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Vielka

Vielka est le treizième opéra de Giacomo Meyerbeer. Le livret est une adaptation de son opéra précédent Ein Feldlager in Schlesien par Ludwig Rellstab, avec des suggestions de Charlotte Birch-Pfeiffer. La création eut lieu au Theater an der Wien à Vienne le .

Vielka
Description de cette image, également commentée ci-après
Giacomo Meyerbeer
Genre Opéra
Nbre d'actes 3
Musique Giacomo Meyerbeer
Livret Ludwig Rellstab
Langue
originale
Allemand
Dates de
composition
1846-1847
Création
Theater an der Wien Ă  Vienne

Personnages

  • Le comte Saldorf, gĂ©nĂ©ral Ă  la retraite (basse)
  • Therese, sa nièce (soprano)
  • Vielka, jeune bohĂ©mienne Ă©levĂ©e par Saldorf (soprano)
  • Conrad, jeune homme Ă©levĂ© par Saldorf (tĂ©nor)
  • Le Duc
  • Lieutenant Buddenbrogh, aide de camp du duc
  • Le comte Aubitz, propriĂ©taire d’un château près de la frontière
  • Ferenz, commandant d’une troupe de cavaliers ennemis (basse)
  • Xaver, son fils, serviteur du Comte Aubitz
  • Hartmann, majordome du Comte Aubitz
  • Un cavalier
  • Un grenadier (basse)
  • Un hussard (basse)
  • Un artilleur (tĂ©nor)
  • Le fantĂ´me de Wanda, mère de Vielka

Airs

Reichst mir den Sternenkranz : air de la paix de Vielka au troisième acte

Argument

L’action se déroule dans le château du comte Saldorf au premier acte ; dans un campement militaire au deuxième acte et dans le jardin du château du comte Aubitz près de la frontière au troisième.

Acte I

Une grande salle du château du comte Saldorf : au fond de la scène se trouvent une porte et une porte-fenêtre donnant sur un balcon ; deux portes sur la droite ; une porte et une fenêtre sur la gauche.

