Ère Genroku
L'ère Genroku (元禄) est l'ère du Japon (年号, nengō, littéralement « le nom de l'année ») suivant l'ère Jōkyō et précédant l'ère Hōei. Cette période couvre les années allant du neuvième mois de 1688 jusqu'au troisième mois de 1704[1]. L'empereur régnant est Higashiyama-tennō (東山天皇)[2].
Les années Genroku sont généralement considérées comme représentant l'Âge d'or de l'époque d'Edo. Les cent précédentes années de paix et d'isolement au Japon ont créé une relative stabilité économique. Les arts et l'architecture prospèrent. La vie urbaine à Edo connaît un développement intense et inédit, autour duquel se matérialise une culture dite des "marchands", distincte de la culture de Cour qui dominait jusque là la vie culturelle de l'archipel.
Des conséquences imprévues apparaissent lorsque le shogunat avilie la qualité des pièces de monnaie comme stratégie de financement de continuation apparente de la prospérité de l'ère Genroku. Cette erreur stratégique provoque une brutale inflation. Puis, dans un effort pour résoudre la crise qui s'ensuit, le Bakufu introduit ce que l'on appelle les réformes Kyōhō.
Changement de l'ère
- Genroku gannen (元禄元年); 1688 : la nouvelle ère est créée pour marquer le début du règne de l'empereur Higashiyama. L'ère précédente se termine et la nouvelle commence lors de la cinquième année de Jōkyō, le 30e jour du 9e mois. Un sentiment d'optimisme est suggéré par le choix du nom de l'ère : Genroku signifie « le bonheur d'origine«originel ».
Événements de l'ère Genroku
- 1688 (Genroku 1, 1er mois) : Ihara Saikaku publie Trésor éternel du Japon.
- 1688 (Genroku 1, 11e mois) : Yanagisawa Yoshiyasu exerce la fonction de Soba Yōnin.
- 1688 (Genroku 1) : Le shogunat Tokugawa révise le code de conduite des obsèques (Fuku-kiju-ryō), qui comprend également un code de conduite pour le deuil[3].
- 1689 (Genroku 2) : Construction à Edo du temple de Confucius (le shoheiko) ; Hayashi Razan (林羅山, 1583-1657), est nommé pour le servir[4].
- 1689 (Genroku 2, 4e mois) : L'établissement des étrangers à Nagasaki est rendu possible.
- (Genroku 2, 3e jour du 7e mois) : Arrivée à Dejima du médecin allemand Engelbert Kaempfer[5].
- 1690 (Genroku 3, 10e mois) : L'interdiction d'abandonner des enfants est officiellement proclamée.
- 1691 (Genroku 4) : Construction du Yushima Seidō à Edo[6] et fondation du Reiun-ji.
- 1692 (Genroku 5) : Interdiction de construction de temples à Edo.
- 1693 (Genroku 6) : Construction du pont Shin Ohashi-bashi à Edo[6].
- 1693 (Genroku 6, 12e mois) : Arai Hakuseki est nommé tuteur du daimyo du domaine de Kōfu, futur shogun Tokugawa Ienobu.
- 1693 (Genroku 6) : Le code de conduite des obsèques est de nouveau révisé[7].
- (Genroku 8, le 8e jour de la 2e lune) : Grand incendie à Edo; la même année, on place sur le revers des monnaies de cuivre le caractère 元 (ghen ou yuan en chinois, « rond, arrondi »), le même caractère utilisée aujourd'hui en Chine pour le yuan. Il n'y cependant aucune rapport entre ces deux usages[2] - [8].
- 1695 (Genroku 8, 2e mois) : Arpentage du territoire sous le contrôle direct du bakufu de la région de Kantō.
- 1695 (Genroku 8, 11e mois) : Création du première chenil pour chiens errants à Edo. Dans ce contexte, Tokugawa Tsunayoshi est surnommé le « shogun chien ».
- 1696 (Genroku 9) : Construction du pont Eitai-bashi à Edo[6].
- 1697 (Genroku 10) : La quatrième carte officielle du Japon (Genroku kuniezu) est établie cette année mais elle est considérée de qualité inférieure à la précédente, commandée au cours de Shōhō 1 (1605) et achevée en Kan'hei 16 (1639). Cette carte genroku est corrigée au cours de Kyōhō 4 (1719) par le mathématicien Tatebe Katahiro (1644–1739) qui utilise de hauts sommets comme points de référence et est dressée à une échelle de 1:21,600[9].
- 1697 (Genroku 10) : Grand incendie à Edo[2]. Pagode à quatre étages.
- Genroku 11 (1698) : Autre grand incendie à Edo. Une nouvelle salle est construite dans l'enceinte du temple Kan'ei-ji à Edo (aussi connu sous le nom Tōeizan Kan’eiji ou « Hiei-san de l'est » d'après l'Enryaku-ji sur le mont Hiei près de Heian-kyo)[6].
- 1700 (Genroku 13, 11e mois) : Fixation du taux de change des pièces en argent.
- 1700 (Genroku 13) : Reconstruction du temple Kitano à Heian-kyo[6].
- 1703 (Genroku 15, 12e mois) : Incident du domaine d'Akō impliquant les 47 Ronin.
