Wang Ye
Les Wang Ye (ççș wĂĄngyĂ© « seigneur-prince/roi ») sont dans la religion des cĂŽtes sud du Fujian et de lâĂźle de TaĂŻwan, des Ă©missaires divins de lâempereur cĂ©leste qui capturent les dĂ©mons des maladies contagieuses et autres esprits malĂ©fiques. Ils ont Ă©galement avec le temps pris des fonctions de juges redresseurs de torts et de protecteurs des marins. Ils sont aussi nommĂ©s Qian Sui (ćæČ Â« mille ans »), appellation honorifique des souverains. Selon Liu Zhiwan (ćæèŹ), chercheur Ă l'institut d'ethnologie de l'Academia sinica, leur culte remonterait au moins Ă la dynastie Tang.
Ils effectuent leur mission Ă l'occasion de tournĂ©es rĂ©guliĂšres (ä»Łć€©ć·Ąç© dai tian xunshou: « tournĂ©e de chasse en mission cĂ©leste ») espacĂ©es de quelques annĂ©es, qui donnent lieu Ă d'importantes fĂȘtes locales. Leurs temples, qualifiĂ©s de « dĂ©lĂ©gation de l'administration cĂ©leste » (代怩ćș daitian fu), peuvent abriter plusieurs d'entre eux (en gĂ©nĂ©ral trois, cinq ou douze) car ils sont nombreux (360 selon la tradition). Ils sont dĂ©signĂ©s uniquement par leur nom de famille et se partagent 132 patronymes diffĂ©rents.
Identité des Wang Ye
Les dieux de la religion chinoise sont le plus souvent des personnes à qui un culte est rendu aprÚs leur mort pour leur valeur exemplaire ou les conditions tragiques de leur décÚs ; il s'agit parfois aussi de fantÎmes ou démons enrÎlés pour le bien par l'administration céleste. On trouve parmi les Wang Ye des démons des maladies élevés au rang de divinité, des génies locaux (dieu des montagnes etc.), des héros morts tragiquement, des descendants de Koxinga dont le culte indépendant était interdit par le gouvernement Qing et des patrons des arts du spectacle comme l'empereur Tang Xuanzong.
La tradition populaire leur prĂȘte encore d'autres identitĂ©s : lettrĂ©s enterrĂ©s par le premier empereur Qin ou autres victimes de son rĂšgne, lettrĂ©s victimes des essais de magie taoĂŻste de l'empereur Tang Xuanzong, lettrĂ©s tuĂ©s par les Qing pour leur fidĂ©litĂ© Ă la dynastie Ming, lettrĂ©s s'Ă©tant sacrifiĂ©s en se jetant dans des puits empoisonnĂ©s pour avertir la population de leur danger, lettrĂ©s ou fonctionnaires morts en dĂ©placement.
FĂȘtes
Les fĂȘtes organisĂ©es Ă l'occasion des tournĂ©es des Ă©missaires cĂ©lestes donnent lieu Ă un dĂ©filĂ© de leurs statues en palanquin et des festins communautaires comme pour les autres divinitĂ©s, mais parfois aussi Ă des dĂ©monstrations d'auto-mutilation de la part de mĂ©diums. L'aspect le plus caractĂ©ristiques de ces fĂȘtes, qui s'est conservĂ© sur les cĂŽtes du sud de TaĂŻwan est, Ă l'issue des cĂ©rĂ©monies, le renvoi vers le large des Wang Ye accompagnĂ©s des dĂ©mons des maladies capturĂ©s dans une grande nef construite exprĂšs, dans laquelle on a placĂ© des vivres. Autrefois, si la nef abordait Ă un autre endroit de la cĂŽte, les habitants devaient Ă leur tour organiser des cĂ©rĂ©monies avant de la renvoyer. Certains construisaient Ă cet endroit un temple dĂ©diĂ©s aux Wang Ye. Quelquefois la nef est brĂ»lĂ©e, comme Ă Donggang, ComtĂ© de Pingtung, oĂč a lieu tous les trois ans la plus grande de ces cĂ©rĂ©monies.