Jenny Lind dans le rĂ´le de Vielka.
  • No 1 : Introduction et chanson « Beim Schein der Abendröte » : le comte Saldorf, gĂ©nĂ©ral Ă  la retraite, prodigue ses derniers conseils Ă  son fils adoptif Conrad. Celui-ci, bien que très peureux, a dĂ©cidĂ© de parcourir le monde avec sa flute pour seul bien. ThĂ©rèse, la nièce de Saldorf, et un groupe de jeunes paysannes offrent au jeune homme un ruban en cadeau d’adieu. La fiancĂ©e de Conrad, Vielka, une jeune bohĂ©mienne recueillie par Saldorf, fait Ă©galement ses adieux au jeune homme. Après le dĂ©part de Conrad, Vielka, demeurĂ©e seule, lit la lettre qu’elle vient de recevoir de LĂ©opold, le fiancĂ© de ThĂ©rèse parti Ă  la guerre, oĂą il lui dĂ©clare son amour. La jeune bohĂ©mienne, bien qu’éprise de LĂ©opold, est prĂŞte Ă  se sacrifier pour ne pas briser le cĹ“ur de ThĂ©rèse et Ă  se marier avec Conrad qu’elle n’aime pas.
  • No 2 : RĂ©citatif et romance « Schuldbeladen sink’ ich in Grabesnacht » : Pour se donner du courage, Vielka se remĂ©more les dernières paroles de sa mère Wanda la prĂ©venant que le sacrifice de la jeune fille permettrait de laver ses propres fautes. Le comte Saldorf revient avec ThĂ©rèse et s’étonne que Vielka ait pu se fiancer avec Conrad. Sur ces entrefaites, ce dernier surgit Ă  la surprise gĂ©nĂ©rale.
  • No 3 : Aria « Durch Feld und Au, in sanften Träumen » : Conrad explique qu’à peine parti, il a rencontrĂ© un officier inconnu, poursuivi par des cavaliers ennemis. Ayant demandĂ© assistance et protection au jeune homme, Conrad a dĂ©cidĂ© de ramener l’officier chez son père adoptif. Le comte Saldorf part Ă  la rencontre de l’inconnu restĂ© dans le jardin.
  • No 4 : Duo « Ach, in kleiner HĂĽtte » : RestĂ©s seuls, Conrad et Vielka Ă©voquent leur vie commune future. Ă€ la demande du jeune homme, Vielka lui lit les lignes de la main. Elle prĂ©vient son fiancĂ© qu’il risque ĂŞtre capturĂ© et qu’il sera trahi par celle qu’il aime. Conrad, qui a toute confiance en Vielka, rejette ces mauvais prĂ©sages. ThĂ©rèse arrive affolĂ©e et annonce que le château est cernĂ© par une troupe ennemie.
  • No 5 : RĂ©citatif et ensemble : Après avoir congĂ©diĂ© Conrad, le comte Saldorf rĂ©vèle aux deux jeunes filles que l’officier inconnu ramenĂ© par Conrad n’est autre que le duc, leur suzerain. Le comte demande l’aide de ThĂ©rèse et Vielka pour empĂŞcher que le duc ne soit capturĂ©. Vielka ayant reconnu parmi les assaillants qui se pressent dans le jardin plusieurs bohĂ©miens de sa connaissance propose de les accueillir avec des chansons et du vin afin d’endormir leur mĂ©fiance.
  • No 6 : Scène et chĹ“ur des soldats « Herein ! herein ! » : Les soldats ennemis envahissent bientĂ´t les lieux en escaladant le balcon situĂ© en fond de scène, avec Ferenz Ă  leur tĂŞte.
  • No 7 : RĂ©citatif et Ronde bohĂ©mienne « Es summt und schwirt und singt und klingt » : Alors que les soldats semblent vouloir piller le château du comte, Vielka les arrĂŞte en les menaçant d’une terrible malĂ©diction. Par contre, s’ils acceptent de se comporter pacifiquement, ils seront accueillis par des chansons et des danses. Les assaillants, craignant les mauvais sorts, adoptent de meilleures dispositions. Leur chef, Ferenz, rĂ©vèle que le fils du comte Saldorf, soldat dans l’armĂ©e du duc, a Ă©tĂ© arrĂŞtĂ© et condamnĂ© Ă  mort pour ne pas avoir respectĂ© les ordres ; il promet au comte de lui rendre son fils en Ă©change de la capture du duc. Ferenz voue une haine mortelle Ă  l’égard de ce dernier après que son fils, Xaver, a Ă©tĂ© enrĂ´lĂ© de force dans ses armĂ©es. Ayant rĂ©ussi Ă  dĂ©serter, Xaver est rentrĂ© chez lui pour apprendre la mort de son Ă©pouse et de son enfant unique. Depuis, pourchassĂ© par les hommes du duc comme dĂ©serteur, il occupe un poste de domestique dans le château du comte Aubitz qui demeure au-delĂ  de la frontière du duchĂ©. Après s’être fait confirmer que Ferenz n’a jamais vu le duc, le comte Saldorf l’assure de son aide et demande un sauf-conduit que Ferenz lui accorde. Le comte Saldorf donne alors le sauf-conduit au duc (qu’il fait passer pour son fils aĂ®nĂ©) bien que celui-ci l’avertisse que cela ne changera rien Ă  la condamnation Ă  mort de son fils. Le duc s’échappe alors au nez et Ă  la barbe de ses poursuivants.
  • No 8 : Finale : Saldorf dĂ©cide de faire croire aux assaillants que Conrad est le duc. Conrad, qui n’a pas Ă©tĂ© prĂ©venu de cette ruse, ne comprend pas très bien pourquoi son père adoptif et sa fiancĂ©e le traitent comme s’il Ă©tait le duc ; il s’inquiète Ă©galement de ce qui pourrait lui arriver s’il Ă©tait capturĂ© par Ferenz. Malheureusement, des soldats qui montaient la garde ont repĂ©rĂ© le vrai duc en train de s’échapper et le ramènent au château du comte Saldorf. SommĂ© par Ferenz de prouver qu’il est bien flutiste comme il le prĂ©tend, le vĂ©ritable duc interprète Ă  la flute une mĂ©lodie qu’il est censĂ© avoir composĂ©e. Il est immĂ©diatement relâchĂ©, au grand soulagement de Saldorf, ThĂ©rèse et Vielka.

