Œuvre pour orgue de Jean-Sébastien Bach
L'œuvre pour orgue de Jean-Sébastien Bach constitue une part importante du catalogue des œuvres de Jean-Sébastien Bach. Elle constitue le septième chapitre du Bach-Werke-Verzeichnis.
Historique
Jean-Sébastien Bach découvre probablement l'orgue très jeune, avant ses dix ans, grâce à Johann Christoph Bach, un cousin de son père et titulaire de l'instrument de l'église Saint-Georges d'Eisenach. Entre les âges de dix et de quinze ans, le jeune prodige est instruit à la pratique de l'orgue par son frère aîné, également nommé Johann Christoph[1].
Les cours deviennent plus formels à Lunebourg sous la direction de Georg Böhm entre 1700 et 1708 ; c'est durant cette période que Jean-Sébastien Bach découvre les œuvres de Johann Caspar Ferdinand Fischer, de Nicolaus Bruhns, de Girolamo Frescobaldi, de Nicolas Lebègue ou de Charles Dieupart, et également qu'il compose ses premières pièces, en s'inspirant notamment des modèles d'Allemagne du Nord, et notamment de Dietrich Buxtehude[1].
La période la plus féconde de Bach pour la création d'œuvre destinée à l'orgue est la décennie suivante, durant laquelle le compositeur réside à Weimar de 1708 à 1717 ; c'est également le moment de sa découverte de la musique italienne, qui le bouleverse profondément. Durant ces dix ans, Bach compose ses Concertos, les Chorals de Leipzig, les Orgelbüchlein, etc[1].
À partir de 1717, Bach n'occupe plus de poste d'organiste de manière officielle jusqu'à la fin de sa vie ; toutefois, il continue à jouer de l'orgue en concert ou pour son propre plaisir. En ce qui concerne la composition, ces trois décennies correspondent à des retouches d'œuvres antérieures, mais aussi à la composition de nouvelles pièces, notamment des Préludes et fugues, d'autres Chorals de Leipzig et de la troisième partie des Clavier-Übung (en)[1].
Six sonates en trio (BWV 525-530)
Les six sonates en trio ont probablement été composées par Bach entre 1723 et 1729, et dédiées à son fils Wilhelm Friedemann. L'influence d'Arcangelo Corelli et du trio italien y est sensible, mais également celle de la disposition des trios portée par certains organistes français, notamment Louis-Nicolas Clérambault et François Couperin. À l'exception de la première sonate qui ne comporte qu'un seul thème, elles en comptent toutes deux[2].
Numéro BWV | Titre | Tonalité | Mouvements | Remarques | Enregistrement |
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BWV 525 | Sonate en trio n°1 | Mi majeur | Allegro moderato — Adagio — Allegro[3] | C'est la seule sonate monothématique[4] | |
BWV 526 | Sonate en trio n°2 | Ut mineur | Vivace — Largo — Allegro[3] - [5] | ||
BWV 527 | Sonate en trio n°3 | Ré mineur | Andante — Adagio e dolce — Vivace[6] | ||
BWV 528 | Sonate en trio n°4 | Mi mineur | Adagio / Vivace — Andante — Un poco allegro | L'Andante en ré mineur BWV 528a est une variante de cet Andante L'Adagio-vivace du premier mouvement est une transcription textuelle de la Sinfonia issu de la cantate BWV 76[7] | |
BWV 529 | Sonate en trio n°5 | Do majeur | Allegro — Largo — Allegro | Le style de cette sonate est italianisant, le thème du dernier mouvement s'inspirant d'ailleurs de l'Allegro de la troisième des Douze sonates pour violon opus 5 (it) de Corelli[8] | |
