Ur-element
En thĂ©orie des ensembles, un ur-element (ou urelement) est quelque chose qui n'est pas un ensemble mais qui peut ĂȘtre Ă©lĂ©ment d'un ensemble. Ainsi, si u est un ur-element, et X un ensemble, on peut avoir ou non :
- u â X,
mais
- X â u est impossible.
Ils partagent ainsi avec le seul ensemble vide le fait de ne posséder aucun élément, mais pour des raisons tout à fait différentes : rien ne peut appartenir à un ur-element parce que cela n'a pas de sens, alors que rien n'appartient à l'ensemble vide par définition.
Les ur-elements sont aussi appelés atomes, individus, éléments primitifs ....
IntĂ©rĂȘt des ur-elements
La thĂ©orie des ensembles moderne a pu montrer que, pour dĂ©velopper l'ensemble des mathĂ©matiques, on pouvait complĂštement se passer d'atomes. Tous les ensembles utiles peuvent ĂȘtre construits Ă partir de l'abstraction mathĂ©matique qu'est l'ensemble vide.
NĂ©anmoins les thĂ©ories des ensembles avec ur-elements gardent leur intĂ©rĂȘt, pour des thĂ©ories des ensembles faibles, ou tout simplement parce qu'elles peuvent apparaĂźtre plus naturelles au prime abord. De façon imagĂ©e, si on veut prouver que tout homme rĂ©sidant Ă Paris rĂ©side en France, on va utiliser les propriĂ©tĂ©s de la relation d'inclusion telles qu'elles sont dĂ©finies en thĂ©orie des ensembles. Pourtant, on ne va pas affirmer pour le prouver que tel homme (ur-element) qui vit Ă Paris donc en France est construit Ă partir de l'ensemble vide.
Adjoindre Ă l'ontologie ensembliste des objets qui ne sont pas des ensembles permet d'Ă©tendre son application Ă d'autres domaines. Mais il faut bien sĂ»r formellement s'assurer que les thĂ©orĂšmes acquis sur les seuls ensembles peuvent s'exporter hors de ce domaine. D'oĂč l'intĂ©rĂȘt d'une thĂ©orie des ensembles avec ur-elements qui peut le garantir formellement.
Théorie des ensembles avec ur-elements
Dans les théories des ensembles usuelles, comme la théorie ZFC, il n'y a pas d'ur-elements.
Syntaxiquement, leur introduction consiste à enrichir le langage ensembliste (ne comprenant que les symboles de relation binaire d'appartenance et d'égalité) de constantes d'individus.
Les quantifications présentes dans les axiomes de la théorie des ensembles sont alors généralement relativisées aux seuls ensembles et ne s'appliquent pas aux ur-elements.
Dans des axiomatiques comme la thĂ©orie des ensembles typĂ©e, les objets de type 0, ou atomes, peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme des ur-elements.
RĂ©sultats
L'adjonction d'ur-elements au systÚme des New Foundations de Quine (NF), a des conséquences surprenantes. En particulier, alors que l'on ne sait pas si la théorie NF est cohérente (relativement à ZFC et ses extensions), la théorie NF avec Ur-elements, notée NFU, se révÚle cohérente relativement à l'arithmétique de Peano : une théorie bien plus faible que ZFC. De plus NFU plus l'axiome du choix est cohérente relativement à NFU, alors que NF démontre la négation de l'axiome du choix !
Références
- (en) Eric W. Weisstein, « Urelement », sur MathWorld