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'Aliki

'Aliki est un terme wallisien et futunien désignant un catégorie de la population, en rapport avec la chefferie de Wallis-et-Futuna et les personnes qui la composent. En français, il est souvent traduit par « noble » ou « noblesse », même s'il s'agit d'une traduction imparfaite.

Photographie en noir et blanc montrant des personnes assises. La reine se tient au second rang.
La reine Amélia (au centre au deuxième rang) en 1887 avec des jeunes filles de la noblesse (aliki) devant le palais royal de Wallis.

Terminologie et étymologie

La traduction du terme 'Aliki vers le français ne peut que rester inexacte, car il n'existe pas un statut similaire en Occident. S'apparentant au plus proche à un titre de noblesse, on retrouve tout de même des différences vis-à-vis du monde occidental[1]. En fonction du rôle que l'on occupe dans cette organisation sociale, le 'Aliki peut s'accompagner de différentes particules comme 'aliki hau pour parler du roi coutumier ou encore 'aliki'aga pour parler de la noblesse et de la cour du roi. Ainsi, cela permet de faire la distinction de l'échelle sociale où l'on se trouve[2].

Parmi les 'aliki, certaines personnes sont désignées par les familles royales pour être rois coutumiers : le Lavelua à Uvea, le Tu'i Sigave et le Tuiagaifo à Futuna.

Organisation

Les rois coutumiers de Wallis-et-Futuna sont entourés d'une cour comprenant les conseillers, ministres, aliki ou « nobles » et la famille du roi[Note 1]. Ce groupe de personnes occupe une place importante dans la hiérarchie coutumière. Les 'Aliki peuvent être des ministres coutumiers (kau ’aliki), des anciens rois, des chefs de district et de village, mais aussi des membres de l'assemblée territoriale[3]. À Futuna, on accède au titre d'Aliki par un rite nommé le « rite du Kava » en référence à cette plante, symbolique dans le monde coutumier[4]. Ce groupe de personnes a pour but de conseiller le roi dans ses décisions, mais aussi de le tenir au courant de ce qui se passe dans le royaume[3]. Les Aliki ne gardent donc pas ce statut à vie car les rois changent et les cours sont alors renouvelées. Seuls les anciens rois coutumiers gardent ce titre jusqu'à leurs morts[3]. On retrouve ces titres ainsi sur les noms de familles de certains anciens rois comme la fait Amelia Tokagahahau Aliki.

La position où sont assises les personnes lors du katoaga dépend de la hiérarchie en tant qu'aliki.

Les familles royales ont elles aussi un statut spécifique. Une famille est dite Fono Aliki, signifiant littéralement « famille importante » ou « famille royale », si un de ses membres a déjà accédé à la couronne royale[5]. Ces familles sont présentes dans les trois royaumes et chaque roi fait partie d'une ou deux familles pouvant se comparer à des clans. C'est d'ailleurs entre ces grands clans puissants que se partage le trône royal ou les tâches les plus importantes du royaume[5]. Faire partie d'une Fono Aliki permet d'acquérir un statut respecté dans tout le royaume, c'est pourquoi une grande concurrence a lieu pour faire élire un membre de sa famille roi coutumier. La famille royale dont le membre est actuellement roi fait partie, tout comme les Aliki, de sa cour personnelle[5].

Avant la christianisation massive des îles dans les années 1840, les descendants du roi relevaient d'un vrai ordre supérieur aristocratique par rapport à la population. On nommait alors les hommes les tama‘aliki et les femmes les fine‘aliki[5]. Par exemple, le roi Tomasi Kulimoetoke faisait partie du clan des Takumasiva et sa famille a donc été sur le trône pendant 48 ans[6].

Notes et références

Notes

  1. Pour l'anthropologue Françoise Douaire-Marsaudon, le terme « noble » est une traduction impropre du mot aliki .

Références

  1. Sophie Chave-Dartoen, « Introduction », dans Royauté, chefferie et monde socio-cosmique à Wallis ('Uvea) : Dynamiques sociales et pérennité des institutions, pacific-credo Publications, coll. « Monographies », (ISBN 978-2-9563981-7-2, lire en ligne)
  2. Dictionnaire PRATIQUE Français – Wallisien (lire en ligne)
  3. Françoise Douaire‑Marsaudon, « Droit coutumier et loi républicaine dans une collectivité d’outre‑mer française (Wallis‑et‑Futuna) », Ethnologie française, vol. 169, no 1,‎ , p. 81-92 (ISSN 0046-2616 et 2101-0064, DOI 10.3917/ethn.181.0081, lire en ligne, consulté le ).
  4. Adriano Favole, « La royauté oscillante. Ethnographie et histoire de la cérémonie d'investiture du Tu'i Agaifo d'Alo (Futuna) », Journal de la Société des Océanistes, vol. 111, no 2,‎ , p. 195–218 (DOI 10.3406/jso.2000.2134, lire en ligne, consulté le ).
  5. Sophie Chave-Dartoen, Le paradoxe wallisien : une royauté dans la République, Presses Universitaires de France, , p. 4.
  6. Allison Lotti, Le statut de 1961 à Wallis et Futuna: Genèse de trois monarchies républicaines (1961-1991), Editions L'Harmattan, (ISBN 978-2-296-45111-7, lire en ligne), p. 47-50.
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