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Émile Mercadier

Émile Mercadier est un chanteur français de café-concert, né le à Paris et mort le dans cette même ville[1].

Émile Mercadier
Nom de naissance Jean Alexis Émile Mercadier
Naissance
Ancien 3e arrondissement de Paris
Décès
9e arrondissement de Paris
Activité principale Chanteur
Activités annexes Musicien
Genre musical Café-concert
Instruments Clarinette
Hautbois
Années actives 1882-1918

Biographie

Né dans l'ancien 3e arrondissement de Paris en 1859, Émile Mercadier descend d'une famille toulousaine, proche du monde des spectacles. Son père pratique le métier de perruquier au célèbre théâtre du Capitole de Toulouse. Émile Mercadier, élevé à Toulouse, fait ses études de chant au conservatoire. À la fin des années 1860, il est engagé volontaire au 124e régiment d'infanterie où il est musicien de hautbois et de clarinette.

Les débuts

Après la Guerre franco allemande de 1870, il débute comme chanteur dans un café-concert bordelais peu connu. Il est ensuite engagé aux Folies Bordelaises, au Casino de Lyon et à Narbonne. En 1882, il se spécialise dans les romances et les mélodies à l'Eldorado, à Paris. Il se marie le dans le 10e arrondissement de Paris avec une chanteuse de café-concert, Clémentine Millet (1864-1926), connue sous le nom de Musette.

Carrière

À partir de 1885, sa carrière décolle. Chanteur de charme, diction impeccable, il plaît aux femmes et le public se déplace pour le voir. Il donne des représentations aux Ambassadeurs, à l'Éden-Concert. Entre 1892 et 1897, il chante à Bataclan, dirigé par le grand artiste Paulus qui devient son ami. En 1894, il est au Bijou, et en 1896, il est de l'ouverture de la Nouvelle-Athènes, puis au Libre-Échange entre 1897 et 1902. Il est au Café Montmartre entre 1903 et 1905, au Casino Montparnasse, au Casino Saint-Martin. Il est aux Folies-Parisiennes en 1905 et 1914. Ses chansons restèrent longtemps célèbres : La closerie des Genêts, Je suis le passeur du printemps, C'était un rêve, Dites-moi si vous avez un cœur… Phénomène rare pour un chanteur de cette époque, Émile Mercadier a très tôt enregistré de très nombreux cylindres ainsi que des disques, et cela jusqu'en 1914, notamment chez Pathé, Odeon et Opéra. Ces cylindres portent en général la mention Répertoire Mercadier, ou Mercadier. La firme Pathé Frères continuera d'éditer quelques disques après 1916, des reprises d'enregistrements plus anciens.

À la fin de la décennie 1900, deux drames frappent Émile Mercadier : en , le décès de sa fille de 20 ans lors d'une promenade en barque sur la Seine à Freneuse avec son fiancé (fils de Léon Escalaïs, chanteur à l'Opéra)[2], suivi de la paralysie qui frappe sa femme quelque temps plus tard (elle restera paralysée jusqu’à sa mort le ).

Émile Mercadier se remarie le dans le 9e arrondissement de Paris avec Madeleine Borde (1893-1982), union dont naîtra un fils, Jean Mercadier (1924-2012), pianiste, auteur compositeur, arrangeur, clarinettiste, saxophoniste. Jean Mercadier est un des derniers arrangeurs de Joséphine Baker.

Les adieux à la scène

Il ralentit sa carrière en 1913 et ne donne que de rares représentations jusqu'en 1928. Émile Mercadier fait ses adieux définitifs à Marseille en 1928 à l'Alcazar et au Palais de Cristal. Maurice Hamel, présent à cette dernière représentation, la décrit ainsi : Ayant commencé sa tournée d'adieu par Marseille où il était adoré, il devait chanter ce jour-là au Palais de Cristal, en matinée et en soirée. Il chanta en matinée, et, de revoir ses habitués, une émotion le gagnait peu à peu qui l'empêcha d'achever sa chanson dont les dernières notes se brisèrent dans les larmes. Les auditeurs étaient, ma foi, aussi émus que lui. Le soir, il chanta pour la dernière fois, mais il sut demeurer maître de lui. À la fin du spectacle, un brave homme vint à lui et lui dit : « Ah! Monsieur Mercadier, moi qui étais venu pour vous voir pleurer... Pourquoi n'avez-vous pas pleuré ? ».

