Élections législatives libyennes de 2012
Les élections législatives libyennes de 2012, connues pour être la première élection démocratique en Libye, permet de désigner 200 membres du Congrès général national chargés de remplacer le Conseil national de transition.
Élections législatives libyennes de 2012 | |||||
200 députés du Congrès général national | |||||
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Participation | 61,58 % | ||||
Alliance des forces nationales – Mahmoud Jibril | |||||
Voix | 714 769 | ||||
48,14 % | |||||
Sièges obtenus | 39 | ||||
Parti de la justice et de la construction – Mohamed Sowan | |||||
Voix | 152 521 | ||||
10,27 % | |||||
Sièges obtenus | 17 | ||||
Parti du front national – Mohamed Youssef el-Megaryef | |||||
Voix | 60 592 | ||||
4,08 % | |||||
Sièges obtenus | 3 | ||||
Premier ministre | |||||
Sortant | Élu | ||||
Abdel Rahim al-Kib Indépendant |
Ali Zeidan Parti national pour le développement et le bien-être | ||||
C'est le quatrième scrutin de ce genre organisé depuis le début du printemps arabe, après l'élection de l'Assemblée constituante en Tunisie de 2011, les législatives et la présidentielle de 2012 en Égypte. Sur le plan national, l'élection se déroule neuf mois après la fin de la révolution qui a chassé Mouammar Kadhafi du pouvoir, et dans le cadre de tensions régionales fortes dans le pays, principalement à cause d'un conflit armé dans le sud du pays entre tribus arabes et toubous, de même que les pressions des partisans du fédéralisme, notamment en Cyrénaïque.
Après avoir été annoncées en , les élections sont reportées au , pour des raisons logistiques selon la Commission électorale[1] - [2] - [3] - [4].
Contexte
Révolution
La révolution libyenne, qui s'est rapidement transformée en conflit armé, s'est déroulée entre le 15 février et le et a fait près de 50 000 morts.
Lors de la guerre civile qui s'est déroulée en Libye et avant la chute de Mouammar Kadhafi, des membres du Conseil national de transition annoncent que des élections libres se tiendront dans le pays[5] - [6]. Après le décès de Kadhafi, le président du CNT Moustapha Abdel Jalil annonce que le pays sera régi selon les principes de l'islam[7], instaurant de fait la charia[8] ; et dans la foulée, un nouveau cabinet gouvernemental est mis en place pour diriger la Libye en attendant de futures élections[9].
Tensions et conflits internes
Sur le plan national, l'élection se déroule dans le cadre de tensions régionales fortes dans le pays, principalement à cause d'un conflit armé dans le sud du pays entre tribus arabes et toubous qui a fait des centaines de morts, de même que les pressions des partisans du fédéralisme, notamment en Cyrénaïque qui a proclamé son autonomie.
La révolution a entraîné la création de nombreuses milices lourdement armées et le Conseil national de transition (CNT), qui dirige théoriquement le pays, négocie pour obtenir leur adhésion à l'Armée de libération nationale ou alors l'abandon de leurs armes.
Loi électorale
Un projet de loi électorale indique que la représentation des femmes au sein de la future assemblée sera limitée avec 10 % des sièges qui leur sont réservés[10]. La loi devait être adoptée le , mais certains articles sont réexaminés comme le quota de femmes élues qui serait abandonné[11]. Le , le CNT adopte la loi électorale mais abandonne le projet de quota[12].
Le , le Conseil national de transition adopte une loi sur les partis qui interdit les formations politiques fondées sur des considérations religieuses ou tribales[13]. Finalement, le CNT abroge un article de la loi le , car étant dénoncée comme une stratégie d'exclusion par les représentants des islamistes radicaux et des fédéralistes pour s'organiser politiquement[14].
Finalement, 80 sièges seront réservés aux partis politiques et 120 aux candidats « indépendants ». L'âge minimal pour se présenter est de 21 ans. Ni les membres de l'ancien régime de Kaddhafi, ni les membres du Conseil national de transition ne sont autorisés à se présenter. Pour assurer la parité hommes-femmes, chaque parti doit alterner les hommes et les femmes sur sa liste, et si un homme est tête de liste à Tripoli, une femme doit l'être ailleurs[15].
