Wichard Lange
Friedrich Wichard Lange, né le à Krampfer et mort le à Hambourg dans le canal d'Isebek, est un pédagogue allemand, directeur de sa propre école, éditeur et membre du Bürgerschaft de Hambourg.
Biographie
Wichard Lange naît le à Krampfer, près de Perleberg, dans le district de Westprignitz[1]. Son père, Joachim Lange, fut gardien de moutons au manoir de Möllendorf, un autodidacte qui a su compléter son peu d'instruction avec un zèle digne de respect en gardant son troupeau[1]. Il composa, à l'époque du soulèvement de la Prusse en 1813-1815, des chants patriotiques qui se seraient distingués par leur langage soutenu[1]. Sa mère est également décrite comme une femme efficace, d'une acuité de jugement inhabituelle, d'une grande force de volonté et d'une rare capacité de sacrifice[1].
L'envie d'apprendre et d'enseigner s'éveille très tôt chez ce garçon doué[1]. L'instituteur local, le cantor Möhring, le prépare avec d'autres garçons de telle sorte qu'après avoir terminé l'école primaire, il peut être admis à l'école préparatoire de Pritzwalk, dans l'est de la Prusse, d'où il part en 1844 pour une visite de trois ans au séminaire pour écoles municipales de Berlin, dirigé par Adolph Diesterweg (en)[1]. C'est là que se noue bientôt un lien plus étroit entre le maître et l'élève, qui se maintient jusqu'à la mort d'Adolph Diesterweg en 1866[1]. Le maître confie plusieurs fois au jeune Lange des cours privés dans des familles berlinoises et le choisit, après avoir suivi le cours du séminaire, comme maître auxiliaire de l'établissement[1]. Au séminaire, le jeune homme ambitieux s'intéresse particulièrement aux mathématiques, à la physique et à la géographie[1]. Il suit également des cours à l'université, dont un cours de physique avec Magnus[1].
Hambourg
La recommandation de Diesterweg amène Wichard Lange à Hambourg à Pâques 1848, où il trouve dès lors le lieu d'une longue et fructueuse activité d'enseignant et d'éducateur[1]. Il y devient d'abord professeur à l'école secondaire du Dr Alexander Detmer[1]. Il gagne rapidement en réputation et en confiance[1]. À l'instigation et avec l'aide de Friedrich Traun, propriétaire d'une fabrique hambourgeoise, et de sa femme, il entreprend en 1849 un voyage d'études en Angleterre, en Belgique et dans les pays rhénans. Ce voyage a pour but de recueillir des expériences pour une école que Monsieur et Madame Traun projettent pour les enfants des ouvriers du magasin H. C. Meyer, dans lequel ils ont des intérêts[1]. Wichard Lange doit renoncer à son projet de visiter Paris en raison du choléra qui y sévit[1]. De retour chez lui, il apprend que ses bienfaiteurs ont abandonné leur ancien projet et invité Friedrich Fröbel à Hambourg pour fonder, avec son conseil, une institution pour l'âge préscolaire[1]. Déçu, il reprend ses anciennes fonctions à l'école de Detmer et commence par combattre les idées de Fröbel lors des discussions sur le projet auquel il est invité[1]. Cependant, à l'une de ces occasions, il rencontre Alwina Middendorff, la fille de Wilhelm Middendorff (de) (1793-1854), le collaborateur de Fröbel, qui dirige le premier jardin d'enfants de Hambourg créé par Mme Doris Lütkens, née v. Cossel, et grâce à elle, il se rapprocha bientôt de Fröbel[1]. Il change rapidement d'avis et devient un partisan de Fröbel et le fiancé d'Alwina[2]. Les jeunes mariés passent Noël 1849 à Keilhau, où Wichard Lange s'intègre complètement dans le cercle de Fröbel[3]. Il est prêt à y entrer comme collaborateur[3]. Mais ce projet échoue, surtout, semble-t-il, à cause de l'opposition de Barop, le cousin de son Alwina[3]. Il s'agit donc de créer à Hambourg une base plus solide pour le nouveau ménage[3]. Elle est trouvée lorsque Wichard Lange, qui a entre-temps obtenu le titre de docteur, reçoit à Pâques 1851 la concession pour la direction d'une école supérieure de garçons et est mis en mesure, grâce à l'obligeance confiante de Traun, de tout préparer pour l'ouverture en temps voulu de sa Realschule[3]. Le mariage a eu lieu à Keilhau pendant les vacances de Pâques[3]. Ainsi, le bonheur de Wichard Lange est fondé à double