Église Saint-Théobald de Gillons
L'église Saint-Théobald de Gillons, ou récemment restaurée en tant que Chapelle de Gillons, est une église romane située sur la commune de Châtillon-Saint-Jean[afr 1], dans le département de la Drôme en région Rhône-Alpes.
Église Saint-Théobald de Gillons | ||||
Présentation | ||||
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Culte | Catholique romain | |||
Dédicataire | Saint Théobald | |||
Rattachement | Diocèse de Valence | |||
Géographie | ||||
Pays | France | |||
Région | Auvergne-Rhône-Alpes | |||
Département | Drôme | |||
Ville | Châtillon-Saint-Jean | |||
Coordonnées | 45° 06′ 29″ nord, 5° 07′ 10″ est | |||
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Rhône-Alpes
Géolocalisation sur la carte : Drôme
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Histoire
Fondation
L'établissement était exactement mentionné dans le cartulaire de Romans dès XIIe siècle[bm 1]. Il est possible que cette église fût un prieuré bénédictin et dépendît de l'abbaye de Montmajour[1] - [2]. En effet, il est certain que cette dernière possédait, à cette époque-là, de nombreux prieurés dans la basse vallée de l'Isère[bm 2]. Encore faut-il que soit identifiée la localisation de la villa de Gilgans dans les bulles d'Othon IV et de Frédéric II, en 1210 et 1223, de sorte que cette dépendance soit confirmée[bm 1].
Paroisse de Gillons
Dès le XIVe siècle, l'établissement était une église dépendante de l'archevêque de Vienne[bm 1] - [1] - [2]. Un acte conservé et daté du dans les archives du département de Drôme est le témoignage de la naissance de cette paroisse, sous le règne du roi Charles VIII. En fait, dans la deuxième moitié du XVe siècle, la dynamique du Dauphiné, notamment celle de Valence, était effectivement protégée et assurée des privilèges royaux, en raison de sa fidélité pour l'ancien dauphin Louis XI lors de la difficulté de celui-ci[3] - [4]. En dépit de plusieurs fermetures inattendues, l'église dédiée à saint Théobald (saint Thibaud de Vienne[5]) fonctionnait désormais comme établissement paroissial, jusqu'au milieu du XXe siècle.
Les Guerres de religion provoquèrent une grosse difficulté. Le , l'église du prieuré fut entièrement détruite. Son dégât était si considérable qu'aucun prêtre ne pouvait plus y demeurer et qu'il y était impossible à célébrer la messe[6] - [2].
Les religieux et les habitants n'hésitèrent pas à restaurer l'établissement. Notamment, la paroisse conservait aisément sa liste de curés du début du XVIIe siècle jusqu'en 1792. Dès 1668 à 1793, elle compta 226 baptêmes, 948 mariages ainsi que 521 sépultures. De plus, elle conserve encore la liste de paroissiaux durant ces 126 ans[1].
À la suite de la Révolution, le curé Romain Chaptal prêta serment en tant que fonctionnaire public, le , afin de maintenir les offices[oo 1]. Toutefois, l'église fut vendue en 1797[oo 2]. Si la célébration des offices avait formellement été restaurée en France, le lors de Pâques[7], la paroisse disparut en 1803, vraisemblablement faute de célébrant[oo 3].
Puis, les religieux y rétablirent leur célébration plus tard, en fusionnant la paroisse de Gillons et celle de Saint-Jean-d'Octavéon, le [oo 4]. Elles devinrent à nouveau la paroisse de Châtillon-Saint-Jean[8].
Acte conservé dans les archives départementales de Drôme, traduit par Michel Emerich :
Fondation d'une chapelle, créée à l'intérieur de l'église paroissiale de Gillon, par le vénérable seigneur Pierre Barral, curé dudit lieu de Gillon.
Au nom de Dieu, amen. La splendeur de la gloire du Père, qui illumina le monde de son ineffable clarté, accompagne maintenant les vœux pieux des fidèles de sa clémence, de sa bonté et surtout de sa faveur bienveillante. Considérant que la pieuse humilité des saints est renforcée par les prières et les mérites et que la route du voyage humain est le plus souvent misérable et se déroule pleine de nombreux périls et soumise à des dangers, ainsi donc chaque fidèle sur la route du voyage, en se fortifiant par les œuvres et les prières salutaires, et sui ipsius compar, et pourvu qu'il veille à se tenir loin des ennemis, donne et distribue, dans la mesure de ses forces, les biens temporels, que l'on perd en s'en servant et qui, si l'on les convertit en un usage plus pieux, reçoivent au centuple, pour la gloire et l'honneur de celui con...en dare bien au contraire, il donne et distribue vraiment tout ex ejus viribus.
Qu'à tous, présents et futurs, il apparaisse clairement et soit connu que, en l'an de grâce et de l'Incarnation du Seigneur 1492 et l'avant-dernier jour du mois de juin, en présence conjointe du notaire public et des témoins sous-mentionnés, appelés et spécialement requis pour cela, se constitua et présenta personnellement vénérable seigneur Pierre Barral, curé de l'église paroissiale de Gillon, du mandement de Châtillon, doicèse de Vienne.