BWV 530 | Sonate en trio n°6 | Sol majeur | Vivace — Lento — Allegro[9] |
Préludes, toccatas, fantaisies, passacailles, fugues (BWV 531–582)
Numéro BWV | Titre | Tonalité | Remarques | Enregistrement |
---|---|---|---|---|
BWV 531 | Prélude et fugue (en) | Do majeur | Pièce probablement composée à Arnstadt entre 1703 et 1707, dont le manuscrit autographe est perdu ; c'est une œuvre de jeunesse qui s'inspire des Præludium en ut majeur de Georg Böhm et de Vincent Lübeck[10] | |
BWV 532 | Prélude et fugue (en) | Ré majeur | Il existe une version alternative de la fugue, notée BWV 532a | |
BWV 533 | Prélude et fugue | Mi mineur | Dite « Cathédrale » Il existe une version alternative du prélude et de la fugue, sans utilisation du pédalier, notée BWV 533a | |
BWV 534 | Prélude et fugue | Fa mineur | Son attribution à Jean-Sébastien Bach est douteuse[11] | |
BWV 535 | Prélude et fugue | Sol mineur[12] | Il existe une version alternative du prélude et de la fugue, notée BWV 535a[13] | |
BWV 536 | Prélude et fugue | La majeur[14] | Il existe une version du prélude et de la fugue, notée BWV 535a, qui pourrait être antérieure à la version BWV 536[15] | |
BWV 537 | Fantaisie et fugue | Ut mineur[16] | ||
BWV 538 | Toccata et fugue | Ré mineur[17] | Dite « Dorienne » | |
BWV 539 | Prélude et fugue | Ré mineur | Son attribution à Jean-Sébastien Bach est douteuse[18] Il existe une autre version de la fugue, notée BWV 539a. Cette autre version a également été adaptée pour le luth sous le numéro BWV 1000 (en) et pour violon sous le numéro BWV 1001. | |
BWV 540 | Toccata et fugue | Fa majeur[19] | ||
BWV 541 | Prélude et fugue | Sol majeur[20] | ||
BWV 542 | Grande fantaisie et fugue | Sol mineur | Il existe une version alternative de la fugue, notée BWV 542a[21] | |
BWV 543 | Prélude et fugue | La mineur[22] | Il existe une version alternative de la fugue, notée BWV 543a[23] | |
BWV 544 | Prélude et fugue (en) | Si mineur | ||
BWV 545 | Prélude et fugue | Ut majeur | Il existe une version alternative du prélude et de la fugue, notée BWV 545a Il existe une seconde variante, notée BWV 545b , consistant en un prélude, un trio et une fugue, le trio étant lui-même un arrangement de la finale de la sonate N°3 pour viole de gambe en sol mineur BWV 1029 | |
BWV 546 | Prélude et fugue (en) | Do mineur | ||
BWV 547 | Prélude et fugue | Do majeur | Dit « 9/8 » | |
BWV 548 | Prélude et fugue (en) | Mi mineur | Dit « Le Coin » | |
BWV 549 | Prélude et fugue | Do mineur | ||
BWV 550 | Prélude et fugue | Sol majeur | ||
BWV 551 | Prélude et fugue | La majeur | ||
BWV 552 | Prélude et fugue | Mi majeur | Dit « Sainte-Anne » L'œuvre constitue la première partie des Clavier-Übung III (en) | |
BWV 553 | 1er petit prélude et fugue | Do majeur | Ces pièces constituent les Huit petits préludes et fugues, désormais généralement attribués à Johann Tobias Krebs | |
BWV 554 | 2e petit prélude et fugue | Ré mineur | ||
BWV 555 | 3e petit prélude et fugue | Mi mineur | ||
BWV 556 | 4e petit prélude et fugue | Fa majeur | ||
BWV 557 | 5e petit prélude et fugue | Sol majeur | ||
BWV 558 | 6e petit prélude et fugue | Sol mineur | ||
BWV 559 | 7e petit prélude et fugue | La mineur | ||
BWV 560 | 8e petit prélude et fugue | Si majeur | ||
