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Vol British Airways 5390

Le , l'avion de ligne BAC 1-11 qui assure le vol 5390 de British Airways, entre Birmingham et Malaga, subit une dĂ©compression explosive Ă  l'intĂ©rieur du poste de pilotage, en plein vol. Celle-ci est due Ă  la perte du pare-brise, dont la fixation avait rĂ©cemment Ă©tĂ© refaite de maniĂšre dĂ©fectueuse avec des boulons de taille inadaptĂ©e. Le commandant de bord, dont le harnais est alors dĂ©tachĂ©, est en partie Ă©jectĂ© hors du cockpit de l'avion. Ses pieds, coincĂ©s dans le manche, lui crĂ©ent un point d'ancrage lui maintenant les jambes dans le cockpit. Il ne peut ĂȘtre ramenĂ© complĂštement Ă  bord durant le vol malgrĂ© les efforts rĂ©pĂ©tĂ©s des trois stewards, dont l'un est sĂ©vĂšrement blessĂ©. Le copilote parvient finalement Ă  effectuer un atterrissage d'urgence Ă  Southampton.

Vol British Airways 5390
G-BJRT, l'appareil impliqué, ici en juillet 1989, un an avant l'incident
G-BJRT, l'appareil impliqué, ici en juillet 1989, un an avant l'incident
Caractéristiques de l'accident
Date
TypeDĂ©compression explosive Ă  la suite de l'arrachage du pare-brise
CausesErreur de maintenance
SitePrĂšs de Didcot, en Angleterre
CoordonnĂ©es 51° 36â€Č 21″ nord, 1° 14â€Č 27″ ouest
Caractéristiques de l'appareil
Type d'appareilBAC 1-11 528FL
CompagnieBritish Airways
No d'identificationG-BJRT
Lieu d'origineAĂ©roport de Birmingham, en Angleterre
Lieu de destinationAĂ©roport de Malaga-Costa del Sol, en Espagne
PhaseMontée
Passagers81
Équipage6
Morts0
Blessés2 (légÚrement)
Survivants87

GĂ©olocalisation sur la carte : Royaume-Uni
(Voir situation sur carte : Royaume-Uni)
Vol British Airways 5390
GĂ©olocalisation sur la carte : Angleterre
(Voir situation sur carte : Angleterre)
Vol British Airways 5390

Aucune victime n'est Ă  dĂ©plorer parmi les passagers. Au sein de l'Ă©quipage, seul le commandant de bord et l'un des stewards ont des sĂ©quelles. Le steward est touchĂ© par des engelures aux mains et au visage, un Ɠil atteint et s'est Ă©galement dĂ©boitĂ© l'Ă©paule. Bien que le commandant ait Ă©tĂ© partiellement Ă©jectĂ© de l'avion, il n'est que lĂ©gĂšrement blessĂ© avec quelques fractures au bras droit et des engelures.

Avion

L'avion, un BAC 1-11 528FL construit en 1977 (numĂ©ro de sĂ©rie BAC 234) et immatriculĂ© G-BJRT, totalisait 37 724 heures de vol au moment de l'accident.

Équipage

  • Le commandant : Tim Lancaster, 42 ans, 11 050 heures de vol dont 1 075 sur BAC 1-11.
  • Le copilote : Alastair Atchison, 39 ans, 7 500 heures de vol dont 1 100 sur BAC 1-11.
  • Personnel de cabine : 4 personnes.

Circonstances de l'accident

L'appareil dĂ©colle Ă  l'heure prĂ©vue de 7 h 20, heure locale, avec le copilote aux commandes. À 7 h 33, alors que l'avion se trouve Ă  environ 5 300 mĂštres (17 300 pieds), une soudaine dĂ©tonation se produit ; elle est suivie de la formation immĂ©diate d'un nuage de condensation dans toute la cabine.

Le pare-brise gauche situĂ© en face du pilote vient d'ĂȘtre arrachĂ© du cockpit. La perte du pare-brise ayant provoquĂ© une dĂ©compression explosive, la violence du courant d'air arrache la porte de sĂ©paration entre le cockpit et le reste de l'appareil.