Soucieux, [et] comme on dit, étant attentif en cette affaire et, sans considération pour lui-même, juegeant par examen et réflexion prévoyante que, parmi toutes les œuvres salutaires de charité par lesquelles on obtient que les péchés soient effacés par la grâce divine et que par l'intercession des saints la rémission des autres peines soit accordée, on distingue principalement et incontestablement l'offrande des sacrifices et la pratique fréquente de la prière effectus, et surtout la célébration de la messe où sont réellement consacrés le corps et le sang de Notre Seigneur Jésus-Christ, en rémission des péchés, où [sont offertes] la louange la plus humble et le sacrifice le plus grand, où le vrai Dieu est offert au vrai Dieu pour l'espérance et la rédemption des âmes pour lesquelles il est offert, alors assurément ledit seigneur Pierre Barral, animé par une divine inspiration, conduit par la pieuse considération de ce qui précède et en outre désireux de transformer des [biens] terrestres passagers en profit d'éternelle félicité et de pouvoir de manière salutaire et gracieuse et, comme on dit, en toute connaissance, au salut de son âme et de celles de ses parents, dont il a le souci, autant qu'il sera possible, avec [l'aide de] Dieu, pour la louange et la gloire du Sauveur et Créateur de toutes choses et de sa Mère, la très glorieuse Vierge Marie et de toute la cour céleste, et ainsi, avec le secours du culte divin, pour le salut [et] le soin des âmes, il fonda, institua ainsi qu'établit comme suit et, par la présente teneur, fonde, institue et établit, du mieux qu'il pourra et devra, une chapellenie perpétuelle, dans la capelle ou turbina de Sainte Croix, dans l'église paroissiale dudit lieu de Gillon, sous le vocable spécial de cette Sainte Croix, et à l'autel de cette chapelle que ce seigneur Pierre fit édifier et desservir dans celle-ci par le recteur qui aura été présenté et institué dans la susdite chapelle.
À charge de trois messe hebdomadaires pour le recteur actuel de cette chapelle, qui doit être présenté et désigné par le patron comme ci-dessous, ou sinon pour un autre prêtre apte à les célébrer avec régularité et dévotion, et aussi sous les conditions, dispositions et autres [clause] écrites ci-dessous, venant du susdit fondateur [ainsi que] tendant à la durabilité perpétuelle de cette chapellenie.
Le susdit seigneur Pierre Barral, fondateur de ladite chapellenie, voulant vraiment et ordonnant expressément que, de ces trois messes susdites hebdomadaires devant être ainsi célébrées à perpétuité et [à] ladite chapellenie et [à] l'autel susdit, la première de celles-ci soit dite chaque dimanche de officio feriali à la pieuse intention et pour le salut et le profit du susdit seigneur Pierre Barral, donateur de ladite chapellenie, et également de ses bienfaiteurs et dont il a le souci ; que, dans ladite chapellenie et à l'autel de la sainte Croix, après la célébration de cette messe, le prêtre l'ayant célébrée soit tenu et ait l'obligation de faire une commémoration spéciale de et pour le fondateur et donateur [ainsi que] autres bienfaiteurs de cette chapellenie et défunts désignés [et] ensuite, s'il peut le aire dans des conditions convenables, dire pieusement sur la tombe dudit fondateur pour lui et ses autres parents un « libera me », avec répons, verset et un « Pater noster » en commun.
Que la deuxième des messes soit célébrée perpétuellement comme suit, chaque lundi de mars à l'intention du susdit seigneur Pierre Barral, fondateur, et des siens avec pareillement commémoration et aspersion d'eau bénite sur ladite tombe X ; que la troisième des messes soit célébrée chaque vendredi de la Sainte Croix, à l'intention du susdit seigneur Pierre Barral et des siens, avec aspersion susdite d'eau bénite sur ladite tombe du seigneur fondateur, ayant une grande confiance, à propos de tout cela, en la bienveillante confirmation ou autorisation du révérend père dans le Christ, l'archevêque du lieu ordinaire de Vienne, .........
- Maintenant était évident l'établissement de la paroisse de Gillon(s) sous l'autorité de l'archevêque de Vienne. Cela explique effectivement que l'église se consacrait dorénavant à saint Théobald, ancien évêque de Vienne. L'acte déterminait encore le détail de cette paroisse avec une immense précision, en répétant item.
De nouveau ruine au XXe siècle
Bien que l'établissement fût possédé par la maison du Bouchage depuis 1793[oo 5], le curé de Saint-Jean continuait occasionnellement les offices envers et contre tout.
Un violent orage détruisit brutalement l'édifice en 1952 et fit terminer définitivement la célébration de la messe[8]. L'établissement fut trop endommagé pour soutenir la cloche. Aussi cette dernière fut-elle l'année suivante descendue et transportée vers l'église de Châtillon-Saint-Jean[1].
Dans l'Atlas de la France romane publié en 1995 par l'Éditions Zodiaque, l'église Saint-Théobald de Gillons était classée comme église entièrement romane et ruinée[afr 2].
