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Écoconduite

L’écoconduite est une technique de conduite automobile économe en carburant, écologique et économique adaptée aux moteurs actuels. Cette conduite a un impact significatif sur la consommation et l'environnement.

D'après Smolders et Kampman (2006), elle consiste essentiellement à faire tourner le moteur à bas régime et à maintenir une conduite souple et une vitesse stable en évitant autant que possible les accélérations et les freinages brutaux.

Règles fondamentales

La pratique de l'écoconduite passe par cinq règles fondamentales:

1° Changer les rapports à bas régime moteur (pour les véhicules à boîte de vitesses manuelle) :

Plus le moteur tourne vite plus il consomme du carburant. Afin de limiter le rĂ©gime moteur, un rĂ©gime maximal de 2 000 tr/min pour monter les rapports est recommandĂ© pour les vĂ©hicules Ă  essence Ă  injection, et pour les vĂ©hicules Diesel. Les changements de rapports au-dessus de 2 000 tr/min sont possibles si des accĂ©lĂ©rations franches sont rĂ©alisĂ©es.

Cette mesure limite le régime moteur et donc la consommation de carburant[1].

A titre indicatif, le certificat d'immatriculation (carte grise) de l'Union européenne peut contenir une ligne U2 indiquant le régime moteur (en tours par minute).

2° Maintenir une vitesse stable :

La puissance nĂ©cessaire au maintien du dĂ©placement d'un vĂ©hicule est très rĂ©duite (de l'ordre de 25 kW pour une vitesse de 120 km/h) en comparaison Ă  celle nĂ©cessaire Ă  le mettre en mouvement.

Les accélérations vives sont très énergivores alors que les accélérations progressives et le maintien d'une vitesse constante sont très bénéfiques pour la consommation énergétique du véhicule[2]. Plus la vitesse d'un véhicule est stable, moins sa consommation est importante.

L'application de ce second principe implique de bannir les freinages et accélérations non nécessaires, ce qui demande une anticipation des conditions de trafic de la part du conducteur. Selon l'ADEME, cela permet des gains d'environ 40%[3].

Une étude comparant les styles de conduites estime qu'une conduite agressive peut mener à des émissions de gaz à effet de serre cinq fois supérieures à un style de conduite normal et qu'une conduite calme émettra toujours moins de gaz à effet de serre. Cette même étude affirme qu'une conduite agressive augmente la consommation de carburant de 40% en ville[4].

3° Utiliser un régime moteur le plus bas possible :

Afin de rĂ©duire le rĂ©gime moteur et donc la consommation de carburant, les Ă©coconducteurs utilisent des rapports de vitesses Ă©levĂ©s, ainsi, par exemple Ă  50 km/h Ă  vitesse constante, il est courant qu'ils utilisent le 4e rapport voire le 5e rapport de la boĂ®te de vitesses, plutĂ´t que le 3e.

[Information douteuse]

4° Anticiper le trafic :

L'anticipation permet[1] :

  • de maintenir une vitesse stable et donc de consommer un minimum de carburant ;
  • d'Ă©viter les freinages non nĂ©cessaires en respectant les distances de sĂ©curitĂ© ;
  • de laisser le vĂ©hicule dĂ©cĂ©lĂ©rer seul en profitant du frein moteur avec un rapport Ă©levĂ© (la consommation est alors nulle sur le parcours si le vĂ©hicule est Ă©quipĂ© de l'injection Ă©lectronique).
  • d'Ă©viter d'accĂ©lĂ©rer en montĂ©e (Ă©vite une surconsommation de carburant).
  • Lever le pied de la pĂ©dale d'accĂ©lĂ©rateur en descente permet d'utiliser le frein moteur et avoir une consommation nulle.
  • de n'avoir aucune consommation de carburant lors des dĂ©cĂ©lĂ©rations en utilisant le frein moteur.
  • Couper le moteur au-delĂ  de 30 secondes d'arrĂŞt.

