Zopyre (esclave)
Zopyre (en grec ancien ÎÏÏÏ ÏÎżÏ) est un esclave du Ve siĂšcle av. J.-C. originaire de Thrace, contemporain de Socrate.
Louis MorĂ©ri, Ătienne François Drouet et Claude-Pierre Goujet[1] entre autres pensent qu'il n'est pas l'esclave dont parlent Platon dans l'Alcibiade majeur[2] et CicĂ©ron dans les Tusculanes[3] et De fato[4] ; Chantal MarbĆuf, Jean-François Pradeau et Luc Brisson considĂšrent que ce n'est qu'une seule et mĂȘme personne[5].
Venu Ă AthĂšnes, il fut invitĂ© Ă donner son avis sur Socrate. Socrate ressemblait physiquement Ă un satyre ou Ă SilĂšne[6]. Un tel visage Ă©tait moralement scandaleux, car la laideur Ă©tait considĂ©rĂ©e par les physionomistes de lâĂ©poque comme lâindice de lâintempĂ©rance et du vice :
« [...] Ne savons-nous pas le jugement que porta un jour de Socrate le physionomiste Zopyre, qui faisait profession de connaĂźtre le tempĂ©rament et le caractĂšre des hommes Ă la seule inspection du corps, des yeux, du visage, du front ? Il dĂ©clara que Socrate Ă©tait un sot et un niais, parce qu'il n'avait pas la gorge concave, parce que tous ses organes Ă©taient fermĂ©s et bouchĂ©s ; il ajouta mĂȘme que Socrate Ă©tait adonnĂ© aux femmes ; ce qui, nous dit-on, fit rire Alcibiade aux Ă©clats[7] »
Cette observation renseigne sur les prĂ©jugĂ©s qui avaient cours en GrĂšce sur lâapparence physique, elle donne aussi de prĂ©cieux renseignements sur le caractĂšre de Socrate grĂące Ă sa rĂ©ponse rapportĂ©e par CicĂ©ron :
« Zopyre, qui se donnait pour un habile physionomiste, lâayant examinĂ© devant une nombreuse compagnie, fit le dĂ©nombrement des vices quâil dĂ©couvrait en lui et chacun se prit Ă rire, car on ne voyait rien de tout cela dans Socrate. Il sauva lâhonneur de Zopyre en dĂ©clarant que vĂ©ritablement il Ă©tait portĂ© Ă tous ces vices, mais quâil sâen Ă©tait guĂ©ri avec le secours de la raison[8] »
Bibliographie
- Lucien de Samosate, Ămeline Marquis, Alain Billault et Dominique Goust (trad. du grec ancien par Ămile Chambry), Ćuvres complĂštes, Paris, Ăditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1248 p. (ISBN 978-2-221-10902-1)
- Luc Brisson (dir.) (trad. du grec ancien), Le Banquet : Platon, Ćuvres complĂštes, Paris, Ăditions Flammarion, (1re Ă©d. 2006), 2204 p. (ISBN 978-2-08-121810-9)
- Luc Brisson (dir.), Chantal MarbĆuf et Jean-François Pradeau (trad. du grec ancien par Jean-François Pradeau), Alcibiade majeur : Platon, Ćuvres complĂštes, Paris, Ăditions Flammarion, (1re Ă©d. 2006), 2204 p. (ISBN 978-2-08-121810-9)
Références
- Le Grand dictionnaire historique ou le Mélange curieux de l'histoire sacrée, page 58 (TÎme X)
- 122b
- IV : 37, 80
- V : 10
- Platon : Ćuvres complĂštes (Flammarion) sous la direction de Luc Brisson, Paris, 2008, page 2196
- Platon, Le Banquet [détail des éditions] [lire en ligne] (215b, 216c)
- Cicéron, Du destin, V, 10.
- Cicéron, Tusculanes, IV, 37