Échelle énigmatique
L'échelle énigmatique (scala enigmatica) est une échelle musicale inhabituelle. Elle fut à l'origine publiée dans un journal milanais en guise de défi accompagné d'une invitation à l'harmoniser. Elle doit sa renommée à l'Ave Maria, scala enigmatica armonizzata a 4 parti (1898) de Giuseppe Verdi. L'étrangeté de sa sonorité est liée à l'emploi d'intervalles inusités. Elle est en effet constituée d'éléments en modes à la fois majeurs et mineurs.
Composition
Sa formule est : 1 (tonique), 2 , 3 (majeure), 4 , 5 (augmentée), 6 , 7 (sensible), 8 (octave) avec les degrés suivants : 1 demi-ton, 1 ton et demi, 1 ton, 1 ton, 1 ton, 1 demi-ton, 1 demi-ton. Exemple de l'échelle énigmatique de do :
Contrairement à une progression chromatique traditionnelle, l'échelle énigmatique ne possède ni quarte juste (excepté en descente), ni quinte juste, qui permettent l'identification de la tonique.
L'échelle énigmatique de Verdi
Giuseppe Verdi revint à la composition avec cette « échelle arbitraire »[1], utilisée dans son Ave Maria (sulla scala enigmatica), écrit en 1889 et révisé en 1898. Verdi compose cette oeuvre sous l'impulsion de Arrigo Boito[2] qui avait trouvé cette échelle inventée par le musicien bolonais Adolfo Crescentini[3] dans la Gazzetta musicale di Milano, qui mettait au défi d'utiliser cette échelle musicale[4]. Malgré tout, Verdi est souvent crédité de l'invention de cette échelle[5].
L'Ave Maria, ajouté en 1898 aux Tre pezzi sacri (« Trois pièces sacrées »), dont le titre fut en conséquence modifié en Quattro pezzi sacri, a été décrit comme « des harmonies quasiment incompréhensibles composées sur cette scala enigmatica « contre nature » »[6].
On retrouve l'échelle tant dans les harmonies que dans le cantus firmus de la petite pièce[7] à la blanche sur la basse puis successivement sur chaque voix supérieure en accompagnement de « l'étrange contrepoint, ce qui est... très exagéré et très difficile pour l'intonation ; l'effet en est presque, si ce n'est tout à fait, aussi musical que curieux »[8].
Œuvres faisant intervenir, ou inspirées de l'échelle énigmatique
- Ave Maria de Giuseppe Verdi (1898)
- Ouverture de la Tosca de Giacomo Puccini (1900), possiblement inspirée de l'échelle[Bu 1].
- Fragmente - Stille, an Diotima quatuor à cordes de Luigi Nono[Bu 2] (1980)
- Enigmatic de Joe Satriani dans l'album Not of This Earth[Bu 2] (1986)
- « Hay que caminar », soñando pour 2 violons, de Luigi Nono[Bu 2] (1989)
- Messe de Peter Maxwell Davies[Bu 2] (2002)
- Christus factus est, chœur à quatre voix de Franck Villard[9] (2010).
Notes et références
- (en) Willi Apel, Harvard Dictionary of Music, Harvard University Press, 2e édition, 1969, p. 753 (ISBN 0674375017).
- Mary Jane Phillips-Matz, Giuseppe Verdi, Fayard, Paris, 1996, p. 814 (ISBN 2-213-59659-X)
- (en) Barbara Meier, Verdi, Life and Times, Haus Publishing Ltd, 2005, p. 133 (ISBN 1904341055)
- (en) Alison Latham, The Oxford Dictionary of Musical Terms, OUP Oxford, 2005, p. 159 (ISBN 0198606982).
- (en) Chicago Review, vol. 9, University of Chicago, 1955, p. 31.
- (en) Scott L. Balthazar, The Cambridge Companion to Verdi, Cambridge University Press, éd. 2004, p. 180 (ISBN 0521635357)
- (en) William Henry Hadow, The Oxford History of Music, vol. 6, 2e édition, 1905, p. 223. Réed. BiblioBazaar, 2009 (ISBN 978-1103535354)
- Daniel Blackstone L'éducation musicale
Sources
- [20]
- [28]
- Ouvrages cités en références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Enigmatic scale » (voir la liste des auteurs).
- (it) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en italien intitulé « Scala enigmatica » (voir la liste des auteurs).