AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Équations de Cauchy-Riemann

Les équations de Cauchy-Riemann en analyse complexe, ainsi nommées en l'honneur d'Augustin Cauchy et Bernhard Riemann, sont les deux équations aux dérivées partielles

exprimant une condition nécessaire et suffisante pour qu'une fonction f = P + i Q (d'une variable complexe, à valeurs complexes) différentiable au sens réel en un point soit différentiable au sens complexe en ce point.

En d'autres termes, ce sont les conditions à ajouter à la différentiabilité au sens réel pour obtenir la différentiabilité au sens complexe.

Lorsque la fonction est différentiable au sens réel en tout point d'un ouvert, ces équations expriment une condition nécessaire et suffisante pour qu'elle soit holomorphe sur cet ouvert.

On considĂšre une fonction d'une variable complexe, dĂ©finie sur un ouvert U du plan complexe ℂ. On utilise ici les notations suivantes :

  • la variable complexe z est notĂ©e x + i y, oĂč x, y sont rĂ©els ;
  • les parties rĂ©elle et imaginaire de f(z) = f(x + i y) sont notĂ©es respectivement P(x , y) et Q(x , y), c'est-Ă -dire : f(z) = P(x , y) + i Q(x , y), oĂč P, Q sont deux fonctions rĂ©elles de deux variables rĂ©elles.

Fonctions ℂ-diffĂ©rentiables d'une variable complexe

DĂ©finition

Une fonction est dite diffĂ©rentiable au sens complexe, ℂ-diffĂ©rentiable ou encore dĂ©rivable, en un point s'il existe un voisinage V de z0 tel que et tel que la fonction:

admet une limite au point . Cette limite est alors notée et est appelée dérivée de f en z0.

Il est important de remarquer que la condition de ℂ-diffĂ©rentiabilitĂ© pour les fonctions de variable complexe est bien plus contraignante que la condition analogue pour les fonctions de variable rĂ©elle. La diffĂ©rence est la suivante :

  • dans ℝ, il y a essentiellement deux maniĂšres de s'approcher d'un point : Ă  droite, ou Ă  gauche. Une fonction de variable rĂ©elle est dĂ©rivable en un point si et seulement si le « taux d'accroissement » admet en ce point une limite Ă  droite et une limite Ă  gauche ayant la mĂȘme valeur (finie) ;
  • dans ℂ, il y a une infinitĂ© de maniĂšres de s'approcher d'un point ; chacune d'elles doit donner lieu Ă  une limite (finie) du « taux d'accroissement », ces limites Ă©tant de plus toutes Ă©gales.

Un cas important

On dit qu'une fonction est holomorphe sur un ouvert de ℂ si elle est ℂ-diffĂ©rentiable en tout point de cet ouvert.

CaractĂ©risation des fonctions ℂ-diffĂ©rentiables en un point

ThĂ©orĂšme —

  • Pour que la fonction f soit ℂ-diffĂ©rentiable en un point (oĂč sont rĂ©els), il faut et il suffit :
    • qu'elle soit diffĂ©rentiable au sens rĂ©el en z0 ;
    • et que, de plus, elle vĂ©rifie les Ă©quations de Cauchy-Riemann en ce point. Ces Ă©quations peuvent s'Ă©crire sous les formes Ă©quivalentes suivantes :
      • et
      • , oĂč l'opĂ©rateur diffĂ©rentiel est, par dĂ©finition, Ă©gal Ă  .
  • Dans ce cas :
    • la diffĂ©rentielle de f au point z0 est l'application ;
    • oĂč l'opĂ©rateur diffĂ©rentiel est, par dĂ©finition, Ă©gal Ă  .

Un cas important

La caractérisation suivante des fonctions holomorphes est une conséquence immédiate du théorÚme précédent, appliqué en chaque point.

ThĂ©orĂšme — Une fonction est holomorphe sur l'ouvert U de ℂ si et seulement si :

  1. elle est ℝ-diffĂ©rentiable en tout point de U ;
  2. et elle vérifie les équations de Cauchy-Riemann en tout point de U.

Remarque sur la continuitĂ© des dĂ©rivĂ©es partielles : on peut montrer (c'est un rĂ©sultat important de la thĂ©orie de Cauchy) que toute fonction holomorphe sur un ouvert de ℂ y est analytique : cela signifie qu'au voisinage de chaque point, elle est dĂ©veloppable en sĂ©rie entiĂšre ; donc, toute fonction holomorphe est indĂ©finiment dĂ©rivable, et a fortiori elle admet des dĂ©rivĂ©es partielles continues sur l'ouvert.

Exemples

  • La fonction est de classe C1 sur ℂ, donc elle y est ℝ-diffĂ©rentiable ; mais elle n'est ℂ-diffĂ©rentiable en aucun point parce qu'elle ne vĂ©rifie nulle part les Ă©quations de Cauchy-Riemann. En effet, comme f(z) = x – i y :
    • et
    • ainsi, pour tout , .
  • La fonction est de classe C1 sur ℂ, donc elle y est ℝ-diffĂ©rentiable ; elle est ℂ-diffĂ©rentiable en 0 et seulement en ce point (elle n'est holomorphe sur aucun ouvert, son ensemble de ℂ-diffĂ©rentiabilitĂ© Ă©tant d'intĂ©rieur vide).
  • La fonction est holomorphe sur ℂ et pour tout , . En effet, si et , lorsque . On a , donc :
    • (Ă©quations de Cauchy-Riemann au point z)
  • Le caractĂšre contraignant de la condition d'holomorphie est particuliĂšrement saisissant quand on applique les conditions de Cauchy-Riemann Ă  une fonction Ă  valeurs rĂ©elles dĂ©finie sur un ouvert de ℂ : les deux dĂ©rivĂ©es partielles par rapport Ă  x et Ă  y doivent alors ĂȘtre nulles et la fonction doit ĂȘtre localement constante. En d'autres termes, une fonction holomorphe Ă  valeurs rĂ©elles sur un ouvert connexe de ℂ se rĂ©duit nĂ©cessairement Ă  une constante.

Par exemple, la fonction argument de z (rĂ©elle et non constante) n'est pas holomorphe. On vĂ©rifie d'ailleurs facilement que les Ă©quations de Cauchy-Riemann ne sont pas satisfaites, car ses dĂ©rivĂ©es partielles sont celles de arctan (y/x). Il en est Ă©videmment de mĂȘme de la fonction module de z (rĂ©elle et non constante).

Bibliographie

Walter Rudin, Analyse réelle et complexe [détail des éditions]

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.