guerre absolue, Paris, Passés composés, , 957 p. (ISBN 978-2-3793-3186-2), p. 391.
  5. (en) Michael Holm, « 22nd Rifle Corps », sur http://www.ww2.dk/new/newindex.htm.
  6. (en) Catherine Harris et Frederick W. Kagan, « Russia's Military Posture: Ground Forces Order of Battle » [PDF], sur www.criticalthreats.org, , p. 21.
  7. (en) Jomini of the West, « 15/ Southern Front », sur https://twitter.com/JominiW, .
  8. Michel Goya et Jean Lopez, L'ours et le renard : histoire immédiate de la guerre en Ukraine, Paris, Perrin, (ISBN 978-2-262-10510-5), p. 226.

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