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Église Saint-Martial de Paunat

L'église Saint-Martial se trouve dans la commune de Paunat, dans le département de la Dordogne.

Église Saint-Martial
Image illustrative de l’article Église Saint-Martial de Paunat
Présentation
Nom local Église Saint-Martial
Culte Catholique romain
Type Église paroissiale
Rattachement Évêché de Périgueux
Début de la construction XIIe siècle
Fin des travaux XVe siècle
Style dominant Roman
Protection Logo monument historique ClassĂ© MH (1956, Ă©glise)
Logo monument historique Inscrit MH (1959, Terrain)
GĂ©ographie
Pays Drapeau de la France France
RĂ©gion Nouvelle-Aquitaine
DĂ©partement Dordogne
Ville Paunat
CoordonnĂ©es 44° 54′ 18″ nord, 0° 51′ 32″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : Dordogne
(Voir situation sur carte : Dordogne)
Église Saint-Martial
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Église Saint-Martial

L'église fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le . Le terrain aux abords[1] fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le [2].

L'Ă©glise Ă©tait l'abbatiale d'une des plus anciennes abbayes du PĂ©rigord.

Historique

La tradition donne la fondation de Paunat au VIe siècle par saint Cybard qui serait natif de Trémolat, village situé à proximité et où ses parents avaient été enterrés. Saint Cybard aurait alors donné le monastère aux religieux de Saint-Martial de Limoges. Cependant les documents originaux de fondation ont disparu. Ceux relatifs à la fondation de Paunat qui nous sont parvenus sont deux actes douteux : le testament de Saint-Cybard qui est presque certainement apocryphe et la lettre d’Agius, moine de Vabres en Aveyron, qui est peut-être une compilation tardive.

La première source écrite concernant cet établissement provient de l’abbaye Saint-Martial de Limoges dont dépendait Paunat. Il s’agit d'une charte de donation du monastère de Paunat construit en l'honneur du Saint Sauveur et de Saint Benoît, ainsi que ses dépendances, à Saint-Martial de Limoges par David et son épouse Bénédicte. On n'en conserve que des copies médiévales. La datation de ce document pose cependant problème. Son interprétation a fait dater la fondation de 804 dans un premier temps, mais cette date étant liée à un empereur Charles (Charlemagne, Charles II le Chauve, Charles III le Gros ?), elle pourrait être aussi 888, mais d'autres éléments rendent improbables cette dernière date. Une analyse plus récente propose de situer cette donation au moment de la fondation de l'abbaye bénédictine de Saint-Martial de Limoges, soit au printemps 848, Charles le Chauve étant alors roi de Francie. Le nom du premier témoin de la charte est en effet aussi celui du premier abbé de Saint-Martial de Limoges, probablement imposé par Charles le Chauve, Dodon de l'Abbaye de Saint-Savin-sur-Gartempe. La date des copies serait donc corrompue par l'ajout d'une référence à un titre d'empereur, alors que Charles n'était encore que roi à ce moment-là.

En 848 Charles le Chauve accorde quelques privilèges au monastère de Paunat qui est reconnu être une possession de Saint-Martial de Limoges.

On place souvent la date de destruction de l'abbaye par les Normands en 849, mais elle est incertaine, on sait que les Normands sont encore présents en 860 en Aquitaine, et que Pépin II d'Aquitaine en lutte contre Charles l'Enfant et Charles le Chauve va prendre des Normands comme mercenaires en 864. Par ailleurs, en 861 ou 862, l'abbé de Paunat, Adalgasius, et ses moines errants ne sont toujours pas de retour dans leur abbaye. Ils fondèrent avec Raymond, marquis de Toulousain, l'abbaye de Vabres, en Rouergue.

En 856, il y a eu un don fait à Abbon, abbé de l'église Sainte-Radegonde à Milhac-d'Auberoche.

Après le retour des moines à Paunat, le monastère a été reconstruit. En 963, la charte de fondation de l'abbaye du Bugue, en Périgord, mentionne l'abbé de Paunat, Guigue, et les moines de son monastère.