Émile Mercadier décède un an plus tard dans le 9e arrondissement de Paris le , âgé de 69 ans.

Il repose au cimetière de Pantin (Seine-Saint-Denis) avec son fils Jean Mercadier ; sa tombe est ornée d'un buste d'Auguste Maillard[3].

Éditeur de musique et producteur phonographique

Emile Mercadier édite son répertoire. Au début du XXe siècle, il fonde une société de commerce de phonographes à cylindre avec Léonce Bergeret qu'il rencontre au Petit-Casino; cette firme Bergeret-Mercadier ferme vers 1906 à l'arrivée du phonographe à disques.

Citations

  • Paulus Ă©crit dans ses MĂ©moires, Trente ans de cafĂ© concert, Ă  propos de Mercadier : « Un casseur de cĹ“urs ! Quand il file la note suraiguĂ« Ă  la fin du couplet sentimental, les femmes palpitent, et leur lorgnette remercie ce joli chanteur que leur donne des Ă©motions si douces. Les hommes l'applaudissent pour son talent ; donc il a tout le public pour lui ».
  • Robert Desnos Ă©crit d’Émile Mercadier : « La voix de Mercadier est un phĂ©nomène de sincĂ©ritĂ© et de sympathie. Nul cabotinage, nul truquage, nul sacrifice de la diction Ă  la musique. Est-il possible qu’une pareille voix coure le risque de disparaĂ®tre et soit confiĂ©e au fragile Ă©crin des rouleaux ? »[4].

RĂ©-Ă©dition en CD

À faire Plusieurs titres de Mercadier ont été numérisés et republiés dans des anthologies récentes.

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article

  • Robert Desnos, Les voix intĂ©rieures : chansons et textes critiques, textes rĂ©unis et prĂ©facĂ©s par Lucienne Cantaloube-Ferrieu, Éd. du Petit VĂ©hicule, 1987 (ISBN 2-906655-00-7)Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • France Vernillat et Jacques Charpentreau, Dictionnaire de la chanson française, Ă©d. Larousse, 1968Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Martin PĂ©net (rĂ©unies par) et Claire Gausse (coll.), MĂ©moire de la chanson : 1100 chansons du Moyen Ă‚ge Ă  1919, Omnibus, 1998 (ISBN 2-258-05062-6) (2e Ă©d. 2001)Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Chantal Brunschwig, Louis-Jean Calvet, Jean-Claude Klein, Cent ans de chanson française, Seuil (coll. Points actuels), 1981 (ISBN 2-02-00-2915-4) (1re Ă©d. reliĂ©e 1972)Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Christian Zwarg, Firmendiscographine (catalogues phonographiques, formats XL tĂ©lĂ©chargeables)Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Alan Kelly (dir.), His master's voice/La Voix de son maĂ®tre : The French Catalogue. A Complete Numerical Catalogue of French Gramophone Recordinds made from 1898 to 1929 in France and elsewhere by The Gramophone Company Ltd, with the cooperation of the EMI Music Archive, Greenwood Press, New York-London, 1990, 679 p. (ISBN 0-313-27333-2)Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Philippe Chauveau, « Dictionnaire historique des cafĂ©s-concerts et des music-halls de Paris, suivi d'un article sur les Ă©tablissements de » in AndrĂ© SallĂ©e et Philippe Chauveau (dir.), Music-hall et cafĂ©-concert, Bordas, 1985, p. 113-189 (ISBN 2-04-016371-9)Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article

Sources historiques

  • Le Figaro, 15 et [5].

Notes et références

  1. « Chanson des heures Mercadier », sur Bibliothèques spécialisées de la Ville de Paris (consulté le )
  2. Mort tragique d'une artiste. La Lanterne, 19 août 1908, p. 3, lire en ligne sur Gallica.
  3. Philippe Landru, « Pantin (93) : cimetière parisien » Site cimetières de France et d'ailleurs (16 février 2008).
  4. Robert Desnos, Les voix intérieures : chansons et textes critiques, textes réunis et préfacés par Lucienne Cantaloube-Ferrieu, 1987, p. 160.
  5. Cité par Gérard Frappé ; Cf. « Mercadier », site De la belle époque aux années folles (page mise à jour le 16 janvier 2011, consultée le 23 octobre 2011). Les informations publiées reposeraient sur un entretien avec Jean-Pierre Mercadier, petit-fils d’Émile Mercadier.

Liens externes

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