Le commandant de bord ayant dĂ©tachĂ© la ceinture de son siĂšge juste quelques instants auparavant, n'a plus aucune protection contre l'intensitĂ© de l'implosion. Il est alors aspirĂ© Ă  l'extĂ©rieur, sans, par chance, ĂȘtre complĂštement Ă©jectĂ© : ses pieds se retrouvent coincĂ©s dans les commandes de vol. La partie haute de son corps se retrouve nĂ©anmoins sur le fuselage du cockpit, Ă  l'extĂ©rieur de l'appareil, Ă  plus de 700 km/h et avec un air rarĂ©fiĂ© Ă  −17 °C. Ses jambes bloquent alors le manche de commande forçant l'appareil en position de piquĂ© pendant de longues minutes.

Le copilote (assis du cĂŽtĂ© droit de l'avion) choquĂ©, assourdi par le bruit intense et rendu muet pour la mĂȘme raison, aveuglĂ© par le brouillard de condensation et l'air glacĂ© rentrant Ă  plus de 700 km/h dans le poste de pilotage, tente de reprendre seul le contrĂŽle de l'avion en piquĂ©.

L'un des stewards, Nigel Ogden, dĂ©couvre la scĂšne en remontant la file des passagers et se prĂ©cipite sur le commandant pour le retenir et tenter de le ramener Ă  l'intĂ©rieur. La force du vent est telle que, mĂȘme Ă  deux, les stewards ne peuvent ramener le corps du commandant dans le cockpit. Ogden fut lĂ©gĂšrement blessĂ©.

Ils se relaient jusqu'Ă  la fin pour l'empĂȘcher d'ĂȘtre aspirĂ©. Le premier steward dĂ©gage le manche tandis que l'autre steward entrĂ© dans la cabine a le rĂ©flexe de dĂ©gager la porte brisĂ©e qui se trouve sur une partie du tableau de bord.

Lorsque le copilote parvient Ă  reprendre le contrĂŽle de l'avion, il continue Ă  descendre d'urgence vers le niveau de vol 110 (11 000 pieds, 3 350 m) pour Ă©viter la circulation aĂ©rienne trĂšs dense au-dessus de ce niveau et retrouver un niveau d'oxygĂšne acceptable puis il rĂ©enclenche le pilote automatique.

En raison du bruit occasionnĂ© par l'air s'engouffrant dans le cockpit depuis le dĂ©but, le copilote ne peut rien entendre des rĂ©ponses des contrĂŽleurs. C'est seulement aprĂšs avoir rĂ©duit la vitesse de l'avion — qui n'est alors plus en piquĂ© — et repris une assiette de vol normale, qu'Alistair Atchison peut enfin dialoguer avec les aiguilleurs aĂ©riens et demander un atterrissage d'urgence.

Bien que tous pensent le pilote déjà mort, les stewards, sur ordre du copilote[1], continuent à le maintenir par les jambes. Cet ordre a vraisemblablement évité des problÚmes encore plus graves, l'éjection du corps pouvant endommager les réacteurs de queue ou la dérive.

Les contrĂŽleurs aiguillent le copilote vers Southampton, l'aĂ©roport le plus proche, que le copilote ne connait pas et sur lequel il ne s'est encore jamais posĂ©. Cela ne l'empĂȘchera pas de rĂ©aliser un superbe atterrissage Ă  vue sur la piste 02 Ă  7 h 55, malgrĂ© une piste courte de 1 800 m (au lieu des 2 500 m requis normalement, Ă©tant donnĂ© le surpoids en kĂ©rosĂšne trĂšs important, l'avion venant Ă  peine de dĂ©coller).

Les services d'urgence débarquent alors les passagers et récupÚrent le corps du commandant, qui, à la surprise générale, est toujours en vie, mais inconscient. Il reprend conscience à l'hÎpital, souffrant d'une importante hypothermie, de gelures, de contusions, de fractures au bras droit, au pouce gauche et au poignet droit.

L'un des stewards, Nigel Ogden, est blessé au bras gauche.

Aucun autre passager ou membre d'équipage n'est blessé dans l'avion.

Le commandant de bord recommencera Ă  piloter cinq mois aprĂšs cet incident.