En juillet 991, Frotaire, évêque de Périgueux, accorde un privilège d’exemption au monastère de Paunat à l’occasion de la bénédiction de l’église.

En 1008, le porteur du rouleau des morts venant de l’abbaye Sainte-Marie de Ripoll après le décès de l'abbé Seniofredus mentionne qu’il s’est arrêté à "Saint-Sauveur de Paunat où Saint Junien repose, inhumé".

L'abbaye a été érigée en prévôté à une date inconnue mais les textes d'acquisition de l'église de Celle, en Saintonge, nous donnent le nom du prévôt Hugues, en 1080. Un bref du pape Urbain II daté de 1097 envoyé à Adémar, abbé de Saint-Martial de Limoges, cite la prévôté de Paunat et ses dépendances parmi les possessions de son abbaye. Le monastère de Paunat comprenait 16 moines.

En 1135, Bernard d'Auberoche, prévôt de Paunat, devient abbé d'Uzerche.

On ne possède aucun document permettant de préciser l'histoire de l'abbaye au XIIe et XIIIe siècles, au moment où se reconstruit l'église actuelle.
Le clocher-porche actuel a dû être reconstruit au début du XIIe siècle. Son plan peut être rapproché de celui du clocher-porche de Saint-Étienne de la Cité de Périgueux retrouvé au cours des fouilles.
La construction a dĂ» se poursuivre par le chĹ“ur, voĂ»tĂ© en style angevin. Puis le transept a Ă©tĂ© ajoutĂ© comme le montre le raccordement des murs des croisillons sur ceux du chĹ“ur. Certains historiens ont dĂ©duit de la dĂ©couverte d'une piscine liturgique dans le mur oriental du croisillon nord que l'Ă©glise avait Ă©tĂ© construite avant la fin du XIIe siècle, arguant que le pape Innocent III avait rĂ©digĂ© une ordonnance la rendant inutile. On constate que les murs ouest des croisillons ont une Ă©paisseur importante (2,50 m) sans qu'on en sache la raison.
Dans son livre sur "L'architecture byzantine en France"[3], en 1851, Félix de Verneilh affirmait que la nef avait été voûtée avec des coupoles. C'est une hypothèse qui reste non vérifiable et qui est probablement due à la proximité de l'église Saint-Nicolas de Trémolat, proximité géographique et de style.

  • Le chĹ“ur avec sa voĂ»te de style PlantagenĂŞt
    Le chœur avec sa voûte de style Plantagenêt
  • L'ancien sol dans le croisillon nord du transept avec piscine liturgique
    L'ancien sol dans le croisillon nord du transept avec piscine liturgique
  • VoĂ»tes du chĹ“ur et du transept
    Voûtes du chœur et du transept

Visite de l'archevĂŞque de Bordeaux, Bertand de Got, en 1304.

La guerre de Cent Ans va entraîner de nombreuses destructions dans la région qui vont réduire les revenus du monastère. Geoffroy Morcelli, prévôt de Paunat, s'en plaint au cours d'un chapitre, en 1339, à l'abbaye Saint-Martial de Limoges. Il indique qu'il est difficile aux moines d'y vivre sous l'occupation anglaise et qu'elle a ruiné la nef. Pour permettre de maintenir la vie monastique à Paunat, il demanda l'union du prieuré de Tayac à la mense du monastère. Cette union a été faite en 1349. À cette date, les prieurés dépendant de Paunat sont Le Fleix, Ribagnac, Saint-Nazaire, Monfaucon Tayac ainsi que des églises. Aucun texte ne permet de savoir précisément quelles destructions ont été faites par le passage des troupes.

Mais en 1463, un contrat est passé entre le seigneur de Saint-Alvère, Jean II Adhémar de Lostanges, et le prévôt de Paunat, Géraud de Malaumont, autorisant le monastère à prendre du bois dans la forêt de Puydarèze pour reconstruire le monastère et réparer l'église. La nef est reconstruite et renforcée par de gros contreforts extérieurs. La voûte du chœur ainsi que la coupole de la croisée ont certainement dû être refaites.

