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Élections législatives bissau-guinéennes de 2023

Les élections législatives bissau-guinéennes de 2023 se déroulent le afin de renouveler les 102 membres de l'assemblée nationale populaire de Guinée-Bissau.

Élections législatives bissau-guinéennes de 2023
102 sièges à l'Assemblée nationale populaire
(majorité absolue : 52 sièges)
Pai-Terra Ranka Domingos Simões Pereira
Voix 264 240
39,42%
en augmentation 0,2
Sièges obtenus 54 en augmentation 6
MADEM G-15 Braima Camará
Voix 163 509
24,39%
en augmentation 3,3
Sièges obtenus 29 en augmentation 2
PRS Florentino Mendes Pereira
Voix 100 429
14,98%
en diminution 6,1
Sièges obtenus 12 en diminution 9
PTG Botche Candé
Voix 54 784
8,17%
Sièges obtenus 6 en augmentation 6
APU-PDGB Nuno Gomes Nabiam
Voix 29 787
4,44%
en diminution 4
Sièges obtenus 1 en diminution 4
Premier ministre
Sortant Élu
Nuno Gomes Nabiam
APU-PDGB
Domingos Simões Pereira
PAIGC

Le scrutin intervient à la suite de la dissolution de l'assemblée par le président Umaro Sissoco Embaló. Son parti, le Mouvement pour l'alternance démocratique G-15 (Madem G15), ne parvient pas à s'imposer face à la la Coalition plateforme alliance inclusive - Terra Ranka (Pai-Terra Ranka) menée par le Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), qui remporte la majorité absolue et contraint ainsi le chef de l'état à une cohabitation.

Contexte

Le président Umaro Sissoco Embaló, successeur de José Mário Vaz

Les précédentes élections législatives organisées en mars 2019 sont l'aboutissement d'une longue crise politique entre le président José Mário Vaz et le parti au pouvoir, dans le cadre d'un régime semi-présidentiel. Le Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC) ne parvient pas à retrouver la majorité absolue, miné par la dissidence de plusieurs de ses membres ayant formé le Mouvement pour l'alternance démocratique G-15 (MADEM G-15), tandis que le Parti du renouveau social (PRS), principal parti d'opposition, enregistre également un résultat en très nette baisse. Le déclin des deux grandes formations historiques se fait ainsi au profit du MADEM G-15 et de l'Assemblée du peuple uni – Parti démocrate de Guinée-Bissau (APU-PDBG), qui font leur entrée au parlement.

Le Premier ministre Nuno Gomes Nabiam

À la suite d'accords de coalition conclus au cours de la campagne électorale, le PAIGC parvient néanmoins à se maintenir grâce au soutien de l'APU et de deux formations mineures, le premier étant considéré comme le « faiseur de roi » de ces élections[1]. Malgré un scrutin ayant eu lieu dans de très bonnes conditions, sans violences et avec une participation très élevée frôlant les 85 %, les résultats inquiètent les observateurs. La reconduite du PAIGC prolonge de fait la mésentente institutionnelle entre le gouvernement et le président Vaz, dans le contexte d'une élection présidentielle à venir en novembre de la même année[2].

L'élection présidentielle voit finalement le président sortant éliminé dès le premier tour, et relégué en quatrième position. Les anciens Premiers ministres Domingos Simões Pereira et Umaro Sissoco Embaló, respectivement du PAIGC et du MADEM G-15, arrivent en tête et s'affrontent au second tour le mois suivant. Umaro Sissoco Embaló remporte ce dernier après avoir obtenu le soutien des principaux candidats malheureux, parmi lesquels le président sortant, l'ancien Premier ministre Carlos Gomes Júnior et Nuno Gomes Nabiam, de l'APU. Ce dernier est nommé au poste de Premier ministre le 28 février 2020.

Le 16 mai 2022 cependant, le président Sissoco Embaló annonce la dissolution de l'assemblée nationale populaire, qu'il justifie par des « différents persistants et irréconciliables » entre l'assemblée et le gouvernement. Il accuse dans la foulée la législature de s'être transformée en lieu de guérilla politique dans laquelle les députés se livrent à la corruption, au détournement de fond et à l'affaiblissement des institutions de la République. Des élections anticipées sont par conséquent convoquées pour le 18 décembre 2022[3] - [4]. Deux mois avant la date prévue, un report est cependant envisagé pour des raisons logistiques et financières[5]. La veille du 18 décembre, Embaló annonce le report du scrutin au 4 juin 2023 à la suite d'un accord entre les partis politiques et la commission électorale[6].

Mode de scrutin

L'assemblée nationale populaire est composée de cent deux sièges pourvus tous les quatre ans dont cent au scrutin proportionnel plurinominal avec liste bloquée dans vingt-sept circonscriptions plurinominales. À la suite d'une réforme récente, les deux sièges restants sont élus par la diaspora, présente notamment en Afrique et en Europe[7]. Les partis ont l'obligation de présenter des listes de candidats comportant au moins 36 % de femmes dans chacune des circonscriptions[8].