Acte II

Un campement militaire de l’armée ducale.

Couverture d’une partition d’un air de Vielka représentant Jenny Lind dans le rôle-titre à l’Acte II.
  • No 9: Chanson des hussards « Rasch wie die Schwalbe schiesst und kreuzt » : Un hussard entonne l’hymne de sa compagnie.
  • No 10: Chanson des grenadiers « Vor unsern Grenadieren » : Ne voulant pas ĂŞtre en reste, un grenadier enchaĂ®ne avec la chanson de son rĂ©giment.
  • No 11: Trio « Wenn die Kanonen krachen » : Le hussard et le grenadier commencent Ă  se disputer sur la prĂ©Ă©minence de leur compagnie respective tandis qu’un artilleur tente de ramener le calme. La nouvelle de la capture du duc par les ennemis aidĂ©s par le comte Saldorf jette la consternation parmi tous les soldats.
  • No 12: ChĹ“ur Ă  quatre voix « Gefangen – habt Ihr’s gehört ? » : Dans une certaine confusion, les hussards, les dragons, les grenadiers et les artilleurs jurent de tout tenter pour libĂ©rer leur chef.
  • No 13 : Chant guerrier « Soldatenherz schlägt voller Mut » : Tous se reprennent cependant peu Ă  peu et crient vengeance Ă  l’unisson.
  • No 14: Finale : Ayant revĂŞtu son uniforme de lieutenant, le comte Saldorf arrive au camp pour vĂ©rifier que le duc a rĂ©ussi Ă  s’échapper. Il est alors pris Ă  partie par les soldats qui l’accusent d’avoir trahi et d’être le responsable de la capture de leur chef. Vielka et ThĂ©rèse prennent alors sa dĂ©fense et indiquent que c’est grâce Ă  lui que le duc a pu Ă©chapper Ă  ses ennemis. Cette rĂ©vĂ©lation met au comble la fureur des soldats qui rĂ©pondent que le duc a Ă©tĂ© capturĂ© et qu’ils vont exĂ©cuter sĂ©ance tenante Saldorf. Un coup de canon retentit soudain. Un hussard annonce alors que le duc a effectivement pu s’échapper grâce Ă  Saldorf et qu’il va mener le combat contre les troupes ennemies. Les soldats demandent alors pardon Ă  Saldorf qui leur demande de rallier leur chef et de remporter la victoire. Tous jurent alors devant Dieu qu’ils seront vainqueurs ou qu’ils mourront sur le champ de bataille.

Acte III

Le jardin du château du comte Aubitz : au fond de la scène, trois fontaines magnifiques. À droite, quelques marches mènent à l’entrée du château surmontée d’un balcon. À gauche, une grotte artificielle décorée de statues, de coquillages et de plantes exotiques.

