Tsvi Hirsh Ashkenazi
Le Rav Tsvi Hirsch ben Yaakov Ashkenazi (hĂ©breu: ŚšŚ ŚŠŚŚ ŚŚŚšŚ© ŚŚ ŚŚąŚ§Ś ŚŚ©ŚŚ ŚŚ) est un rabbin bohĂ©mien des XVIIe et XVIIIe siĂšcles (nĂ© en 1656 Ă VelkĂ© MeziĆĂÄĂ - mort le Ă Lviv), plus connu sous le pseudonyme de Hakham Tsvi, dâaprĂšs son grand-Ćuvre, un recueil de responsa Ă©ponyme.
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DĂ©cisionnaire connu pour son caractĂšre indĂ©pendant, il fut lâun des rares opposants, et parmi les plus rĂ©solus, aux disciples du faux messie SabbataĂŻ Tsevi. Il a exercĂ© une profonde influence sur les Juifs de son temps, en particulier auprĂšs des communautĂ©s dâAmsterdam et dâAngleterre.
ĂlĂ©ments biographiques
Jeunes années
Tsvi Hirsh descend tant par sa mĂšre que son pĂšre dâĂ©rudits illustres au sein du judaĂŻsme. Petit-fils d'Ălie Ba'al Shem de Chelm, il Ă©tudie dâabord avec son pĂšre dans sa ville natale puis avec son grand-pĂšre, Ephraim ha-Kohen, alors rabbin d'Alt-Ofen (devenu un quartier de Budapest).
Adolescent, il fait route vers Salonique oĂč il suit les cours dâElihu Cobo et apprend les mĂ©thodes dâĂ©tude sĂ©farades. Câest Ă Salonique quâil reçoit le surnom dâAshkenazi, lĂ Ă©galement quâil est pour la premiĂšre fois tĂ©moin de lâimpact du mouvement de SabbataĂŻ Tsevi sur la communautĂ© juive. Avant son retour Ă Alt-Ofen, il semble avoir sĂ©journĂ© quelque temps Ă Constantinople, probablement jusqu'en 1679. Ses recherches et son ingĂ©niositĂ© semblent avoir fait une si grande impression qu'un Ă©rudit polonais lui attribue le titre de Hakham, gĂ©nĂ©ralement portĂ© par et rĂ©servĂ© aux rabbins de lâempire ottoman.
PĂ©riode allemande
Peu de temps aprĂšs son retour, le Hakham Tsvi se marie avec la fille dâun Ă©minent citoyen d'Alt-Ofen et conçoit dâelle une fille. Cependant, Alt-Ofen est envahie par l'armĂ©e autrichienne en 1686 et sa fille est tuĂ©e par un tir de canon. Il s'enfuit alors vers Sarajevo, tandis que ses parents sont faits prisonniers par les Prussiens.
Ă Sarajevo, il est appointĂ© comme rabbin jusquâen 1689, annĂ©e Ă laquelle il dĂ©missionne en raison de certains conflits avec des membres de sa communautĂ©. Il part sâĂ©tablir en Allemagne et Ă©pouse Ă Berlin Sarah, fille de Meshullam Zalman Mirels Neumark, le grand-rabbin des communautĂ©s dâAH"OU (Altona, Hambourg et Wandsbeck). Elle dĂ©cĂ©dera Ă Lviv, le .
Sur les conseils de son beau-pĂšre, il sâinstalle en 1690 Ă Altona, Ă lâĂ©poque non-rattachĂ©e Ă la maison de Hambourg. Les membres dirigeants de la communautĂ© y ont crĂ©Ă© un klaus (maison dâĂ©tude) oĂč ils installent le Hakham Tsvi comme rabbin. Sous son impulsion, le lieu devient cĂ©lĂšbre et attire de nombreux Ă©lĂšves mais son salaire, dâĂ peine 60 thalers par an, le contraint Ă exercer diffĂ©rentes activitĂ©s complĂ©mentaires dont la bijouterie pour subvenir aux besoins de sa famille.
AprĂšs la mort de son beau-pĂšre, quâil avait secondĂ© vers la fin de sa vie dans ses activitĂ©s officielles, le Hakham Tsvi est pressenti Ă sa succession par une partie de la communautĂ© juive tandis qu'une autre partie de la communautĂ© penche en faveur de Moshe ben Alexander Rothenburg. Lâalternance proposĂ©e, chaque rabbin officiant pendant une pĂ©riode de six mois, ne parvient pas Ă empĂȘcher les frictions et les conflits sur des questions religieuses dâaugmenter, si bien qu'en 1709, le Hakham Tsvi dĂ©missionne et reprend son travail de rabbin du Klaus.
