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Élection présidentielle libérienne de 2023

L'élection présidentielle libérienne de 2023 se tient les et en même temps que les élections législatives et sénatoriales afin d'élire le président de la république du Liberia.

Élection présidentielle libérienne de 2023
(1er tour)
(2e tour)
George WeahDCD
Colistier : Jewel Taylor
Joseph BoakaiParti de l'unité
Président de la République
Sortant
George Weah
CDC

Le président sortant George Weah, du Congrès pour le changement démocratique (CDC), est candidat à sa réélection.

Contexte

L'élection présidentielle de 2017 donne lieu à une alternance. Le candidat du Congrès pour le changement démocratique (CDC), George Weah est élu au second tour avec une large majorité de plus de 60 % des suffrages exprimés face au candidat du gouvernement sortant, le vice-président Joseph Boakai, membre du Parti de l'unité (UP). Weah hérite d'une économie très peu développée souffrant notamment d'un manque d'infrastructure aggravé par quatorze années de guerre civile de 1989 à 2003. Moins de 2 % de la population a accès à électricité, 94 % des actifs gagnent moins de 2 dollars par jours, dont la moitié dans le secteur agricole, et le pays stagne à la 177ème place sur 188 au classement de l'IDH établit par le programme des Nations unies pour le développement. Après avoir connu un fort taux de croissance jusqu'en 2013, ce dernier s'effondre et devient même négatif en 2016[1].

Ancien joueur de football professionnel, George Weah est le deuxième Libérien issu des populations autochtones à accéder à la présidence[2]. Dès le début de son mandat, il met en œuvre des propositions d'amendements de la constitution visant notamment à autoriser la binationalité et à réduire la durée des mandats du président ainsi que des parlementaires, qu'il soumet aux deux chambres du Parlement. Après plusieurs mois de débats houleux qui font craindre un échec du projet[3], ces dernières les adoptent finalement en session conjointe le 30 septembre 2019. L'amendement de l'article 50 sur la durée du mandat du président fait l'objet de critiques en raison de contradictions qui en résulterait avec d'autres articles laissé intacts. L'opposition craint alors que cette incohérence entre articles concernant la durée du mandat du président ne serve un jour de prétexte à George Weah pour faire valider une candidature à un troisième mandat. Ce dernier rejette ces accusations, tandis que l'opposition appelle à voter contre l'amendement[4] - [5] - [6].

Le référendum constitutionnel organisé le 8 décembre 2020 voit l'ensemble des propositions approuvées à une majorité absolue des suffrages exprimés, sans qu'aucune d'entre elles ne parvienne cependant à franchir le quorum exigé des deux tiers de ces mêmes suffrages, ce qui en rend le résultat invalide. Le manque d'information des électeurs quant aux effets et enjeux des amendements conduit à un faible taux de participation de seulement un tiers des inscrits, avec de surcroit un nombre de votes blancs et nuls par proposition dépassant quasi systématiquement celui des votes valides[7] - [8] - [9] - [10]. Les élections sénatoriales organisées le même jours se révèlent par ailleurs un revers pour le parti de George Weah. Malgré une légère progression, le CDC ne parvient pas à s'imposer face à une partie de l'opposition réunie au sein de la coalition Collaboration des partis politiques[11] - [12].

Après avoir suscité de très grand espoirs chez les classes défavorisées lors de son élection en 2017 dans un contexte économique très défavorable, George Weah fait l'objet de critiques au cours de son mandat en raisons d'un nombre jugé peu élevé de promesses tenues. Le président souffre en effet de sa dépendance à un cercle de soutiens politiques dont il ne peut mettre en application de son programme sans les voir mis en difficulté. La lutte contre la corruption, cheval de bataille de sa campagne électorale de 2017, reste ainsi en attente d'application, la corruption ayant au contraire augmentée selon un rapport récent de Transparency International, qui la juge « endémique »[13] - [14]. Le tribunal censé être chargé de juger les crimes de guerre commis au cours des années de guerre civile n'est également pas mis en place, laissant libre l'ancien chef de guerre Prince Johnson, allié de Weah au sénat. Si l'économie connait un léger regain accompagné d'une maitrise de l'inflation, les conséquences économiques de l'invasion de l'Ukraine par la Russie en janvier 2022 touchent le pays, provoquant des difficultés d'approvisionnement en carburant et en riz, aliment de base de la population[13] - [15]. Les difficultés alimentaires provoquent d'importantes manifestations, la situation étant aggravée par une réforme visant à harmoniser les salaires dans la fonction publique qui a eu pour conséquence d'abaisser celui de nombreux fonctionnaires[16]