Restauration
À la suite du décès de la dernière héritière du château de Triors ainsi que de cet établissement, Mademoiselle la comtesse Eglé de Gratet du Bouchage, la ruine fut octroyée en 1977 au propriétaire et restaurateur d'un autre bâtiment historique situé près de l'église, la Maison forte de Clérivaux datée du XIIIe siècle. Quoique le testament ne lui demandât aucune obligation, le couple Josquin décida de restaurer cette église. Les travaux durèrent trois ans, entre 2006 et 2009, et la restauration fut soigneusement effectuée, sans profiter des matériaux modernes et industriels. Après cette réhabilitation, l'église fut à nouveau inaugurée en tant que chapelle de Gillons[1].
Si cette chapelle reste établissement privé, celle-ci est régulièrement ouverte afin d'être patrimoine vivant. D'une part, il s'agit de la célébration religieuse tel le mariage, fonction depuis sa fondation. D'autre part, plusieurs expositions et concerts y sont proposés toute l'année[9].
Soutiens officiels
- Communes de Châtillon-Saint-Jean, de Montmiral ainsi que de Triors
- Département de Drôme
- Société de sauvegarde des monuments anciens de la Drôme
- Communauté européenne
Architecture
Comme la toponymie suggère que l'origine de Triors, commune voisine, peut être attribuée aux peuples celtes (le terme tri signifiait pays, territoire tels Tricastins)[10], l'inauguration de l'édifice de Gillons aussi pourrait remonter à cette époque.
Liste de curés de Gillons
Selon le site de l'association de chapelle[1] :
- 1498 - : Pierre Barral
- —
- avant 1625 : Ullion
- 1650 - : Henri Sozin
- 1668 - 16.... : Dominique Blain
- 1690 - 1694 : Pierre Griotter
- 1694 - 1712 : Étienne Genissieu
- 1713 - 1724 : Benoît Gaythier (Gaissier)
- 1724 - 1743[oo 6] : Davenas
- 1743 - 1747 : Chandon[oo 7]
- 1747 - 1749 : Pierre Chaptal
- 1749 - 1775 : Laurent Belle
- 1775 - 1792 : Romain Chaptal
- —
- 1804 ? - : Pierre-Antoine Délaye
Bibliographie
- Guy Barruol, Dauphiné romane, p. 234 Église Saint-Théobald de Gillon, collection La Nuit des temps n° 77, Éditions Zodiaque, Saint-Léger-Vauban 1992 (ISBN 2-7369-0193-2)[afr 3]
Document audiovisuel
- Gillons, Renaissance d'une Chapelle, 1 DVD, Association « Pour Gillons », Châtillon-Saint-Jean,
Voir aussi
Liens externes
Références bibliographiques
- Pauline de La Malène, Atlas de la France romane, Éditions Zodiaque, Saint-Léger-Vauban 1995 (ISBN 2-7369-0217-3) 333 p.
- p. 31 et 125
- p. 35
- p. 125
- Les Bénédictins de Montmajour et leurs dépendances dans la province ecclésiastique de Vienne, dans Les Cahiers de Léoncel n° 19, L’environnement religieux médiéval dans le Bas-Pays (Colloque d') [lire en ligne]
- p. 66, note n° 60
- p. 53 et 64
- Cyprienne Charvin, Jacqueline Chevalier et Marie-Françoise Chomel, On l'appelait « OCTAVEON », La véritable histoire de Châtillon-Saint-Jean, Groupe Informations et Loisirs, Châtillon-Saint-Jean 2008 (ISBN 978-2-7466-0166-6) 156 p.
- p. 77
- p. 51
- p. 52
- p. 52
- p. 49
- ou 1745 (p. 50)
- ou 20 septembre 1745 - 20 octobre 1747 (p. 50)
Notes et références
- « Accueil », sur gillons.fr (consulté le ).
- « Pour Gillons », sur Wikiwix (consulté le ).
- Ordonnances des roys de France de la troisième race : Ordonnances rendues depuis le mois de mars 1482 jusqu'au mois d'avril 1486. 1835, , 936 p. (lire en ligne), p. 159.
- Ordonnances des roys de France de la troisième race : Ordonnances rendues depuis le mois de mars 1482 jusqu'au mois d'avril 1486. 1835, , 936 p. (lire en ligne), p. 188.
- « Saint Thibaud de Vienne », sur cef.fr (consulté le ).
- https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5432679v/f220.image Bulletin de la Société d'archéologie et de statistique de la Drôme, tome 19, p. 213 - 214, 1885
- Denise Launay, La musique religieuse en France du Concile de Trente à 1804, Société française de musicologie, Paris 1993, p. 483 et 491
- http://www.journeesdupatrimoine.culture.fr/lieu/chapelle-de-gillons Journées du patrimoine 2014
- http://www.ladrometourisme.com/fr/je-prepare/lieu-de-visite/chateau-et-monument--sitrapcu612618--chapelle-de-gillons--chatillon-saint-jean.html Agence de Développement Touristique de la Drôme
- Revue drômoise : archéologie, histoire, géographie, , 468 p. (lire en ligne), p. 102.