En 1524, Alain de Ferrières, prévôt de Paunat, devient abbé de Saint-Amand-de-Coly.

En 1550, Guillaume Vergnole, prévôt de Paunat, assiste aux États du Périgord qui se sont tenus à Sarlat.

Vers 1551, nouveau pillage du monastère. Les seigneurs de Limeuil convertis au protestantisme s'emparèrent des biens du monastère jusqu'en 1656. Ses revenus vont être très réduits ne permettant plus d'entretenir correctement les bâtiments. Le cardinal de Bouillon devient prévôt de Paunat en 1656[4].

Au cours de la visite canonique de Mgr Le Boux, en 1688, il a Ă©tĂ© notĂ© : « seul le sanctuaire est bien conservĂ©, mais la nef n'est lambrissĂ©e qu'Ă  moitiĂ©, et, elle n'est ni pavĂ©e ni vitrĂ©e ».

Jacques de Lasserre devient prĂ©vĂ´t de Paunat en 1696. Il l'unit en 1702 au grand sĂ©minaire de PĂ©rigueux. Ă€ sa mort, en 1715, c'est le supĂ©rieur du grand sĂ©minaire de PĂ©rigueux qui devient le prĂ©vĂ´t de Paunat. Un Ă©tat de l'Ă©glise a alors Ă©tĂ© dressĂ© notant que l'Ă©glise avait Ă©tĂ© « recouverte Ă  neuf aux frais et dĂ©pens du dĂ©funt Jacques de la Serre ».

Ă€ la veille de la RĂ©volution, le monastère de Paunat n'Ă©tait plus très actif. En 1789, il y a une Ă©meute contre Jean-Baptiste Lasserre, syndic de la Mission en faveur de Sainte-Marie. Il avait fait depuis 1787 des rĂ©clamations des arrĂ©ages de rentes qui Ă©taient dus. Du au , les bancs de l'Ă©glise sont brĂ»lĂ©s. Des travaux sont faits au XIXe siècle dans l'Ă©glise pour la maintenir hors d'eau et permettre l'exercice du culte. Comblement en pierres sèches sur 2,80 m d'Ă©paisseur sur le sol d'origine, percement du mur du chevet en coupant le contrefort mĂ©dian pour y installer une fenĂŞtre et le vitrail de l'Assomption de la Vierge. On trouve dans les archives du dĂ©partement de la Dordogne de 1845 :"la voĂ»te de la nef est entièrement dĂ©truite, il n'en reste que la naissance, colonnes adossĂ©es, ..., transept intact".

Vitrail de l'Assomption de la Vierge dans le chœur
Les voûtes de la nef après restauration

En 1875, aucun des travaux nécessaires n'ont été faits et un rapport fait à cette date en ajoute d'autres. Visite de l'évêque de Périgueux, Mgr Dabert, en 1875.
Un inventaire fait en 1905 mentionne que "l'église restaurée il y a moins de cinquante ans semble neuve". Il semble donc que les travaux ont été faits sur la nef après la visite de Mgr Dabert, les voûtes de la nef ont été refaites en briques et ses murs gouttereaux ont été rehaussés de m (et non 1804 comme noté par Jean Secret dans "Périgord roman"). De nouvelles cloches sont mises en place en 1896.

Rien n'est fait pour l'entretien de l'église au début du XXe siècle. Elle est inscrite à l'Inventaire supplémentaire en 1948 et est classée Monument historique en 1956. Les premiers travaux de restauration sont entrepris à la fin des années 1970. Les travaux de réfection du toit sous la direction de l'architecte en chef des Monuments historiques Bernard Fonquernie sont terminés en 1975. En 1990, une tranche importante des travaux est terminée. Les voûtes de la nef sont remplacées par les seules ogives. La statue du Christ faite par Mic Bertincourt et offerte par Alain Predo est mise en place dans le chœur en 1994. Les deux fenêtres du chœur qui avaient été fermées quand avait été ouverte la fenêtre centrale ont été rouvertes.

En 2010 des travaux sont en cours sur le mur nord de la nef.