Un poste contesté
Le Hakham Tsvi reçoit le , une lettre de nomination en tant que grand-rabbin de la communautĂ© ashkĂ©naze dâAmsterdam. Un logement gratuit lui est offert ainsi quâun salaire annuel de 2 500 florins hollandais (le salaire du grand-rabbin de Berlin ne serait, cinquante ans plus tard, que de 375 florins). Il Ă©met cependant des conditions Ă sa nomination visant Ă lui conserver son indĂ©pendance : en aucune circonstance, il ne sera obligĂ© de se soumettre aux volontĂ©s de la communautĂ© ni forcĂ© d'accepter des cadeaux et pourra, en toutes circonstances, conserver son autonomie.
Sa rĂ©serve se rĂ©vĂšle rapidement judicieuse, le rabbin devant dĂšs la prise de ses fonctions, se confronter Ă un groupe hostile menĂ© par Aaron Polak Gokkes. Il est dĂ©cidĂ© le que le grand-rabbin soit dĂ©mis de ses fonctions au terme de son mandat de trois ans mentionnĂ© dans sa lettre de nomination. Cependant, lâintĂ©ressĂ© refuse de se soumettre Ă une rĂ©vocation quâil considĂšre comme injuste. Le Hakham Tzvi est alors soumis Ă diverses pressions, dont la suspension de son salaire, mais tient bon.
L'affaire Hayoun
Le , un dĂ©nommĂ© NĂ©hĂ©mie Hayoun arrive Ă Amsterdam et demande la permission Ă la communautĂ© portugaise de faire circuler ses Ćuvres, quâil a fait publier Ă Berlin. Croyant reconnaĂźtre lâun de ses anciens opposants de Sarajevo et de Salonique, le Hakham Tzvi intervient auprĂšs de Salomon Ayllon, rabbin de la communautĂ© portugaise, afin que celui-ci refuse dâaccorder son autorisation Ă cet Ă©tranger. Cependant, aprĂšs que NĂ©hĂ©mie Hayoun eut rencontrĂ© le Hakham Tzvi en personne, il se rĂ©tracte, en raison dâune erreur sur la personne.
Cependant, plusieurs membres de la communautĂ© portugaise ont soumis les Ă©crits de NĂ©hĂ©mie Hayoun au jugement de Moshe Hagiz, shaliah (Ă©missaire) de JĂ©rusalem sĂ©journant Ă Amsterdam, qui a tĂŽt fait dây dĂ©celer le caractĂšre sabbatĂ©en de lâĆuvre. Le Hakham Tzvi reprend donc sa campagne, enjoignant Ă la communautĂ© portugaise de ne pas donner son accord Ă lâauteur. Il rejette nĂ©anmoins une demande d'indiquer les passages condamnables et refuse de faire partie du comitĂ© dâinvestigation mis en place par la communautĂ© portugaise car il considĂšre Salomon Ayllon, quâil connaĂźt pour lui avoir rĂ©pondu sur plusieurs sujets concernant les communautĂ©s sĂ©farades des Balkans, incompĂ©tent sur de telles questions. Une polĂ©mique agressive s'ensuit, au cours de laquelle Moshe Hagiz prend le parti du Hakham Tsvi. Des pamphlets apparaissent de part et d'autre, dans lesquels les contestataires sâaccusent des plus vĂ©hĂ©mentes forfaitures. Le , alors que le comitĂ© dâinvestigation nâa toujours pas remis son rapport, le Hakham Tzvi Ă©met un herem (dĂ©cret dâexcommunication) envers Hayoun. Lui et Moshe Hagiz sont alors violemment pris Ă partie dans la rue et menacĂ©s de mort. Salomon Ayllon remet alors son rapport, innocentant complĂštement NĂ©hĂ©mie Hayoun et le jour suivant, celui-ci est accueilli dans la synagogue lors dâune rĂ©ception publique en son honneur.
Opposants sĂ©farades et ashkĂ©nazes se rejoignent dans leur dĂ©testation de Tsvi Ashkenazi, abandonnĂ© de tous Ă lâexception dâun cercle dâamis proches. Il refuse de se prĂ©senter devant leur tribunal de la communautĂ© portugaise (qui nâa aucun pouvoir sur lui), anticipant quâils lâobligeront Ă se rĂ©tracter, Ă louer et Ă recommander NĂ©hĂ©mie Hayoun.
Bannissement
Le , le maamad de la communautĂ© portugaise somme derechef, par l'intermĂ©diaire d'un avocat chrĂ©tien, le Hakham Tzvi de se prĂ©senter. Devant son refus, lui et Moshe Hagiz sont formellement mis au ban de la communautĂ© portugaise. Il est temporairement mis aux arrĂȘts Ă rĂ©sidence par les autoritĂ©s municipales, influencĂ©es par Salomon Ayllon et les dirigeants portugais, tandis que lâaffaire est portĂ©e devant la justice afin d'obtenir la destitution du rabbin et son bannissement dâAmsterdam.
