Église Saint-François (Saronno)
L’église Saint-François (en italien Chiesa di San Francesco), dont les origines remontent au XIIIe siècle, est la plus ancienne église de Saronno (province de Varèse) en Italie.
Historique
L'église aujourd'hui dédiée à Saint-François était initialement dédiée à saint Pierre ; les premières informations à son sujet remontent à 1154[1]. Elle est devenue une nécropole pour les habitants de Saronno et, au XIIIe siècle, a accueilli les Frères Mineurs, disciples de Saint-François. Le vicaire ou le curé de Saronno ont conservé les droits paroissiaux sur le maître-autel pendant plusieurs siècles, même si l'église a reçu les privilèges d'une église régulière. En 1570, saint Charles Borromée décida de remédier aux différends qui avaient surgi entre le curé et les frères en transférant les droits de la paroisse à l'église de Saint-Marie, aujourd'hui dédiée aux saints Pierre et Paul, et en dédiant l'ancienne église à saint François[2]. Le monastère franciscain a été supprimé par les Français à la fin du XVIIIe siècle et l'église, le monastère et les biens de l'ordre ont alors été vendus. L'église est ensuite passée entre plusieurs mains jusqu'à ce qu'elle soit confiée au curé prévôt de Saronno au milieu du XIXe siècle. C'est dans cette église que fut fondé en 1850 par Monseigneur Angelo Ramazzotti, le PIME (Institut pontifical pour les missions étrangères), ensuite tranféré à Milan[2]. En 1931, l'église est classée monument national[1]. L'église a subi plusieurs restaurations et interventions au cours du XXe siècle. Ces dernières années, elle a fait l'objet d'importants travaux de restauration : en 2021, le dernier chantier de la nef centrale et de la contre-façade a été ouvert sous la direction de l'architecte Carlo Mariani.
Architecture
L'église donne sur la place du même nom : la façade date du XVIIIe siècle, tandis que la porte principale de l'ancien couvent franciscain, aujourd'hui une résidence privée, s'ouvre sur le bâtiment attenant. Dans les deux niches situées à côté de la fenêtre centrale, on aperçoit les deux statues de Saint François et de Saint Antoine de Padoue, réalisées en 1774 en pierre calcaire, fortement endommagées et donc remplacées en 2004. La corniche orne le devant des versants du toit, là où le parcours sinueux converge vers le haut, juste au-dessus de la longue corniche qui relie les piliers et les pinacles. La façade telle que nous la voyons aujourd'hui est le résultat d'une rénovation du XVIIe-XVIIIe siècle. La partie centrale, datant du XVIIe siècle, est définie par deux pilastres monumentaux. Des chapiteaux ioniques soutiennent une architrave classique qui termine par des cuspides pyramidales. Les volutes des chapiteaux ioniques sont reliées par une frise florale formée par une guirlande de lys. Les deux portails latéraux peuvent être datés de la même période avec un motif décoratif similaire. Le sommet de la façade centrale, qui se poursuit sur les deux parties latérales, témoigne une intervention du XVIIIe siècle (vers 1750).
Chapelles latérales de droite
1 – Chapelle de l’Ange Gardien (XVe siècle) : Sur les piliers figurent des représentations de sainte Lucie et de sainte Catherine.
2 – Chapelle du Crucifix : Anciennement dédiée à l'Annonciation, elle porte une statue en bois (de la fin du XVIe siècle). La chapelle était le patronage de la famille Visconti (1552), déjà propriétaire du palais Visconti de Saronno. Sur la voûte on en aperçoit le blason, flanqué à celui de la famille Rossi de Parme. Sur les piliers on trouve représentés saint Henri empereur, un évêque et, en face, saint Defendente martyr.
3 – Chapelle de Saint-Charles : La fresque du saint fut commandée par Angelo Ramazzotti au XIXe siècle. À l'origine, elle était dédié aux apôtres Philippe et Jacques et au patronage de la famille Borroni, les fresques remontent à 1607. Sur les piliers quelques Martyrs franciscains.
4 – Chapelle de Saint-Antoine-de-Padoue : La gloire de Saint-Antoine est de Stefano Maria Legnani dit le Legnanino. Les fresques sont de Jean-Baptiste et Jérôme Grandi tandis que les deux ovales sur toile sont d’Andrea Porta. Sur les piliers quelques Martyrs du Maroc.
5 – Chapelle de Saint-Jean-Baptiste : Chapelle de patronage de la famille Reina[3] ; dans la voûte on remarque les armoiries des familles Carcano, Crivelli, Zerbi et Lucini. Peinte à fresque en 1605 avec des scènes de la vie du Baptiste et avec sainte Catherine de Sienne et sainte Apolline. Dans les ronds saint Blaise et sainte Agathe. Le retable représente saint Mammès (dans l'acte de baptiser un groupe de fidèles) dans l'acte d'offrir du lait, attribut typique de l'iconographie du Saint (1700). Sur les piliers saint Jérôme, saint Gothard, saint Adjutor (martyr du Maroc).
6 – Chapelle dédiée un temps aux saints Côme et Damien (1570).
7 – Atrium de la sacristie.
8 – Sacristie.
9 – Clocher : en parcourant les escaliers qui serpentent sur le clocher, on peut encore apercevoir les anciennes structures qui permettaient l’accès à l’église du couvent adjacent. Suggestive le grenier, qui permet une visite “au-delà de la fresque”, permettant de saisir les transformations de l'édifice au cours des siècles.
10 – Plaque qui rappelle la fondation du PIME (Institut Pontifical Mission Étrangère) à œuvre de Angelo Ramazzotti (1850).