Partis et candidats en lice
Pour les 120 sièges réservés aux candidats individuels, il y a exactement 2500 candidats, parmi lesquels seulement 85 femmes. Les 80 sièges restants réservés aux partis politiques sont brigués par 1202 candidats, parmi lesquels 540 femmes et 662 hommes[15].
Parti | Chef de file | Idéologie | ||
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Alliance des forces nationales | Mahmoud Jibril | Libéralisme | ||
Parti de la justice et de la construction | Mohamed Sowan | Islam politique, conservatisme | ||
Parti de la patrie | Ali al-Sallabi | Islam politique, conservatisme | ||
Parti du front national | Mohamed Youssef el-Megaryef | Libéralisme, progressisme, sécularisme | ||
Parti centriste national | Ali Tarhouni | Centrisme, démocratie, modération religieuse |
Campagne
Un peu moins de 2,9 millions de Libyens, soit environ 80 % des citoyens habilités à voter, se sont enregistrés sur les listes électorales[15].
Pour cette première élection[16], les islamistes sont donnés comme les favoris du scrutin[17] - [18] - [19]. Néanmoins, en l'absence de sondages, et sans la moindre expérience électorale après quarante-deux ans de dictature, il est difficile d'assurer ce qui peut sortir des urnes[20].
Déroulement du scrutin
Le , un hélicoptère transportant du matériel électoral dans l'est de la Libye est attaqué et fait un mort parmi les personnes siégeant dans l'appareil[21] - [22] - [23].
Le jour du scrutin, un manifestant hostile à la tenue d'élections est abattu lors d'un échange de tirs à Ajdabiya, alors qu'il tentait de dérober une urne dans un bureau de vote[24]. Plusieurs bureaux de vote n'ont pas ouvert dans l'est de la Libye à cause de perturbations provoquées par des militants autonomistes réclamant une meilleure répartition des sièges de l'assemblée entre les régions[25]. Des incidents ont lieu autour de plusieurs bureaux de vote[26].
Selon les résultats préliminaires annoncés par la Commission électorale dans la soirée, le taux de participation au scrutin a atteint 60 %[27].
Résultats
Les résultats préliminaires donnent les libéraux en tête[28] - [29] - [30]. Les islamistes sont les grands perdants du scrutin[31].
Le , la commission électorale annonce les résultats. L'Alliance des forces nationales de Mahmoud Jibril emporte 39 des 80 sièges réservés aux partis, suivie par le Parti de la justice et de la construction, avec 17 sièges, puis par le Parti du front national avec trois sièges. Le Parti de la patrie, le Parti centriste national et le Parti Wadi Al-Hayah pour la démocratie et le développement obtiennent deux sièges chacun. Quinze autres partis obtiennent un siège chacun[32] - [33].
Parti | Proportionnelle | Circonscriptions | Total des sièges | |||||
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Votes | % | Seats | Votes | % | Seats | |||
Alliance des forces nationales | 714 769 | 48.14 | 39 | 0 | 39 | |||
Parti de la justice et de la construction | 152 441 | 10.27 | 17 | 0 | 17 | |||
Parti du front national | 60 592 | 4.08 | 3 | 0 | 3 | |||
Parti de la patrie | 66 772 | 4.50 | 2 | 0 | 2 | |||
Parti centriste national | 59 417 | 4.00 | 2 | 0 | 2 | |||
Parti Wadi Al-Hayah pour la démocratie et le développement | 6 947 | 0.47 | 2 | 0 | 2 | |||
Assemblée de la Oumma modérée | 21 825 | 1.47 | 1 | 0 | 1 | |||
Authenticité et renouveau | 18 745 | 1.26 | 1 | 0 | 1 | |||
Parti national pour le développement et le bien-être | 17 158 | 1.16 | 1 | 0 | 1 | |||
Al-Hekma | 17 129 | 1.15 | 1 | 0 | 1 | |||
Authenticité et progrès | 13 679 | 0.92 | 1 | 0 | 1 | |||
Parti national-démocratique libyen | 13 092 | 0.88 | 1 | 0 | 1 | |||
Alliance des partis de la nation | 12 735 | 0.86 | 1 | 0 | 1 | |||
Ar-Resalah | 7 860 | 0.53 | 1 | 0 | 1 | |||
Parti de la jeunesse centriste | 7 319 | 0.49 | 1 | 0 | 1 | |||
Libya Al-'Amal | 6 093 | 0.41 | 1 | 0 | 1 | |||