- 1703 (Genroku 16, 3e mois) : Ōishi Yoshio commet seppuku.
- 1703 (Genroku 16, 5e mois) : Première représentation de la pièce Suicides d'amour à Sonezaki de Chikamatsu Monzaemon.
- (Genroku 16, 23e jour du 11e mois) : Le grand séisme Genroku (en) secoue Edo[10] et des parties du château du shogun s'effondrent[11]. Le lendemain, un vaste incendie se propage dans toute la ville[2]. Des parties de la côte du Honshū sont dévastées par un tsunami et 200 000 personnes sont tuées ou blessées[11].
Importantes personnalités de l'ère Genroku
- Chikamatsu Monzaemon — dramaturge jōruri.
- Ichikawa Danjūrō I, Sakata Tōjūrō I, Yoshizawa Ayame I— acteurs kabuki.
- Ihara Saikaku — romancier.
- Arai Hakuseki — érudit confucéen et conseiller shogunal.
- Les 47 Ronin
- Ogata Korin et Ogata Kenzan — artistes de l'école Rinpa
- Torii Kiyonobu, Hishikawa Moronobu, Miyagawa Chōshun — artistes ukiyo-e
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Genroku » (voir la liste des auteurs).
- Nussbaum, Louis-Frédéric. (2005). Genroku Japan Encyclopedia, p. 239 sur Google Livres
- Titsingh, Isaac. (1834). Annales des empereurs du Japon, p. 415.
- Smith, Robert et al. (2004). Japanese Culture: Its Development And Characteristics, p. 28.
- Titsingh, I. (1834). Annales des empereurs du Japon, p. 415.
- Screech, T. (2006). Secret Memoirs of the Shoguns: Isaac Titsingh and Japan, 1779-1822, p. 73.
- Titsingh, p. 415.
- Smith, p. 28.
- Titsingh, p. 415. [conversion Tsuchihashi : 22.3.1695 (jeudi)/元禄八年二月八日]
- Traganeou, Jilly. (2004). The Tokaido Road: Traveling and Representation in Edo and Meiji Japan, p. 230.
- Japanese Wikipedia: ja:元禄大地震
- Hammer, Joshua. (2006). Yokohama Burning: The Deadly 1923 Earthquake and Fire that Helped Forge the Path to World War II, p. 63.
Voir aussi
Bibliographie
- Hammer, Joshua. (2006). Yokohama Burning: The Deadly 1923 Earthquake and Fire that Helped Forge the Path to World War II. New York: Simon & Schuster. (ISBN 0743264657 et 9780743264655); OCLC 67774380
- Nussbaum, Louis Frédéric and Käthe Roth. (2005). Japan Encyclopedia. Cambridge: Harvard University Press. (ISBN 0-674-01753-6 et 978-0-674-01753-5); OCLC 48943301
- Screech, Timon. (2006). Secret Memoirs of the Shoguns: Isaac Titsingh and Japan, 1779-1822. London: RoutledgeCurzon. (ISBN 0-203-09985-0 et 978-0-203-09985-8); OCLC 65177072
- Smith, Robert John and Richard K. Beardsley. (2004). Japanese Culture: Its Development And Characteristics. London: Routledge. (ISBN 0-415-33039-4)
- Titsingh, Isaac. (1834). Nihon Odai Ichiran; ou, Annales des empereurs du Japon. Paris: Royal Asiatic Society, Oriental Translation Fund of Great Britain and Ireland. OCLC 5850691.
- Traganeou, Jilly. (2004). The Metaphorical Road of the Tōkaid: Traveling and Representation in Edo and Meiji Japan. London: RoutledgeCurzon. (ISBN 0415310911 et 9780415310918); OCLC 52347509
- Titsingh, Isaac. (1820). Mémoires et Anecdotes sur la Dynastie régnante des Djogouns, Souverains du Japon, avec la description des fêtes et cérémonies observées aux différentes époques de l'année à la Cour de ces Princes, et un appendice contenant des détails sur la poésie des Japonais, leur manière de diviser l'année, etc. ; Ouvrage orné de Planches gravées et coloriées, tiré des Originaux Japonais par M. Titsingh; publié avec des Notes et Eclaircissemens Par M. Abel Rémusat. Paris: Nepveu.
- Titsingh, Isaac. (1834). [Siyun-sai Rin-siyo/Hayashi Gahō, 1652]. Nipon o daï itsi ran ; ou, Annales des empereurs du Japon, tr. par M. Isaac Titsingh avec l'aide de plusieurs interprètes attachés au comptoir hollandais de Nangasaki; ouvrage re., complété et cor. sur l'original japonais-chinois, accompagné de notes et précédé d'un Aperçu d'histoire mythologique du Japon, par M. J. Klaproth. Paris: Royal Asiatic Society, Oriental Translation Fund of Great Britain and Ireland.
- Deux exemplaires numérisés sont en ligne : (1) de la bibliothèque de l'université du Michigan, numérisé le ; et (2) de la bibliothèque de l'université de Stanford, numérisé le . [lire en ligne]
Liens externes
- Le calendrier japonais sur le site de Bibliothèque nationale de la Diète
- Impression du complexe Hōkō-ji par Engelbert Kaempfer en 1691 (publié en 1727) sur le site de la New York Public Library Digital Gallery