Presbytère et abside
11 – Presbytère : l'arc qui ouvre le presbytère porte l’Annonciation peinte par Luini. La voûte avec des symboles de l'Eucharistie est de Tommaso Legnani. Les œuvres placées sur les parois latérales, œuvres du Lanzani (1650-1712), représentent « Moïse qui implore la manne » et, à gauche de l’autel, « Moïse qui fait jaillir l'eau ». À la suite des récentes restaurations, sur l'arc au centre du presbytère est maintenant visible la date 1635 et le blason de la famille Campi.
12 – Abside et chœur : dans l'abside, ovale avec Saint-François qui reçoit les stigmates (notez le détail du clou dans les mains du Saint). Dans les quatre médaillons : l'Obéissance, la Pauvreté, la Chasteté et la Pénitence, œuvres de Lanzani. Le chœur en bois du XVIIIe siècle a été relocalisé à Saint-François à la fin du XXe siècle après les spoliations du XVIIIe - XIXe siècle.
Chapelles de gauche
13 – Chapelle du Saint-Rosaire : La Vierge à l'Enfant (XVIe siècle), entourée par les mystères du Saint-Rosaire, est une œuvre d'Aurelio Luini, fils du célèbre Bernardino. Sur le pilier : le célèbre docteur Lirano, franciscain du XIVe siècle et en face de Sainte-Madeleine.
14 – Chapelle de Sainte-Catherine : À la place du retable se trouve « L'extase de saint Joseph de Cupertino » et les statues de Saint-Antoine et Saint-Roch. Sur les piliers Saint-Louis-d'Anjou, évêque, Sainte-Lucie.
15 – Chapelle de l'Immaculée : La chapelle, est surmontée d'une coupole octogonale du XVIe siècle, portant les peintures des quatre Docteurs de l'Église, avait une abside plus large abattue au XIXe siècle pour élargir la voie surplombant. La statue de Marie-Immaculée (1712) fut transportée dans l'église prévôtale des Saints-Pierre et Paul après la suppression napoléonienne. On peut admirer les statues de Notre-Dame-de-la-Peine, de Saints-Charles, et Saint-Ambroise. Sur les piliers : Sainte-Marthe, Sainte-Ursule, Sainte-Marguerite et la figure d’un Évêque, émergée au cours des ouvrages de restauration de 1990.
16 – Chapelle de saint Martin de Tours : Patronage de la famille Visconti. Il y a une statue de saint Joseph. Sur les piliers Saint Louis, roi de France, et Saint Jérôme.
17 – Chapelle de la Piété (cappella del compianto) : On y trouve le « Défunt », magnifique groupe de statues en bois œuvre de la fin du XVe siècle / début du XVIe siècle. Le groupe est composé des statues de Marie avec le Christ mort, Saint-Jean et la Madeleine[1]. L'œuvre est attribuée par certains à Andrea Corbetta, actif dans le Sanctuaire voisin de la Sainte-Vierge-des-Miracles. Sur la voûte, œuvres de A. Bianchi (1605)
18 – Chapelle de saint Joseph de Cupertino (originellement dédiée à Sainte-Ursule) : On peut admirer une toile, attribuée à Bellotti de Busto Arsizio, dépeignant saint Joseph de Cupertino et la possédée.
Nef centrale : L'Apothéose franciscaine
Le cycle de fresques fut commandé par le père gardien Gerolamo Maderna à Giovanni Ambrogio Legnani en 1678. Il paraît vraisemblable que Legnanino lui-même, fils de Giovanni Ambrogio, ait pu assister son père pendant l'exécution de l'œuvre.
À gauche, en commençant par l'autel :
I – Saint François consolé par l'ange à Rieti
II – La prédication de saint Antoine contre les avares, les usuriers et les luxurieux. La femme assise représente l’Histoire
III – L'apothéose de Marie-Immaculée, Jean Duns Scot et les docteurs franciscains
IV – Saint Antoine ressuscite un mort qui proclame l’innocence de son père, condamné à mort
V – Saint François ressuscite un enfant tombé dans l’eau bouillante
VI – Saint Antoine rattache le pied qu’un jeune homme s’était coupé, ayant donné un coup de pied à son père
À droite, en commençant par la porte principale :
VII – Saint Antoine refuse les dons d'Ezzelino III da Romano
VIII – L’approbation de la Règle: saint François et pape Innocent III
IX – Saint Antoine devant à Ezzelino III da Romano qui fait semblant de se repentir
X – La Vierge, médiatrice de grâces, exaltée par les docteurs dominicains et franciscains
XI – Saint Antoine devant à Ezzelino III da Romano
XII – Fresque disparue qui devait probablement représenter la mort de saint François
Les 21 médaillons représentent les cardinaux franciscains de l’Ordre Mineur (côté droit) et les rois de France et d’Espagne (côté gauche).
19 – À l'extérieur de l’abside de l’église, dans la rue Carcano a été placé un autel païen retrouvé au XXe siècle sur le côté de l'édifice avec une dédicace datant de l'époque du bas Empire romain ainsi inscrite : « Quintus Cassius Mercator Deis Deabus » (le marchand Quintus Cassius dédie aux dieux et aux déesses).
Notes et références
- (it) « La chiesa di San Francesco », sur comune.saronno.va.it (consulté le ).
- (it) « Chiesa di San Francesco – Saronno », sur chieseitaliane.chiesacattolica.it (consulté le ).
- « Sisto Reina », sur fr.instr.scorser.com (consulté le ).