Résultats

Résultats préliminaires des législatives bissau-guinéennes de 2023[9] - [10] - [11]
Parti Voix % +/- Sièges +/-
Coalition plateforme alliance inclusive - Terra Ranka (PAIGC-UM-PCD-PSD-MDG) 264 240 39,42 en augmentation 0,21 54 en augmentation 6
Mouvement pour l'alternance démocratique G-15 (MADEM G-15) 163 509 24,39 en augmentation 3,32 29 en augmentation 2
Parti du renouveau social (PRS) 100 429 14,98 en diminution 6,12 12 en diminution 9
Parti des travailleurs guinéens (PTG) 54 784 8,17 Nv 6 en augmentation 6
Assemblée du peuple uni – Parti démocrate de Guinée-Bissau (APU-PDBG) 29 787 4,44 en diminution 4,03 1 en diminution 4
Résistance de la Guinée-Bissau-Mouvement Bafatá (RGB-MB) 10 989 1,64 en augmentation 0,48 0 en stagnation
Nouveau parti de la démocratie (PND) 7 111 1,06 en diminution 0,44 0 en diminution 1
Front patriotique national du salut (FREPASNA) 6 379 0,95 en diminution 1,36 0 en stagnation
Convergence nationale pour la liberté et le développement (COLIDE) 5 200 0,78 Nv 0 en stagnation
Congrès national africain (CNA) 4 526 0,68 en diminution 0,32 0 en stagnation
Parti africain pour la pais et la stabilité sociale 4 272 0,64 Nv 0 en stagnation
Parti de la lumière 3 021 0,45 Nv 0 en stagnation
Mouvement social démocratique 3 020 0,45 Nv 0 en stagnation
Guiné NOBU 2 600 0,39 Nv 0 en stagnation
Parti de l'unité nationale 2 368 0,35 en augmentation 0,19 0 en stagnation
Parti républicain pour l'indépendance et le développement 2 363 0,35 en diminution 0,09 0 en stagnation
Parti africain pour la liberté et le développement 1 657 0,25 Nv 0 en stagnation
Parti notre terre 1 155 0,17 Nv 0 en stagnation
Parti social démocratique uni 1 070 0,16 Nv 0 en stagnation
Alliance pour la république 757 0,11 Nv 0 en stagnation
Parti du manifeste pour le peuple 717 0,11 en diminution 0,02 0 en stagnation
Centre démocratique 303 0,05 en diminution 0,36 0 en stagnation
Suffrages exprimés 670 257
Votes blancs et invalides
Total 100 102 en stagnation
Abstentions
Inscrits / participation 893 618

Analyse

Selon les quelques 200 observateurs internationaux, le scrutin se déroule sans incident majeur, de manière « libre, transparente et apaisée »[12]. Les élections sont remportées par la Coalition plateforme alliance inclusive - Terra Ranka (Pai-Terra Ranka) menée par le Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC) qui arrive en tête et décroche la majorité absolue des sièges. Le Mouvement pour l'alternance démocratique G-15 (Madem G15) du président Umaro Sissoco Embaló arrive loin derrière en deuxième position, suivie du Parti du renouveau social (PRS). Le Madem G15 aurait souffert des luttes internes au parti ainsi que de l'incapacité du président à résoudre la chute des prix dans le secteur de la noix de cajou, dont la population tire une large part de ses revenus. Le scrutin voit par ailleurs entrer à l'assemblée le Parti des travailleurs guinéens (PTG), créé par le ministre de l'Intérieur Botché Candé[12] - [13] - [14].

Umaro Sissoco Embaló perd ainsi son pari, la dissolution de l'assemblée le met finalement en situation de cohabitation. Durant le dépouillement, il met en garde l'opposition contre toute contestation des résultats et annonce qu'il nommera comme Premier ministre le chef du parti arrivé en tête[15]. Reconnaissant sa défaite après l'annonce des résultats provisoires le 8 juin, il félicite la coalition Pai-Terra Ranka et annonce sa décision de nommer le chef du PAIGC, Domingos Simões Pereira, au poste de Premier ministre, acceptant de revenir sur ses déclarations de rejet de cette option durant la campagne électorale[12] - [16].

Notes et références

  1. « Législatives à Bissau: le PAIGC bien parti pour constituer une majorité avec ses alliés », Journal du Mali, (lire en ligne).
  2. « Guinée-Bissau: courte victoire du parti au pouvoir aux législatives », sur RFI Afrique, .
  3. (en) AfricaNews, « Guinea-Bissau President dissolves parliament, calls for early elections », sur Africanews, (consulté le ).
  4. (en) Reuters, « Guinea-Bissau's president Embalo dissolves parliament, citing corruption », sur Reuters, (consulté le ).
  5. « Guinée-Bissau : risque d’un report des législatives faute de moyens – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com (consulté le ).
  6. « Guinea-Bissau postpones legislative elections », sur www.apanews.net (consulté le ).
  7. Assembleia Nacional Popular (Assemblée nationale populaire Union Interparlementaire
  8. « Guinée-Bissau: La Cour Suprême veut une application efficace du droit de la parité », sur APA news.
  9. (pt) Super User, « Resultado », sur cne.gw (consulté le ).
  10. (pt) « O Resultado das Eleições Legislativas », sur www.cne.gw (consulté le ).
  11. (pt) « Quase 900 000 mil eleitores poderão votar nas legislativas da Guiné-Bissau », sur RFI, RFIpt, (consulté le ).
  12. « Guinée-Bissau : le parti du président Sissoco grand perdant des élections », sur TV5MONDE - Informations, (consulté le ).
  13. « Législatives en Guinée-Bissau: majorité absolue pour l'opposition, selon les résultats provisoires », sur RFI, RFI, (consulté le ).
  14. (pt) « PAI – TERRA RANKA É A GRANDE VENCEDORA DAS LEGISLATIVAS, COM CINQUENTA E QUATRO DEPUTADOS », sur O Democrata GB (consulté le ).
  15. « Guinée-Bissau : la mise en garde du président Embalo – DW – 07/06/2023 », sur dw.com (consulté le ).
  16. « En Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embaló contraint à la cohabitation – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com (consulté le ).
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