5° Entretenir son véhicule :

L'entretien du véhicule joue un rôle non négligeable en écoconduite :

  • la pression des pneumatiques peut ĂŞtre responsable de surconsommation de carburant allant jusqu'Ă  8 % si les pneumatiques ne sont pas correctement gonflĂ©s[1] ; 6 % selon attitude-prĂ©vention [3], et l'ADEME[5].
  • une bonne gĂ©omĂ©trie du vĂ©hicule Ă©vite l'usure prĂ©maturĂ©e des pneumatiques, permet d'avoir une direction stable, Ă©vite des sollicitations mĂ©caniques non souhaitables pour les suspensions et permet donc l'Ă©conomie de carburant ;
  • le changement rĂ©gulier de certains Ă©quipements ou organes du vĂ©hicule, tels que le filtre Ă  air ou l'huile, permet encore de limiter les pertes de carburant. Une mĂ©canique mal entretenue peut causer une surconsommation de 25%[1].

Règles avancées

Ces règles avancées[6] permettent d'augmenter le rendement de l'écoconduite en diminuant de 20 à 25 % la consommation globale en carburant.

6° Utiliser les instruments de bord :

Les instruments de bord donnent une bonne indication de la consommation en carburant.

  • Le compte-tours informe sur le rĂ©gime du moteur et donne une indication pour changer les rapports.
  • Éviter de monter trop haut dans les tours.
  • L'ordinateur de bord indique la consommation et permet d'adapter instantanĂ©ment la conduite. Les voitures europĂ©ennes rĂ©centes sont lĂ©galement dotĂ©es d'indicateurs de changement de vitesse[7]
  • Le dispositif Stop & Start et le rĂ©gulateur de vitesse, en option sur de nombreux modèles, peuvent permettre de rĂ©aliser des Ă©conomies importantes en appliquant les techniques de l'Ă©coconduite.

7° Organiser son déplacement :

La majorité des assistants de navigation GPS récents permettent de prévoir un itinéraire optimal afin d’éviter les détours, les embouteillages, les travaux, et deviennent ainsi un précieux allié de l'écoconduite. Certains modèles permettent aussi de sélectionner le trajet le plus économique.
L'application Google Maps permet de prévoir le trajet sans bouger de chez soi, et donc de tester plusieurs trajets en fonction des points de passage.
DĂ©marrer plus tĂ´t si l'on a peur d'ĂŞtre en retard.
Vérifier si les chemins que l'on a l'habitude de prendre (travail, domicile…) sont réellement adaptés à l'écoconduite.
Attention, le chemin le plus rapide n'est pas toujours le plus adapté à l'écoconduite et le chemin le plus court n'est pas toujours le plus économique.

8° Éviter les charges inutiles :

Éviter de rouler avec des charges inutiles ou des éléments pouvant perturber l'aérodynamisme du véhicule (barres de toit, porte-vélo…).
Le poids du véhicule a un impact direct sur la consommation de carburant ; or le carburant est un poids important dans le véhicule et il ne sert à rien de rouler avec un plein si ce n'est pas nécessaire. Cependant, pour les véhicules Diesel muni d'un filtre à particules, il s'avère moins nocif pour l'environnement de remplir le moins souvent possible le réservoir. De cette façon, on évite une surconsommation de l'additif de régénération du filtre à particules qui se déverse lors de l'ouverture de la trappe à gazole. Dans ce cas, il est préférable de remplir complètement le réservoir et attendre qu'il soit quasiment vide pour le remplir à nouveau.
Remplir le réservoir en fonction de la consommation hebdomadaire si le véhicule n'est pas équipé d'un filtre à particules.
Les accessoires, tels que barres de toit, porte-bagages et porte-vélo, augmentent la trainée aérodynamique jusqu'à 139%[1] et donc la consommation. Pour les mêmes raisons, il est important de fermer les fenêtres qui peuvent augmenter la consommation de carburant de 8 à 20% surtout à haute vitesse[1].

Selon attitude-prĂ©vention, une rĂ©duction de masse de 100 kilogrammes permet 5 % d'Ă©conomie[3]

9° Rouler moins vite :

Diminuer sa vitesse de 10 km/h permet d'Ă©conomiser jusqu'Ă  1 litre par 100 km. Selon d'autres sources, rĂ©duire la vitesse de 10 km/h sur autoroute permet d'Ă©conomiser 10%[3]

Selon l'IEA, la plupart des véhicules sont optimisés pour rouler à des vitesses comprises entre 60 et 90 km/h. Aussi, rouler à des vitesses supérieures à 120 km/h réduirait significativement le rendement du véhicule[8].

10° Arrêter le moteur du véhicule lorsqu'il n'est pas utile :

Si l'on ne dispose pas du Stop & Start, dès 20 secondes d’arrĂŞt (chargement et dĂ©chargement, consultation GPS, passage Ă  niveau ou feu rouge…) il est plus Ă©conome de couper son moteur.