Remarque : Gallia christiana donne le nom de deux abbés de Paunat entre 804 et 849. Après la restauration de Paunat par Frotaire, évêque de Périgueux, vers 980, les abbés ont été remplacés par des prévôts, jusqu'à l'union de la prévôté de Paunat au grand séminaire de Périgueux en 1703[5].

Architecture

Chevet de l'Ă©glise

L'Ă©glise est construite en croix latine.
Dans une région troublée, l'architecture de l'église avait été conçue pour servir de refuge éventuel aux moines et aux habitants de Paunat.

L'église actuelle présente un chœur rectangulaire qui date du XIIe siècle et qui a été voûté d'ogives de style angevin au XIVe siècle. Le transept a dû être construit peu après. Une vaste chambre de défense avait été prévue au-dessus des voûtes du chœur et du transept. Il est probable que celle-ci se prolongeait au-dessus de la voûte de la nef jusqu'au couloir qui existait dans le clocher-porche.

La nef actuelle a été construite au XIVe siècle et les voûtes d'ogives qui la couvrent ont été refaites en briques au XIXe siècle.

Clocher-porche

Quant au clocher-porche, il n'a subi aucun remaniement depuis son édification au début du XIIe siècle. Son plan rappelle celui du clocher-porche de l'ancienne cathédrale Saint-Étienne-de-la-Cité à Périgueux redécouvert par des fouilles en 1927.
C'est la partie la plus intĂ©ressante de l'Ă©glise. Sur une base extĂ©rieure sensiblement carrĂ©e, le niveau intĂ©rieur infĂ©rieur est constituĂ© d'une travĂ©e circulaire ouverte sur quatre portes en plein cintre et couverte d'une coupole. Au-dessus de la coupole se trouve une salle Ă  laquelle on accĂ©dait par une porte se trouvant Ă  6 mètres de hauteur sur le cĂ´tĂ© sud-est de la tour. Autrefois, un couloir et une baie permettait de communiquer avec la nef romane de l'Ă©glise. Cette salle est voĂ»tĂ©e par une coupole très accentuĂ©e, unique en PĂ©rigord, car elle part d'une section carrĂ©e pour se transformer progressivement en section circulaire. Un plancher en bois devait couper ce volume.

Dimensions principales

Longueur totale dans l'Ĺ“uvre : 46 m
Dimensions du sanctuaire : 9 x 8 m
Longueur de la nef : 22 m
Largeur de la nef : 7,70 m
Largeur du transept : 22 m
Diamètre de la coupole de la croisée : 7 m
Hauteur à la clé de la coupole : 18,50 m
Hauteur à la clé des grands arcs : 14 m
Diamètre intérieur du porche : 6 m
Hauteur du clocher : 25 m

Notes et références

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean François Boyer, « La donation du monastère de Paunat en PĂ©rigord et l’institution de l’abbaye bĂ©nĂ©dictine de Saint-Martial de Limoges en 848 », dans Regards croisĂ©s sur le monument mĂ©diĂ©val. MĂ©langes Claude Andrault-Schmitt, M. Angheben, P. Martin, E. Sparhubert (dir.) Brepols, Turnhout, 2018, p. p. 17-25.
  • Paunat et TrĂ©molac, dans FĂ©lix de Verneilh, L'architecture byzantine en France, Librairie archĂ©ologique V. Didron, Paris, 1851, p. 208-211 (lire en ligne), planches 11 (voir)
  • Anne-Marie Pecheur, L'Ă©glise de Paunat, p. 97-111, dans Congrès archĂ©ologique de France. 137e session. PĂ©rigord Noir. 1979, SociĂ©tĂ© Française d'ArchĂ©ologie, Paris, 1982.
  • Jean Secret - PĂ©rigord roman - p. 201-206 - Éditions Zodiaque (collection "la nuit des temps") - La Pierre-qui-Vire - 1968.
  • Dictionnaire des Ă©glises de France, Belgique, Luxembourg, Suisse- Guyenne (Tome III-B), Robert Laffont, Paris (France) ; p. 113-114.

Article connexe

Liens externes

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