Émile Louit
Émile Louit, né le 28 avril 1819 à Bordeaux et décédé le 14 janvier 1887 est un négociant, un armateur[1] - [2] et un industriel français. Fondateur de la société Louit Frères et Compagnie
Naissance | |
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Décès | |
Nom de naissance |
Jean François Émile Louit |
Nationalité | |
Activité |
Industriel |
Père |
Paul Louit (LĂ©gion d'honneur) |
Distinction |
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Biographie
Très jeune, Émile Louit fait son apprentissage en négoce dans la petite entreprise familiale de produits alimentaires créée par son père, Paul Louit, en 1825. Outre de nombreux produits de conserve, la manufacture produit le fameux "chocolat Louit" qui connaitra un franc succès. À la mort de son père en 1836, Rose Bouvier, sa mère, reprend l'affaire et la fait fructifier.
En 1846, Émile hérite de l'entreprise. Il crée, à Bordeaux, la Maison "Louit Frères et Compagnie", et l'usine de Tivoli dont les produits alimentaires obtiendront de très nombreuses médailles aux expositions universelles et deviendront célèbres sur tous les marchés du monde occidental.
En 1843, l'entreprise lance la "Moutarde diaphane" qui devient rapidement un produit phare, emportant à elle seule 72 médailles dans les expositions universelles de France et de l'Etranger[3]. Directeur de cette brillante entreprise avec son jeune frère Charles-Joseph, décédé à Rome en 1857, Émile en reste l'unique chef jusqu'en 1863, époque où il en fait la session à un autre frère cadet, Édouard[4].
Le 1er octobre 1862 voit la naissance du "Journal de Bordeaux", journal politique favorable à l'Empereur Louis Napoléon Bonaparte, dont Emile est le principal fondateur. Il en devient propriétaire, directeur et gérant. C'est sans doute pour mieux se consacrer à la direction de son journal qu'Emile se retire (au moins partiellement) de l'Entreprise alimentaire dont il cède, en 1863, la direction à son plus jeune frère Joseph dit "Edouard"[5].
devint si célèbre qu'un poète écrivit :
"Un peuple sans poète est un peuple sans gloire,
un foyer sans enfant est un foyer sans jeu,
un roman sans amour est raté, c'est notoire,
Le 1er septembre 1868 est inauguré le "Théâtre Louit" qu'Emile fit construire par l'architecte Lamarche, sur l'emplacement du Cirque impérial. C'est le plus vaste et le plus magnifique des théâtres de province ; il contient 2 500 places, et les grandes réunions publiques de 1870-1871 y tiennent leurs séances, pendant le séjour à Bordeaux de l'Assemblée Nationale. Selon les sources, il aurait coûté 400 000 francs ou 1 200 000 francs. On connaît une description de ce prestigieux théâtre qui ne servit qu'une vingtaine d'années avant d'être dévoré par un incendie en juillet 1888[6] - [2].
Déjà décoré de l'Ordre royal d'Isabelle la Catholique, Emile l'est à nouveau Chevalier de la Légion d'honneur le 7 août 1869.
Emile décède "d'un affaiblissement du sang" dans sa 68è année, le 14 janvier 1887, à son domicile bordelais de la rue Judaïque. Il ne connaîtra pas l'incendie qui détruira son théâtre l'été de l'année suivante. Sa nécrologie le dit "modeste à l'excès, [s'étant] toujours tenu à l'écart des agitations du monde et des ambitions politiques, bien qu'il ait consacré une partie de sa fortune à défendre dans la Gironde la doctrine impérialiste à laquelle il [avait] conservé, au prix des plus grands sacrifices, un organe militant"[7].
Le théâtre Louit
En 1888, Le théâtre fut entièrement détruit par un incendie. Vers trois heures du matin, l'agent théâtral qui habitait face au bâtiment, témoigna qu'il "entendit un bruit de vitres brisées et vit de la fumée s'échapper". Malgré son intervention et plus tard celle des pompiers, le théâtre ne put être sauvé. On ne sut jamais précisément les causes du sinistre. Heureusement, il n'y eut aucune victime. On reconstruisit à son emplacement un café-concert sous le nom des "Folies bergères".
