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Échelle des mels

L'échelle de Mel est une échelle psychoacoustique de hauteurs des sons, au sens de leur repérage entre grave et aigu, dont l'unité est le mel.

Le mel est relié au hertz (Hz), l'unité de mesure du SystÚme international pour les fréquences, par une relation établie par des expériences basées sur l'audition humaine.

Principe

L'Ă©chelle a Ă©tĂ© proposĂ©e en 1937 par Stanley Smith Stevens, John Volkman et Edwin Newman, sur la base d'une expĂ©rience de psychologie expĂ©rimentale oĂč cinq sujets devaient indiquer un son pur Ă  la moitiĂ© de la hauteur d'un son pur de rĂ©fĂ©rence pour dix frĂ©quences diffĂ©rentes, avec une sonie constante de 60 dB SPL.

Les auteurs concluent en outre que l'échelle est cohérente avec l'écart de fréquence nécessaire pour distinguer deux sons, à chaque fréquence, ce qui, d'aprÚs eux, implique que la hauteur et la sensibilité différentielle à la hauteur sont toutes deux des fonctions linéaires sur l'étendue de la membrane basilaire de l'oreille interne. Selon ce point de vue, quand l'auditeur recherche une hauteur à la moitié d'une autre, il ajuste le son pour trouver un point de résonance dans une zone à la moitié de la distance jusqu'à l'extrémité apicale de la membrane basilaire. La mesure de l'étendue subjective d'intervalles musicaux comme les octaves montre que ces intervalles grandissent quand la fréquence de leur point central augmente (sauf dans les deux octaves audibles supérieures)[1] - [2].

L'Ă©chelle a Ă©tĂ© conçue de telle façon que 1 000 Hz correspondent Ă  1 000 mels et qu'un rapport constant de la valeur en mels soit perçu par les auditeurs comme une variation constante de hauteur musicale.

En effet, l'audition humaine ne perçoit pas le doublement de la fréquence d'un son pur (correspondant à un intervalle d'octave pour un son musical) comme une variation égale de hauteur à toutes les fréquences. L'échelle des mels est établie pour qu'un doublement de la valeur en mels soit perçu comme une variation de hauteur identique quelle que soit la fréquence de départ.

Exemple :

Si on prend comme Ă©cart de rĂ©fĂ©rence celui entre des sons purs de frĂ©quences 300 Hz et 600 Hz, prĂ©sentĂ©s successivement, pour reproduire cet Ă©cart Ă  partir d'un son pur de frĂ©quence 1 000 Hz, il faudra prĂ©senter un deuxiĂšme son pur de frĂ©quence, non pas de 2 000 Hz, mais de 2 563 Hz environ.

  • 300 Hz correspond Ă  402 mels et 600 Hz, Ă  698 mels. Le rapport entre les deux est donc de 1,735.
  • 1 000 Hz correspond Ă  1 000 mels par dĂ©finition. L'Ă©cart perçu comme identique doit se trouver avec un son Ă  1 735 mels, qui correspondent Ă  2 563 Hz.

Formules

Graphique de correspondance entre mels et hertz.

La conversion de hertz en mels se fait Ă  l'aide d'une des formules suivantes :

Les formules réciproques (pour passer de mels en hertz) sont donc :

Critiques

L'échelle de mel a fait l'objet de critiques nombreuses et vigoureuses, d'une part parce qu'elle contredit les notions de la théorie de la musique, qui semblent fondées sur une expérience autrement vaste, et d'autre part, en raison de questions de méthode.

Les méthodes promues par Stevens et autres pour obtenir des échelles numériques basées sur les perceptions ont provoqué des débats d'ordre général sur le rapport entre ces constructions, d'une part, et les mesures physiques, d'autre part. D'autres auteurs ont fait remarquer qu'il était possible de construire, à partir de la faible quantité de données expérimentales présentées par les auteurs, un bon nombre d'autres échelles[3].

Stevens lui-mĂȘme a rencontrĂ© des rĂ©sultats contradictoires dans des expĂ©riences ultĂ©rieures, oĂč l'on demandait aux sujets d'ajuster un son pur pour qu'il soit Ă  Ă©gale distance entre deux autres. Il s'avĂšre que les sujets ne trouvent pas les mĂȘmes valeurs selon qu'on leur prĂ©sente les sons dans l'ordre grave, puis aigu, ou l'ordre inverse[4].

Ces discussions ont abouti à l'établissement d'une quantité d'échelles différentes. Cependant, elles ne remettent pas en cause la constatation fondamentale de la recherche de Stevens, Volkmann et Newman, connue sous le nom de « dilatation des octaves » dans le registre aigu, qui est corroborée partiellement par certains aspects de la pratique musicale, notamment l'accord du piano. Quant à l'échelle proposée, comme « elle ne présente guÚre d'utilité pratique[5] », les polémiques ne pouvaient avoir de grandes conséquences.

La contradiction avec la tradition musicale s'attĂ©nue avec un modĂšle de l'audition humaine apparu plus tard, pour lequel la perception de la hauteur est la synthĂšse de deux systĂšmes perceptuels qui pourraient ĂȘtre physiologiquement distincts, la hauteur spectrale, basĂ©e sur la situation de l'origine de l'influx nerveux dans la membrane basilaire, situant la hauteur Ă  un ou deux tiers d'octave prĂšs (selon les auteurs) sur une Ă©chelle allant du plus grave au plus aigu, et la hauteur fondamentale ou chroma, basĂ©e sur la corrĂ©lation entre des influx nerveux transmis par des voies diffĂ©rentes, dĂ©terminant prĂ©cisĂ©ment la place d'un son harmonique dans une octave, dĂ©finie alors comme un doublement de frĂ©quence, sans indiquer de quelle octave il s'agit[6].

D'autres auteurs font remarquer que les sons musicaux sont des sons complexes, comportant généralement toute une série de partiels harmoniques, ce qui donne à l'auditeur des indices suffisants pour situer ce qu'il écoute par rapport à un systÚme musical, quelle que soit la perception qu'il pourrait avoir dans le contexte du laboratoire[7].

Voir aussi

Articles connexes

Lien externe

Références

  1. (en) Stanley Smith Stevens, John Volkman et Edwin B. Newman, « A scale for the measurement of the psychological magnitude pitch », Journal of the Acoustical Society of America, vol. 8, no 3,‎ , p. 185–190 (DOI 10.1121/1.1915893, Bibcode 1937ASAJ....8..185S).
  2. (en) William M. Hartmann, Signals, Sound, and Sensation, New York/New York/Berlin, Springer, , 647 p. (ISBN 1-56396-283-7, lire en ligne), p. 295-297.
  3. Hartmann 2004
  4. (en) D.D. Greenwood, « The Mel Scale's disqualifying bias and a consistency of pitch-difference equisections in 1956 with equal cochlear distances and equal frequency ratios », Hearing Research, no 103(1-2),‎ , p. 199-224
  5. Mario Rossi, Audio, Lausanne, Presses Polytechniques et Universitaires Romandes, , 1re Ă©d., 782 p. (ISBN 978-2-88074-653-7, lire en ligne), p. 131.
  6. Hartmann 2004 ; Laurent Demany, « Perception de la hauteur tonale », dans Botte & alii, Psychoacoustique et perception auditive, Paris, Tec & Doc, , p. 46.
  7. MichÚle Castellengo, « La perception auditive des sons musicaux », dans Arlette Zenatti, Psychologie de la musique, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Psychologie d'aujourd'hui », ; Diana Deutsch, « La perception des structures musicales », dans Arlette Zenatti, Psychologie de la musique, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Psychologie d'aujourd'hui », .
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