BWV 561 | Fantaisie et fugue | La mineur | Peut-être composées initialement pour clavecin. L'attribution à Bach n'est pas certaine et certaines analyses attribuent l'œuvre à Johann Christian Kittel ou à Wilhelm Friedemann Bach[24]. | |
BWV 562 | Fantaisie et fugue | Do mineur | L'œuvre a probablement été révisée assez fortement durant les années 1740 pour retoucher les dernières mesures de la Fantaisie[25]. | |
BWV 563 | Fantaisie | Si mineur | Le BWV 563 est parfois considéré comme une œuvre peu adaptée à l'orgue. Cette pièce se composait en principe d'un prélude et d'une fugue, mais l'œuvre est inhabituellement déterminée dans son exploitation de deux motifs différents, ce dont peut-être compte le sous-titre Imitatio[26]. | |
BWV 564 | Toccata | Do majeur | Cette toccata se compose de trois mouvements (Toccata — Adagio — Fugue), peut-être inspirés d'un modèle de concerto italien[27]. | |
BWV 565 | Toccata et fugue | Ré mineur | De loin la plus connue des pièces pour orgue de Bach, c'est une œuvre de jeunesse, probablement écrite entre 1703 et 1707[28] - [29] - [30]. |
Trios (BWV 583–586)
Numéro BWV | Titre | Tonalité | Remarques |
---|---|---|---|
BWV 583 | Trio | Ré mineur | Fait partie d'un recueil de 35 trio d'orgue probablement compilé à Leipzig ; ce premier trio compte 53 mesures[31] |
BWV 584 | Trio | Sol mineur | Long de 78 mesures, ce trio est ensuite repris dans la cantate BWV 166 Wo gehest du hin?[32] |
BWV 585 | Trio | Do mineur | Quelques fautes grammaticales sont identifiées dans le manuscrit 7, mais celles-ci ne plaident pas pour autant en faveur d'une autre attribution, selon Hans-Joachim Schulze[33] |
BWV 586 | Trio | Sol majeur | Plus proche des compositions habituelles de Telemann que d'autres œuvres comparables de Bach[34] |
Concertos (BWV 592–597)
Numéro BWV | Titre | Tonalité | Mouvements | Remarques |
---|---|---|---|---|
BWV 592 | Concerto n°1 | Sol majeur | allegro — grave [en mi mineur] — presto | Transcription d'un concerto pour violon, cordes et continuo de Jean-Ernest de Saxe-Weimar |
BWV 593 | Concerto n°2 | La mineur | allegro — adagio senza pedale a due claviere [en ré mineur] — allegro | Adaptation du concerto pour 2 violons et basse continue (RV 522) d'Antonio Vivaldi |
BWV 594 | Concerto n°3 | Do majeur | allegro — adagio [en la mineur] — récitatif — allegro — cadenza — allegro | Adaptation du concerto Grosso mogul (en) (RV 208) initialement en ré majeur d'Antonio Vivaldi |
BWV 595 | Concerto n°4 | Do majeur | Un seul mouvement | Transcription du premier mouvement d'un concerto pour violon de Jean-Ernest de Saxe-Weimar |
BWV 596 | Concerto n°5 | Ré mineur | allegro — grave — fuga, largo e spiccato — finale allegro | Adaptation du concerto grosso (RV 565) d'Antonio Vivaldi Un manuscrit du XVIIIe siècle , conservé à la Bibliothèque d'État de Berlin, attribue cette transcription à Wilhelm Friedemann Bach |
Notes et références
- Jean-Baptiste Robin 2009, Repères chronologiques, p. 590 & 591.
- Jean-Baptiste Robin 2009, Sonates en trio BWV 525-530, p. 637.
- Peter Wiliams 2003, BWV 525 Sonata N°1 in Eb major, p. 10 à 15.
- Jean-Baptiste Robin 2009, Sonate N°1 en mi bémol majeur BWV 525, p. 637 & 638.
- Jean-Baptiste Robin 2009, Sonate N°2 en ut mineur BWV 526, p. 638 & 639.
- Jean-Baptiste Robin 2009, Sonate N°3 en ré mineur BWV 527, p. 639.