Le président sortant souffre par ailleurs d'une forte détérioration de son image en raison d'accusations de corruption concernant plusieurs de ses ministres. Toujours très populaire chez les jeunes, Weah est cependant de plus en plus accusé d'être déconnecté des problèmes de la population. Son absence du pays pendant près de cinquante jours fin 2022 pour une série de sommets internationaux ainsi que pour assister à la Coupe du monde de football au Qatar où joue alors son fils Timothy Weah est ainsi mal perçue par la population, de même que son refus de rendre public sa déclaration de patrimoine. Il annonce sa candidature à un second mandat le 30 janvier 2023, lors d'un discours où il met notamment en avant ses réalisations en matière d'infrastructures ainsi que la mise en place de la gratuité de l'instruction publique[15].

Système électoral

Le Président de la république du Liberia est élu au scrutin uninominal majoritaire à deux tours pour un mandat de six ans, renouvelable une seule fois. Si aucun candidat ne recueille la majorité absolue des suffrages exprimés au premier tour, un second est convoqué entre les deux candidats arrivés en tête au premier, et celui recueillant le plus de suffrages l'emporte[17].

Chaque candidat se présente avec un colistier, lui même candidat à la vice présidence. Tous deux doivent être âgés d'au moins trente cinq ans, posséder de naissance la nationalité libérienne limitée aux seuls personnes « négros ou d'ascendance négro » et résider dans le pays depuis au moins dix ans. Leur mandat débute le troisième lundi de janvier de l'année suivant l'élection présidentielle[17].

Le vice président devient de droit le président du Sénat, au sein duquel il ne vote qu'en cas d'égalité des voix pour et contre. Il remplace le président en cas de vacance du pouvoir, jusqu'au terme de son mandat de six ans. S'il devient à son tour candidat à la présidence au cours d'une élection ultérieure, ce remplacement en cours de mandat ne compte pas vis à vis de la limitation à deux mandats. En cas d'empêchement du seul vice président, le président nomme un successeur avec le vote favorable de chacune des deux chambres du parlement. En cas d'empêchement simultané du président et du vice président, le président de la Chambre des représentants devient président par intérim et supervise l'organisation d'une élection présidentielle dans les quatre vingt dix jours[17].

Résultats

Résultats de la présidentielle libérienne de 2023
Candidats
et colistiers
Partis Premier tour Second tour
Voix % Voix %
George Weah
Jewel Taylor
CDC
Joseph Boakai
UP
Alexander Cummings
ANC
Benoni Urey
AL
Autres candidats
Votes valides
Votes blancs et nuls
Total 100 100
Abstention
Inscrits / participation

Notes et références

  1. « Dans quelle situation économique et sociale se trouve le Liberia ? », sur Le Figaro.fr, Le Figaro, (ISSN 0182-5852, consulté le ).
  2. « Liberia: référendum en 2020 sur le mandat présidentiel et sur la double nationalité », L'orient le jour, (lire en ligne).
  3. (en) « Liberia: President Weah-Backed Constitution Amendment Propositions Suffer Setback as Lawmakers Question Legality », FPA, (lire en ligne).
  4. (en) « ‘Loopholes in Referendum’ », sur Liberian Observer, (consulté le ).
  5. « Au Liberia, un référendum test pour le président George Weah », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
  6. (en) « Liberia sets 2020 referendum on presidential terms », Ipotnews, (lire en ligne).
  7. (en) « Liberian Voters Did Not Understand the Referendum », sur allAfrica.com, allafrica, (consulté le ).
  8. (en) « Liberia: Huge Turnover, Poor Education on Referendum in Bomi », sur FrontPageAfrica, (consulté le ).
  9. (en) « Liberia: Analysis of the results of the special senatorial election and referendum », sur Modern Ghana (consulté le ).
  10. (en) « Why Liberians shunned the 2020 referendum — and what’s the future for constitutional change? », sur ConstitutionNet (consulté le ).
  11. « Sénatoriales au Liberia: l'opposition en tête des résultats partiels », sur TV5MONDE, (consulté le ).
  12. AfricaNews, « Résultats partiels : l’opposition libérienne en tête des sénatoriales », sur Africanews, (consulté le ).
  13. « Au Liberia, George Weah candidat à un second mandat – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com (consulté le ).
  14. (so) « Under pressure Liberia President George Weah to seek second term », sur www.aljazeera.com (consulté le ).
  15. « Liberia. Candidat à sa réélection, le président George Weah n’est pas en position favorable ».
  16. (so) « Liberians protest living costs as Weah returns from 48-day trip », sur www.aljazeera.com (consulté le ).
  17. (en) « Constitution », sur www.liberianlegal.com (consulté le ).
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