titre[3]. En trente-deux ans de mariage, son épouse se révèle être une aide fidèle et compréhensive pour l'activité professionnelle de son mari, qui sait parfaitement modérer et atténuer son irritabilité face aux expériences désagréables[3]. De plus, grâce à elle, il trouve auprès de son père, pour les premières années de sa lourde entreprise, un second conseiller paternel, à côté du fidèle professeur Diesterweg[3]. L'école prospère et se trouve bientôt au premier rang des écoles privées d'enseignement supérieur, auxquelles on laisse alors à Hambourg tout le vaste territoire en dehors de l'école d'enseignement (Johanneum) et du Realgymnasium (depuis 1834)[3]. Les efforts de Wichard Lange pour organiser son établissement dans l'esprit de Pestalozzi et de Diesterweg, en tant qu'institution d'enseignement et d'éducation, sont d'autant plus méritoires qu'il doit souvent éduquer lui-même, sur le plan didactique et pédagogique, les aides qui arrivent généralement très jeunes, en raison du manque de formation préalable réglementée à Hambourg[3]. Toute une série d'enseignants compétents ont été formés de cette manière par Wichard Lange: ces derniers l'ont longtemps admiré et vénéré en tant que maître et modèle[3]. Parfois, la Realschule est également associée à une section savante qui prépare aux classes supérieures du gymnasium[3]. Il suffit de remarquer tout d'abord qu'il sait maintenir son établissement à la hauteur, même lorsqu'après 1866 et 1870, un ordre plus strict de l'enseignement s'installe à Hambourg et qu'avec le système d'autorisation prussien, des exigences plus élevées sont posées à la formation préalable des enseignants[3]. Avant tout, Wichard Lange lui-même a constamment gardé la réputation d'un enseignant excellent et stimulant[3]. Son activité ne se limite cependant pas au cercle restreint de son école[3]. Wichard Lange participe à la vie associative du monde enseignant hambourgeois, en particulier en tant que membre de l'association de formation scientifique scolaire, où ses conférences approfondies, instructives et stimulantes sont toujours très appréciées[3]. Il s'exprime aussi souvent dans le Hamburger Schulblatt, l'organe de cette association, et, comme orateur, il fait preuve d'une grande aisance dans la forme en tant qu'écrivain[3]. La réputation qu'il s'est acquise dans un large cercle l'amène à être élu en 1859 à l'assemblée des citoyens, où il siège de 1865 à 1874, date de sa mort, et où il est également un membre respecté et un orateur efficace[3]. C'est au cours de ses années d'appartenance à cette assemblée que se déroulent les premières négociations sur la réglementation légale de l'enseignement et de l'inspection scolaire à Hambourg[3]. Wichard Lange participe activement aux débats sur ce sujet et fait partie, à partir de 1864, de la commission citoyenne chargée d'examiner le projet de loi scolaire présenté par les autorités scolaires supérieures provisoires de l'époque[3]. Il est certes convaincu de la nécessité d'un ordre plus solide dans ce domaine et d'une intervention énergique de la ville et de l'État, en particulier pour l'éducation générale du peuple[4]. Comme on peut s'y attendre de la part d'un élève de Diesterweg, il ne veut pas accorder à la liberté et au volontariat plus qu'il n'est absolument nécessaire[5]. Il est à peine besoin de dire qu'il est un adversaire du système d'autorisation introduit à Hambourg avec l'obligation générale de servir dans l'armée et, du moins plus tard, un ami de l'école primaire générale[5]. Lorsque la réglementation légale de l'enseignement est mise en place en 1870, Lange est élu par le corps enseignant (1873) à l'autorité scolaire supérieure et revient ainsi à la bourgeoisie, qui l'élit en 1880 au comité des citoyens[5]. Au sein de l'autorité scolaire supérieure, il fait partie de la IIe section (pour l'enseignement supérieur)[5]. Son point de vue politique et pédagogique est, sur toutes les questions principales, celui de son maître Diesterweg[5]. Au sein de la bourgeoisie, il se tient à la fraction dite de gauche, sans toutefois sacrifier ses convictions personnelles sur certaines