Jenny Lind dans le rĂ´le de Vielka.
  • No 15: ChĹ“ur et ballet « Wie die Gestalten voll Anmut schweben » : Après avoir assistĂ© de son balcon Ă  la rĂ©pĂ©tition du ballet donnĂ© le soir mĂŞme en l’honneur de son Ă©pouse, le comte Aubitz congĂ©die l’ensemble des danseurs et rentre dans ses appartements. Xaver fait alors entrer, dans le jardin dĂ©sert, son père, Ferenz, toujours furieux d’avoir Ă©tĂ© mystifiĂ© par Saldorf et d’avoir laissĂ© Ă©chapper le duc. Xaver craint quant Ă  lui que des soldats de l’armĂ©e ducale qui est dĂ©sormais très proche ne le reconnaissent et ne l’arrĂŞtent comme dĂ©serteur. Entendant du bruit, le père et le fils vont se cacher dans la grotte. Le duc et son aide de camp Buddenbrogh jouent aux espions afin de prĂ©parer une future invasion et se prĂ©sentent comme des flutistes souhaitant se faire recruter dans l’orchestre du comte Aubitz. Ils rencontrent alors Conrad qui postule Ă©galement Ă  un poste de flutiste. Conrad reconnaĂ®t immĂ©diatement le duc qui lui ordonne de ne pas le dĂ©noncer. Tous entrent dans le château pour passer l’audition. Ferenz et Xaver sortent de leur cachette et Xaver, qui a Ă©galement reconnu le duc, jure de se venger lui-mĂŞme. Vielka et ThĂ©rèse sont elles Ă  la recherche de Conrad et surprennent les derniers mots de Xaver. Vielka demande alors Ă  ThĂ©rèse d’aller chercher Saldorf afin de l’aider Ă  convaincre le duc du danger qu’il court. Après le dĂ©part de ThĂ©rèse, Vielka retrouve Conrad et demande son aide pour attirer l’attention du duc. Ce dernier passe au mĂŞme moment l’audition dans le château. Vielka encourage alors Conrad Ă  jouer Ă  son tour la mĂŞme mĂ©lodie.
  • No 16: Duo avec chĹ“ur « GlĂĽck bedeuten diese Töne » : Après s’être fait quelque peu priĂ©, Conrad obtempère. Le comte Aubitz est charmĂ© de ce duo de flutes improvisĂ© et vient fĂ©liciter Conrad, suivi du duc. Ă€ l’insu du comte, ce dernier promet de rĂ©aliser le vĹ“u le plus cher du jeune homme s’il quitte les lieux immĂ©diatement. Vielka, quant Ă  elle, essaie de prĂ©venir le duc des dangers qu’il court mais ses avertissements sont complètement ignorĂ©s. Le duc, dĂ©sormais recrutĂ© comme flutiste d’orchestre, accompagne le comte dans le château tandis que ThĂ©rèse revient par les jardins en annonçant l’arrivĂ©e prochaine de Saldorf.
  • No 17: Trio « Den Herzog sprachest du ! » : Ne sachant quelle faveur demander au roi, Conrad revient auprès de Vielka pour lui demander conseil. Avec l’aide de ThĂ©rèse, celle-ci convainc alors le jeune homme de demander la grâce de LĂ©opold, le fils de Saldorf et fiancĂ© de ThĂ©rèse. Après avoir un peu hĂ©sitĂ©, Conrad accepte. Saldorf arrive sur ces entrefaites et rĂ©vèle Ă  Vielka qu’il est son vĂ©ritable père et que LĂ©opold est son demi-frère. Après s’être jetĂ©e dans les bras de son père, Vielka lui annonce qu’elle peut obtenir la grâce de LĂ©opold auprès du duc, Ă  la condition que ce dernier ne soit pas victime du complot qui se prĂ©pare contre lui. Saldorf et la jeune fille vont alors se cacher lorsqu’ils voient approcher Ferenz et son fils Xaver. Ce dernier veut empoisonner le verre de vin qui sera servi au duc. Tandis qu’on installe la table du comte Aubitz dans les jardins, Vielka guette le moindre geste de Xaver. Lorsqu’elle le voit tendre une coupe au duc, elle la brise. Furieux, Xaver tire un coup de pistolet sur le duc mais Vielka s’interpose et s’écroule mortellement blessĂ©e.
  • No 18: Finale : Après avoir prĂ©dit un destin glorieux au duc, Vielka meurt dans les bras de son père qui a cependant la consolation d’apprendre que son fils LĂ©opold est dĂ©sormais graciĂ©. Quant Ă  Vielka, elle est accueillie dans l’autre monde par sa mère.

