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VĂ©rifacteur

Un vĂ©rifacteur est ce qui dans le monde rend vraie une vĂ©ritĂ© ou un Ă©noncĂ© vrai[1]. Cette notion relève du vocabulaire de la philosophie analytique et elle est associĂ©e Ă  une conception Ă  la fois rĂ©aliste et « correspondantiste Â» de la vĂ©ritĂ© : si un Ă©noncĂ© est vrai, alors il doit exister quelque chose qui le rend vrai ; de mĂŞme, si un prĂ©dicat quelconque s'applique Ă  quelque chose (ex. : « mammifère Â» dans « les hommes sont des mammifères »), alors il doit exister quelque chose qui rend vrai le fait qu'un prĂ©dicat s'y applique. Cette relation de correspondance entre vĂ©ritĂ© et rĂ©alitĂ© repose sur le principe de causalitĂ© : un vĂ©rifacteur est ce qui cause la vĂ©ritĂ© d'un Ă©noncĂ© ou d'une relation de prĂ©dication .

Le concept de « vĂ©rifacteur Â» a Ă©tĂ© forgĂ© par le philosophe David M. Armstrong pour justifier le rĂ©alisme scientifique sans pour autant cautionner une interprĂ©tation naĂŻve de la vĂ©ritĂ© entendue comme simple « adĂ©quation Â» ou « reflet Â» de la rĂ©alitĂ©. Contre cette interprĂ©tation de la vĂ©ritĂ© qui la rendrait en quelque sorte « miraculeuse Â», la notion de « vĂ©rifacteur Â» doit permettre d'inscrire la causalitĂ© — jusque-lĂ  relĂ©guĂ©e aux sciences de la nature — au sein mĂŞme de la thĂ©orie de la connaissance. Elle doit Ă©galement permettre d'isoler l'aspect du rĂ©el qui, dans une thĂ©orie rĂ©aliste de la connaissance, fonde et dĂ©termine le vrai : pour Armstrong, il s'agit des propriĂ©tĂ©s ou universaux que possèdent les individus auxquels les Ă©noncĂ©s vrais se rĂ©fèrent.

Aristote semble avoir Ă©tĂ© le premier philosophe Ă  avoir expressĂ©ment Ă©tabli l'antĂ©rioritĂ© causale de la rĂ©alitĂ© par rapport Ă  la vĂ©ritĂ©. Dans ses CatĂ©gories, le philosophe grec Ă©nonce la thèse suivante :

 Â« [...] la proposition vraie n’est en aucune façon cause de l’existence de la chose ; c’est au contraire la chose qui semble ĂŞtre, en quelque sorte, la cause de la vĂ©ritĂ© de la proposition, car c’est de l’existence de la chose ou de sa non-existence que dĂ©pend la vĂ©ritĂ© ou la faussetĂ© de la proposition. Â»[2]

Notes et références

  1. (en) A world of states of affairs, Cambridge New York, Cambridge University Press, coll. « studies in philosophy », , 285 p. (ISBN 978-0-521-58064-9 et 978-0-521-58948-2, OCLC 706375996), p. 13.
  2. Aristote, Catégories, 14b, 14-22, tr. fr. J. Tricot, Vrin, 1984.

Bibliographie

Articles connexes

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