Élisabeth Françoise Armide de Rochechouart
Élisabeth Françoise Armide Durey de Morsan, par mariage comtesse de Rochechouart (1757-1805), fille d'un écrivain célèbre en son temps, elle s'est illustrée par ses actions contre-révolutionnaires.
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Biographie
Elle est la fille de Joseph Durey de Morsan (1717-1795)[1] et d'Anne Geneviève François d'Albignac, de Castelnau. Elle est la nièce de Louise Bernarde Durey, épouse de l'intendant de la généralité de Paris Louis Jean Bertier de Sauvigny (1709-1788). Par sa mère, elle est aussi la nièce de Philippe François d’Albignac de Castelnau évêque d'Angoulême à partir de 1784 et député aux états généraux.
Elle épouse en 1775 Louis Pierre Jules César comte de Rochechouart, à qui elle apporte un million en dot et 50 000 livres de rente . Introduite à la Cour, elle cherche à se rapprocher de la reine Marie-Antoinette sans véritablement y parvenir. Originale, scandaleuse, intelligente, elle appartient à une loge d'adoption féminine.
Après l'emprisonnement de la famille royale au Temple, elle participe à divers projets contre-révolutionnaires. Elle réunit des fonds pour faire acquitter le général Miranda,un agent de l'Angleterre, traduit devant le tribunal révolutionnaire pour complicité avec Dumouriez. Puis elle tente de faire évader Marie-Antoinette en s'appuyant, selon les ambassadeurs Starhemberg, ambassadeur d'Autriche à Londres et l'autrichien Mercy-Argenteau, sur Jacques-René Hébert, le père Duchesne, qu'elle voit à Passy quand il se rend chez ses amis le banquier Jean-Jacques Debeaune et son épouse hollandaise Bertha Winter, ou chez Jean-Conrad de Koch, avocat et banquier hollandais lié à William Pitt le jeune[2]. Au printemps 1793, le projet auquel elle participe et auquel sont mêlés plusieurs administrateurs de la commune hébertistes, est sur le point d'aboutir, mais Marie-Antoinette fait savoir qu'elle ne peut laisser ses enfants derrière elle[3]. L'évasion est ainsi reportée à plusieurs reprises, mais ses allées et venues éveillent les soupçons des autorités.
Lors de l'instruction visant plusieurs membres de la Commune hébertiste où elle a des relations, un mandat d'arrêt est lancé contre elle. Absente lorsque les gendarmes se présentent à son domicile de Passy, elle est avertie in extremis par son fils Louis, âgé seulement de douze ans, et peut échapper à une mort certaine. Il est souvent question d'elle dans les dénonciations de l'indicateur Ferrières-Sauvebeuf qui connait son mari, alors retiré au château de Montpipeau. Elle réussit à passer en Suisse où elle se lie avec le chargé d'affaires anglais Wickham. En représailles, sa fille Cornélie, âgée de sept ans, est retirée par les autorités de la pension où elle séjourne et meurt en errant dans les rues.
Sous le Directoire, Mme de Rochechouart obtient l'aval du gouvernement britannique pour se charger d'une correspondance secrète depuis Paris. Le duc de Portland met des fonds à sa disposition et elle entre en contact avec Talleyrand. Mais le projet tourne court et elle est chassée de France. Elle s'exile d'abord à Londres puis aboutit à Hambourg en compagnie de l'abbé de La Geard son ex-amant et complice. Elle dépense beaucoup d'argent, et change plusieurs fois de pays.
Elle meurt en 1805 à Kherson dans un grand dénuement. Son fils Louis-Victor-Léon, arrivé à son chevet un jour après son décès, écrit : « Ainsi se termina la vie de cette femme si intéressante et si malheureuse; elle possédait tout ce qui peut contribuer au bonheur terrestre: belle, spirituelle, aimable et riche, mariée à dix-huit ans à un homme qui lui donnait ses entrées à la Cour; la Révolution et les intrigues dans lesquelles elle s'était jetée inconsidérément l'ont précipitée des grandeurs dans un abîme de malheurs, de souffrance et de misère »[4].
Notes et références
- Voir sa notice rédigée par Jean Sgard dans le Dictionnaire des journalistes, en ligne.
- Ces témoignages sont renforcés par ceux de camille Desmoulins. on lit encore à ce sujet un article paru dans le Moniteur du 7 avril 1795
- La ci-devant marquise de Janson, née Cornélie de Galléan, parente de Barras, fut elle aussi impliquée dans cette affaire d'évasion qui était très chimérique.
- Louis-Victor-Léon de (1788-1858) Auteur du texte Rochechouart, Souvenirs sur la Révolution, l'Empire et la Restauration (2e édition) / par le général comte de Rochechouart,... ; mémoires inédits publ. par son fils, (lire en ligne)
Voir aussi
Bibliographie
- Olivier Blanc, Les espions de la révolution et de l'Empire, Paris, Perrin, 2003 (p. 271-277).