EnquĂȘte

L'enquĂȘte est menĂ©e par l'Air Accidents Investigation Branch (AAIB). Elle constate que le pare-brise a bien Ă©tĂ© arrachĂ© de son support. Visiblement, la diffĂ©rence de pression entre l'extĂ©rieur et l'intĂ©rieur de l'avion a Ă©tĂ© suffisante Ă  17 300 pieds pour le faire sauter « comme un bouchon de champagne », le BAC 1-11, comme certains avions d'anciennes gĂ©nĂ©rations, ayant un pare-brise posĂ© et vissĂ© de l'extĂ©rieur.

En consultant le registre de maintenance de l'appareil, les enquĂȘteurs s'aperçoivent que ce pare-brise avait Ă©tĂ© remplacĂ© 27 heures auparavant et que la procĂ©dure avait Ă©tĂ© approuvĂ©e par le responsable de l'atelier de British Airways Ă  Birmingham. Pourtant, il apparait que le diamĂštre de 84 des 90 boulons de fixation du pare-brise fait 0,7 mm de moins que la normale et que les six autres sont moins grands de 2,5 mm.

En rĂ©cupĂ©rant les anciens boulons dans une poubelle de l'atelier de maintenance, les enquĂȘteurs ont la surprise de constater que 78 des 90 boulons, bien que du bon diamĂštre, ne sont pas ceux recommandĂ©s par le constructeur et sont plus courts de 2,5 mm. Ils avaient Ă©tĂ© fixĂ©s quatre ans plus tĂŽt alors que l'avion n'appartenait pas encore Ă  British Airways.

L'enquĂȘte blĂąme le responsable de la maintenance pour ne pas s'ĂȘtre assurĂ© que les boulons qu'il Ă©tait allĂ© chercher au magasin de l'atelier Ă©taient bien ceux spĂ©cifiĂ©s par le constructeur (et ce, malgrĂ© la mise en garde du magasinier qui lui avait donnĂ© la rĂ©fĂ©rence exacte des boulons Ă  employer). Il avait simplement fait une comparaison visuelle entre les boulons qu'il avait enlevĂ©s (bon diamĂštre, mais trop courts) et les boulons disponibles au magasin. Non seulement il n'avait pas un bon Ă©lĂ©ment de comparaison, mais il se trompa et prit une majoritĂ© de boulons d'un diamĂštre infĂ©rieur. British Airways est Ă©galement blĂąmĂ©e pour ne pas avoir inclus une procĂ©dure de vĂ©rification par une deuxiĂšme personne.

Enfin, la direction locale de l'aĂ©roport de Birmingham est Ă©galement blĂąmĂ©e pour ne pas avoir directement contrĂŽlĂ© les pratiques de travail du chef de la maintenance. Les enquĂȘteurs Ă©tablissent une liste de treize anomalies qui expliquent la non-conformitĂ© constatĂ©e, dont la conjonction a permis l'incident : il aurait suffi d'une seule anomalie de moins pour que cet incident ne soit pas possible.

L'enquĂȘte a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e d'une maniĂšre non standard, l'enquĂȘteur faisant appel Ă  un psychologue comportemental, ce qui a permis d'Ă©clairer d'un jour complĂ©mentaire ce qui s'Ă©tait passĂ© et l'Ă©cart aux procĂ©dures : le personnel de maintenance Ă©tait soumis Ă  une forte pression (peu de temps pour effectuer ses tĂąches), et il est hautement probable que sans cette pression l'ingĂ©nieur chargĂ© du remplacement des boulons n'aurait pas autant cherchĂ© Ă  gagner du temps. Mais Ă  cette Ă©poque ce recours Ă  un psychologue n'Ă©tait pas prĂ©vu dans les procĂ©dures lĂ©gales d'enquĂȘte, et les Ă©lĂ©ments correspondants durent ĂȘtre retirĂ©s du rapport d'investigation.

Divers

Ruban civil de la Queen's Commendation for Valuable Service (en).

Le copilote Alastair Stuart Atchison et l'hÎtesse de l'air Susan Gibbins ont reçu la Queen's Commendation for Valuable Service in the Air (en) en 1991[2]. Alastair Atchinson a aussi reçu le Polaris Award (en) en 1992.

MĂ©dias

L'accident a fait l'objet d'un épisode dans la série télé Air Crash nommé « Une erreur de taille » (saison 2 - épisode 1).

Notes et références

  1. Mayday : Alerte maximum, Une Erreur de taille.
  2. (en) The London Gazette, (Supplement) no 52767, p. 27, 30 December 1991. Consulté le 25 mars 2015.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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