Parti national Labaika | 3 472 | 0.23 | 1 | 0 | 1 | |||
Parti libyen pour la liberté et le développement | 2 691 | 0.18 | 1 | 0 | 1 | |||
Arrakeeza | 1 525 | 0.10 | 1 | 0 | 1 | |||
Prospérité et nation | 1 400 | 0.09 | 1 | 0 | 1 | |||
Parti national de Wadi ash-Shati' | 1 355 | 0.09 | 1 | 0 | 1 | |||
Parti de la patrie | 51 292 | 3.45 | 0 | 0 | 0 | |||
Autres partis | 218 562 | 14.72 | 0 | 0 | 0 | |||
Indépendants | – | – | – | 120 | 120 | |||
Votes invalides/blancs | 280 117 | – | – | – | – | – | ||
Total | 1 764 840 | 100 | 80 | 120 | 200 | |||
Enregistrés / Participaion | 2 865 937 | 61.58 | – | – | – |
Notes et références
- « Les élections en Libye reportées », sur Le Figaro, (consulté le )
- « La Libye reporte ses élections », sur L'Express, (consulté le )
- « La Libye votera le 7 juillet », sur L'Express, (consulté le )
- Julie Schneider, « Benghazi, défi des élections libyennes », sur Le Point, (consulté le )
- « Libye : le CNT promet des élections libres », sur Europe 1,
- « La France prête à débattre d'une aide militaire aux insurgés libyens », sur Libération.fr, (consulté le )
- « Libye: "l'islam, principale source de législation", dit le président du CNT », sur Le Point, (consulté le )
- Quentin Girard, « La Libye, un pays «fondamentalement conservateur et tribal» », sur Libération, (consulté le )
- « Libye: le CNT annonce un nouveau gouvernement », sur L'Express, (consulté le )
- « En Libye, une place limitée aux femmes au sein de la future Assemblée », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « L'adoption de la loi électorale reportée en Libye », sur Le Point, (consulté le )
- « Libye: loi électorale adoptée, quota pour les femmes abandonné », sur L'Express, (consulté le )
- « Les partis religieux interdits en Libye », sur Le Figaro, (consulté le )
- « La Libye autorisera les partis religieux », sur Le Figaro, (consulté le )
- (en) « Explainer: How the Libyan election works », sur Al Jazeera, 2012/06/2012 (consulté le )
- « Les Libyens aux urnes pour un scrutin historique », sur Le Point, (consulté le )
- « Législatives en Libye : les islamistes favoris », sur Le Point, (consulté le )
- Thierry Portes, « Les islamistes libyens croient aux élections », sur Le Figaro, (consulté le )
- « Bachir Al-Kupti, le très prudent chef des Frères libyens », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- Thierry Portes, « La Libye à l'heure de la démocratie », sur Le Figaro, (consulté le )
- « Libye/tir sur un hélicoptère : un mort », sur Le Figaro, (consulté le )
- « Législatives en Libye : tirs contre un hélicoptère transportant des urnes », sur Le Point, (consulté le )
- « Tir sur un hélicoptère transportant du matériel électoral en Libye : un mort », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « Un homme abattu devant un bureau de vote en Libye », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « Libye: le vote perturbé dans l'est », sur Le Figaro, (consulté le )
- « Vote: une personne tuée en Libye », sur Le Figaro, (consulté le )
- « Élection en Libye: 60% de participation », sur Le Figaro, (consulté le )
- « Libye: les libéraux se disent en tête », sur Le Figaro, (consulté le )
- « Libye: les libéraux annoncent être en tête dans la plupart des régions », sur Libération, (consulté le )
- Thierry Portes, « La Libye appliquera la charia », sur Le Figaro, (consulté le )
- Thierry Portes, « Libye : comment les islamistes ont perdu les législatives », sur Le Figaro, (consulté le )
- (en) « National Forces Alliance sweeps party lists as election results finally announced », sur Libya Herald, (consulté le )
- (en) « National Congress party results », sur Libya Herald, (consulté le )
- « Wayback Machine », sur web.archive.org, (consulté le )
- « النتائج الأولية لكل المرشحين », sur web.archive.org, (consulté le )
- (en-US) « National Congress party results », sur Libya Herald (consulté le )