Les magistrats dĂ©cident au prĂ©alable de mander lâavis de diffĂ©rents professeurs de Leyde, dâUtrecht et dâHarderwijk sur le diffĂ©rend. Cependant, leurs dĂ©cisions, s'il y en a eu, sont restĂ©es inconnues.
Ă Londres
Anticipant une fois de plus lâaction juridique, le Hakham Tsvi dĂ©missionne de son poste et quitte Amsterdam au dĂ©but de 1714, peut-ĂȘtre clandestinement, avec lâaide de son ami Salomon Levi Norden de Lima.
AprĂšs avoir laissĂ© sa femme et ses enfants Ă Emden, il sâinstalle Ă Londres, Ă lâinvitation de la communautĂ© sĂ©farade de la ville. En 1705, il avait Ă©tĂ© conviĂ© Ă se prononcer sur lâorthodoxie du rabbin David Nieto, soupçonnĂ© de spinozisme. Il avait Ă©galement Ă©tĂ© invitĂ© Ă plusieurs reprises Ă prendre en charge le poste de grand-rabbin de la communautĂ© sĂ©farade de Londres mais il avait refusĂ©.
Il semble que son portrait ait Ă©tĂ© peint pendant ce sĂ©jour, aprĂšs quâil eut refusĂ©, par scrupule religieux, que son effigie apparaisse sur une piĂšce de monnaie.
Fin de vie
Au printemps suivant, il retourne Ă Emden et poursuit sa route jusquâĂ la Pologne en passant par Hanovre, Halberstadt, Berlin et Breslau, s'arrĂȘtant de longs moments dans chaque ville. Alors quâil se trouve dans la rĂ©gion dâOpatĂłw en Pologne, il est appelĂ© Ă Hambourg pour faire partie d'une commission juridique chargĂ©e de rĂ©soudre un contentieux compliquĂ©.
Ă la mort de Simha Cohen Rapoport, en 1717, il est nommĂ© rabbin de Lemberg, oĂč il est apprĂ©ciĂ© aussi bien par la communautĂ© juive que par les officiels de la ville. Il y meurt, quatre mois aprĂšs avoir pris ses fonctions.
Ćuvre
De son Ćuvre, seule une partie de ses responsa a Ă©tĂ© imprimĂ©e sous le titre de Sheelot outeshouvot Hakham Tzvi (Amsterdam, 1712, frĂ©quemment republiĂ©e par la suite).
Lâauteur y fait montre par la luciditĂ© du traitement et la cohĂ©sion parfaite au sujet, des connaissances considĂ©rables, une intelligence aiguisĂ©e, de grands talents linguistiques et une grande sagacitĂ© qui ne dĂ©gĂ©nĂšre jamais dans des arguties du pilpoul. Son tempĂ©rament, obstinĂ© et gĂ©nĂ©reux mais abrupt et passionnĂ©, y transparaĂźt ainsi que son dĂ©dain absolu pour le pouvoir de lâargent qui lui valent partout lâopposition des riches et des Ă©rudits.
Descendants
Tsvi Hirsh Ashkenazi aura eu quinze enfants, dont sa fille décédée à Alt-Ofen :
- Myriam, Ă©pouse de Aryeh Leib ben Saul, le rabbin dâAmsterdam. Elle sera la mĂšre du grand-rabbin Hirschel Levin et la grand-mĂšre du premier grand-rabbin de lâEmpire britannique, Solomon Hirschell
- Ra'hel, Ă©pouse dâItzhak ben MeĂŻr Eisenstadt
- Ne'hama, Ă©pouse de Naftali Hertz
- Jacob Emden, le Yaabetz
- EphraĂŻm, lâun des rabbins les plus illustres du klaus de Brody
- Nathan, Ă©galement illustre dans le mĂȘme klaus et grand-pĂšre de Jacob de Lissa
- Avraham Meshoullam Zalman, rabbin dâOstroh et de Londres
- Moshe, av beit din (chef du tribunal rabbinique) de Kaminka
- David, av beit din de Novyy Yarychev, en Ukraine et aĂŻeul de Hayim Halberstam[1]
- Eliyakim GĆtzel, av beit din de Rakovi
- Dvora
- Freida, Ă©pouse de Yaakov Harif
- lâĂ©pouse de Yaakov MordekhaĂŻ Katz, av beit din de Broda
- Lea
Notes et références
Source
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Tzvi Ashkenazi » (voir la liste des auteurs).
- Cet article contient des extraits de l'article « ASHKENAZI, ZEBI HIRSCH (កAKAM áșEBI) B. JACOB » par Louis Ginzberg & J. Vredenburg de la Jewish Encyclopedia de 1901â1906 dont le contenu se trouve dans le domaine public.