"La salle avait une forme d'une ellipse dont le grand axe perpendiculaire à la scène comptait 21m50 et le petit 19m50.Le rez-de-chaussée contenait 370 stalles d'orchestre et 600 de parquet. Dix-neuf portes y donnaient accès. Une première galerie était bordée par un balcon à deux rangs de places, derrière lequel se trouvaient en surélévation des loges de famille de 4, 6, 8 et 10 places. Au milieu, en face, était la loge des autorités ; à droite et à gauche, celles des Cercles de l'Union et Philharmonique.
Le théâtre-Louit avait quatre étages. La salle, prise dans son ensemble, était plus vaste qu’aucune de celles des autres théâtres
bordelais. On estimait - les loges étant séparées par des cloisons épaisses et les places par des accoudoirs - quelle gardait 2 800 places disponibles. La décoration, dont le style paraissait être celui de la fin du dix-huitième siècle, était or et chamois. Les trois étages de l'avant-scène étaient encadrés par deux colonnes d'ordre composite qu’enserraient des branches de vigne chargées de grappes. Sur la face des premières galeries se trouvaient placés neuf écussons aux armes des principales villes du Midi, séparées par des couronnes d'or et des guirlandes de lauriers. A ces écussons correspondaient à l'étage supérieur dix-huit camées à fond rose représentant les traits de différents auteurs ou compositeurs célèbres.
Au-dessus, au troisième étage, un cartouche avec le nom du portrait. Il y avait : Corneille, Racine, Molière, Victor Hugo, Beaumarchais, Scribe, Ponsard,
Les portes des loges et des galeries étaient couvertes de peintures allégoriques surmontées de fleurs multicolores et décorées d'arabesques d'or. Le fond de la salle et les sièges étaient tendus en velours cramoisi à crépines d'or. La partie artistique de la construction avait été confiée à MM. Betton, Dalesses et Thénot. La coupole était composée de motifs architecturaux, terrasses, piédestaux, emblèmes servant d'attache a un immense vélum de gaze constellé de croissants d'or bordelais, avec un fond azuré figurant l'Olympe, ses Amours, ses Génies. Le lustre avait couté près de 28 000 fr. Il avait été admis, dit-on, à l'Exposition de 1867.La scène était large de seize mètres à l'ouverture, au rideau de douze. Elle avait quinze mètres de profondeur. Il y avait trois dessous pour les pièces ayant une machination compliquée. À droite et à gauche de la scène étaient distribués les loges des artistes, le foyer, le magasin d'accessoires et des logements. Il y avait cinq portes rue Castelnau d'Auros et une rue Saint-Sernin. Avant de pénétrer dans la salle, on rencontrait un grand vestibule orné de colonnes, de glaces, de tentures et de candélabres. Il était flanqué de six voies d'escalier aboutissant à des foyers spacieux prenant jour sur la rue ; chaque étage avait son foyer. Au rez-de-chaussée, café ouvert à tout le public ; à l'entresol, fumoir ; au premier étage, riche salon de rafraîchissements ; au-dessus, large terrasse couverte" [8]
Distinctions
ordre d'Isabelle la Catholique
Chevalier de la Légion d'honneur en 1856 par Louis-Napoléon Bonaparte
Notes et références
- « Annuaire de la presse française (1886) Par Émile Mermet », sur Gallica.bnf.fr
- « La Diane du 08 juillet 1888 », sur Gallica.bnf.fr
- « Le Monde colonial illustré », sur Gallica.bnf.fr,
- « Collectif - Biographie nationale des contemporains », sur Gallica.bnf.fr,
- « Rapport adressé aux personnes qui ont concouru à la fondation du journal de Bordeaux », sur Gallica.bnf.fr
- « "Quotidien "Le XIXe siècle" », sur Gallica.bnf.fr,
- « Quotidien "Le Pays" du 07 janvier 1887 », sur Gallica.bnf.fr
- « Érnest Laroche - A travers le vieux Bordeaux », sur Gallica.bnf.fr,