- Jean-Baptiste Robin 2009, Sonate N°4 en mi mineur BWV 528, p. 639 & 640.
- Jean-Baptiste Robin 2009, Sonate N°5 en ut majeur BWV 529, p. 640 & 641.
- Jean-Baptiste Robin 2009, Sonate N°6 en sol majeur BWV 530, p. 641 & 642.
- Jean-Baptiste Robin 2009, Prélude et fugue en ut majeur BWV 531, p. 622 & 623.
- (en) David Humphreys, « Did J. S. Bach compose the F minor prelude and fugue BWV 534 ? », dans Peter Williams, Bach, Handel, Scarlatti : 1685–1985, CTHS, , 384 p. (ISBN 978-0521082136, OCLC 232712878, lire en ligne), p. 173-184.
- Peter Wiliams 2003, BWV 535 Præludium (Prelude and fugue) in G minor, p. 51 à 54.
- Peter Wiliams 2003, BWV 535a Præludium (Prelude and fugue) in G minor, p. 54 à 56.
- Peter Wiliams 2003, BWV 536 Præludium (Prelude and fugue) in A major, p. 57 à 59.
- Peter Wiliams 2003, BWV 536a Præludium (Prelude and fugue) in A major, p. 59.
- Peter Wiliams 2003, BWV 537 Fantasia and fugue in C minor, p. 60 à 64.
- Peter Wiliams 2003, BWV 538 Toccata and fugue in D minor, p. 64 à 70.
- Peter Wiliams 2003, BWV 539 Prelude and fugue in D minor, p. 70 à 74.
- Peter Wiliams 2003, BWV 540 Toccata and fugue in F major, p. 74 à 80.
- Peter Wiliams 2003, BWV 541 Prelude and fugue in G major, p. 81 à 85.
- Peter Wiliams 2003, BWV 542 Prelude and fugue in G minor, p. 85 à 91.
- Peter Wiliams 2003, BWV 543 Prelude and fugue in A minor, p. 92 à 95.
- Peter Wiliams 2003, BWV 543a Prelude and fugue in A minor, p. 95 & 96.
- Peter Wiliams 2003, BWV 561 Fantasia and Fugue in A minor, p. 145.
- Peter Wiliams 2003, BWV 562 Fantasia and Fugue in C minor, p. 145 à 148.
- Peter Wiliams 2003, BWV 563 Fantasia in B minor (“Fantasia and Imitatio”), p. 149 & 150.
- Peter Wiliams 2003, BWV 564 Toccata in C major, p. 150 à 154.
- Peter Wiliams 2003, BWV 565 Toccata and Fugue in D minor, p. 154 à 159.
- (en) Peter Williams, « BWV 565: A toccata in D minor for organ by J.S.Bach? », Early Music (en), vol. 9, no 3, , p. 330–337 (ISSN 0306-1078, JSTOR 3126830, lire en ligne, consulté le ).
- (en) Betsy Schwarm, « Toccata and Fugue in D Minor, BWV 565 », dans Encyclopédie Britannica, 18, (ISBN 9781593392925, OCLC 917453955, lire en ligne).
- Peter Wiliams 2003, BWV 583 Trio in D minor, p. 189 & 190.
- Peter Wiliams 2003, BWV 584 Trio in G minor, p. 190.
- Peter Wiliams 2003, BWV 585 Trio in C minor, p. 190 & 191.
- Peter Wiliams 2003, BWV 586 Trio in G major, p. 191.
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
Bibliographie
- [Peter Williams 2003] (en) Peter Williams, The organ music of J.S. Bach, Cambridge, Cambridge University Press, , 624 p. (ISBN 9780521891158, OCLC 963185541, lire en ligne)
- [Jean-Baptiste Robin 2009] Jean-Baptiste Robin, « L'œuvre pour orgue », dans Bertrand Dermoncourt, Tout Bach, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 992 p. (ISBN 978-2221109915, OCLC 527339963), p. 590-648