Genèse

Ludwig Rellstab, auteur du livret de l’opéra.

Le succès remporté par Jenny Lind dans Ein Feldlager in Schlesien, l’opéra précédent de Meyerbeer créé à Berlin, incite Alois Pokorny, directeur du Theater an der Wien de Vienne, à vouloir présenter à son tour la vedette dans cet ouvrage. Comme l’atteste le journal du compositeur, Pokorny demande le à Meyerbeer l’autorisation de monter Ein Feldlager à Vienne avec Jenny Lind. Deux jours plus tard, Meyerbeer donne son accord. Une révision de l’ouvrage s’impose cependant. En premier lieu, Ein Feldlager est une œuvre de circonstance censée glorifier la Prusse et ses souverains à l’occasion de l’inauguration de la nouvelle salle de l’Opéra royal de Berlin en 1844. Or, la Prusse est l’ennemie héréditaire de l’empire austro-hongrois et Ein Feldlager raconte justement comment Frédéric II a réussi à annexer la Silésie aux dépens de l’empire de la jeune Marie-Thérèse.

En outre, la très pieuse Jenny Lind éprouve quelques réticences à reprendre un rôle de bohémienne dotée de pouvoirs de divination. Il est donc nécessaire de déplacer l’action et de gommer autant que faire se peut les dons de voyance du rôle féminin principal.

Pour cette adaptation, Meyerbeer fait appel à Ludwig Rellstab, le librettiste « officiel » de Ein Feldlager bien qu’il ne se soit contenté que de traduire en allemand un livret français d’Eugène Scribe. Rellstab travaille au cours du printemps 1846 aux transformations demandées et envoie une première version du livret en juillet-août. Fin novembre 1846, Meyerbeer trie avec Burguis, le secrétaire de sa mère Amalie, les innombrables bouts de papier contenant les modifications et créé une nouvelle partition. Plusieurs retouches seront faites par la suite et le livret définitif n’est envoyé à Vienne que le premier . L’actrice et femme de lettres allemande Charlotte Birch-Pfeiffer apporte également son aide à Meyerbeer à ce stade et propose quelques suggestions qui seront reprises dans le livret final.

Sur le plan musical, Meyerbeer reprend un chœur qui avait été composé pour Les Huguenots mais qui n’avait pas été utilisé et le place au début du troisième acte. Il compose également de nouveaux récitatifs pour Jenny Lind, deux romances pour le baryton vedette Joseph Staudigl (au premier et au troisième acte), un nouveau ballet pour le deuxième acte, un entracte avant le dernier acte et un nouveau finale (avec un chœur d’introduction, la mort de Vielka et un chœur d’anges accompagnant l’accueil de Vielka par sa mère défunte dans le monde des morts). Le , Meyerbeer met un point final à la révision de l’opéra.

Création

Le Theater an der Wien en hiver, aquarelle de Karl Wenzer Zajicek.

La soirée d’ouverture du est un nouveau triomphe pour le compositeur et Jenny Lind. La salle est comble et les places se sont arrachées au marché noir. Meyerbeer dirige la représentation et est rappelé par le public deux fois après le premier acte, quatre fois après le deuxième et quatre fois à nouveau après le dernier. Le , une représentation spéciale, à nouveau dirigée par Meyerbeer, est donnée en présence du jeune archiduc François-Joseph, futur empereur.