Autres moyens d'améliorer son écoconduite

Les systèmes d’assistance à la conduite (ADAS) aident indirectement à l’écoconduite.

Parmi les Ă©quipements qui aident Ă  l'Ă©coconduite se trouvent le GSI, l'ACC et le calculateur de consommation de carburant[9].

Il existe des logiciels de formation à l'écoconduite utilisés par les formateurs comme Eco Drive Performance qui mesurent et analysent de nombreuses données de conduite.

Politique publique

Dans l'Union européenne, le Gear Shift Indicator (GSI) est obligatoire sur tous les véhicules depuis 2012 et permet d'aider à l'écoconduite[8].

LE GSI est obligatoire sur les véhicules dotés d'une boite de vitesses manuelle : l'indicateur indique d'une flèche la possibilité de changer de vitesse pour améliorer l'efficacité énergétique[8].

L'écoconduite évaluée lors de l'examen du permis de conduire

Depuis la réforme du permis de conduire datant de 2009, sous l'influence du Grenelle de l'environnement, l'écoconduite a été intégrée dans la nouvelle évaluation de l'examen pratique du permis de conduire comme point bonus au même titre que la courtoisie au volant.

Autres expérimentations

L'Ă©coconduite a Ă©tĂ© dĂ©ployĂ©e depuis 2005 dans le groupe La Poste, comptant 60 000 collaborateurs, 917 millions de kilomètres parcourus, un million de tonnes d’émissions de C02, et 68 000 vĂ©hicules motorisĂ©s. Pour rĂ©aliser cette expĂ©rimentation, La Poste a dĂ» former l'ensemble de ses collaborateurs. Le rĂ©sultat obtenu est une baisse de 5 % de la consommation de carburant, une baisse de 5 % des Ă©missions de CO2, et conjointement avec d'autres actions liĂ©es Ă  la sĂ©curitĂ© routière, une baisse de 10 % de la sinistralitĂ©[5].

Inconvénients

  • Le dĂ©placement lent dans les carrefours et leurs abords reprĂ©sente un danger potentiel[1].
  • Les dĂ©cĂ©lĂ©rations trop anticipĂ©es peuvent surprendre les usagers derrière soi et ainsi crĂ©er un risque de collision[1].
  • Certaines manĹ“uvres sont effectuĂ©es Ă  trop haute vitesse du fait de l'utilisation des hauts rapports[1].

Adaptation au train

La SNCF Ă©conomise deux millions d'euros en adaptant l'Ă©coconduite au pilotage des trains[10].

Notes et références

  1. Cindie Andrieu, Analyse statistique d’une expérience d’étude de l’éco-conduite : vers la conception d’un « éco index », , 109 p. (lire en ligne)
  2. Elísabet Björney Lárusdóttir et Gudmundur F. Ulfarsson, « Effect of Driving Behavior and Vehicle Characteristics on Energy Consumption of Road Vehicles Running on Alternative Energy Sources » [« conséquences du comportement du conducteur et des caractéristiques techniques sur la consommation énergétique des véhicules routiers à énergie alternative »], International Journal of Sustainable Transportation, vol. 9, no 8,‎ , p. 592–601 (ISSN 1556-8318, DOI 10.1080/15568318.2013.843737, lire en ligne, consulté le )
  3. https://www.attitude-prevention.fr/eco-conduite.html
  4. (en) « On board emission and fuel consumption measurement campaign on petrol-driven passenger cars » [« campagne de mesure à bord de la consommation et des émissions des voitures à énergie fossiles »], Atmospheric Environment, vol. 31, no 22,‎ , p. 3753–3761 (ISSN 1352-2310, DOI 10.1016/S1352-2310(97)00212-4, lire en ligne, consulté le )
  5. https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/66885_guide_ecoconduite.pdf
  6. Principes et techniques d'Ă©co-conduite
  7. https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/HTML/?uri=CELEX:32012R0065&from=EN
  8. (en) Union Européenne, « COMMISSION REGULATION (EU) No 65/2012 », Journal officiel de l'Union européenne,‎ (lire en ligne)
  9. https://www.iea.prg/publications/freepublications/publication/transport_energy_efficiency.pdf
  10. « Plan de "sobriété énergétique" : quelles sont les pistes d'économies à la SNCF et chez Air France ? », sur Franceinfo, (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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