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Vidéosurveillance algorithmique

La vidéosurveillance algorithmique (VSA) est un système de vidéosurveillance utilisant l'intelligence artificielle. Parfois également appelés vidéosurveillance "intelligente", "automatisée" ou "augmentées"[1], cet outil permet d'analyser automatiquement des images par des logiciels pour reconnaitre par exemple des mouvements suspects, des formes.

DĂ©finition et utilisation

La vidéosurveillance algorithmique permet d'analyser en temps réel les flux vidéos grâce à un logiciel qui se connecte au réseau existant des caméras en mettant de la “détection” et “tracking”. Avec cette technologie on transfère ce travail d’analyse à un logiciel qui produirait des notifications ou des alertes dès qu’il repère un événement qu’on lui aurait apprit à détecter. Les grands distributeurs de ce type de logiciel en Europe sont Breifcam, concepteur israélien et Two-i, concepteur français.

Encadrement juridique de son utilisation

L'encadrement de ces pratiques n'est pas encore claire. Néanmoins en France, la CNIL et la Quadrature du Net sont des organismes qui défendent les droits et libertés des personnes face aux avancées numériques. Ils publient des rapports et des enquêtes pour tendre vers un encadrement des pratiques.

Exemples d'utilisation

France

En France, le débat émerge avec l'organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 pour lesquels il est envisagé d'expérimenter l'utilisation de la vidéosurveillance algorithmique. Débattu au parlement en pleine crise sur la réformes des retraites, l'article 7 de la loi sur les Jeux Olympiques, est adopté par l'assemblée nationale le 23 mars 2023.

Ce dispositif pourra être utilisé dans le cadre des jeux mais aussi pour des manifestations sportives, récréatives ou culturelles qui par leur ampleur ou leurs circonstances, sont particulièrement exposées à des risques d’actes de terrorisme ou d’atteintes graves à la sécurité des personnes[2]. Il est notamment prévu de tester le dispositif dans le cadre de la Coupe du monde de rugby organisée de septembre à octobre 2023. Pour le moment, l'utilisation de données biométriques (reconnaissance faciale notamment) dans le dispositif est exclue[3].

La période d'application du dispositif est prévue pour se terminer au 31 décembre 2024.

Chine

En Chine, la technologie participe à une politique de contrôle social. Depuis 2017, la vidéosurveillance algorithmique sert à faire respecter la loi. Sont ainsi soumis à l'opprobre public les piétons ne respectant pas les feux rouges aux passages piétons, leurs visages étant affichés dans l'espace public[4]. Le dispositif sert plus globalement à identifier les comportements jugés suspects avec pour objectif de l'intégrer au système de crédit social qui a pris forme dès les années 2000[5].

Craintes

En France la Commission nationale de l'Informatique et des Libertés (CNIL) fait part de ses réserves dans un rapport du 19 juillet 2022 en soulignant "les risques pour les droits et libertés des personnes"[6]. Elle y précise ainsi le caractère "intrusif" d'un tel dispositif notamment en matière de préservation de l'anonymat dans l'espace public. Les craintes sont aussi partagées par des associations de défense des libertés ainsi que le Conseil national des barreaux. Amnesty International dénonce "une offensive généralisée contre le droit à la vie privée, le droit de manifester et les droits aux libertés de réunion et d’expression"[3].

Au niveau européen, un règlement est en cours de négociation sur l'intelligence artificielle. Le 17 mars 2023, plusieurs eurodéputés ont mis en garde la France sur une possible non conformité de l'article 7 de la loi sur les Jeux Olympiques avec le règlement qui devrait être promulgué au mois d'avril[2].

D'autres organismes de défense comme la Quadrature du Net critiquent le "solutionnisme technologique" et pointent du doigt le manque d'efficacité de ces démarches. Par exemple, dans son enquête, Laurent Mucchielli démontre que les caméras n’aident à élucider que 1 % à 3 % des infractions commises sur la voie publique. Le cas de la ville de Birmingham, deuxième ville la plus peuplée d’Angleterre, constitue un cas emblématique. En effet, une étude britannique montre que le cas de vols et de cambriolage a triplé dans les zones non couvertes par les caméras augmentées, il y a donc un déplacement de la délinquance dans les zones non surveillées et non pas une réduction.

Références

  1. « Qu’est-ce que la vidéosurveillance algorithmique ? », sur La Quadrature du Net, (consulté le )
  2. « JO 2024 : les députés autorisent la vidéosurveillance algorithmique avant, pendant et après les Jeux », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. Par David Charpentier Le 23 mars 2023 à 17h00, « Paris 2024 : il y aura bien des caméras « intelligentes » pour les Jeux olympiques », sur leparisien.fr, (consulté le )
  4. « Comment la Chine utilise la reconnaissance faciale pour faire respecter la loi », sur Les Echos, (consulté le )
  5. « En Chine, la vie sous l'oeil inquisiteur des caméras », sur Les Echos, (consulté le )
  6. « Caméras dites « augmentées » dans les espaces publics : la position de la CNIL | CNIL », sur www.cnil.fr (consulté le )
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