questions à la discipline de parti. En tant que franc-maçon, il fait également preuve de cet état d'esprit - selon l'éloge funèbre prononcé à sa tombe - par sa longue et bénéfique activité de dirigeant et l'a cultivé auprès des frères de l'Ordre[5]. Enfin, son regard ne se limite pas du tout à Hambourg, qui est devenue sa patrie[5]. Il aime l'unité et la grandeur de l'Allemagne, ainsi que son développement libre, et il défend toujours son idée d'école nationale allemande par écrit et par oral[5]. Il le fait en particulier lors des réunions générales des enseignants allemands, dont il est un fidèle visiteur, et dont il parvient souvent, et encore récemment en 1883 à Brême, à enthousiasmer les grandes foules par sa présence vivante et par son éloquence enflammée, assaisonnée d'humour et de satire, certes trop verbeuse et pathétique pour certains auditeurs[5]. Lange exerce enfin son influence d'écrivain sur un large cercle[5]. Après la mort de Diesterweg (1866), il prend la direction de la revue Rheinische Blätter für Erziehung und Unterricht, fondée en 1827 (Francfort-sur-le-Main, chez Moritz Diesterweg), et gagne ainsi un organe par lequel il peut publier certains de ses petits travaux assidus[5]. En outre, Lange s'occupe de la 2e édition des écrits pédagogiques de Friedrich Fröbel (1874), ainsi que de la réédition des livres de son défunt ami Karl Schmidt : Geschichte der Erziehung und des Unterrichts (3e et 4e éd., cette dernière Köthen 1883) et Geschichte der Pädagogik (4 vol., 3e éd. 1873-76)[5].
Fin de vie et mort
La fin de la vie de Wichard Lange est tragique et suscite de près comme de loin la plus vive sympathie[5]. Le , il perd sa fidèle épouse qui, de son propre aveu et d'après le témoignage de ses amis, avait été son bon ange et son esprit protecteur[5]. Dans un article des Rheinische Blätter (1883, p. 99 et suivantes), le veuf exprime de manière émouvante sa profonde tristesse et ses vifs remerciements à la défunte[5]. Il ne retrouve pas la paix de l'esprit ni l'équilibre après cette perte bouleversante[5]. À cela s'ajoute une rumeur malveillante à l'encontre de son établissement, dans lequel des irrégularités auraient été commises lors de l'examen final, irrégularités dans lesquelles le directeur au moins n'est pas du tout impliqué[5]. C'en est trop pour les nerfs du malade, depuis longtemps irritable et maintenant extrêmement agité[5]. Au lieu d'affronter d'un regard ferme l'ennemi qui se glisse dans les ténèbres, il cherche et trouve volontairement la mort dans un affluent de l'Alster le [5]. L'émotion générale et la sympathie la plus chaleureuse se manifestent à l'occasion de cette fin déplorable d'un homme aimé et respecté[5]. Le président de l'assemblée dit au début de la séance suivante : « Il est de mon devoir de rappeler ce qui a fait de Lange un membre éminent de cette assemblée, la force virile avec laquelle il a exprimé ses convictions, la franchise de sa parole, avec laquelle il a souvent su entraîner l'assemblée, et qui nous feront encore souvent le regretter. Nous lui rendrons donc toujours hommage »[6]. Selon les quotidiens, on n'avait pas vu depuis longtemps à Hambourg un cortège plus important et un accueil plus solennel que celui de Wichard Lange le [7].
HĂ©ritage
Il est réconfortant de constater que, de même que la mémoire de Lange est sortie intacte de cette crise tragique, l'œuvre la plus importante de sa vie, la Realschule, est encore florissante aujourd'hui (1906) sous la direction de son fils, le Dr Wichard Lange[7].
Références
- Sander 1906, p. 578.
- Sander 1906, p. 578-579.
- Sander 1906, p. 579.
- Sander 1906, p. 579-580.
- Sander 1906, p. 580.
- Sander 1906, p. 580-581.
- Sander 1906, p. 581.
Annexes
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Classement par ordre chronologique :
- (de) Friedrich Dittes, « Dr. Friedrich Wichard Lange », dans Paedagogium, vol. 6, (lire en ligne), p. 384-386
- (de) Ferdinand Sander (de), « Lange, Wichard », dans Allgemeine Deutsche Biographie (ADB), vol. 51, Leipzig, Duncker & Humblot, , p. 578-581
Liens externes
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :