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Valentine Grandjean

Valentine Grandjean (1856-1915) est le quatrième enfant d’une famille de tisserands de Douai.

Valentine Grandjean
Biographie
Naissance
Décès
Activité

Très vite mise en apprentissage, elle devient une figure marquante du mouvement ouvrier alsacien de la fin du XIXe siècle et reste connue - comme l'initiatrice de la « coopérative prolétarienne ».

Biographie

Née dans la seconde moitié du XIXe siècle, issue d’une famille paysanne de l’Est de la France, Valentine Grandjean connaît très tôt le monde de la fabrique : poussée par la pauvreté, elle doit, comme beaucoup de très jeunes enfants et beaucoup de femmes, aller travailler dès 7 ans, d’abord à domicile en aidant sa mère qui coud pour le compte de différents marchands. Elle fait alors l’expérience du domestic system. À partir de 10 ans, elle découvre le monde de l’atelier textile dans le quartier de la Porte de Valenciennes. Les journées de travail dépassent souvent les dix heures et il n'y a pas de congés. Les accidents du travail sont nombreux en raison de l’exiguïté des pièces et de l'encombrement des machines : Valentine Grandjean perd ainsi à 11 ans deux doigts arrachés par la navette d’un métier à tissu. Les salaires sont faibles et les relations avec les patrons sont particulièrement tendues : la forte natalité des populations ouvrières et la misère ambiante permettent aux employeurs une utilisation intensive de la main-d’œuvre tout en maintenant des salaires très bas : toute forme de résistance se solde par un renvoi.

En 1870, le père de Valentine Grandjean perd ainsi sa place de contremaître dans le grand atelier de la Porte d’Arras après une coalition pour de meilleures conditions de travail. Le logement des ouvriers est souvent misérable et ne s’améliore que lentement. Douai, qui se développe avec la révolution industrielle, est particulièrement malsaine. Les crises économiques les précipitent dans le chômage. Parfois les patrons s’efforcent de diminuer les violences des conflits sociaux en développant des logements bon marché pour les ouvriers, mais ce paternalisme n’interrompt pas l’aliénation ouvrière.

Monde du travail : de la fabrique à la prise de conscience

À partir de 1880, Valentine Grandjean part travailler dans l'industrie en chambre du vêtement DMC qui se développe dans le sillage de l’industrialisation de la branche textile à l’extérieur de la ville. Face à la relative stagnation de l’industrie urbaine, les industries rurales se développent fortement. Cette évolution se combine avec la tendance au contrôle de la production par les marchands. Si d’autres formes d’organisation de la production subsistaient, comme l’artisanat indépendant ou des entreprises petites, le putting out system (fabrique, Verlagssystem) était en rapide expansion. Dans ce système, le marchand ou entrepreneur urbain faisait apporter la matière première aux travailleurs ruraux à domicile, puis rechercher le produit fabriqué. Cette évolution qui utilise le chemin de fer et la machine à vapeur pour actualiser l’inégalité des termes de l’échange entre ouvrières du textile et marchands marque fortement Valentine Grandjean qui participe aux premières grèves de femmes. Elle comprend peu à peu que c’est dans l’autonomie ouvrière que réside l’amélioration des conditions des travailleurs.

La coopérative ouvrière

Vers la fin du XIXe siècle, elle commence à créer un réseau d’ouvrières qui peu à peu permet de rassembler suffisamment de capital pour fonder leur propre atelier. Elles créent ainsi en 1898 la première coopérative ouvrière : outre que les moyens de production n’appartiennent plus à un propriétaire urbain, la coopérative, fondée sur la gestion collective via les conseils ouvriers, offre un nouvel équilibre entre travail et capital. Largement inspirée des expériences de Valentine Grandjean, elle cherche à améliorer les conditions de travail en diminuant le nombre d’heures derrière le métier, en augmentation la rotation d’une tâche à l’autre pour limiter la pénibilité des tâches et en développant la prise en charge sociale du travailleurs (assurance pour les veuves et contre le chômage). Grâce au réinvestissement du capital, la coopérative ouvrière reste largement compétitive et constitue début XXe siècle une expérience unique d’autogestion ouvrière.

Son personnel est presque exclusivement féminin.

Bibliographie

  • Albert Aftalion, Le Développement de la fabrique et le travail à domicile dans les industries de l'habillement, Paris, 1906, p. 68-70
  • Étienne Dejonghe, « Classes ouvrières et coopératives dans le Nord », dans Revue du Nord, 1984, no 66, p. 53-76.
  • Georges Duby, Histoire de la France urbaine, tome 4 : La ville à l’âge industriel, Paris, éditions du Seuil, 1998.
  • Yves Lequin, « Les villes et l’industrie : l’émergence d’une autre France », in Lequin, Yves (sd.), Histoire des Français XIXe-XXe siècles, tome 2 : La société, Paris, A. Colin, 1983
  • Michelle Perrot, « Les classes populaires urbaines », in Braudel, Fernand ; Labrousse, Ernest (sd.), Histoire économique et sociale de la France, Paris, PUF, tome 4, vol. 1, 1979
  • Patrick Verley, La Révolution industrielle, Gallimard, 1997
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