En tout, treize représentations de l’œuvre sont données jusqu’au , et on compte une représentation supplémentaire le . Par la suite, l’ouvrage ne sera plus jamais donné, Meyerbeer n’ayant pas autorisé de nouvelles productions. Selon R.I. Letellier[1], le refus du compositeur tiendrait aux origines par trop « militaro-prussiennes » du livret et à sa réticence à faire interpréter par d’autres cantatrices un rôle composé exclusivement pour Jenny Lind. Il faut noter cependant que Meyerbeer réutilisera la musique composée pour Vielka dans l’opéra-comique L’Étoile du Nord qui sera créé en 1854 à Paris. Un arrangement pour piano de l’ouverture et des airs les plus célèbres de l’opéra a été composé par Anton Diabelli et publié à Vienne en 1848.

Interprètes de la création

Jenny Lind en 1845.
Rôle Tessiture Distribution de la création, 1847
(Chef d’orchestre : Giacomo Meyerbeer)
Le Comte Saldorf baryton Joseph Staudigl
Therese soprano Mlle Bergauer
Vielka soprano Jenny Lind
Conrad ténor M. Ditt
Le Duc acteur Eduard Jerrmann
Lieutenant Buddenbrogh acteur M. Biel
Le Comte Aubitz basse M. Starke
Ferenz basse M. Radl
Xaver basse M. Nolte
Hartmann basse M. Verstl

Analyse

Comme le remarque R.I. Letellier, la volonté de cacher les origines prussiennes du texte original de Ein Feldlager a conduit à alourdir un livret qui a perdu une grande partie de son charme. Le remplacement du roi Frédéric II par un duc anonyme et non localisé géographiquement rend l’intrigue à la fois très artificielle et désincarnée, privant d’enjeu réel tous les événements se déroulant sous les yeux des spectateurs. De même, l’utilisation des talents bien connus de flutiste de Frédéric II dans Ein Feldlager est ici transposée de façon assez maladroite.

De nombreux personnages ont été ajoutés (un aide de camp pour le duc, le comte Aubitz, un fils pour le « méchant » de l’histoire) mais ces derniers n’apparaissent qu’au troisième acte ce qui fait apparaître encore plus visible la couture entre les deux premiers actes (assez peu modifiés par rapport à Ein Feldlager) et le troisième acte, qui devient assez difficilement compréhensible et accumule les invraisemblances : le duc espionne lui-même les ennemis et semble surtout préoccupé de jouer de la flute ; Conrad, Vielka, Thérèse puis Saldorf se retrouvent tous dans le château du comte Aubitz sans véritable raison ; les « méchants » Ferenz et Xaver déploient beaucoup d’efforts pour tuer le duc alors qu’il leur suffirait de le dénoncer pour que ce dernier soit capturé, etc.

Des éléments mélodramatiques sont également ajoutés et viennent alourdir l’intrigue : une rivalité amoureuse est créée entre Thérèse et Vielka qui aiment toutes les deux le même homme ; Vielka apprend au dernier acte qu’elle est la fille illégitime de Saldorf. Cependant, ces éléments ne sont pas réellement exploités en tant que tels si ce n’est pour mettre en évidence la volonté sacrificielle permanente de Vielka que vient couronner la fin tragique de l’œuvre. Au total, le personnage de la jeune bohémienne perd beaucoup de son charme par rapport à la version originale de Ein Feldlager. Pour sauver sa musique, Meyerbeer ne verra pas d’autre issue que de faire réviser entièrement le livret, ce qui sera fait quelques années plus tard avec la composition de L’Étoile du Nord créé à Paris en 1854.

Bibliographie

  • (en) Richard Arsenty et Robert Ignatius Letellier, The Meyerbeer Libretti : German Operas 2, Cambridge Scholars Publishing, 2e Ă©dition, 2008, 229 p. (ISBN 978-1-8471-8966-0)
  • (en) Robert Ignatius Letellier, The Operas of Giacomo Meyerbeer, Fairleigh Dickinson University Press, 2006, 363 p. (ISBN 978-0-8386-4093-7)

Notes et références

  1. (en) Robert Ignatius Letellier, The Operas of Giacomo Meyerbeer, Fairleigh Dickinson University Press, 2006, 363 p. (ISBN 978-0-8386-4093-7)

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